Palais de la Cité

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Photo : C.Angsthelm

Île de la Cité


Histoire

  • L'île de la Cité, la plus grande des îles de la cité formées par la Seine, a été occupée dès le IIIe siècle avant J.C. par une tribu celte, les Parisii. En 45 après J.C, l'île de la Cité est partagée en deux pôles : le spirituel à l'est avec un temple probablement dédié à Jupiter sur l'emplacement actuel de la cathédrale Notre-Dame, puis le temporel à l'ouest avec un oppidum situé sur l'emplacement actuel du Palais de Justice. À la fin du IIe siècle, les incursions barbares obligent la population à se réfugier sur l'île et construire un rempart pour doubler le fossé de la Seine.
  • En 508, Clovis Ier (vers 466-511) fera de Paris la capitale des Francs et transformera le palatium en sa résidence parisienne. La dynastie des rois mérovingiens occupe les lieux du Ve au VIIIe siècle.
  • Au IX e siècle, le comte de Paris Eudes occupera la forteresse
  • En 987, avec la naissance d'une nouvelle dynastie, les Capétiens, par l'avènement d' Hugues Capet, (941-996) le Palais de la Cité sera la résidence des souverains pendant 400 ans, qu'ils ne cesseront d'agrandir et d'embellir.
  • De l'autre côté de l'île débute en 1160 la construction de Notre Dame de Paris, qui s'achèvera au XIVe siècle. Entre le quartier royal et le quartier religieux, une petite ville prend forme avec ses seize chapelles et ses nombreuses rues et ruelles. Sous les règnes des rois capétiens, le Palais devient véritablement le siège de l'administration royale.
  • Philippe Auguste (1165-1223) est né au Palais.
  • Au XIIIe siècle, Louis IX Saint Louis (1214-1270) acquiert les reliques de la Passion et fait construire la Sainte Chapelle pour y déposer les reliques, il s'affirme ainsi comme chef de la Chrétienté. Il met en place des institutions spécialisées pour l'administration, le financier et le judiciaire. Les premières commissions consacrées à la justice font leur apparition, elles rendent les jugements au nom du roi. Le parlement est créé. Les sessions du parlement deviennent régulières sous Philippe V le Bel, les magistri sont nommés pour un an et les avocats assurent la défense. Le palais de la Cité abrite ainsi tous les services utiles à l'administration du royaume, il est, tant par sa taille que par sa beauté, le reflet de la puissance capétienne.
  • L'édifice a été agrandi sous Philippe Le Bel (1268-1314), et au début du XVe siècle il avait l'aspect que reproduit une miniature des Très Riches Heures du Duc de Berry.
  • Mais le roi Charles V (1338-1380) abandonna le palais au profit de l'Hôtel Saint-Pol, du château de Vincennes, et du Louvre, qui allait devenir la demeure royale, ceci après qu'il ait vu ses conseillers assassinés par Étienne MARCEL et ses partisans le 27 février 1357.
  • Le Palais devint alors le siège du Parlement.

Patrimoine bâti

Conciergerie

  • Sur la façade nord, la Tour de L'horloge et les parties basses du bâtiment jusqu'aux tours jumelles sont les restes du palais des Capétiens, début XIVe. La Tour César est ainsi nommée du fait qu'elle est bâtie sur des vestiges romains, et en souvenir de la présence des romains ; la Tour d'Argent fait allusion au Trésor royal qui y était gardé ; la Tour Bonbec doit son nom au fait qu'il s'y trouvait la salle de la question (la torture) qui faisait avouer les suppliciés (bon bec, soit bonne parole).
  • La façade comprise entre les tours d'Argent et Bonbec ont été rebâties au XIXe par l'architecte Joseph-Louis Duc (1802-1879), dans un style gothique. Il réhaussera la tour Bonbec pour répondre harmonieusement aux proportions monumentales de la nouvelle façade néo-Renaissance de la Cour de Cassation.


  • La Conciergerie occupe le sous-sol du Palais de Justice le long du quai de l'Horloge, de la tour carrée jusqu'à la sortie du Dépôt. Du Palais de Saint Louis, il reste trois belles salles gothiques, très bien restaurées  : la Salle des Gens d'Armes construite en 1302, comporte quatre nefs à voûtes d'ogives (8 m 50 de haut), avec accès aux cuisines ayant une porte sur la Seine pour l'approvisionnement en nourriture ; la Salle des Gardes, antichambre par laquelle on montait à la Grand Chambre où siégeait le Parlement et transformée plus tard en Tribunal révolutionnaire.


