Les opérations sur le front des canonnières fluviales - 1914-1918
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Introduction
- Durant la guerre, les canonnières ont été employées sur 3 fronts principaux, les Flandres, la Champagne et le secteur Oise-Somme. Les canonnières ont souvent été considérées comme des pièces d'artillerie lourde mobile aptes aux mouvements de repli rapide après leur tir de leur première salve.
Les opérations en 1915
Dans les Flandres
- Les canonnières A et B constituant la 1re section de la 1re batterie, partent le 8 juin de leur port d'armement Brest remorquées par «l'Atlas». Les canonnières C et D arrivent à Dunkerque le 22 juin 1915, elles rejoignent les canonnières A et B, le 25 juin.
- Entre temps le capitaine de vaisseau Schwerer s'installe à Ost-Dunkerque, au Q.G de l'amiral Ronarc'h commandant la brigade des fusiliers-marins, profitants ainsi des réseaux téléphoniques nécessaire à son commandement à environ 5km des postes de tir.
- La 1re batterie est placée sous les ordres du général Rouquerol, commandant le groupement de Nieuport. Les postes de tir sont situés sur le canal de Furmes entre Furmes et Nieuport et sur le canal de Loo entre Ferthem et Pollinchove.
- Les canonnières A et B entrent en action le 18 juin 1915 pour contre battre une batterie allemande de 21 cm installé à Tempel'Hof. Les 4 canonnières contrebattent, le 28 juin et 4 juillet la pièce de 42 qui a bombardée la ville de Nieuport et ses écluses.
- Jusqu'au 8 septembre les canonnières se livrent à des tirs de contre-batterie, à de nombreux tirs contre avions. Elles auront l'opportunité unique de tirer sur un mouilleur de mines allemand parvenu près de la côte.
- La période d'hiver est une période calme. A partir de la fin novembre, les canonnières sont sous les ordres des autorités Belges qui semble avoir quelques répugnances à les utiliser.
- La 1re batterie quitte les Flandres pour rejoindre la Somme, le 30 mars 1916.
En Champagne
- La 2e batterie des canonnières fluviales (F, G, H, I) quitte Brest et Lorient dès la fin de leurs essais d'artillerie (4, 5 juillet 1915), en passant par Le Havre, Paris, avant d'arriver à Condé sur Marne le 18 juillet 1915 ou se trouve le commandement supérieur.
- 2e batterie des canonnières fluviales est mise à la disposition du général de Castelnau qui est à la tête Groupe d'Armées du Centre (G.A.C), sur le canal de L'Aisne à l'Ain. Elle est placée sous les ordres du général Malcor, commandement l'artillerie de la IVe Armée.
- Entre les écluses de Vaudemanges et de Wez, se trouve un bief de 12 km, avec un souterrain, le tunnel du mont de Billy, de 2.300 m dans lequel les canonnières trouvent un abri complet. Au sortir du tunnel, 11 postes de tir préétablis le long des berges contre les ouvrages allemands de Moronvilliers, Nauroy, Beine et Nogent l'Abbesse.
- Des observatoires de tir, du Sinaï et des Faux-de-Verzy dans la montagne de Reims ont été installés. Ils sont reliés à un central téléphonique et de T.S.F. installé au village des Petites Loges. Le central téléphonique est lui même relié aux différentes positions que canonnières peuvent occuper entre le tunnel du mont de Billy et Beaumont sur Vesle. Le tir peut être réglé par observations directes et par avion.
- Aussitôt installé, la batterie serait donc pratiquement prête à tirer, mais le général préfère réserver son action en fonction des circonstances, d'autant que les canonnières constituent la seule artillerie lourde du secteur.
- La première opportunité se présente le 11 août. Le tir réglé de l'observatoire sur 2 batteries allemandes sera déclaré bon.
- La 2e batterie continue à effectuer des tirs de contre-batteries jusqu'à la mi-septembre 1915.
