Les Sections d'Infirmiers Militaires - 1870-1871
Présentation
A compter du 17 septembre 1863 les détachements autonomes des hôpitaux furent regroupés en sections d’infirmiers militaires (S.I.M.).
L’organisation des sections d’infirmiers militaires (SIM) a pour but de fournir au service de santé militaire qui les emploie des infirmiers aptes à être employés aux écritures, ceux capables de remplir les fonctions d’infirmiers de visite et des infirmiers d’exploitation chargés des détails intérieurs des établissements auxquels ils sont attachés.
Ces infirmiers sont recrutés parmi les soldats sachant lire et écrire et n’ayant subi aucune condamnation.
L’instruction technique des infirmiers des SIM est à la fois théorique et pratique : la tenue des cahiers de visite et à l’établissement des bons et des relevés des prescriptions ; l’hygiène hospitalière, à l’asepsie et à l’antisepsie ; la petite chirurgie, à l’hydrothérapie et aux bandages.
Cette transformation allait entretenir jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale l’appellation générique « d’infirmier militaire » qui regroupait quantité de professions tant administratives, techniques que paramédicales.
Le nouveau corps se composait de trois classes : les infirmiers aux écritures, les infirmiers de visite (de 1860), les infirmiers d’exploitation du service général.
Seuls, ceux de visite, recevaient une formation professionnelle au lit des malades. Cette formation initiée au Val de Grâce fut étendue, dès 1867, aux autres hôpitaux militaires. Ainsi l’opportunité d’ouvrir une « école » spécialisée, unité de lieu et d’enseignement s’évaporait dans la chute de l’Empire.
Sous la IIIe République l’ensemble du corpus réglementaire concernant les infirmiers fut maintenu. Seules des modifications de détail sur le recrutement furent apportées essentiellement liées aux modalités de recrutement de la nouvelle armée républicaine (service militaire de trois, de deux puis d’un an).
Ce système induisait un important renouvellement des infirmiers de visite du contingent dont l’éducation hospitalière ne pouvait avoir la valeur des infirmiers de 1860, soldats susceptibles de servir de trois à sept années. La qualité cédait le pas à la quantité.
Le brassard de neutralité est la seule marque distinctive de leur fonction.
Un décret du 14 juillet 1865 indique que les ambulances et les hôpitaux sont désormais rendus reconnaissables par un drapeau blanc à croix rouge.
5e Section d'Infirmiers Militaires
- Hôpital (Abbeville (80))
13e Section d'Infirmiers Militaires
- Dans les années 1870 l’hôpital militaire des Collinettes [1] est tenu par la 13° Section d’Infirmiers militaires (SIM) du corps d’armée de Clermont-Ferrand.
Le Service de Santé des Armées
Les médecins
Quand la France déclare la guerre à la Prusse (en fait à la Confédération germanique), le Service de Santé des Armées, qui achève sa réorganisation, compte 104 médecins de carrière et 62 élèves de troisième et quatrième années de l’École de Santé de Strasbourg, pour 210.000 hommes répartis en sept corps d’armée, soit en gros trois médecins pour un régiment de 3.000 hommes, en incluant les médecins mobilisés des classes 1865 à 1868 ou les engagés qui rejoindront avec retard.
C’est évidemment très insuffisant pour un gros afflux de blessés, en un ou deux jours : 11.000 à Saint-Privat, 16.000 à Gravelotte.
Les étudiants en médecine sont exemptés du service militaire comme les séminaristes, on finira de les lister à la fin d’août. Quant aux internes et externes, l’Assistance Publique se soucie vite de les retenir dans ses hôpitaux, et ils sont moins tentés de s’engager dans l’armée (pour la durée de la guerre) que dans les ambulances privées de campagne.
Le service pharmaceutique de l'armée
En 1870, le service de santé militaire comptait plus de 220 pharmaciens de divers grades, dont un pharmacien inspecteur, membre du conseil de santé.
A la déclaration de guerre, ils quittent les hôpitaux ou les services où ils étaient occupés pour rejoindre leurs nouvelles affectations : services pharmaceutiques de corps d'armée, ambulances de division, hôpitaux temporaires.
Les ambulances militaires
Lors de la guerre de 1870, il y eut les ambulances militaires, rattachées aux régiments, plus ou moins bien loties, et il y eut les ambulances privées, dont celles de la Société de secours aux blessés.
Les ambulances sur le terrain
Les premiers secours donnés sur place, en principe par le médecin régimentaire très exposé, suivi par un infirmier porte-sac, ne peuvent être que sommaires : brève exploration, pansement, immobilisation.
