Prison Saint-Lazare
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- Ancienne maladrerie créée au Moyen-Âge par les hospitaliers de Saint Ladre (ou Saint Lazare). L'édifice est occupé en 1632 par la congrégation des Prêtres de la Mission, fondée en 1625 par Saint Vincent de Paul qui y mourut en 1660.
- Dès le XVIIe siècle, Saint Lazare devient la prison des fils de famille, puis une prison pour les épouses, les jeunes gens débauchés enfermés à la demande de leur famille, puis les aliénés et les prêtres indisciplinés. En 1785, Beaumarchais y sera enfermé quelques jours. L'édifice est à la fois une maison religieuse, une maison pour aliénés, une maison de correction et une maison d'arrêt.
- Au milieu du XVIIIe, l'enclos de Saint Lazare était immense : il occupait un quadrilatère limité par les rues de Paradis, du Faubourg Poissonnière, de Dunkerque et du Faubourg Saint Denis, soit près de 32 hectares.
- En 1792, à la Révolution, les Lazaristes sont dispersés suite au décret sur la suppression de tous les ordres religieux, et en 1794, le bâtiment est désigné comme prison. Sous la Terreur, seront emprisonnés : le poète André Chénier y rencontra Aimée de Coigny pour laquelle il écrivit les vers de La jeune captive ; le peintre graveur Hubert Robert aura le temps de dessiner quelques scènes de la vie quotidienne des prisonniers, il sera délivré en 1794 ; le marquis de Sade y sera également emprisonné entre janvier et mars 1794 ; Marie-Louise de Laval Montmorency, dernière abbesse de Montmartre ; les 6, 7 et 8 thermidor il y eut 165 exécutions sommaires de prisonniers à Saint Lazare.
- Le 9 avril 1811 la prison Saint Lazare est cédée au département de la Seine et devient une prison pour femmes, principalement des prostituées puisque dès 1802 ces dernières étaient soumises à une visite médicale obligatoire et leur internement était soumis à un simple avis médical. Les insoumises étaient incarcérées dans une seconde section de Saint Lazare, en hôpital-prison.
- En 1823, l'administration judiciaire démolit l'église qui menaçait de tomber en ruine, puis en 1824 elle rase les bâtiments de la prison. Une infirmerie spéciale (pour les femmes atteintes de maladies vénériennes) et une nouvelle chapelle sont construites par Louis-Pierre Baltard (1764-1846) (père de Victor Baltard), à la demande du préfet Chabrol.. Ce sont les seuls vestiges que l'on peut encore voir de nos jours devant le square Alban Satragne aménagé sur le site des bâtiments détruits.
- Pour l'année 1837, ce sont plus de 11 000 femmes et jeunes filles qui sont soignées à Saint Lazare. Depuis 1838, la garde des détenues est assurée par des femmes ; à partir de 1849 ce sont les sœurs de Marie-Joseph (ou Sœurs des prisons) qui assurent cette tâche.
- En 1857, la prison renfermait environ 1300 détenues, réparties en trois sections : une pour les prévenues et condamnées, la seconde pour lieu de punition et d'hôpital pour les prostituées et la dernière affectée au jeunes filles retirées à leurs parents pour carence éducative sévère (en 1856 il y avait 33 détenues mineures par voie de correction paternelle).
- Au cours du XIXe, y feront un séjour : Madame Steinheil (maîtresse de Félix Faureà, Mata-Hari, Véra Galo qui tira sur Paul Deschanel, Thérèse Humbert, Marthe Hanau fondatrice de la Gazette du franc, et la communarde Louise Michel. La prison ferme définitivement en 1927, puis démolie.
- Seul le bâtiment de l'infirmerie est gardé (appelé carré historique) et de nouveaux bâtiments en brique et en pierre sont construits de part et d'autre de la chapelle par Gaston Lefol en 1931. Ils sont destinés, au nord, au personnel, avec le bureau du directeur de la prison, la salle de greffe et la salle de fouille ; et au sud, à la communauté religieuse avec les logements, le réfectoire, la cuisine, la lingerie et une sacristie.
- En 1930, la maison de santé Saint Lazare continue de fonctionner jusqu'en 1955 comme lieu de soins pour les femmes. Puis la Préfecture de police de Paris cède une partie de ses lits à l'Assistance Publique de Paris et l'hôpital Saint Lazare dépendra de l'hôpital Lariboisière ; en 1961 il sera complètement intégré au groupe Lariboisière, Fernand Widal, Saint Lazare.
