Numérotation
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Pour quel intérêt ?
Dès lors qu'une généalogie s'étoffe un tant soit peu, on se retrouve vite confronté à des dizaines, puis des centaines de personnes, tant en ascendance directe qu'en descendance, les collatéraux s'ajoutant bien souvent plus vite que les ancêtres ! Il est donc indispensable de donner à chacun un numéro qui permette de le retrouver facilement.
Il existe différents systèmes de numérotation selon que l'on travaille en généalogie ascendante ou descendante :
- En généalogie ascendante, on part en général de soi-même ou de l'un de ses enfants, c'est ce que l'on appelle le "de cujus", mais ce peut-être n'importe quel individu.
- En généalogie descendante, on part également en général d'un ancêtre donné, et l'on recherche tous les enfants, petits-enfants, arrière-petits enfants, etc.
- En généalogie ascendante et descendante.
Numérotation d'ascendants
Sosa-Stradonitz
Jérôme de Sosa présenta en 1676 une méthode de numérotation des ancêtres pour les généalogies ascendantes : Sosa-Stradonitz ou Sosa.
Cette méthode fut reprise en 1898 par Stephan Kekulé von Stradonitz (1863-1933), qui la popularisa dans son Ahnentafel-Atlas. Ahnentafeln zu 32 Ahnen der Regenten Europas und ihrer Gemahlinnen (Berlin : J. A. Stargardt, 1898-1904), contenant 79 tableaux d'ascendance de souverains européens ou de leurs conjoints.
Elle attribue le numéro 1 à l'individu étudié (le sujet, appelé « de cujus » par certains, « probant » par d'autres) puis le numéro deux à son père et trois à sa mère. Chaque homme a un numéro double de celui de son enfant (2n) et chaque femme un numéro double de celui de son enfant, plus un (2n + 1).
Chaque degré d'ascendance a un effectif théorique correspondant à la puissance de 2 qui est celle du degré. En même temps, le plus petit numéro d'ascendance de ce degré est le même que l'effectif théorique du degré. Ainsi, au degré des trisaïeuls, dont l'effectif théorique est de 16 (24), le plus petit numéro d'ascendance est 16, celui du grand-père paternel du grand-père paternel du sujet.
De nombreux généalogistes contemporains, de manière impropre, qualifient les degrés d'ascendance de « générations », et, de surcroît, « numérotent » des « générations d'ancêtres » en faisant démarrer au sujet, ce qui a pour effet de rompre l'ordonnancement des degrés lié aux puissances de 2, qui est pourtant à la base du travail de Sosa puis de Stradonitz.
Sujet (degré « zéro ») |
Parents Premier degré |
Aïeuls Deuxième degré |
Bisaïeuls Troisième degré |
Trisaïeuls Quatrième degré |
Quadrisaïeuls Cinquième degré |
---|---|---|---|---|---|
effectif du degré : 1 = 20 |
effectif du degré : 2 = 21 |
effectif du degré : 4 = 22 |
effectif du degré : 8 = 23 |
effectif du degré : 16 = 24 |
effectif du degré : 32 = 25 |
1 : sujet | 2 : père de 1 | 4 : père de 2 | 8 : père de 4 | 16 : père de 8 | 32 : père de 16 |
33 : mère de 16 | |||||
17 : mère de 8 | 34 : père de 17 | ||||
35 : mère de 17 | |||||
9 : mère de 4 | 18 : père de 9 | 36 : père de 18 | |||
37 : mère de 18 | |||||
19 : mère de 9 | 38 : père de 19 | ||||
39 : mère de 19 | |||||
5 : mère de 2 | 10 : père de 5 | 20 : père de 10 | 40 : père de 20 | ||
41 : mère de 20 | |||||
21 : mère de 10 | 42 : père de 21 | ||||
43 : mère de 21 | |||||
11 : mère de 5 | 22 : père de 11 | 44 : père de 22 | |||
45 : mère de 22 | |||||
23 : mère de 11 | 46 : père de 23 | ||||
47 : mère de 23 | |||||
3 : mère de 1 | 6 : père de 3 | 12 : père de 6 | 24 : père de 12 | 48 : père de 24 | |
49 : mère de 24 | |||||
25 : mère de 12 | 50 : père de 25 | ||||
51 : mère de 25 | |||||
13 : mère de 6 | 26 : père de 13 | 52 : père de 26 | |||
53 : mère de 26 | |||||
27 : mère de 13 | 54 : père de 27 | ||||
55 : mère de 27 | |||||
7 : mère de 3 | 14 : père de 7 | 28 : père de 14 | 56 : père de 28 | ||
57 : mère de 28 | |||||
29 : mère de 14 | 58 : père de 29 | ||||
59 : mère de 29 | |||||
15 : mère de 7 | 30 : père de 15 | 60 : père de 30 | |||
61 : mère de 30 | |||||
31 : mère de 15 | 62 : père de 31 | ||||
63 : mère de 31 |
La plupart des tableaux d'ascendance pré-imprimés que l'on trouve dans le commerce présentent, sur une page de format A4, le sujet et les quatre degrés d'ascendance qui le précèdent, soit un effectif total de 31 personnes (1 sujet + 30 ancêtres).
