Les Régiments de Lanciers - 1870-1871
Présentation
Sous le Second Empire, l’arme des Lanciers se composaient de 8 régiments.
Coiffés de la célèbre shapska héritée des lanciers polonais de la Grande Armée.
Les lanciers français combattirent durant la guerre franco-allemande de 1870-71.
Le 1er Régiment de Lanciers
- En 1870, il est à la bataille de Sedan.
- En 1871 il est supprimé et transformé en 14e régiment de dragons.
Le 2e Régiment de Lanciers
- En 1870, il est affecté au 1er Corps d'armée de l'armée du Rhin.
- Il est engagé à Froeschwiller et perd son colonel durant la bataille. Il est ensuite engagé à Sedan.
- En 1871 il est dissous, ses cadres servant à constituer le 10e régiment de hussards.
Le 3e Régiment de Lanciers
- En 1870, il est au 2e Corps d'armée de l'armée du Rhin
- Il participe aux batailles de Rezonville et de Saint Privat.
- En 1871 il est dissous et ses cadres servent à créer le 15e régiment de dragons.
Le 4e Régiment de Lanciers
- En 1870, il est à l'armée de Chalons et combat à Sedan.
- En 1871, il est dissous et transformé en 16e régiment de dragons.
Le 5e Régiment de Lanciers
- En 1870, il est à l'armée de Chalons et combat à Buzancy, Beaumont, Mouzon et Bazeilles.
- Il disparait en 1871 pour former le 17e régiment de Dragons.
Le 6e Régiment de Lanciers
- En 1870, il est à l'armée du Rhin et combat à Froeschwiller, puis à Sedan.
- En 1871, il est transformé en 18e régiment de dragons.
Le 7e Régiment de Lanciers
- Il est en 1870 à l'armée de Chalons et combat à Mouzon et à Sedan.
- En 1871, il est transformé en 14e régiment de chasseurs.
Le 8e Régiment de Lanciers
- En 1870, il est à l'armée de Chalons et combat à Beaumont et Sedan.
- En 1871, il est transformé en 19e régiment de dragons.
Morts pour la Patrie
Prénom(s) NOM | Naissance | Décès | Observations |
Jean Jacques CASPAR | 5 août 1845 Rech, Sarralbe (Moselle) |
6 août 1870 Frœschwiller (Bas-Rhin) |
Cavalier au 3e Régiment de Lanciers ✞ Mort à l'âge de 25 ans |
Alexandre PÉRON | Originaire de (Indre) |
6 août 1870 Frœschwiller (Bas-Rhin) |
Cavalier au 6e Régiments de Lanciers ✞ Mort sur le champ de bataille de Froeschwiller Acte transcrit au tribunal de Châteauroux (Indre) |
Jean André SABY | 6 septembre 1832 Gouder (Haute Loire) |
6 août 1870 Froeschwiller (Bas-Rhin) |
Cavalier au 6e Régiment de Lanciers - Matricule 1188 ✞ Blessé mortellement à la bataille de Froeschwiller Transcription acte de décès en mairie de Goudet le 24 février 1872 |
Pierre VUILLEMINI | 25 janvier 1846 Écurcey (Doubs) |
6 août 1870 Frœschwiller (Bas-Rhin) |
Cavalier au 6{e Régiments de Lanciers ✞ Mort à l'âge de 24 ans |
Boileau Jules VINDICIN | 3 Août 1843 Douai |
19 Janvier 1871 Sélestat |
Cavalier au 6{e Régiments de Lanciers ✞ Tué à l'ennemi |
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L'Actualité Militaire
L'Actualité Militaire est une tribune libre. Nous recevons d'un officier en retraite - ancien lancier — la lettre suivante, qui, à la vérité est un article plein d'entrain et d'une note
bien française. ( 24 février 1884 )
Les lanciers !
C'est toute une évocation que ce mot là. Il semble revoir ces superbes escadrons, autour desquels une légende s'était attachée, défiler dans un éblouissement de fanions multicolores. Et quels uniformes charmants : la veste bleue à revers jonquille, le coquet shapska incliné sur l'oreille - un air crâne qui faisait tout de suite vibrer la libre chauvine, malgré soi !
