L'histoire du papier mâché
Origine
Le papier mâché est apparu en Chine, les Chinois l'utilisaient pour fabriquer des casques de guerre, qu'ils renforçaient avec de la laque. On a retrouvé des couvercles de récipient en papier mâché laqué rouge datant de (200 avant J.C) en Mandchourie.
Au 7ème siècle des artisans chinois furent capturés par des arabes a qui ils ont transmis le savoir faire du papier mâché. Ensuite la technique s'est propagée De là, vers le Maroc, puis en Europe par l'Espagne, la France et l'Allemagne.
Techniques de fabrication
Fabrication chinoise du papier mâché
Le processus de fabrication était :
- Un mélange de papier, parfois avec du carton et des chiffons
- L'ajout de colle pour lier les matériaux
- Un ramollissement à la vapeur
- Le moulage de la pâte obtenue dans des formes désirées
Fabrication moderne du papier mâché
Le processus de fabrication impliquait :
- Un traitement de la matière première (papier, chiffons, paille)
- Une préparation de la pâte dans des cuves en cuivre
- Un moulage et la mise en forme par des ouvrières
- Une cuisson et le séchage des pièces.
Fabrication sous Napoléon III
Le processus d'origine anglaise fut utilisé par les fabricants français à partir de 1860. Il impliquait :
- Amalgame de papier, colle et plâtre solidifié à chaud et moulé
- Le matériau obtenu est aussi dur que le bois
- Vernis, laqué et décoré après moulage
Fabrication mécanisée
L'introduction de presses à vapeur au 19ᵉ siècle a permis une production à plus grande échelle et une meilleure qualité des objets. La mécanisation des ateliers a favorisé une production massive, rendant les objets en papier mâché plus accessibles à la bourgeoisie.
Essor du papier mâché
Au 18ème siècle le papier mâché est utilisé dans les décors tels que moulures, bas-reliefs. Vers 1750, des manufactures de papier mâché se développent en France et en Angleterre pour produire en série divers objets usuels.
Au 19ème siècle, le papier mâché a connu un grand engouement en France, particulièrement sous le Second Empire de Napoléon III (1852-1870). Cette période marque l'apogée de l'utilisation de ce matériau dans l'industrie française. Les Anglais sous Victoria étaient particulièrement friands de ces objets en papier mâché laqué. Le papier mâché pouvait s'adapter à des formes très vériées, c'était un matériau léger, solide et peu onéreux. Il avait l'avantage de pouvoir imiter d'autres matériaux plus nobles comme le bois laqué ou le bambou.
Engouement de l'orientalisme sous Napoléon III
L'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, avait un goût prononcé pour les arts asiatiques. Elle a notamment fait refaire des pièces au château de Fontainebleau en 1867 pour exposer sa collection personnelle d'art asiatique. Napoléon III a fait en sorte de faire découvrir ces styles venus d'ailleurs grâce au développement des expositions universelles
Le style de décoration intérieur reflète une influence de divers courants orientaux qui s'imposent dans les années 1850-1890, notamment :
- Chinois
- Objets
- Japonais
- Objets
- Maghrébins et maghrébins
- Table basse
Par des techniques particulières telles que :
- La burgauterie
Cette technique utilisant l'incrustation de nacre, très prisée sous Napoléon III, s'inspirait de techniques orientales. Cette nacre était importée de Chine, de Ceylan et du golfe Persique. La burgauterie consiste à incruster de la nacre, spécialement celle issue du coquillage appelé burgau, dans des meubles ou objets décoratifs. Ce coquillage a une particularité, son intérieur est tapissé de surfaces nacrées aux reflets irisés bleus, verts et pourpres. Cette technique connaît un grand essor à partir de 1860, devenant l'une des caractéristiques les plus typiques du style Napoléon III.
- Laque sur papier mâché
Une nouvelle technique utilisant le papier mâché à fond noir, vernis, laqué et doré est apparue à cette époque. Les motifs inspirés de l'art chinois, particulièrement les paysages, les personnages et les motifs floraux stylisés, étaient très prisés dans la décoration des objets laqués.