Il ne dispose pas, comme son confrère allemand, de morphine ni de sérum sous-cutané. Le ramassage, confié à des musiciens régimentaires ou des soldats du Train sans aucune formation, aggrave ou crée un choc, lié aussi à la douleur, au retard, à la pluie, au froid, à la neige.
Les ambulances civiles réunies sous l’emblème de la Croix-Rouge
- la Société de secours aux militaires blessés, dirigée au Palais de l’Industrie par J.-C. Chenu et Le Fort ;
- l’ambulance de la presse, dirigée par Ricord et Mgr Baüer ;
- et de multiples ambulances disséminées dans Paris ont apporté une aide décisive au Service de Santé des Armées.
Sur le terrain, 18 ambulances civiles de campagne formées à Paris soignèrent les blessés des deux camps autour de Sedan, puis dans les batailles de la Loire et de l’Est, où les rejoignirent 13 ambulances formées secondairement en province.
Pendant le siège de Paris, des ambulances volantes franchirent les remparts pour ramener les blessés au Palais de l’Industrie ou rue de Longchamp.
Elles furent intégrées en novembre dans la grande Coordination des 10 hôpitaux répartiteurs, dirigée par Hippolyte Larrey.
Les soins chirurgicaux, limités aux membres, à la tête et au cou, étaient simples, rapides et conservateurs, et le nombre des amputations était limité.
Mais les complications infectieuses secondaires, fréquentes, avaient une mortalité élevée, aggravée par les maladies associées, infectieuses (variole, typhoïde, pneumopathies) ; et par le froid, la faim, la dénutrition. En conclusion, la guerre de 1870-1871 a apporté : un gros progrès humanitaire dû à la neutralisation des blessés, des lieux et des acteurs de soins ; une meilleure approche de l’infection, de la contagion, de l’isolement, de l’intérêt des travaux de Pasteur et de Lister ; elle a montré la nécessité d’une autonomie du service de santé des armées, qui aboutira… après 1883.
Les hôpitaux provisoires
Les hôpitaux provisoires installés sur ordre du ministre de la Guerre pendant le siège de Paris sont formés de baraques transportables isolées, limitées à un rez-de-chaussée, diversement assemblées en raison des contraintes topographiques.
Au Jardin des Plantes, les baraques sont alignées suivant leur longueur dans une allée de marronniers.
Au Luxembourg, les pavillons tirent partie de la disposition des routes bitumées et des égouts du jardin. Certes, les chaussées imperméables et surélevées servent d’assise parfaite aux vingt-deux baraques, mais elles contraignent l’organisation d’ensemble à une certaine irrégularité.
En outre, les services annexes sont trop éloignés des salles de malades et les pavillons, trop éparpillés pour les relier entre eux par les couloirs de communication couverts utilisés comme promenoirs par les malades dans les hôpitaux baraqués d’Amérique et dans celui de Courcelles, près du parc Monceau. Cependant, l’hôpital du Luxembourg est longtemps considéré comme l’hôpital idéal parce que ses locaux sont incontestablement supérieurs comme baraquement à tout ce qui existe alors.
Chaque pavillon de soldats aménagé pour cinquante malades contient une salle unique mesurant 38 mètres de long sur 10 mètres de largeur, 4 mètres de hauteur sur les côtés et 8 mètres au faîtage. Il est construit en sapin du Nord sur un plancher reposant sur des piles de maçonnerie.
La toiture garnie de simples voliges est recouverte de carton bitumé. Selon le système d’aération adopté dans les baraques américaines, une lanterne de faîtage garnie de châssis vitrés et mobiles occupe le tiers de la longueur du toit.
À Cochin, l’hôpital baraqué est formé de quatre pavillons de 28 mètres de longueur contenant chacun vingt lits disposés en deux rangées alternantes. Ils sont construits en planches de sapin du Nord de 22 centimètres d’épaisseur avec des couvre-joints doubles. Le parquet en frise de sapin de 27 millimètres est surélevé à 50 centimètres du sol sur des piles de maçonnerie. Le toit constitué par un voligeage simple et recouvert de carton bitumé est occupé sur le tiers de sa longueur par une lanterne du faîtage garnie de châssis vitrés et mobiles. L’aération se fait facilement par douze fenêtres de 2,10 mètres de hauteur sur 1,10 mètre de largeur, descendant jusqu’à 65 centimètres du parquet. Enfin, sur les petits côtés, sont établis deux cabinets de 4 mètres sur 4 utilisés, l’un pour le logement des infirmiers, l’autre pour l’installation des lavabos, des bains et des latrines. La distribution intérieure dans les pavillons des officiers est différente : chambres d’un ou deux lits, salle à manger avec salon et salle de lecture, water-closets
Les hôpitaux, dit hôpitaux répartiteurs
Le 20 novembre 1870, Jules FERRY, alors Président de la commission des Ambulances signe un arrêté sur la répartition des blessés et des malades, l'alimentation et l'inspection des ambulances.
