Légion d'honneur
La Légion d'honneur est la plus haute décoration française actuellement existante.
Création et organisation
"Loi portant création d'une Légion d'honneur, le 29 Floréal an X (19 mai 1802)"
"Au Nom du Peuple Français, Bonaparte, premier consul proclame loi de la République le décret suivant, rendu par le corps législatif le 29 Floréal an X, conformément à la proposition faite par le gouvernement du 25 dudit mois, communiquée au Tribunal le 27 suivant : En exécution de l'article 87 de la Constitution, concernant les récompenses militaires, et pour récompenser aussi les services et les vertus civils, il sera formé une Légion d'honneur.
- A Paris, le 29 floréal an X de la République française.
- BONAPARTE
- Premier Consul"
Décret organique de la Légion d'honneur
Paris, le 16 mars 1852.
LOUIS-NAPOLÉON, Président de la République française
Décrète :
TITRE I Organisation et composition de l'ordre.
Art. Ier. La Légion d'honneur est instituée pour récompenser les services civils et militaires.
Art. 2. Le Président de la République est chef souverain et grand maître de l'ordre.
Art. 3. La Légion d'honneur est composée de chevaliers, d'officiers, de commandeurs, de grands officiers et de grands-croix
Art. 4. Les membres de l'ordre sont à, vie.
Art. 5 et 6 (1),
Art. 7. Les étrangers seront admis et non reçus. Ils ne figurent pas dans le cadre fixé.
TITRE II. Forme de la décoration et manière de la porter
Art. 8. La décoration de la Légion d'honneur est, comme sous l'Empire, une étoile à cinq rayons doubles, surmontée d'une couronne de chêne et de laurier.
Le centre de l'étoile présentera, d'un côté, la tête de la République avec cet exergue : République Française, 1870, et, de l'autre, les deux drapeaux tricolores avec cet exergue : Honneur et Patrie,
La plaque de grand officier et de grand-croix portera au centre la tête de la République, et en exergue : République Française 1870, Honneur et Patrie,
Art. 9. L'étoile émaillée de blanc est en argent pour les chevaliers, et en or pour les officiers, commandeur, grands-officiers et grands-croix. Le diamètre est de 40 millimètres pour les chevaliers et officiers et de 60 pour les commandeurs.
Art. 10. Les chevaliers portent la décoration attachée par un ruban moiré rouge, sans rosette, sur le côté gauche de la poitrine.
Les officiers la portent à la même place et avec le même ruban, mais avec une rosette.
Les commandeurs portent la décoration en sautoir, attachée par un ruban moiré rouge, plus large que celui des officiers et chevaliers.
Les grands officiers portent sur le côté droit de la poitrine une plaque ou étoile à cinq rayons doubles diamantée tout argent, du diamètre de 90 millimètres ; ayant au centre la tête de la République et en exergue : République française, 1870. Honneur et Patrie. ils portent, en outre, la croix d'officier.
Les grands-croix portent un large ruban, moiré rouge, en écharpe, passant sur l'épaule droite, et au bas duquel est attachée une croix semblable à celle des commandeurs, mais ayant 70 millimètres de diamètre. De plus, ils portent sur le côté gauche de la poitrine une plaque semblable à celle des grands-officiers.
Ordre de la Légion d'honneur
Par ordonnance du 19 juillet 1814, le Roi s'est déclaré, pour lui et ses successeurs, chef souverain et grand-maître de cette institution.
La décoration des membres de cette Légion consiste dans une étoile à cinq rayons doubles, émaillée de blanc, et surmontée d'une couronne royale ; le centre de l'étoile, entouré d'une couronne de chêne et de laurier, présente d'un côté l'effigie de Henri IV, avec cet exergue : Henri IV, roi de France et de Navarre, et de l'autre, trois fleurs de lys, avec cet exergue : honneur et patrie ; elle est en or pour les grands officiers, les commandants et les officiers.
La grande décoration porte le nom de grand-cordon, et consiste en un large ruban moiré rouge, passant de l'épaule droite au côté gauche, au bas duquel est attachée la décoration en or, et dans une plaque brodée en argent, sur le côté gauche des manteaux et habits, composée de dix rayons, au milieu de laquelle est placée l'effigie d'Henri IV, avec cet exergue : honneur et patrie.
Les grands-officiers de la LÉGION portent le grand cordon, mais sans plaque.
Les commandants portent en sautoir la décoration en or, suspendue au ruban de la Légion, moins large toutefois que le grand cordon.
Les officiers de la Légion d'honneur portent à la boutonnière de l'habit la décoration en or, suspendue au ruban de la Légion avec une rosette.