- 11.09.1915 : La 3e batterie des canonnières fluviales (K, L, M, O) arrive sur le front, les 2 batteries et la péniche porte-canons de 16 cm «Saint-Joseph» forment un groupement placé sous les ordres du lieutenant de vaisseau Schwerer pour les offensives de Champagne.
- 22 septembre au 12 octobre 1915, les 8 canonnières effectuent des nombreux tirs sur les batteries et les cantonnements ennemis.
- Au bilan de cet engagement, on notera l'agilité des bâtiments, qui bien que fortement contrebattus, ont toujours pu évoluer afin d'éviter les coups directs.
Les opérations en 1916
Sur le front de la Somme
- La 1re batterie quitte les Flandres pour rejoindre la Somme, par Saint-Valery, le 30 mars 1916.
- Elle stationne à Méricourt, jusqu'au 23 juin. A cette date, elle vient prendre des postes de tir aux environs de Capy sur le canal de Somme, et exécute pendant toute la période offensive, de nombreux tirs (environ 11.000 coups de tous calibres dont 5820 de 14 cm).
- 16.07.1916 : un obus ennemi de 13 cm percute la volée de la pièce de 14 cm de la Cruelle, provoquant une forte voie d'eau et la mort du maître canonnier Donia et des blessures à 9 membres d'équipage dont le lieutenant de vaisseau d'Harcourt. Le 24 juillet les avaries sont réparées.
- Après la remise en état du canal, les postes occupés par les unités sont répartis dans la région de Frise, au voisinage de pont de Feuillère et du ravin Burcourt.
De l'Oise à la Champagne
- 28.02.1916 : La 2e batterie mixte (F, G, M, O) maintenant quitte le bief de Vaudemandes pour gagner le front de l'Oise.
- Les postes étaient désignés sur l'Aisne, à l'est de Compiègne, entre Attichy et le bac de Jaulzy, avec des plans de feu précis :
- les canonnières de 10 cm devant, en cas d'attaque flanquer les fronts de Nouvron et de Quennevières, les tirs de contre batteries étant réservés aux canonnières de 14 cm.
- Mais au final, la 2e batterie mixte vont indirectement participer à la bataille de la Somme, en effectuant des tirs sur les arrières des voies de communication de l'ennemi.
- La 3e batterie mixte (H, I, K, L) restera sur le canal de l'Aisne à la Marne n'effectue que quelques tirs ponctuels sur le front de Champagne.
Les opérations en 1917
Sur l'Oise et l'Aisne
- La 1re batterie descend la Somme au début de l'année et prenant la mer à Saint Valéry remonte la Seine puis l'Oise pour arriver à Compiègne le 26 janvier 1917.
- La 2e batterie quitte la Champagne et est dirigée sur l'Aisne. Or avant même que l'offensive sur le chemin des Dames ne soit déclenchée, l'ennemi effectue le repli stratégique Alberich en février-mars.
- Durant leur retraite, les Allemands ont détruit les écluses de Pont l'évêque et les ponts et coulés des péniches dans les voies navigables interdisant à la 1re batterie toute avance sur L'Oise.
- Dans ses conditions, la 1re batterie est envoyée en juin en Champagne en renfort de la 2e batterie
- La 2e batterie remonte l'Aisne en dégageant la voie et parvient jusqu'à l'écluse de Vauxrot, où elle sera bloquée un mois en attendant sa remise en état.
- Le 16 avril installée au nord de Soissons. Elle tire sur les nœuds de communications et les points de ravitaillement de l'ennemi, jusqu'en juillet 1917. Le ravitaillement en munitions sera effectué par des bateaux du génie mis à sa disposition pour assurer un va et vient fréquent et rapide.
En Champagne
- La grande attaque des Monts de Champagne de la IVe Armée est appuyée depuis les positions du canal de l'Aisne à la Marne par les 1re et 3e batteries de canonnières formées en groupe pour l'occasion, il est joint deux péniches porte canons de 19 cm, «Marcelle» et «Jeanne d'Arc» , plus la péniche de 24 cm «Saverne», en septembre.
- 24 juin : la 1re batterie fait mouvement vers les Flandres.
