L'histoire du papier peint
Origine
Le papier peint est originaire de Chine. Les papiers peints chinois étaient initialement fabriqués à partir de papier de riz ou de bambou. Les artistes utilisaient des pinceaux pour peindre directement sur le papier, souvent avec des encres végétales ou minérales. Les couleurs étaient choisies pour leur signification symbolique : le rouge pour la chance, le vert pour la longévité.
Les motifs chinois incluaient des éléments naturels tels que les fleurs, les oiseaux, les poissons et les dragons. Les scènes de la vie quotidienne, comme les marchés, les fêtes et les activités agricoles, étaient également courantes. Les papiers peints chinois portaient généralement des messages philosophiques ou mythologiques, reflétant la culture et les croyances chinoises.
La production de papiers peints était une industrie importante en Chine, particulièrement pendant la dynastie Ming (1368-1644) et la dynastie Qing (1644-1912). Les papiers peints étaient exportés le long de la Route de la Soie et par les routes maritimes, atteignant ainsi les marchés d'Asie du Sud-Est, de l'Inde et finalement de l'Europe.
Production en Angleterre
Le papier peint chinois était extrêmement coûteux. Les Anglais importaient cette marchandise via la Compagnie des Indes. Lorsque Henri VIII fut excommunié, les échanges entre l'Europe et l'Angleterre furent rompus. Il était impossible d'acheter des tapisseries de Flandre et d'Arras, aussi, pour parer à cette rupture, une production de papier peint commença en Angleterre. Les aristocrates s'intéressèrent à ce nouveau style de décoration. Les Anglais développèrent les papiers peints floqués, imités de textiles d'ameublement tels que les soieries ou les tissus damassés. [1]
Le papier peint floqué, également connu sous le nom de papier peint en velours floqué, est un type de papier peint qui imite l'apparence de textiles luxueux comme le velours ou le damas. Le Flocage. Cette technique a été brevetée par Jérôme Lanier, un réfugié huguenot travaillant à Londres, en 1634. Lanier développa une méthode pour appliquer des laines colorées en poudre sur du papier peint, ce qui marqua le début des papiers peints floqués. [2]
Avec ce brevet, l'Angleterre eut, jusqu'au milieu du 18ᵉ siècle, le monopole de la fabrication de papiers peints en Europe.
Production en France
Dominotiers
La production de papiers peints en France commença par une production particulière au 17ᵉ siècle, sous forme de dominos, "un papier dominoté est une feuille de papier décorée dont le motif est imprimé à partir d'une planche gravée et les couleurs sont appliquées au pinceau ou au pochoir". [3].
Ils étaient fabriqués par les dominotiers selon des planches de la famille Jean Baptiste Papillon. En France, ces feuilles de papier ornées de motifs géométriques ou floraux ont connu leur apogée au XVIIIe siècle.
La famille Papillon
Une famille riche de graveurs.
- Jean Papillon (1639-10 août 1710)
- Graveur sur bois
- Qui a 2 fils.
- Jean II Papillon (1663 Saint-Quentin - 1744)
- est dominotier, fabricant d'images, et de papier décoré
- Jean Michel Papillon (1698-1777)
- est un graveur de l'imprimerie nationale originaire de Rouen, fils de Jean (1661 Saint Quentin-1744) graveur sur bois, héritier d'une lignée de graveurs.
- Il invente le lé, constitué de papiers à raccord, mesurant 45 x 35 cm, collés les uns aux autres, ce qui permet un motif mural continu, précurseur du papier peint [4]
Cette émergence fut facilitée par la guerre de Sept Ans (1756-1763), qui interrompit les échanges commerciaux entre la France et l'Angleterre. [5]
Créateurs du papier peint au 18ème siècle
Jean Baptiste Réveillon (11 Octobre 1725 Paris - 18 Septembre 1811 Paris), il devient marchand-papetier et vend des papiers peints anglais, mais avec la guerre de 7 ans, il décide de créer sa propre entreprise et lance sa production de papier peint en 1756, il installe son atelier à l'Aigle dans l'Orne. Il quitte l'Aigle pour revenir à Paris en 1759, il s'installe à la Folie Titon au faubourg Saint-Antoine à Paris.
