Saint Antoine le Grand (251-356) est né à Alexandrie en Égypte. Orphelin à 18 ans, et entendant l'appel de l'Évangile il vend tous ses biens et en distribue le produit aux pauvres. Il commence une vie d'ermite (anachorète) dans le désert. Il est considéré comme le fondateur de l'érémitisme et du monachisme (vie communautaire des moines dans les monastères, vouée au travail et à la prière).
Située entre l'avenue Ledru Rollin et la rue Traversière, l'église tire son nom de deux établissements religieux du Faubourg Saint-Antoine, aujourd'hui disparus. D'abord l'abbaye de moniales cisterciennes de Saint Antoine des Champs fondée au XIIe siècle hors les murs de Paris et occupée dès 1795 par l'actuel hôpital Saint Antoine ; dédiée à la Vierge Marie et à Saint Antoine, l'abbaye accueillait des femmes de l'aristocratie. Ensuite l'hospice pour aveugles des Quinze-Vingts fondé par le roi Saint Louis au début du XIIIe siècle pour héberger 300 aveugles (en 15 chambres de 20 lits, d'où le nom Quinze-Vingts), dans le faubourg Saint-Honoré, puis transféré en 1780 dans la caserne désaffectée des Mousquetaires Noirs (œuvre de Robert de Cotte), site actuel du Centre hospitalier national d'ophtalmie.
Peu après, la Révolution décide la suppression des ordres religieux ; l'abbaye fut supprimée et le monastère affecté à l'hôpital Saint Antoine en 1795.
La nouvelle paroisse Saint Antoine des Quinze-Vingts, créée le 4 février 1791, reçoit comme lieu de culte l'abbatiale. Mais la vente de l'abbaye comme bien national en 1798 et la démolition de l'abbatiale laissent la paroisse sans lieu de culte. Lorsque la maison d'accueil des aveugles, réorganisée par Bonaparte en 1800, deviendra hôpital ophtalmique (1873-1880), elle conservera cette fonction ancienne d'accueil. La chapelle de l'hospice a simultanément servi d'église paroissiale un siècle durant mais elle devint vite trop petite pour rassembler les malades, les soignants et les habitants de ce quartier de 40 000 âmes.
Le faubourg est le lieu des soulèvements populaires. En juin 1848, Mgr Denys AFFRE, archevêque de Paris, est mortellement blessé sur les barricades en s'interposant pour éviter le bain de sang. Abattu à l'entrée de la rue du faubourg Saint Antoine, transporté chez le curé aux Quinze-Vingts, il meurt deux jours après. Le revers de son étole et un fragment de l'enveloppe de son matelas, tachés de sang, sont toujours conservés dans la sacristie de l'église.
En 1898, grâce à la générosité des fidèles, l'abbé RIVIÈRE achète le site actuel, l'architecte Lucien ROY (1850-1941) construit l'église sur les plans d'Émile VAUDREMER, son maître entre 1902 et 1904.
Ce sera la dernière église concordataire et la première du XXe siècle à Paris.
D'une grande sobriété, elle est de style néo-roman, cher à VAUDREMER, teinté d'Art nouveau.
(Source : documentation disponible à l'église)
Patrimoine bâti
À L'EXTÉRIEUR
L'église s'ouvre d'un côté sur l'avenue Ledru Rollin avec ses immeubles de style haussmannien, de l'autre côté sur la rue Traversière qui a gardé son style typique du Paris populaire du XIXe siècle.
Elle est de style néo-roman, prisé par les architectes du XXe siècle, teinté d'Art nouveau. Son porche est surmonté de trois hautes baies en plein cintre.
Elle se veut fonctionnelle ; les matériaux, brique et pierre, allient deux qualités : la sobriété et l'économie. La pierre a été réservée pour les chainages, les rosettes en haut du pignon et entrelacs ornant la corniche du toit. Elle est longue de 63 m, large de 18,70 m et haute de 16 m.
La tour-clocher carrée, adossée au mur mitoyen, pivote d'un huitième de tour pour épouser le biais de la rue. Elle est flanquée d'une échauguette qui abrite un escalier ; sa flèche culmine à 43 mètres de hauteur. Au-dessous l'horloge en fer forgé porte la formule latine Vulnerant omnes, ultima necat.