Les grands-cordons, les grands-officiers, et les commandants, portent à la boutonnière de l'habit la décoration en or avec le ruban et la rosette.
Les légionnaires portent la décoration en argent, à la boutonnière de l'habit avec le ruban moiré rouge.
Les membres de la Légion d'honneur prêtent serment d'être fidèles au Roi, à l'honneur, à la patrie,
Source : Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France Par Nicolas Viton de Saint Allais
Historique et description
La Révolution française avait, en effet, aboli toutes les décorations de l'Ancien Régime et les généraux, sous la Convention, avaient pris pour habitude d'attribuer des armes d'honneur (fusil d'honneur, sabre d'honneur, ou encore tambour d'honneur) pour récompenser les actes de bravoure.
L'association des mérites militaires et civils (la répartition actuelle est environ 2/3 1/3), permet à l'ordre de survivre à tous les régimes jusqu'à aujourd'hui, où on dénombre plus de 110 000 légionnaires.
Les légionnaires sont distingués selon trois grades (nombre entre parenthèses) : chevalier (100 000), officier (10 000), commandeur (1 250), et deux dignités : grand officier (250) et grand-croix (75). Dix pour cent sont des femmes.
L'ordre a été remis également à des villes : Luxembourg, Liège, Belgrade, Stalingrad et dernièrement, Alger en 2004), à des régiments, des écoles (dont l'École polytechnique), des communautés et des entreprises (dont la SNCF).
La Légion d'honneur n'est pas réservée aux Français : elle est aussi attribuée à titre protocolaire aux chefs d'État, premiers ministres, membres de gouvernement et ambassadeurs étrangers lors de leur venue en France, et à quiconque a servi les intérêts de la France. Par exemple, le 19 février 1999, le président de la République Jacques Chirac a remis l'insigne à des anciens combattants américains de la Première Guerre mondiale.
L'admission et l'avancement dans l'ordre sont prononcés dans la limite de contingents fixés par décret du président de la République pour une période de trois ans. Ces contingents sont répartis entre les différents ministres qui adressent les propositions au grand chancelier. L'accès à l'ordre ne peut se faire dans un grade supérieur à celui de chevalier, sauf quand il s'agit d'honorer une personnalité étrangère : c'est alors en fonction du rang protocolaire des récipiendaires (ainsi le prince Albert de Monaco a été directement élevé à la dignité de grand officier de l'ordre en 1984).
L'attribution est presque automatique pour les anciens ministres, les préfets honoraires, les anciens députés ou sénateurs (les ministres et parlementaires en activité sont exclus du champ sauf pour faits de guerre), les hauts magistrats et les membres du corps diplomatique. L'obtention d'une médaille d'or aux Jeux olympiques est une promotion spéciale. L'armée obtient cinquante pour cent des places et les autres professions bien représentées sont les policiers, les pompiers, les élus, les hauts fonctionnaires et les représentants des cultes. De plus, à l'origine, les descendants de trois générations successives de décorés de la Légion d'honneur obtenaient ladite décoration par l'hérédité.
L'insigne est une étoile à cinq rayons doubles émaillés de blanc, les dix pointes boutonnées.
L'étoile et les boutons sont en argent pour les chevaliers, en vermeil pour les officiers. Les rayons sont reliés par une couronne, d'argent ou de vermeil suivant le grade, émaillée de vert et composée de feuilles de chêne (à droite) et de laurier (à gauche) et dont les extrémités inférieures, entrecroisées, sont attachées par un nœud.
Le centre de l'étoile présente un médaillon en or avec l'effigie de la République, entourée d'un cercle bleu, portant les mots : RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. L'étoile est suspendue à une couronne, d'argent ou de vermeil suivant le grade, émaillée de vert et composée de feuilles de chêne (cette fois-ci à gauche) et de laurier (cette fois-ci à droite). Au revers, le médaillon d'or porte deux drapeaux tricolores avec l'inscription Honneur et Patrie en exergue ainsi que la date de création de l'ordre : 29 floréal An X.
L'insigne est suspendu à un ruban rouge, peut-être hérité de l'Ordre militaire de Saint-Louis. La dimension de l'insigne en vermeil des commandeurs est de moitié plus grande que celle des deux premiers grades. Il comporte une rosette pour les officiers. L'insigne des commandeurs est suspendu à une cravate. Les grands officiers portent la croix d'officier mais aussi une plaque sur le côté droit de la poitrine. Les grand-croix portent la même plaque, mais en vermeil, sur le côté gauche de la poitrine. Leur croix de vermeil, presque du double de celle des deux premiers grades, se porte en écharpe, suspendue à un large ruban rouge qui passe sur l'épaule droite.
