Hôtels particuliers du Marais

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Les grands Hôtels du Marais, Musée Carnavalet

Le quartier du Marais s'étend sur les 3e et 4e arrondissements de Paris.

Hôtel de Rohan Soubise

Hôtel de Clisson adossé à Hôtel de Soubise
  • L'hôtel de Soubise, situé au 60 rue des Francs-Bourgeois, a été bâti sur l'emplacement de l'hôtel de Clisson dont il ne reste que le portail rue des Archives, constitué d'une belle porte ogivale avec tourelle à encorbellement. Les médaillons apposés au dessus de la porte datent du XIXe siècle, les armes peintes sont celles des Guise.
Armes des Guise
  • L'hôtel fut construit par Olivier de Clisson en 1375, connétable de France et ancien compagnon de Du Guesclin. Le 13 juin 1392 il fut assassiné à cet endroit même par les tueurs de Pierre de Craon. Pendant l'occupation anglaise, les ducs de Clarence et de Bedford occupèrent l'hôtel qui passa d'héritage en héritage aux mains des Albret, Penthièvre. En 1553 il échut à Anne d'Este (petite-fille de Louis XII), épouse de François de Lorraine, duc de Guise, le chef de la Ligue.
  • Devenu le quartier général du parti catholique pendant les guerres de religion, c'est peut-être dans cet hôtel que fut décidé le massacre de la Saint Barthélémy en 1572, ainsi que la journée des barricades en 1588 qui obligea Henri III à fuir Paris.
  • Marie de Guise mène grand train dans cette grande demeure en accueillant Corneille, Malherbe, et autres gens des arts et des lettres. Les Guise occupèrent l'hôtel pendant 135 ans (1553-1688) et firent d'imposants travaux, par l'architecte Gabriel Soulignac. Ils firent également appel à Primatice, architecte italien, qui décora la chapelle, seul élément subsistant de l'hôtel.
  • À la mort de Marie de Guise, sans enfant, l'hôtel échoit à la duchesse de Hanovre et à la princesse de Condé (filles de la Palatine) ses plus proches parentes, qui vendent l'hôtel en 1700 à François de Rohan, prince de Soubise, fondateur de la lignée des princes de Soubise.
  • Les vestiges de l'hôtel de Clisson sont classés Monument historiques depuis 1862,[1].



Hôtel de Rohan Soubise, portail rue des Francs Bourgeois
Façade sur cour d'honneur
  • En 1705, François de Rohan charge Pierre-Alexis Delamair, architecte, de moderniser la vieille demeure. À l'emplacement de l'ancien manège des Guise, il réalise une majestueuse cour d'honneur, il garde l'édifice précédent et plaque une nouvelle façade sur l'ancienne, la façade principale de l'hôtel se trouvant ainsi tournée vers la rue des Grands-Bourgeois. Un très grand portail s'ouvre sur la cour d'honneur, en demi lune, entourée d'un péristyle de 56 colonnes couplées.
Anne de Chabot Rohan, princesse de Soubise, 1648-1709
  • François de Rohan a épousé Anne de Chabot en 1663 alors qu'elle n'avait que 15 ans. En 1669, elle est la maîtresse de Louis XIV, puis sera nommée dame du palais auprès de la reine Marie-Thérèse d'Autriche. Elle donne naissance à un fils, Armand Gaston Maximilien de Rohan (futur cardinal de Rohan, 1674-1749), dont on pense qu'il est le fils illégitime de Louis XIV. François de Rohan profita des libéralités de Louis XIV. Elle fait racheter par son époux l'Hôtel de Guise en 1700, qui deviendra Hôtel de Soubise.
  • Dès 1732, Germain Boffrand, architecte, est chargé par le fils ainé du prince de Soubise, Hercule Mériadec et son épouse Marie Sophie de Courcillon de réaménager les appartements. En 1735 il édifie un nouveau pavillon de forme ovale qui relie l'aile nord et dessert les appartements privés du prince et de son épouse. En 1736, les décors intérieurs comptent parmi les plus beaux exemples de l'art rocaille, chef d'oeuvre collectif dû au talent des meilleurs peintres, ornemanistes et sculpteurs de l'époque.
  • L'hôtel sera mis sous séquestre pendant la Révolution. En 1808 l'hôtel de Soubise et l'hôtel de Rohan sont acquis par l'État. Napoléon Ier fait installer les archives impériales dans l'hôtel de Soubise et l'hôtel de Rohan est affecté à l'Imprimerie Nationale.
  • En faisant regrouper les archives qui étaient dispersées dans plusieurs dépôts parisiens, l'hôtel de Soubise devient vite surchargé et l'administration doit engager la construction d'un dépôt ad hoc.
  • Les premières constructions, pour le dépôt Louis Philippe, sont bâties dans les jardins dans le prolongement Est de l'hôtel de Soubise, ce qui cassera la perspective avec l'hôtel de Rohan. Une autre aile sera construite sous Napoléon III et achevée sous la IIIe République à l'emplacement de l'ancien hôtel de Guise.
  • Dès 1867, Napoléon III installe le musée des archives nationales dans l'hôtel de Soubise.