Si l'on désire présenter par exemple les ancêtres du n° 24, on utilisera un tableau où le sujet sera le n° 24, accompagné des ancêtres des différents degrés : 48-49, 96-97-98-99, 192-193-194-195-196-197-198-199, 384-385-386-387-388-389-390-391-392-393-394-395-396-397-398-399, et, si l'on désire présenter les ancêtres du n° 399, on créera un tableau où le sujet sera le n° 399, avec les ancêtres respectifs.
En général, à partir d'une certain degré, infiniment variable selon les situations, les tableaux sont incomplets, mais la numérotation permet d'en maintenir la cohérence.
Règles générales :
- On attribue à tous les hommes un numéro pair, à toutes les femmes un numéro impair.
- Dans chaque couple, le numéro de la femme correspond au numéro de l'homme plus 1.
- On attribue à chaque père un numéro équivalant au double de celui de son enfant.
- L'individu dont on étudie l'ascendance porte le n° 1 (quel que soit le sexe). Il est appelé le de-cujus.
- Son père porte le n° 2 (le double), sa mère le n° 3 (le n° 2 + 1).
- Son grand-père paternel porte le n° 4 (le double du n° 2), sa grand-mère paternelle le n° 5 (le n° 4 + 1).
- Son grand-père maternel porte le n° 6 (le double du n° 3), sa grand-mère maternelle le n° 7 (le n° 6 + 1) etc....
- Ainsi, chaque ancêtre est repéré grâce à son numéro : le n° 598 est un homme (pair). Il est l'époux du n° 599 (n° 598 + 1) et le père du n° 299.
- Le n° 299 est une femme (impair), elle-même mère du n° 149 (soit 299 - 1 : 2) etc...
Numérotation de descendants
D'Aboville
Méthode imaginée dans les années 1940 par le comte Jacques d'Aboville.
La numérotation part d'un ancêtre commun à plusieurs individus.
L'ancêtre commun porte le numéro 1.
Le descendant a le numéro de son père ou de sa mère, plus son numéro d'ordre de naissance.
Ainsi, le premier des enfants de l'ancêtre commun est le 1.1, le second le 1.2 . Les enfants de l'aîné auront les numéro : 1.1.1, 1.1.2...
Lorsque des enfants sont issus de mariages différents, on ajoute une lettre de l'alphabet par mariage : a pour le premier, b pour le second... On identifie immédiatement la mère de l'enfant.
Avantage
Si l'on compte le nombre de numéros, on connaît immédiatement le nombre de générations. Par exemple, le 1.1.2 descend à la troisième génération de l'ancêtre commun.
Inconvénient
Une numérotation d’Aboville devient très difficile à lire sur plusieurs générations. Par exemple, une succession de 1 importante peut embrouiller qui souhaite retranscrire ou simplement suivre une numérotation. De même une suite de lettres attribuées par fratrie (a pour le premier, b le second...).
Pélissier ou lettrée
Cette numérotation, mise au point par Jean-Pierre Pélissier, fonctionne selon le même principe que la numérotation d'Aboville, mais en utilisant des lettres au lieu de chiffres (lettre en majuscule pour les hommes et en minuscule pour les femmes). Pour reprendre l'exemple décrit dans la numérotation d'Aboville :
- Le fils aîné du personnage dont on veut établir la descendance est le A,
- la cadette est le b,
- le benjamin le C.
- Les deux enfants de l'aîné sont le Aa et le AB (une fille et un garçon).
- Les quatre enfants de la fille cadette sont le bA, bB, bc, bd (deux garçons puis deux filles).
- L'enfant unique du benjamin est le CA.
Ici aussi, comme dans la numérotation d'Aboville, il est possible de distinguer les différents mariages et les enfants qui en sont nés. L'enfant du premier époux de la cadette sera le b1A, ceux nés du deuxième époux sont le b2B, le b2c et le b2d. Un enfant naturel sera indiqué par le chiffre 0.
Numérotation d'ascendants et de descendants
Beruck (ascendance-descendance des collatéraux et des alliés)
Mise en place par Christophe Beruck, cette méthode de numérotation répond à l'absence de système permettant aux généalogistes de numéroter l'ensemble des individus de leur base. En effet, s’il est possible de classer correctement les ascendants et leur descendance, il n’est pas aisé d’inclure dans le classement les alliés et leur famille. Il s'agit donc d'un système tout à fait complet, permettant de reprendre l’entièreté des individus sur des fiches classées suivant une numérotation logique.
Sosa
La numérotation Beruck se base d’abord et avant tout sur celle inventée par Jérôme de Sosa. Le personnage central sur lequel vous bâtirez votre classement se nomme le de cujus et portera le numéro 1. Les ascendants de celui-ci obéiront à la règle qui veut que le père d’un individu soit représenté par un nombre égal au double de celui que porte son enfant, la mère étant représentée par un nombre égal au double de celui que porte son enfant plus un.