  • Les quatre tours : la tour de l'Horloge date du règne de Jean le Bon, XIVe ; les trois autres tours sont coiffées de toits en poivrière, la tour César qui jouxtait le logis de Philippe le Bel, la tour d'Argent où a été entreposé un temps le trésor royal, datant de 1300 environ, et la tour Bonbec, bâtie en 1250 mais reconstruite en 1935 après un incendie (ainsi appelée parce que fortifiée, elle pouvait se défendre).
  • La Conciergerie a été édifiée par Enguerrand de Marigny, au début du XIVe à la demande de Philippe le Bel. Elle servait de prison pour les personnes ayant attenté à la vie du roi. Le Concierge était le titre porté par le Gouverneur de la maison du roi.
  • Dans l'angle nord-ouest de la Salle des Pas-perdus, se trouvait la chambre de Saint Louis, reconstruite par Louis XII à l'occasion de son mariage, qui prit le nom de Chambre Dorée puis la Grand Chambre où se joua un moment important dans les annales du Parlement de Paris.
Marie-Antoinette à la Conciergerie


  • En 1792, la Grand Chambre devient le Tribunal de l'Égalité resté tristement célèbre par son occupation par le Tribunal révolutionnaire pendant la Terreur sous la Révolution française, et l'envoi à la guillotine de personnages illustres : la reine Marie-Antoinette, Charlotte Corday, Madame Roland, Danton, Robespierre, Camille Desmoulins, Fabre-d'Églantine, Chénier, et des milliers d'autres... ainsi que l'accusateur public Fouquier-Tinville.



Palais de Justice

  • Jusqu'aux déménagements de 2017 pour la police judiciaire, et 2019 pour le Tribunal de Grande Instance, le Palais de justice comprenait cinq cours : la Cour d'appel, la Cour de cassation, la Cour d'assise, le Tribunal de première instance et le Tribunal de simple police.
  • À partir de 2018, Le Tribunal de Grande Instance (TGI) a emménagé dans une tour de verre, vers le nouveau Tribunal de Paris, dans le nouveau quartier des Batignolles, porte de Clichy.


  • Le Palais dessine une masse quadrilatère en occupant le tiers de l'île de la Cité. L'entrée principale boulevard du Palais, au nord le quai de l'Horloge, à l'occident la rue de Harlay, au sud le quai des Orfèvres, tous les styles se juxtaposent, depuis les tours médiévales du quai de l'Horloge aux bâtiments entrepris sous Napoléon III quai des Orfèvres.
  • Après le premier grand incendie de 1618, de nouveaux aménagements et agrandissements furent effectués par l'architecte Salomon de Brosse (qui avait réalisé le palais du Luxembourg).
Cour de Mai
  • Un siècle et demi plus tard, en 1779, un second incendie ravage les bâtiments. Les architectes de Louis XVI, Pierre Desmaisons et Jacques-Denis Antoine construisent le pavillon central avec sa façade monumentale et son escalier majestueux sur la cour de Mai, couvert d'un dôme quadrangulaire décoré de deux génies ailés portant un écusson réalisé par Augustin Pajou.
  • Le grand escalier conduit à un vestibule ouvrant sur un avant-corps avec quatre colonnes doriques supportant une balustrade ornée de quatre statues allégoriques : La Force et L'Abondance par Alfred Berruyer, La Justice et La Prudence par Félix Lecomte.


  • Dans la cour de Mai deux murailles latérales en forme de portique avec arcades aboutissent à deux pavillons d'ordre dorique : celui de droite avec un escalier Louix XVI qui mène directement à la galerie marchande et à la salle des Pas-Perdus, celui de gauche est percé de trois passages voûtés qui mènent à la cour de la Sainte Chapelle.


  • Les grilles dorées de la Cour d'Honneur, boulevard du Palais, supportent des écussons aux armes de France, œuvre du maître-serrurier Bigonnet en 1776.
  • À partir de 1825, sous le Second Empire, Joseph-Louis Duc réalisera une extension importante, puis après 1879 ce sera au tour de Honoré Daumet.
  • Entre 1911 et 1914, Albert Tournaire élève l'aile quai des Orfèvres.