L'hôtel de Soubise est inscrit aux Monuments Historiques depuis 1862, [2]


Hôtel de Rohan Strasbourg

jardin reliant les deux hôtels
  • L'hôtel de Rohan Strasbourg est situé 87 rue Vieille du Temple, dans le Marais.
  • En 1705, François de Soubise fit don à son 5e enfant, le cardinal Armand Gaston Maximilien de Rohan, d'un lot de terrain rue Vieille du Temple, jouxtant l'hôtel de Soubise. Le cardinal fit construire par l'architecte Delamair, un hôtel qui sera la propriété de quatre cardinaux et évêques de Strasbourg successifs. Le plus célèbre étant celui impliqué dans l'affaire du collier de la reine, le cardinal Louis René Édouard de Rohan qui sera emprisonné à la Bastille en 1785, mais finalement acquitté par le Parlement de Paris qui condamnera la véritable instigatrice, la comtesse de La Motte.
  • L'hôtel de Rohan est perpendiculaire à l'hôtel de Soubise, la façade sur cour étant plus étroite que la façade sur jardin, elle est couronnée d'un fronton austère, et dégage un aspect un peu sévère sans ornementation.
  • L'hôtel restera dans les mains des Rohan jusqu'à la Révolution.
  • Napoléon Ier en fait l'acquisition en 1808 et y installe l'Imprimerie Nationale jusqu'en 1928 ; au cours de cette occupation l'état des appartements se dégradera de plus en plus.
  • Le salon le plus curieux de l'hôtel étant le Cabinet des Singes avec ses chinoiseries, qui a été malgré tout assez bien préservé.
  • Depuis 1938, L'hôtel de Rohan dépend des Archives Nationales, et ses salons servent souvent à des expositions temporaires.

L'hôtel de Rohan fait l'objet d'un classement au titre des Monuments Historiques depuis 1862, [3].


Voir également la page dédiée


Musée Carnavalet

Hôtel des Ligneris

Hôtel Carnavalet, cour d'honneur
Photo : C.Angsthelm
  • Jacques des Ligneris, président à mortier (magistrat identifiable à sa toque, le mortier) au Parlement de Paris, se fait construire un hôtel en 1548 par Nicolas Dupuis. En 1578, l'hôtel est acquis par Françoise de Kernevenoy, veuve d'un gentilhomme breton et précepteur du duc d'Anjour (futur Henri III). Les Parisiens déforment le nom de Kernevenoy en Carnavalet.
  • En 1654, le financier Claude de Boyslèsve achète l'hôtel et confie en 1660 au célèbre architecte François Mansart le soin de l'agrandir et de le moderniser. Mais compromis dans les malversations de Fouquet, il doit le quitter en 1662.


L'Hôtel vers 1740 (musée Carnavalet)
La marquise de Sévigné par Claude Lefebvre 1665


  • L'hôtel est loué ; Marie de Rabutin Chantal, marquise de Sévigné, s'y installe en 1677. L'illustre épistolière aimait beaucoup son hôtel qu'elle appelait sa carnavalette, où elle recevait de nombreux beaux esprits, dans une demeure à sa convenance : un bel air, une belle cour, un beau jardin, un beau quartier. Elle y résida dix neuf années jusqu'à sa mort en 1696.