C'était un corps d'élite, devenu très populaire. Le moyen de ne pas les admirer, ces gaillards-là, avec leur belle mine conquérante!
Eh bien ! il se fait toute une campagne, en ce moment, dans une partie de la presse militaire, pour demander qu'on les rétablisse.
C'est M. THIERS — avec son infatuation d'homme infaillible dans toutes les questions — qui les avait supprimés d'un trait de plume.
— Ils sont inutiles, avait-il dit.
Et à quel moment? Précisément, lorsque la France venait d'apprendre — si cruellement — tout ce qu'est capable de faire, en pays ennemi, une cavalerie rapide, armée de la lance! Les uhlans ne nous l'avaient que trop prouvé.
Ce ne fut pas sans chagrin que les lanciers, versés dans les régiments de cuirassiers, abandonnèrent leurs attributs distinctifs.
Avouez qu'une mauvaise veine les poursuivait. A quelque temps de là, lorsqu'ils s'étaient habitués à la cuirasse, on les décuirassait... Il semblait qu'on leur en voulut, décidément!
Je connais plus d'un officier de cette arme condamnée qui n'a jamais désespéré de là voir rappelée dans notre armée, et qui a conservé son shapska, avec l'espérance qu'il lui resservirait un jour.
Toutes les armées étrangères ont gardé leurs lanciers, en effet, ne trouvant pas que ce corps, en dépit des changements de tactique, fut devenu démodé. Il est donc très possible qu'on revienne, au ministère de la Guerre de préventions injustes,
Il n'y aurait là, du reste, aucune honte à se dédire, puisque c'est l'intérêt du pays qui est en jeu.
Les lanciers ont, d'ailleurs, un liasse glorieux, qui justifie, mieux que leur bel équipement, l'estime singulière en laquelle ils furent toujours tenus...
C'est une chose curieuse que le premier régiment de lanciers ait été formé précisément dans la ville où ils devaient disparaître, — après que leurs rangs se furent terriblement éclaircis au feu !
C'est à Sedan, en effet, en 1871, qu'ils furent organisés. La France avait déjà à son service trois régiments de lanciers polonais.
Par une particularité tragique, les lanciers ont toujours été la troupe la plus engagée dans nos batailles néfastes.
A Waterloo, ils furent presque entièrement décimés. Mais ils firent payer chèrement leur vie. Le 4e lanciers, commandé par le colonel BRO, détruisit -, à lui seul, la brigade des gardes anglaises et reprit les drapeaux que l'infanterie s'était laissé arracher.
Mais combien d'hommes revinrent de cette charge héroïque?
Quarante-deux!
Les régiments de lanciers avaient été réduits sous la Restauration, ils furent reconstitués: après 1830. Le maréchal Soult leur rendit leur premier uniforme...
Mais ceci est bien loin de nous. Ce qui doit rester dans notre souvenir, c'est l'admirable conduite de nos lanciers en 1870.
On a fait aux cuirassiers tout l'honneur de la splendide charge de Rischoffen, qui arracha aux officiers prussiens eux-mêmes ces cris d'admiration :
— Oh ! les braves gens, les braves gens !
Mais l'histoire ne doit pas oublier, dans cette journée épique, le 6e lanciers, qui contribua à sauver la droite de l'armée.
Son rôle fut d'autant plus glorieux que ce régiment n'avait pas été commandé pour ce sacrifice suprême.
Ecoutez ce récit d'un témoin. d'un combattant :
« Nous, étions à cheval dans un ravin, assez mal abrités et fort désireux de prendre part à l'affaire. Un aide de camp, arrivant au galop, apporta l'ordre d'envoyer un régiment. Le 8° cuirassiers entendit sonner le « garde à vous »...