Vue de la coulée verte
Portail
Chainage et rosettes
Echauguette
Entrée rue Traversière
À L'INTÉRIEUR
Le narthex ouvre sur une large et longue nef d'inspiration romane, rythmée par des arcades en plein cintre. La lumière naturelle arrive indirectement par les baies géminées des tribunes et directement par les fenêtres hautes.
Les arcs-diaphragmes en plein cintre de la nef supportent le plafond en bâtière et retombent sur des chapiteaux à triple volute.
À la croisée du faux transept, le chœur a été surélevé et réaménagé en 1961 par l'architecte Bonavero. Deux statues monumentales placées en regard et sculptées par Raoul Larche, le précèdent : saint Antoine en ermite (à gauche), et saint Louis en croisé (à droite).
La lumière pénètre verticalement par une coupole translucide provenant de la verrerie de Dorignies. Ses éléments en verre moulé à reliefs, assemblés au ciment, sont novateurs.
Une haute grille en fer forgé réalisée par Gilbert Pouillerat, sépare cet espace de l'ancien chœur transformé en chapelle.
Dans les bas-côtés, sur les clés des arcs, se succèdent les douze stations du chemin de croix en terre cuite polychrome, créées en 2008 par soeur Mercédès (bénédictine de l'abbaye de Dourgne dans le Tarn).
Saint Antoine le Grand en ermite par Raoul Larche
Saint Louis en croisé par Raoul Larche
Grille de choeur par Gilbert Pouillerat
Vierge à l'Enfant
Fonts baptismaux
Couvercle cuve baptismale
Elévation
Pieta
Coupole verrerie de Dorignies
Carrés de verre de la coupole
Chemin de croix station 1 par soeur Mercédès
chemin de croix en terre cuite polychrome station 4
Station 12
Bas-côté
Nef vue du choeur
Les peintures
Sur les murs aveugles, de part et d'autre de l'orgue de chœur installé sur la tribune, sont représentés : sainte Cécile, patronne des musiciens, et saint Grégoire le Grand, inventeur présumé du chant grégorien. En face, au-dessus de l'autre tribune, deux épisodes de la vie d'Antoine le Grand par Georges-Victor Claude (1854-1921), le saint distribue ses biens aux pauvres et prie pour éloigner les tentations.
St Antoine distribue ses biens aux pauvres
St Antoine priant contre les tentations
Les orgues
Cavaillé-Coll 1894
La plus grande partie du grand orgue de l'église Saint Antoine des Quinze-Vingts provient de l'instrument construit par Aristide Cavaillé-Coll en 1894 pour l'hôtel particulier du baron Albert de l'Espée, situé au 50 de l'avenue du Bois de Boulogne à Paris. En 1909 cet orgue fut transféré dans la nouvelle église Saint Antoine, qui avait été ouverte au culte en 1903.
Pour demeurer en parfait état de marche, un orgue doit périodiquement faire l'objet d'un relevage, c'est-à-dire d'une révision par un facteur d'orgues, à cette occasion, la composition de l'orgue peut être modifiée : ce fut le cas lors des relevages effectués en 1956 par Chéron et Hartmann ; en 1982 par Jacques Barbéris, et par Yves Fossaert en 2004 (...)
Actuellement le grand orgue dispose de 47 jeux répartis sur trois claviers de 61 notes (grand orgue 61 notes, positif expressif 61 notes, récit expressif 61 notes) et un pédalier de 32 notes (dont les deux dernières sont simplement en tirasse) (...)
La console est retournée et l'organiste fait face à la nef (...).
Le buffet néo-gothique en chêne verni comporte une plate-face centrale de 11 tuyaux encadrée de deux tourelles polygonales de 9 tuyaux, puis de deux triples plates-faces. (...)
(source : extraits du texte de Jean-Louis disponible à l'église)
Orgue Merklin 1908
L'orgue de chœur a été construit en 1908 et 1909 par les ateliers Merklin qui avaient été rachetés par Joseph Gutschenritter. Il est posé sur la tribune du transept nord et soutenu par une importante menuiserie qui peut servir d'emplacement pour un ensemble vocal ou instrumental.