En tenue civile, les chevaliers portent à la boutonnière un ruban rouge, les officiers une rosette rouge, les commandeurs une rosette rouge sur demi-nœuds en argent, les grands officiers une rosette rouge demi-nœuds moitié argent moitié or, et les grand-croix une rosette rouge sur demi-nœuds en or. Le demi-nœuds est vulgairement appelé « canapé ».
Maison d'éducation de la Légion d'honneur
Lycée et collège de jeunes filles réservé aux filles, petites-filles et arrière-petites-filles de légionnaires. Voir site officiel de la maison de Saint Denis(équivalent au lycée) et site officiel de la maison des Loges (équivalent au collège).
Refus de la décoration
- Les collaborateurs du Canard Enchaîné refusent depuis toujours les décorations, au premier rang desquelles la Légion d'honneur (Pierre Scize, journaliste, sera renvoyé du journal en 1933 pour l'avoir acceptée).
- Ils refusèrent la décoration : le dramaturge Népomucène Lemercier refusant de prêter serment à l'Empereur et à sa dynastie, La Fayette et le poète Jean-François Ducis, Gérard de Nerval, George Sand, Honoré Daumier, Littré, Courbet, Guy de Maupassant, Maurice Ravel (qui refuse immédiatement cette distinction, sans donner de justification), Pierre et Marie Curie, Eugène Le Roy, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Albert Camus, Antoine Pinay, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve.
- Des poètes « anars » comme Jacques Prévert, Georges Brassens ou Léo Ferré, qui a brocardé « ce ruban malheureux et rouge comme la honte ». Geneviève de Fontenay, la présidente du Comité miss France qu'un sénateur de Savoie voulait proposer, l'a aussi refusée pour des raisons inverses : « C'est vraiment désacraliser le ruban que de le distribuer à n'importe qui... comme des médailles en chocolat. »
- Distingué fin décembre 1997, l'écrivain Bernard Clavel a fait savoir qu'il refusait de recevoir la Légion d'honneur, préférant rester « dans le clan de ceux qui l'ont refusée ». Il a ajouté que son oncle Charles Clavel l'avait reçue parce qu'il avait abondamment versé son sang pour son pays dans une terrible guerre : « Je pense qu'il se retournerait dans sa tombe en me voyant porter le même ruban que lui. »
- Lors d'une rencontre, le président de la République Vincent Auriol propose la Légion d'honneur à Marcel Aymé. En retour, l'écrivain lui indique sans ménagement tout le mépris que lui inspire son interlocuteur. Puis il termine par ces mots, demeurés célèbres : « Quant à votre Légion d'honneur, monsieur le président, sauf votre respect, vous pouvez vous la carrer dans le train... »
Certaines personnes choisissent d'accepter la décoration mais refusent de la porter, par exemple Jean d'Ormesson, de l'Académie française.
Dégradation de la Légion d'honneur
Les procureurs généraux des cours d'appel et les rapporteurs des conseils de guerre, ne peuvent faire exécuter aucune peine infamante contre un membre de la légion d'honneur sans qu'au préalable il ait été dégradé.
Cette formalité consiste en ce que le président doit prononcer après la lecture du jugement, la formule suivante prescrite par l'arrêté du 24 ventôse an XII :
"Vous avez manqué à l'honneur, je déclare, au nom de la Légion que vous avez cessé d'être membre".
Musée de la Légion d'honneur
Musée national de la Légion d'honneur
2, rue Bellechasse
75007 Paris
ouvert tous les jours sauf le lundi de 14 heures à 17 heures
RER : Musée d'Orsay
Musée national de la Légion d'honneur
Bibliographie
Sur Gallica
- "Fastes de la légion d'honneur : biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre"
- Décorations. Légion d'honneur. Médaille militaire. Volume arrêté à la date du 1er août 1932 - Charles-Lavauzelle et Cie (Paris) - 1932
Sur Google Book
- Encyclopédie militaire et maritime: Dictionnaire des armées de mer - Louis Pierre François Adolphe Chesnel de la Charbouclais (marquis de) - 1865 - Google Book
Voir aussi (sur Geneawiki)
- Série LH des Archives nationales.
- Mises à l'Ordre du jour : Citations et promotions fin 1914 (publication chronologique des individus).
- Musée national de la Légion d'honneur
- La catégorie regroupant les médaillés de certaines communes et de certains pays.
- Modèle du tableau de liste de médaillés
Liens utiles (externes)
- Chercher un médaillé : Base Léonore
- La Légion d'honneur
- Société d'Entraide des Membres de la L. d'H.
- Centre historique des Archives nationales, base Léonore, L. d'H.
- La Légion d'honneur sur le site Wikipédia