La Chambre de la Cour d'Appel

  • La Cour des Comptes occupait l'espace sous l'Ancien Régime. Lorsque l'architecte Daumet refit la salle au XIXe, il conserva l'ensemble des décors, notamment les dessus de portes avec les allégories tenant le cartouche royal aux trois fleurs de lys.
  • Au plafond une toile de Bonnat de 1901 représente la Justice protégeant l' Innocence et chassant le crime tandis que le masque de l' Hypocrisie tombe. On y trouve également les symboles de la justice : une main de justice (les trois doigts signifient : j'ordonne, je pardonne, je bénis)
  • Aux murs des tapisseries de la manufacture des Gobelins, racontant L'histoire d'Esther, du XVIIIe.
  • Le procès du maréchal Pétain se tint dans cette salle en 1945.




Cour d'assise, Vestibule de Harlay

Cour d'assise rue de Harley
  • L'architecte Joseph-Louis Duc a entrepris le plus grand chantier du XIXe avec la construction de la façade ouest du Palais de justice, donnant sur la Place Dauphine. (Le magistrat Achille Ier de Harlay (1536-1616) a été le premier président du Parlement de Paris (1582-1611).
  • L'entrée du vestibule est monumentale avec une représentation de l' Équité entourée de deux cariatides représentant les avocats, cette entrée donne accès aux salles de la Cour d'assise. Les statues de Saint Louis, Philippe Auguste, Charlemagne, Napoléon dans chaque coin du vestibule.
  • Pour la façade extérieure, l'architecte Duc s'est inspiré d'un temple égyptien avec des colonnes surmontées de figures féminines.
  • À l'origine, cette entrée devait être l'entrée principale du Palais de Justice. Elle est ornée de six statues : la Prudence, la Vérité, le Châtiment, la Protection de l'enfant, la Force et l' 'Équité. Encadrant l'escalier, deux lions, oeuvre d'Isidore Bonheur.
  • Au-dessus, avec les symboles de la justice, deux aigles pour rappeler que la façade a été construite sous Napoléon III.



Cour de cassation

Cour de cassation quai de l'Horloge
  • La Cour de cassation est la juridiction la plus élevée du Palais de Justice, ayant pour mission de contrôler l'exacte application du droit par les tribunaux et les cours d'appel garantissant ainsi une interprétation uniforme de la loi.. Elle a été instituée en 1790 et siégeait dans la Chambre dorée qu'elle occupera durant huit décennies.
  • Située Quai de l'Horloge, on distingue le bâtiment moderne construit symétriquement autour du pavillon d'entrée, du bâtiment gothique s'étendant des tours de la Conciergerie à la tour Bonbec.
  • En 1861, l'architecte Louis Lenormand débute des travaux d'agrandissement quai de l'Horloge et sa mort prématurée amène Jean Louis Duc à poursuivre les travaux en 1862 en apportant de nombreuses modifications au plan de son prédécesseur. Mais la chambre dorée sera incendiée le 24 mai 1871 pendant les évènements de la Commune. Cet incendie lui offrira l'occasion de personnaliser les parties à reconstruire. Les travaux seront très longs, et deux autres architectes se succéderont pour achever la Grand Chambre, Ernest Coquart en 1879 puis Paul Blondel qui l'achèvera en 1892.
  • Sur le quai de l'Horloge , le bâtiment offre une façade monumentale de style néo-Renaissance ornée de colonnes corinthiennes. Il s'étend du quai de l'Horloge avec retour d'équerre sur la rue de Harlay, qui, aujourd'hui, forme comme au temps du Moyen-Âge les limites du palais royal. Les sculptures furent réalisées en 1864 sous la direction de Hayon ; les enfants entourant le médaillon seraient dus à Henri Michel Chapu (1833-1891) : les cariatides sont l'oeuvre d'Eugène Louis Lequesne (1815-1887) ; sur le fronton, autour des armes de l'Empire, les sculptures représentent la loi protégeant l'innocence à gauche , et à droite la loi punissant le crime
  • Sur la façade le bouclier des Amazones, appelé Pelta, arme défensive symbole de protection que garantit au peuple le maintien de l'ordre social. Ce bouclier fait partie des principaux éléments qui composent l'emblème de la République française (avec le faisceau des licteurs, la branche de chêne et le rameau d'olivier).



Quai des Orfèvres

36 quai des orfèvres
36 quai des Orfèvres en 1967
  • Le 36 quai des Orfèvres, était occupé par divers services de la Préfecture de police, notamment les bureaux de la Sûreté générale, ceux de la Police Judiciaire (PJ), connus pour son personnage de fiction, le commissaire Maigret imaginé par Georges Simenon. Le bureau du chef de la crim a été transféré, tel un talisman, dans les nouveaux locaux au 36 Bastion des Orfèvres, porte de Clichy en 2017.