La tribune du chœur lui fait face, à même hauteur, ce qui facilite l'exécution d'un répertoire polyphonique avec orgue, voire deux orgues. Le buffet est élégant, de style néo-gothique, il est soutenu par quatre piliers cruciformes encadrant la petite console et comporte deux tourelles d'angle surmontées d'un gâble à clochetons, ainsi qu'un fronton central.
L'élément le plus caractéristique est la transmission pneumatique, avec ses tubes en laiton qui montent le long du mur. Ce système relativement complexe ne montre aucune défaillance depuis son installation en 1908 !
Instrument d'accompagnement souple et à l'intonation claire et distincte, l'orgue de chœur peut remplir l'acoustique de l'église. Sa composition est la suivante : grand orgue 56 notes, récit expressif 56 notes, pédale 30 notes (...)
Titulaires des orgues de Saint Antoine des Quinze-Vingts
Les orgues ont été tenus jusqu'en 1922 par l'abbé François Brun, maître de chapelle, puis par Blanche de Laforcade, qui possédait la baguette de chef d'orchestre de Gabriel Pierné, et ensuite par Marcel Pépin, maître de chapelle de 1946 à 1981 et titulaire du grand orgue de 1981 à 1990. Son successeur depuis cette date est Eric Lebrun. (...). Il forme un duo à quatre mains avec son épouse Marie-Ange Lebrun, organiste titulaire du grand orgue de Notre Dame de Lorette à Paris. (...)
(source : extraits note de Eric Lebrun disponible à l'église)
Les vitraux
Rosace du choeur
Les vitraux colorés, réalisés par les ateliers Champigneulle, datent de 1911.
De chaque côté de la nef, cinq ensembles de baies, chacun garni de trois vitraux : au centre la représentation d'un saint ou d'une sainte avec ses attributs, et de part et d'autre une invocation en lien avec la figure centrale. Une information sur le donateur (initiales de la famille, nom de l'association ou de l'école paroissiale) figure sur la plupart des vitraux.
Dans chaque transept, quatre verrières dédiées chacune à un saint ou à une sainte.
Dominant le chœur, la rosace a été composée par Marcel Magne, élève de Luc-Olivier Merson, et exécutée par monsieur Champigneulle en 1909. Elle représente La Trinité entouré des symboles des quatre Évangélistes, et des anges.
Les verrières des trois baies situées sous la rosace ont été réalisées en 2005 par mesdames Dominique et Charlotte Duchemin qui dirigent les ateliers du même nom, dans le 14e arrondissement.
Rosace choeur anges et Evangéliste Matthieu
La Trinité dessin Marcel Magne maître verrier Champigneulle
La Mère de Dieu
Sainte Jeanne de Chantal
Sainte Elisabeth
Saint François d'Assise
Saint Charles Borromée
Vitraux des ateliers Duchemin
(Source : documentation disponible à l'église)
Monument aux morts
Paroissiens morts en 1914-18 (1)
(B-G)
(H-S)
(L-W)
Les curés
Prénom(s) NOM
Période
Observations
Abbé FRASEY
1800-
dit la première messe à l'oratoire des Quinze-Vingt, futur curé de Saint Gervais et Saint Nicolas des Champs
Claude-Charles DELIGNY de LA QUESNOI
1802-1804
François-Michel de LA PLANCHE
1804-1815
accueille la visite du Pape Pie VII le 18 février 1805
Abbé QUINET
1815-1818
indiqué 1815-1823 à la sacristie
-
1818-1823
aucun curé
Abbé ABEILH
1823-
nommé archiprêtre de la cathédrale Notre Dame de Paris
François-Benoît CHÉNAUX
1823-1838
décédé en 1838
Louis Henri Auguste DELAMARRE
1838-1872
Abbé RITOURET
1872-1881
vicaire à St Ambroise puis curé à Vaugirard
Abbé REIDHARR
1881-1898
décédé en 1898
Maurice Louis Marie RIVIÈRE
1898-1906
puis évêque de Périgueux
Chanoine Léon-Adolphe LENFANT
1906-1915
puis évêque de Digne
Chanoine Daniel Marie FONTAINE
1915-1920
décédé en 1920 dans la sacristie ; re-fondateur de la Société des Prêtres du Cœur de Jésus en 1918 (fondée en 1791 par le père de Clorivière) ; Directeur des Apprentis d'Auteuil (1895-1901)