- L'hôpital Saint Lazare ferme définitivement ses portes en 1998, il ne possédait alors que 55 lits, il est restitué à la Ville de Paris qui en est propriétaire et ouvrira dans les murs la médiathèque Françoise Sagan en 2015.
L'ancienne prison Saint Lazare est classée aux Monuments Historiques depuis le 28 novembre 2005 ; [1]
La Chapelle
- La chapelle en brique rouge date de 1823, et a été construite par Louis Pierre Baltard, en remplacement de l'église d'origine de style gothique qui tombait en ruine. Elle est de plan en croix grecque terminée par une abside semi-circulaire.
- La chapelle est caractérisée par deux niveaux : un semblant de sous-sol ouvert et des galeries latérales qui permettaient de différencier les détenues de droit commun de celles des prostituées en évitant qu'elles se côtoient dans la nef.
- L'abside est éclairée par six verrières, seules ouvertures de la chapelle : le chevet semi-circulaire est rythmé par les pilastres doriques encadrant les verrières ; l'autel occupe une position centrale à l'étage ; des colonnes à chapiteaux doriques supportent un puissant entablement. La nef est couverte d'une voûte en berceau et l'abside en cul-de-four conserve quelques caissons.
- La façade fut rhabillée de briques mécaniques et de pierres par Gaston Lefol en 1931, ornée d'un blason et percée d'un oculus.
- La chapelle est en cours de restauration jusqu'à fin 2022.
Médiathèque Françoise Sagan
- Dès la fin des années 1990, la Mairie de Paris engage le projet de réaménagement du carré Saint Lazare : une école maternelle est créée en 2006, une crèche et un centre social sont livrés en 2009, le gymnase Marie-Paradis est ouvert en 2013.
- Pour accéder à la médiathèque on pénètre dans l'ancienne cour austère de l'ancienne prison, transformée en un jardin exotique, dotée d'une végétation luxuriante et plantée de palmiers, qui lui donne une atmosphère de cloître méditerranéen.
- C'est l'agence d'architectes Bigoni-Mortemard qui est chargée du projet de la médiathèque, sur une surface de 4 300 m², dont 2 000 ouverts au public, ce qui en fait l'une des plus grandes bibliothèques municipales de Paris.
- Plus de 30 000 documents (contes, romans, DVD, mangas...) sont proposés aux enfants de 1 à 12 ans et plus de 70 000 documents sont à la disposition des adolescents et des adultes avec notamment : un fonds parents de plus de 1 000 documents, de nombreuses méthodes de langue et de Français Langue Étrangère, du cinéma d'horreur, des séries télévision, un fonds de référence sur la littérature jeunesse, des vinyles...
- Elle comprend également le fonds patrimonial jeunesse Heure Joyeuse, inaugurée en 1924 dans le 5ème arrondissement de Paris et qui avait été la première bibliothèque consacrée à la jeunesse en France, constituée de livres pour enfants avec des documents allant du XVIe siècle à aujourd'hui. Ce sont plus de 80 000 livres, disques, dessins originaux et livres d'artistes qui ont rejoint la médiathèque Françoise Sagan en 2004, puisque ce fonds Heure Joyeuse a dû quitter son site historique sur la menace de crue de la Seine.
- Cette médiathèque s'adresse à tous les publics et offre un large éventail de services :
- - un espace de travail
- - des postes multimedia : une cinquantaine d'ordinateurs, répartis dans les étages, sont à la disposition des enfants et des adultes
- - une aide numérique individuelle
- - une initiation numérique
- - des animations numériques
- - un écrivain public notamment pour la rédaction de courriers et les démarches administratives
- - des cours de Français Langue Étrangère par le BAAM
- - un atelier de conversation pour les personnes apprenant le français
- Elle est dotée d'une salle d'exposition de 70 m² qui propose trois expositions par an, consacrées au fonds patrimonial jeunesse ou à des sujets contemporains (photographie, illustration, peinture).
En photos
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Ancien bâtiment des religieuses par G. Lefol -
Jardin Saint Lazare -
Plaque commémorative
Archives
- Des archives de la prison sont conservées aux Archives de la Préfecture de police de Paris sous les cotes AB 314 (Saint-Lazare, 1794) et AB 361 (Saint-Lazare, 1834).