Dans l'article premier, il est écrit :"Il est choisi, dans chaque secteur, à l'effet de répartir les blessés et les malades entre les diverses ambulances, un hôpital, dit hôpital répartiteur. Ces hôpitaux sont les suivants :
- 1er secteur : Hôpital Saint-Antoine,
- 2e secteur : Hôpital Saint-Louis,
- 3e secteur : Hôpital Saint-Martin,
- 4e secteur : Hôpital Lariboisière,
- 5e secteur : Hôpital Beaujon,
- 6e secteur : Hôpital du Gros Caillou [2],
- 7e secteur : Hôpital Necker,
- 8e secteur : Hôpital du Val de Grâce,
- 9e secteur : Hôpital de la Pitié.
Morts pour la Patrie
Prénom(s) NOM | Naissance | Décès | Observations |
Jean Baptiste ISSEMBOURG | 9 Juin 1845 Yaucourt-Bussus |
15 décembre 1870 Abbeville (Somme) |
Soldat ✞ Mort à l'hôpital |
Jean Marie BLANC | 7 février 1850 Pralognan (Savoie) |
(?) | Incorporé le 12 octobre 1870 pour la 6eSection d'infirmiers militaires Fils d'Etienne Frederic BLANC et de Marie Julienne ROLLAND ✞ Disparu |
Jules RYMBOUD | 9 août 1850 Héry (Haute-Savoie) |
6 novembre 1870 Le Mans (Sarthe) |
Incorporé le 12 octobre 1870 pour la 5eSection d'infirmiers militaires Fils de Constant RYMBOUD et de Marie BORNET-MERLIN ✞ |
- | - | - | ✞ |
Médaille, ambulances militaires
Médaille, ambulances militaires, Chambre des notaires. Paris. 1870.
A/ MONUMENTS DE LA VILLE DE PARIS TRANSFORMÉS EN AMBULANCES MILres. Drapeau d’ambulance, à l’exergue *1870* et signature FT.
R/ SECOURS AUX BLESSÉS PENDANT ET APRÈS LA GUERRE. Au centre, dans un ouroboros : SEBERT/ PRESIDENT/ AIDÉ DE Mmes/ DESFORGES, DEVES/ GAMARD ET ORCIBAL/ FAIT UNE AMBULANCE/ DE LA CHAMBRE/ DES NOTAIRES/ DE PARIS.
Guerre de 1870, ambulances militaires, théâtre du Châtelet de Paris.
A/ MONUMENTS DE LA VILLE DE PARIS TRANSFORMÉS EN AMBULANCES MILres. Drapeau d’ambulance, à l’exergue *1870* et signature FT.
R/ SECOURS AUX BLESSÉS PENDANT ET APRÈS LA GUERRE. Au centre, dans un ouroboros : LE/ THÉÂTRE/ DU CHATELET/ AMBULANCE/ MILITAIRE.
Célébration de l'intervention d'Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif offrant protection aux ambulances de la presse, 1871
A/ trois ambulanciers ramassant des blessés avant de le déposer dans une voiture ouverte à étages ; autour de ces personnages, un canon, des fortifications à gauche, puis, au sol, un sac à dos, un fusil, une baïonnette, un ceinturon ; à l'exergue, une croix de Genève lignée ;
R/ inscription sur onze lignes. "LE COMITE / DES AMBULANCES / DE LA PRESSE FRANCAISE / A / MR. THIERS / CHEF DU POUVOIR EXECUTIF / POUR LA HAUTE PROTECTION / QU'IL A ACCORDEE / AUX AMBULANCES / DE LA PRESSE / 1871". Signature - Au droit à l'exergue : "GUERC"
Guerre de 1870, ambulances du IIe arrondissement de Paris.
A/ Armes de la ville de Paris.
R/ AMBULANCE DU IIme ARRONDISSEMENT/ SIÈGE DE PARIS. Croix au centre, au-dessous 1870-1871 et cartouche attribué à Mme BOUILLET.
Bibliographie
Sources
- Le service pharmaceutique de l'armée pendant la guerre de 1870-71 : Claude Moison, Le service pharmaceutique pendant la guerre franco-allemande de 1870-1871. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 43ᵉ année, n°147, 1955.
- Rapport au conseil de la Société française de secours aux blessés des armées de terre et de mer, sur le service médico-chirurgical des ambulances et des hôpitaux, pendant la guerre de 1870-1871, par le Dr J.-C. Chenu,.... Tome 1 - Droits : domaine public - Bnf - Gallica ~~ Le livre