Dans les Flandres
- les 1re et 2e batteries désormais sont dénommées groupes
- Juin 1917 : L'offensive n'étant pas programmée pour les jours suivant, les tubes vont être rapidement réalésés ce qui portera les calibres à 105 et 145.
- 05 juillet 1917 : le 1er groupe arrive à Dunkerque, pour apprendre l'arrivée prochaine du 2e groupe. Sitôt réunis, les 2 groupes sont fusionnés.
- Les canonnières C, D, M, O prennent position sur le canal de Nieuport et sont placées aux ordres de la IVe Armée britannique.
- Les canonnières A, B, F, G sont mises à la disposition de la Ire Armée française sur le canal de Loo.
- 28 septembre : les canonnières C & D de 145 mm quittent le front britannique pour rejoindre le front de la Ire Armée française.
- 04 novembre : les 2 canonnières M & O de 105 ont été rappelées du front britannique.
- les 6 canonnières de 145 tirent 9500 coups depuis les positions de Loo et sur l'Yser jusqu'au 11 novembre.
Aisne
03 septembre : Le 3e groupe resté en Champagne, est envoyé sur l'Aisne et prend position entre Vaily et Condé-sur-Aisne pour participer à l'offensive de la Malmaison où de nombreux de tirs sont effectués de 16 octobre au 3 novembre 1917 sur les arrières de l'ennemi.
Désarmement des canonnières de 105 mm
- Le 8 septembre 1917, le ministère de la Marine décide donc par dépêche Ministérielle de désarmer les canonnières de 105 (K, L, M, O) dès que les opérations en cours seront achevées, en tout cas avant l'hiver. Les canonnières de 105 (M & O) du canal de Nieuport rallieront Calais le 6 novembre, pour y être désarmées. Les autres canonnières de 105 (K et L) seront rendues officiellement à la Marine début novembre.
Désarmement des canonnières de 145 mm
- fin décembre 1917 : la pénurie de personnel naviguant contraint la Marine à désarmer les 8 canonnières encore en service.
- 4 canonnières de 14 seront cependant réarmées en octobre 1918 pour la police du Rhin.
Bibliographie
- Historiques de l'artillerie française, tome I & II, colonels Henri Kauffer et Georges Van den Bogaert, imprimerie de L'Ecole d'Application de L'Artillerie- DRAGUIGNAN 1989
- La marine française dans la grande guerre, Les marins à terre, tome V, capitaine de vaisseau A. Thomazi, éditions Payot, Paris, 1933.
- Historique des batteries canonniers-marins et des canonnières fluviales, rapport du Contre-amiral JEHENNE, 1938, Gallica
- Organisation des formations de marins à terre 1914-1919, par le lieutenant de vaisseau Le Moal, Ecole de guerre navale, 1925, Gallica
- Association du Souvenir aux Morts des Armées de Champagne (ASMAC), article "1915-1918, des marins en Champagne", bulletin trimestriel, janvier 2001
- Les voies navigables en France pendant la Grande Guerre, Stéphane Fournier, Les Cahiers du Musée de la Batellerie, juin 2018
- Canonnières fluviales de 14/18 : Les armes méconnues, François Schwerer, éditions Temporis, juin 2019
- Magazine Marine & Forces Navales, Hors série n°2, janvier 2011, article «Les canonnières fluviales 1915-1917» par Marc Saibène, page 30-45
- Magazine Guerre, Blindés & Matériel n°132, avril à juin 2020, article «Les péniches porte-canons» par Guy François, page 35-44
- Magazine Guerre, Blindés & Matériel n°138, octobre à décembre 2021, article «Les canonnières fluviales» par Guy François, page 21-30
Sources
- Journaux des Marches et Opérations des grandes unités- J.M.O- 1914-1918 - cote 26N 1 à 570
- Journaux des Marches et Opérations des régiments et bataillons, J.M.O 1914-1918 - cote 26 N 571 à 1370
- Armées Françaises dans la Grande Guerre (AFGG)
Liens utiles (externes)
- site Chtimiste : photographies de canonnières fluviales