Numérotation
Jusque-là, rien d’innovant. Passons donc au cœur du problème : les descendants des ascendants du de cujus. Pour numéroter un tel individu, il suffit de rajouter l’initiale de son prénom à celui de ses parents qui est le plus proche de la numérotation de Sosa du de cujus. La numérotation se base donc sur la filiation directe : un enfant n’aura comme début de numérotation celle de son père que si celui-ci est descendant de la lignée principale. Si des enfants sont issus de parents tous deux numérotés grâce à un Sosa, ce sera le code du père qui leur servira de base.
Sexe
Les hommes sont représentés par une lettre majuscule, les femmes par une minuscule. Si le prénom est inconnu, l’initiale sera remplacée par le symbole mâle/femelle, suivant le cas.
Alliés
Pour numéroter un allié (un compagnon/une compagne), qui n’est donc pas un descendant d’un ascendant du de cujus (sauf exception : voir Implexes), il aura la numérotation de sa moitié suivie du symbole « & » et de son initiale. Les enfants issus d’une relation entre un allié et un individu extérieur à la famille auront la numérotation de l’allié suivie de leur initiale. L’individu non allié aura la numérotation de l’allié suivie du symbole « & » et de son initiale.
Initiales
Le problème qui se pose est le cas fort courant de plusieurs membres du même sexe d’une fratrie (recomposée ou non) ayant les mêmes initiales. Il est alors donné arbitrairement à l’un des enfants problématiques le suffixe « 2 ». Il est évident que si nous avons X individus de même sexe aux mêmes initiales, nous rajouterons les nombres correspondants derrière l’initiale de chacun. Le « 1 » n’étant pas attribué, il y aura donc un de ces enfants qui ne comptera que son initiale : cela permet de rajouter par la suite un nouvel individu sans craindre de devoir renuméroter ses données. De même, si un individu a eu plusieurs conjoints et que ceux-ci ont les mêmes initiales, la règle du suffixe chiffré sera d’application.
Parrains et marraines
Pour ce qui est des membres extérieurs à la famille, ils porteront la numérotation de leur filleul le plus âgé suivie d’un astérisque « * » et de leur initiale. Si un membre de la famille en parraine un autre, il ne sera pas représenté par cette numérotation.
Implexes
Comme les individus issus de ce genre de situation peuvent avoir plusieurs numérotations, il faut donc respecter une priorité dans celles-ci. Il convient de prendre celle débutant avec le Sosa le plus petit. Si les différentes numérotations comportent le même, la lignée la plus directe (le moins de « & ») primera. S’il n’est toujours pas possible de les départager, la numérotation la plus courte sera de mise. Enfin, dans le cas d’individus issus de cousins germains dont les deux numérotations possibles sont les mêmes hormis la dernière lettre, celle du père l’emportera.
Généalogie d'un allié
Pour remonter la généalogie d’un allié, ses ascendants seront soumis à une numérotation de Sosa. Ils se verront donc attribuer la numérotation de l’allié (devenu de cujus secondaire) suivie d’un tiret « - » et du numéro Sosa correspondant. Toutes les règles citées jusqu’ici s’appliqueront, en n’oubliant pas que tout individu issu de la branche principale reste prioritaire. Remarque : Il existe un cas particulier où deux frères/cousins s’unissent à deux sœurs/cousines et où aucune des priorités de numérotation précitées ne permet de déterminer de de cujus secondaire. Il sera donc laissé au soin du généalogiste de le choisir sur base d’autres critères ou arbitrairement.
Priorité de classement
Il est fortement conseillé d’écrire chaque individu sur une fiche individuelle afin de permettre l’insertion de nouveaux individus dans le futur. Ainsi, pour avoir une facilité de lecture de vos données, il faut donner une priorité entre les différents types de caractères afin de classer efficacement ses fiches. Il est recommandé de suivre cet ordre : nombre > lettre > mâle/femelle > & > - > *
Avantages
- La globalité
La numérotation Beruck permet d’attribuer une référence à tous les individus d'une base de données généalogique, ce qui n’est possible avec aucun autre des systèmes utilisés.
- Les liens entre individus
Les fiches créées pour chacun des individus d'une base de données manuelle ne sont pas introduites par hasard dans le classement. De part et d’autre de la fiche d'un individu, se trouvent ceux qui lui sont les plus proches. De même, un simple coup d’œil à la numérotation attribuée permet d’établir les liens entre n’importe quel individu et le de cujus.
- Les dates
Le classement se passe de dates, souvent manquantes dans les données généalogiques. Une numérotation basée par exemple sur le registre national belge (la date de naissance AAAAMMJJ suivie de cinq chiffres) serait irréalisable par celui qui ne les possède pas. Idem pour le classement d'une fratrie par des lettres (a, b, c ...) suivant l’ordre de naissance.
Inconvénient
Le même que celui inhérent à la numérotation Sosa : un changement de de cujus induit la renumérotation de l'ensemble des données.
Voir aussi (sur Geneawiki)
Liens utiles (externes)
Notes et références