Tribunal correctionnel

Quai des Orfèvres
  • Le Tribunal correctionnel a été construit par l'architecte Alfred Tournaire de 1907 à 1914. Construit à l'emplacement de l'hôtel du premier Président de la Cour d'appel de Paris qui fut détruit par un incendie lors de la Commune en 1871 et qui endommageât également une bonne partie du Palais de Justice attenant.
  • Il était, jusqu'à son déménagement en 2018, le siège et l'état-major de la Direction Générale de la police judiciaire de la Préfecture de Police de Paris, situé au 36 quai des Orfèvres face à la Seine.
  • Le cadran solaire sur la tour portant la devise L'heure passe, la Justice demeure, est l'œuvre de Jean-Augustin Injalbert.
  • Quatre allégories débordent des niches de la façade : La Vérité avec son miroir par Henri Lombard, Le Droit tenant un livre par André Allar, L'Éloquence avec sa grande robe représentant les hommes de loi, par Raoul Verlet, dans un style plutôt XVIIe baroque, et La Clémence par Jules Coutan.
  • Au-dessus de la porte à l'angle du quai, un blason avec la devise Gladius legis custos (Le glaive gardien de la Loi).






Tour de l'Horloge

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  • La Tour de l'Horloge se dresse à l'angle du boulevard du Palais et du quai de l'Horloge ; tour carrée haute de 47 m surmontée d'un beffroi et d'un lanternon, qui à l'origine ne devait pas être défensive puisque ses murs ne dépassaient pas un mètre d'épaisseur, mais plutôt une tour de guet.. Elle fut édifiée entre 1300 et 1350 à la demande de Jean II le Bon. La première horloge publique de Paris sera installée en 1370, imaginée par Henri de Vic, un horloger lorrain. Une cloche en argent sera rajoutée en 1371, qui sonnera pour les naissances et décès de la famille royale. Elle donnera le signal du massacre de la Saint Barthélémy dans la nuit du 24 au 25 août 1572.
  • La municipalité demandera en 1418 un cadran extérieur pour que les habitants puissent régler leurs affaires de jour comme de nuit. Une importante restauration sera assurée en 1472 par Philippe Brille. Henri III demande un nouveau cadran en 1585, ce sera une création du sculpteur Germain Pilon. Le bas-relief représente deux figures allégoriques : La Justice portant épée et balance, et La Loi portant une tablette sur laquelle est mentionné Sacra Dei celebrare plus regale time ius.
  • On remarque plusieurs monogrammes sur le cadran : celui de Henri II et Diane de Poitiers (qui fait le C de Catherine de Médicis), et celui de Henri IV et Marie de Médicis.
  • Une inscription latine sur la plaque au-dessus de l'horloge mentionne : Celui qui lui a déjà donné deux couronnes lui en donnera une troisième, concerne les armes de France et de Pologne portées par Henri III, la troisième couronne étant la couronne du royaume des Cieux.
  • La plaque sous l'horloge mentionne Cette machine qui divise si justement les douze heures enseigne à protéger la Justice et à défendre les lois.
  • En 1685 l'encadrement est entièrement restauré et à la Révolution l'horloge sera fortement endommagée, les statues de la Justice et de la Loi seront mutilées. En 1852 lors de la grande restauration du Palais par les architectes Duc et Dommery, les détails décoratifs de l'horloge seront restitués par M. Toussaint selon les originaux de Germain Pilon.
  • En 1861, l'aspect médiéval sera redonné aux parties hautes de la tour.
  • La dernière grande restauration de 2011-2012 selon un descriptif datant de 1852, a permis de remplacer le mécanisme de l'horloge défaillant par un mécanisme moderne électrique, radio-synchronisé sur Radio France. De nombreux détails décoratifs ont retrouvé leur place : têtes de bélier, mascaron, colombe, chérubins ailés côtoient à nouveaux les emblèmes royaux.
  • Le cadran a gardé sa forme carrée, 1,5 m de large. Le centre rond orné de rayons flamboyants est placé sur un fond d'azur à deux types de fleurs de lys. Les aiguilles, en cuivre repoussé et bronze, la grande qui marque les minutes se termine en fer de lance, la petite arbore une fleur de lys. Les chiffres romains des heures sont sculptés en relief sur pierre.



Sainte Chapelle


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