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Les eaux recueillies grâce aux captages effectués à partir du XIIème siècle pour drainer l'eau des hauteurs de Belleville, de Ménilmontant et du Pré Saint Gervais, sont connues sous le nom de "Sources du Nord".

Ce furent des communautés religieuses qui réalisèrent les premiers ouvrages pour alimenter leurs établissements situés alors en dehors des limites de la ville.

Les hospitaliers de Saint-Lazare drainèrent le versant Nord des collines et les religieux de Saint-Martin-des-Champs œuvrèrent sur le versant sud. Le plus ancien texte connu atteste des travaux de Saint-Lazare dès 1178.

Le réseau de Saint-Martin-des-Champs, développé vraisemblablement à la même période que celui de Saint-Lazare, est connu sous le nom "d'Eaux de Savies". Il était entretenu à frais communs, non sans quelques litiges, par les religieux de Saint-Martin et leurs voisins les Templiers.

Plus tard, Saint-Antoine-des-Champs réalisa également des captages proches de ceux de Saint-Martin. En effet, une pièce d'archive mentionne en 1429, le regard de la fontaine de Sainct-Anthoine à Poitronville au lieu-dit "le Ruyau".

Au XVIème siècle, les Célestins entretenaient également un réseau qui avait desservi l’hôtel Saint-Pol depuis 1363, puis les tournelles. Depuis 1402, les Célestins avaient une concession sur ses "eaux royales". Le terrain où se trouvait le "bouillon principal" de ce système d'adduction particulier, acquis par les Célestins en 1530, fut racheté en 1611 par l'Hôtel-Dieu pour y récupérer les sources et créer un nouvel aqueduc destiné à l'alimentation de l’hôpital Saint-Louis fondé en 1607.

L'eau de ces collines, pourtant peu abondante et de qualité médiocre, intéressa rapidement les autorités royales et municipales. Dès la fin du XIIème siècle, Philippe Auguste négociait avec Saint-Lazare et en réservait une partie pour alimenter les premières fontaines publiques de Paris, installées aux Halles.

En 1364, ce réseau passait entièrement sous l'autorité de la ville, et fut nommé "Eaux du Pré-Saint-Gervais". Il alimentait les fontaines de la rive droite situées à l'ouest de la rue Saint-Martin, ainsi que quelques concessions particulières, dont la plus ancienne enregistrée fut accordée en 1265 aux Filles-Dieu par leur fondateur : Saint-Louis.

Un peu plus tard, la ville développa un réseau proprement municipal connu sous le nom d'aqueduc de Belleville. Il alimentait les fontaines de la rive droite situées à l'est de la rue Saint-Martin, ainsi que d'autres concessions particulières. Le système hydraulique des Eaux de la Ville est celui dont les ouvrages étaient le plus largement dimensionnés et c'est de fait, celui dont il reste le plus de vestiges.

En photos


Le regard de la Lanterne

Le regard de la Lanterne constituait la tête du Grand aqueduc de Belleville qui fut démantelé à partir des grands travaux Parisiens du XIXème siècle. Le bassin recueillait le produit de trois pierrées (trains en pierres sèches).

Un regard est une sorte de "chambre" visitable qui permet l'entretien et l'accès aux aqueducs.

Le regard de la lanterne, tel qu'il apparaît aujourd'hui est un véritable monument. Il a été érigé entre 1583 & 1613. C'est un édifice en rotonde, construit en pierres de taille, surmonté d'une coupole.

L'intérieur de ce regard indique clairement l'importance que l'on voulait donner à l'ouvrage tout entier. Du seuil de la porte, un double escalier de pierre descend au bassin, la lumière du jour pénètre par le lanternon. L’apparence massive de la construction est atténuée par des ouvertures et des fausses baies, prises dans l'oeuvre.

Le regard de la Lanterne appartient à la ville de Paris et a été classé monument historique le 4 novembre 1899.


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