Création du Musée

  • L'idée d'un musée consacré à l'Histoire de la capitale s'impose sous le Second Empire (1852-1870), une période de rupture dans l'évolution urbaine de Paris. Georges Eugène Haussmann, préfet de la Seine, métamorphose Paris. Notables et savants du service municipal de Paris des travaux historiques élaborent l'ambitieux programme de retracer l'histoire matérielle de Paris depuis la préhistoire, à partir d'œuvres authentiques de toute nature. Dans le Marais, l'hôtel Carnavalet est un écrin.
Maquette des hôtels de Ligneris et le Peletier de St Fargeau, musée Carnavalet
Plan des Hôtels, musée Carnavalet
  • En 1866, à l'instigation d'Haussmann, la Ville de Paris, acquiert l'hôtel Carnavalet pour y aménager son premier musée historique. Après avoir reconstitué ses collections disparues dans l'incendie de l'Hôtel de Ville pendant la Commune de Paris, le musée ouvre au public le 26 février 1880.
  • Depuis, la construction de bâtiments et l'annexion de l'hôtel le Peletier de Saint Fargeau ont augmenté les espaces d'exposition.
  • En mai 2021, le musée a rouvert ses portes après avoir été fermé pendant quatre ans pour un vaste chantier de rénovation effectué par Chatillon Architectures, de l'agence d'architecture Snohetta et de la scénographe Nathalie Crinière.

Le Musée Carnavalet est classé Monument Historique depuis 1846 [4]


Façade extérieure rue de Sévigné

Rue de Sévigné
  • La façade sur la rue de Sévigné rend compte de deux principales étapes de construction de l'hôtel Carnavalet : l'édifice Renaissance dont le principal portail attribué à Pierre Lescot a été conservé ; l'hôtel classique ensuite, après le remaniement opéré par François Mansart entre 1660 et 1661. L'architecte surélève d'un étage le portail d'origine, l'encadre par deux avant-corps en légère saillie et joue sur les contrastes entre parement lisse à bandes sur les côtés ou vermiculé, ornés de fins sillons au centre.
  • Le détail du tympan sur la rue a été remanié. L'Abondance de la clé répond à L'Autorité et aux Renommées côté cour. Ces bas-reliefs attribués à Jean Goujon rappellent la fonction du propriétaire des lieux Jacques des Ligneris, Président au Parlement. Le tympan et le masque de carnaval pourraient dater du séjour que Madame de Kernevenoy, veuve du premier écuyer de Henri II , fit à Carnavalet.
  • Les deux lions en bas-reliefs : des questions subsistent quant à leur commanditaire. Associés à Jacques des Ligneris, ils représenteraient la soumission des armes aux représentants du pouvoir civil ; en lien avec Madame de Kernevenoy, ils seraient des symboles guerriers. À l'origine côté cour, ils ont été déplacés en façade par François Mansart.



Les cours intérieures

Cour d'Honneur
Louis XIV par Antoine Coysevox 1686
  • L'hôtel particulier d'origine entre cour et jardin, construit à partir de 1548, date de la Renaissance. Il est attribué à l'architecte Pierre Lescot (1515-1578).
  • Les quatre bas-reliefs représentant les saisons du corps de logis principal sont l'œuvre du sculpteur Jean Goujon (1510-1567).
  • Face à la galerie à arcades, côté sud, se trouvent les écuries.
  • De nombreuses transformations sont apportées au XVIIe par François Mansart, puis au XIXe par l'architecte Victor Parmentier (1831-1870).
  • Aux bas-reliefs Renaissance des saisons surmontées des signes du zodiaque s'ajoute au XVIIe siècle le décor des deux ailes symétriques. Il comprend au nord quatre divinités (Junon, Hébé, Diane et Flore) et, au sud, les quatre éléments.
  • La statue de Louis XIV pour l'Hôtel de Ville par le sculpteur Antoine Coysevox en 1686, est installée au milieu de la cour d'honneur en 1890.



Cour Henri IV
Cour Henri IV
Henri IV par Henri Lemaire 1834


  • Sur l'un des murs de la cour, un haut-relief en bronze d'Henri IV à cheval datant de 1834. L'effigie porte les stigmates de sa tentative de destruction par les communards en 1871, alors qu'elle ornait le tympan de l'Hôtel de Ville. L'œuvre est du sculpteur Henri Lemaire, qui lui donna un visage majestueux coiffé des lauriers de la victoire


Cour de la Victoire
Statue de la Victoire par Louis Silon Boizot 1899
  • La cour de la Victoire (ex cour neuve) correspond à la dernière phase d'agrandissement de l'Hôtel Carnavalet par l'architecte Roger Foucault entre 1913 et 1921. Les façades très sobres sont de style classique et les fenêtres à meneaux, sur le modèle de celles introduites par Victor Parmentier dans la cour d'honneur, contribuent à l'harmonie de l'ensemble. Sur le corps central, le balcon et les deux rampes en fer forgé, installés en 1923, proviennent de l'église Saint-Sulpice.
  • La statue de la Victoire : en plomb doré et cuivre, La Victoire de Louis Simon Boizot entre au musée Carnavalet en 1899 et rejoint la cour à laquelle elle donne son nom en 1950.
  • Témoin de l'histoire monumentale de Paris, elle surmontait à l'origine la colonne de la fontaine du Palmier, place du Châtelet entre 1806 et 1808, et sur laquelle les batailles de Napoléon Ier étaient gravées.
Parterres cour des Drapiers
  • Les parterres : comme ceux de la cour des Drapiers adjacente, les parterres de broderies de buis ont été redessinés entre 1950 et 1951 sous la direction de l'architecte paysagiste René Joffet. Leur composition symétrique est conforme à l'art des jardins classiques des XVII et XVIIIe siècles. Ce parti pris est poursuivi aujourd'hui.