Il développe son entreprise par des créations de papier peint de haute qualité. En 1775 il créé sa propre papeterie, et découvre en 1782 un nouveau procédé de fabrication du papier vélin (un papier plus doux, soyeux et lisse au toucher, ce papier fut créé par John Baskerville et James Whatman en Angleterre en 1750, il fut introduit par les frères Didot (imprimeurs) et les papetiers Johannot d'Annonay en 1780). En 1784 son entreprise obtient le titre de Manufacture royale de papier peint (Ce titre était accordé par des lettres patentes du roi, octroyant des privilèges spéciaux à l'entreprise)
Son entreprise participa à la construction des premières montgolfières en fournissant le papier. En avril 1789, une émeute éclate, liée à des rumeurs sur une baisse de salaire qu'il voulait appliquer à ses 300 ouvriers. La manufacture est pillée et incendiée le 28 avril 1789. Il émigre en Angleterre pendant la Révolution. À son retour, il loue sa fabrique à Jacquemart & Bénard, qui continuent la production jusqu'en 1840.
En 1791, Pierre Jacquemart et Eugène Balthasar Crescent Bénard de Moulinières louent la manufacture de Jean-Baptiste Réveillon. Ils la rachètent en 1792 pour 500 000 livres. La manufacture se développe grâce à ses motifs élaborés et ses techniques d'impression combinées. En 1799, Jacquemart & Bénard est l'une des principales manufactures de papier peint à Paris. La manufacture fut active dans le dépôt d'échantillons de papiers peints à la Bibliothèque nationale, une pratique qui fut encouragée par la loi de 1793 pour protéger les motifs et les techniques des fabricants. [6]
En 1746, Jean-Henri Dollfus a co-fondé avec Samuel Koechlin et Jean-Jacques Schmaltzer la première manufacture d'indiennes de Mulhouse, entreprise Dollfus-Mieg et Compagnie (DMC), ils se consacrèrent au départ exclusivement à la fabrication d'Indienne. Ils étaient pionniers en Europe pour la fabrication de ces tissus. En 1790 ils décident de se diversifier dans la production de papier peint avec la manufacture Nicolas Dollfus & Cie. Avec l'aide du peintre flamand Joseph-Laurent Malaine, qui fournit des dessins de fleurs pour les papiers peints depuis Paris. Parmis les employés de l'entreprise Dolfus, il y a Jean Zuber (Fils d’Alexandre Zuber et d’Ursule Schmalzer) qui vendait les productions en Suisse et en Italie.
En 1795 l'affaire passe dans les mains de Hartmann Risler (1758-1844), Jean Zuber incite Hartman à acheter la commanderie de l'Ordre teutonique à Rixheim en 1796, l'entreprise y est transférée.Jean Zuber acquiert 10 % des parts de l'entreprise. En 1798 la République de Mulhouse devint française et la liquidation des biens de cette ville libre permit à Jean Zuber de recevoir sa part en qualité de bourgeois privilégié. Hartman Risler gérait son entreprise d'une manière imprudente et le dépôt de bilan ne put être évité, c'est Jean Zuber à qui fut confié le devoir de redresser l'entreprise. Il en devient totalement propriétaire en 1802. La manufacture a pris la raison sociale Jean Zuber & Cie. Cette manufacture spécialisée dans le papier peint numérique est devenue un acteur majeur de l'industrie du papier peint.
En 1797 Joseph Dufour fonde sa première manufacture à Mâcon en 1797, en partenariat avec son frère Pierre Dufour et Jean-Baptiste Faivre. Il avait précédemment travaillé dans la manufacture de papiers peints de Jean Antoine Ferrouillat. Dufour est reconnu pour avoir révolutionné l'art de la décoration intérieure avec ses "tentures paysages", permettant de créer des décors continus sur les murs. Ses créations de papiers peints panoramiques ont rencontré un grand succès, tant en France qu'à l'étranger. En 1807, Joseph Dufour s'installe dans le faubourg Saint-Antoine à Paris, où il continue à développer sa production. La manufacture Dufour a continué à fonctionner jusqu'en 1836, même après la mort de Joseph Dufour.