Les laques étaient souvent combinées avec des incrustations de nacre, d'écaille de tortue, ou de corne de buffle, créant des effets décoratifs complexes.
L'application se faisait par plusieurs couches de laque (3 à 18 couches), après il y avait un polissage avec du schiste très fin. La décoration finale était faite par des artistes spécialisés, principalement d'origine orientale.
Déclin de cette technique
La production industrielle d'objets laqués en papier mâché a largement diminué en Europe après la Seconde Guerre mondiale remplacée par des matériaux modernes comme le plastique.
Usine à Pont-à-Mousson
Cette usine appartenait à la famille Adt, d'origine allemande spécialisée dans l'industrie du papier mâché depuis le début du 19ème siècle. Cette famille s'installa dans la ville de Pont-à-Mousson et Blenod-lès-Pont-à-Mousson après l'annexion de la Moselle par l'Allemagne en 1870. Ils avaient la quasi-monopole de la production en Europe
L'usine employa 600 personnes, dont 300 femmes et 70 enfants. Son activité fut pérenne jusque dans la moitié du 20ème siècle.
L'usine produisait principalement des objets du quotidien en papier mâché, ainsi que des petites pièces de mobilier.
Historique de la famille Adt
- Mathias (1715-1767) reprit le moulin de son beau-père à Eisheim (Sarre). Il commença à fabriquer des objets en bois particulièrement des tabatières qui étaient prisées à l'époque qui étaient vendues par des Moines. Il apprit par un abbé qu'un relieur français du nom de Martin à Paris, que l'on pouvait fabriquer des objets avec du papier mâché. Il décida à partir de se moment à faire des tabatières en papier maché.
- Peter (1751-1808) developpa la production pendant le rattachement à la France
- Peter II (1777-1849) racheta l'ancien prieuré des Prémontrés de Wadgassen à Ensheim et y installa une usine et diversifia production d’objets en papier mâché. Avec des décors soignés pour une production vers l'Allemagne et la France.
- Peter III (1798-1879) fonda en 1839 la société des frères Adt avec ses 3 fils : Peter IV, Franz et Johann Baptist. Les frais de douane étaient prohibitifs en 1826 entre l'Allemagne et la France. La famille Adt décida de créer une deuxième usine à Forbach, dont une implantation en 1853.
- Peter IV (1820-1900) dirigea cette usine entre 1853 et 1872. Il se maria avec une parisienne, Emilie Millon. Il demanda à obtenir la nationalité française sous le prénom de Pierre. Il est devenu maire de Forbach. Après l'annexion allemande de la France, il racheta les bâtiments école militaire de Pont-à-Mousson.
En 1900 l'usine avait un catalogue riche de 1000 articles, comme des : étuis à lunettes, des portes pipes, des boites à allumettes, plumiers, porte-plumes, boites à papier à lettres, portes revues, bonbonnières, rond de serviette, bols, pots et boite à thés, plateau, boite à poudre pour les dames, boites à gants, à mouchoirs, brosses, tous en papier ou carton laqué et elle employait 800 personnes. Les décors sont chinois ou japonais et laqués noir ou rouge (mais plus rare). Les objets pouvaient avoir des incrustations en nacre, en ivoire, en corail.
Usines en Angleterre
Deux grandes manufactures existaient dans la fabrication de ces objets en papier mâché en Angleterre, dont l'une fut dirigée par Charles Bielefeld.
Usines américaines
Au milieu du 19ème siècle, il y avait quatre petites usines de papier mâché dans le nord-ouest du Connecticut dont la Lichtfield Manufactury Company, fondée en 1849.
Usines russes
L'industrie du papier mâché a débuté en Russie en 1830, s'inspirant de l'artisanat du reste de l'Europe.
Liens externes
- Musée au fil du papier - Ce musée possède une collection d'objets en papier mâché unique en France.