« Mais je ne saurais vous dire comment le 6e lanciers suivit le mouvement. En un instant, il fut emporté d'instinct, au milieu de cette trombe vivante... J'entends mon capitaine dire que nous sommes quinze cents cavaliers. Le bruit des fourreaux de sabre sur les étriers, les coups de fusil, le canon qui tonne, les obus qui éclatent produisent un bruit infernal... Nous soutenons un galop rapides sans voir les soldats allemands qui nous abattent. Ils pensaient nous arrêter, mais nous allions toujours, faisant trembler la terre...
« A Morsbronn, une fusillade effroyable nous sépare des cuirassiers. Personne au monde ne pourrait dire ce qui arriva. Nous chargions sur les murs des maisons pour déloger lus Allemands, et nous tombions l'un après l'autre... »
Les lanciers, isolés des cuirassiers, arrivaient du côté de Dürrenbach, lorsqu'ils rencontrent le 13e hussards prussien, qui n'avaient pas encore combattu. Ils n'étaient plus que quelques débris d'escadrons, et leurs chevaux tombaient de fatigue. Néanmoins, ils chargent toujours...
Ils furent anéantis.
La cavalerie fut également sacrifiée à Sedan, el là comme à Morsbronn, les lanciers ne marchandèrent pas leur concours.
Les restes des 2e et 5e lanciers tirent enfin leur devoir à l'armée de la Loire, sous le commandement des généraux MICHEL et d'ASTUGUE.
Ce n'est que tout d'un coup qu'on s'avisa, de découvrir que « la lance était une arme dont le maniement était trop difficile à apprendre. »
Le poignet de nos cavaliers n'avait pourtant; jamais failli !
Au reste, en Allemagne, en Russie, en Autriche, on sait bien la manier, la lance !
Mais je ne veux pas rentrer dans une discussion-technique. Je rappelle, seulement, la physionomie d'un corps qui a été célèbre et qui, s'il était jamais réformé, retrouverait vite, sans doute, ses traditions d'autrefois.
J'ai dit qu'il était jadis très populaire. Le dessin, la caricature aimaient à reproduire le lancier, en « blaguant » la sveltesse qu'il essayait de donner à sa taille et ses longues jambes en échalas : inoffensives railleries dont il aurait eu mauvaise grâce à se fâcher !
Qui ne se rappelle les croquis de Randon. qui excellait précisément, à rendre ce type consacré ?
La chanson, la charge d'atelier s'en étaient également emparé.
C'est ainsi que des peintres, je crois, avaient imaginé cette scie amusante :
Bonaparte passe une revue dans le Carrousel. Tout à coup, il tressaille, il s'arrête... H vient d'apercevoir, au milieu d'un escadron, un uniforme disparate... Dame ! quand on a un « coup d'œil d'aigle » !
Bonaparte fronce le sourcil; et son état-major commencé à trembler.
— Qu'est-c qu' c' Lancier dans les dragons? demande-t-il d'un ton courroucé à un de ses maréchaux.
Le maréchal, interloqué, trotte du côté du général, qui trotte à sou tour vers le colonel... qui interroge le capitaine... qui s'informe auprès d'un lieutenant. — en posant à tous la même question :
— Qu'est-c qu' c' lancier dans les dragons ?
Enfin, le maréchal a l'explication de ce fait anormal. Il se dirige en hâte vers l'empereur, qui fronce le sourcil.
— Sire, lui dit-il, encore assez peu rassuré, c'est un lancier qui a permuté.
L'état-major est tremblant et attend avec inquiétude ce qui va sortir de la bouche du maitre.
Mais il est de bonne humeur, ce jour-là :
— Ah! il a permuté, c't'animal-là ?
— Oui, sire.
— Eh bien...
— Eh bien ! sire ?
— Qu'on le décore !
Et, suivant le mot de la légende, le grand homme « les deux mains derrière le dos et une dans son gilet », continue à passer sa revue !
Voir aussi (sur Geneawiki)
Sources
- Archives du Bas-Rhin, Registre des décès 1871, n°4E 462/67,
- Journal officiel de la République Française - 1875
- L'Actualité militaire illustrée