Créateurs de papier peint - fin 18ème - 19ème siècle
Au 19ème siècle, Lyon a été un centre important pour la production de papier peint en France, avec plusieurs manufactures notables :
Camille Pernon (3 novembre 1753 à Lyon-24 octobre 1808 Sainte-Foy-lès-Lyon) dirigeait une maison de soieries à Lyon qui a acquis une réputation notable pour la qualité de ses produits. En 1799, Camille Pernon fonde une manufacture de papiers peints à Lyon. Cette initiative s'inscrit dans un contexte dans lequel l'industrie du papier peint commençait à se développer en France, notamment en raison de la demande croissante pour des alternatives moins coûteuses aux tissus de soie. Le 30 août 1799, la manufacture de Pernon dépose des modèles comprenant 14 bordures et 32 papiers de tenture. Camille Pernon a innové par l'invention du papier linon brodé, qui a connu un grand succès sous l'Empire et au début du 19ᵉ siècle [7]
François-Marie Chenavard ( 17 juin 1753 -28 juin 1835) fabricant de soieries avant de se tourner vers la production de papiers peints. Chenavard ouvre sa manufacture de papiers peints aux Brotteaux vers 1785. À son apogée, la manufacture occupait environ 200 ouvriers et avait une valeur estimée à plus de 200 000 francs. Elle fut détruite par les armées de la République en 1793 lors du siège de Lyon. Il relance sa manufacture le 30 septembre 1797 en se spécialisant dans les papiers mousseline et linon batiste. Il déménage pour Paris et fonde une nouvelle fabrique d'étoffes intermédiaire entre les tentures de soie et les papiers peints.
Jean-Antoine Ferrouillat (14 avril 1755 Lyon - 19 août 1818 Lyon), établi sa manufacture de papiers peints à Lyon, où il commence à produire des papiers peints à la fin des années 1780. Il embauche Joseph Dufour (élève de l'École royale gratuite de dessin de Lyon) en 1790. Ils s'associent en 1792 pour élargir les capacités de production et d'innovation de l'entreprise. En raison de difficultés financières, l'association entre Dufour et Ferrouillat a été dissoute en 1800.
Pierre Pignet (10 décembre 1793 Lyon - 23 janvier 1864 Lyon), il créa sa manufacture en 1823. Elle prend le nom de Pignet père et fils en 1832 et en 1842, elle est renommée en Pignet jeune et Paillard. L'entreprise a fabriqué divers types de papiers peints, y compris des motifs panoramiques et des décors muraux. La manufacture fut active jusqu'en 1854
Au 19ème siècle, la France est devenue l'un des plus grands producteurs de papier peint en Europe.
Industrialisation du papier peint
L'industrialisation du papier peint débute au début du 19ème siècle avec l'introduction de machines à imprimer. La première machine efficace pour l'impression de papier peint est mise au point par Charles Henry Potter et Edward Potter en 1841. Ils étaient les fondateurs de la firme britannique C.H. & E. Potter, pionnière dans l'industrialisation de la production de papier peint. Leur méthode, connue sous le nom de surface-printing, nécessitait autant de rouleaux que de couleurs, permettant une production rapide et variée de motifs complexes.
La généralisation de l'utilisation du papier en continu dans les années 1830 permet une production en série, rendant le papier peint plus accessible aux classes moyennes et populaires.
Amédée Rieder, industriel papetier et philanthrope alsacien, (27 janvier 1807 à Colmar - le 28 décembre 1880 Colmar). Il a joué un rôle significatif dans l'innovation technique de l'industrie du papier peint en France, notamment par ses contributions à la manufacture Zuber à Rixheim. L'une des innovations majeures de Rieder a été la mise au point d'une machine capable de produire du papier blanc en continu. Ce développement a permis une production plus rapide et moins coûteuse du papier peint.
Le 20ᵉ siècle voit une diversification des motifs, influencée par les mouvements artistiques tels que l'art nouveau et l'art déco. Les papiers peints deviennent un moyen d'expression artistique dans les intérieurs modernes
L'apparition de papiers peints intissés et lessivables dans les années 1980 et 1990 répond aux besoins pratiques des consommateurs modernes, facilitant la pose et l'entretien.
Liens utiles (externes)
- Musée du papier peint à Rixheim
- Papier français - Collection de la Bibliothèque nationale de France
- Papier peint sur Gallica
Voir aussi (sur Geneawiki)
- Rixheim : Histoire complète de la Commanderie de l'Ordre teutonique, manufacture et musée du papier peint