Cour des Drapiers
  • En 1872, sur proposition de l'architecte Félix Roguet, la Commission des Beaux-Arts accepte le principe d'extension du musée dans le jardin de l'hôtel Carnavalet.
  • Entre 1872 et 1890, trois vestiges architecturaux du vieux Paris sont installés et reliés entre eux par des galeries pour illustrer trois siècles d'architecture et d'histoire parisienne : l'arc de Nazareth, du milieu du XVIe siècle, le pavillon des Drapiers, du milieu du XVIIe, et le pavillon de Choiseul du XVIIIe.



L'arc de Nazareth
Arc de Nazareth par Philibert de l'Orme
Ferronnerie Schaffner, rue des Francs Bourgeois


  • Attribué à Philibert de l'Orme, l'arc de la rue de Nazareth, abîmé lors de la Commune, est transféré depuis l'enceinte du Palais de Justice vers le musée. Ses fragments, ornés pour certains de sculptures attribuées à Jean Goujon, sont remontés.
  • La grille, exécutée par Stœckel Frères, est achevée pour l'Exposition Universelle de 1889, marquant le centenaire de la Révolution Française.


Façade du bureau des Drapiers
Allégorie de la Ville de Paris par Charles Gauthier


  • En 1868, le percement de la rue des Halles provoque la démolition du Bureau de la corporation des marchands drapiers, oeuvre de Jacques Bruant. L'architecte Félix Roguet réédifie la façade et le sculpteur Jacques Gauthier en reconstitue le décor, une allégorie de la Ville de Paris surmontant la nef de la corporation des drapiers et de la Ville, d'après des gravures anciennes.


Les salles du Musée

Paris au XVI e siècle
  • Le nouveau musée Carnavalet-Histoire de Paris est incomparable par la richesse des collections, et leur ampleur chronologique. 3 800 œuvres sont présentées dans une scénographie repensée. Pensé comme un voyage authentique dans le passé et le présent de Paris, le nouveau parcours dévoile ses plus grands trésors historiques de la Préhistoire à nos jours, composés de vestiges archéologiques, de vue anciennes de Paris, de maquettes de monuments emblématiques, d'objets d'art, de portraits et de tableaux illustrant des scènes historiques. L'hôtel couvre les périodes de la préhistoire au XVIIe siècle, alors que l'hôtel Le Peletier couvre les périodes du XVIIe au XXe siècles.


Les caves

  • L'espace voûté en sous-sol date de la construction de l'hôtel particulier de Jacques des Ligneris. Un document du 14 novembre 1558 mentionne un cellier ayant une vue sur le jardin. Lors de la restauration entre 1867 et 1870, l'architecte Victor Parmentier consolide un pilier afin de soutenir, à l'étage supérieur, le poids d'une cheminée rapportée d'un château du sud-ouest de la France.
  • La cave est transformée en crypte dès la préfiguration du musée à partir de 1866. Elle abrite et protège des incendies de la Commune en 1871 une partie de la collection des pièces funéraires. Ouverte à la visite en 1883, elle prolonge les salles archéologiques et la galerie des tombeaux, au rez-de-chaussée, par l'exposition des sarcophages et tombes des époques romaine, mérovingienne, carolingienne et par des moulages de squelettes trouvés lors de fouilles.


Décors sauvegardés

  • De grands décors d'hôtels particuliers parisiens avant leur profonde restauration, voire leur destruction, ont pu être transposés au musée.



Escalier de l'Hôtel du duc de Luynes

Escalier Hôtel de Luynes


  • Les peintures murales proviennent de l'escalier de l'hôtel du duc de Luynes, élevé à Paris en 1660-1661 par l'architecte Pierre Le Muet pour la duchesse de Chevreuse, Marie de Rohan-Montbazon. Première grande demeure de la rue Saint Dominique, cet hôtel reçoit en 1747 un imposant décor pour son escalier. Paolo Antonio Brunetti, spécialiste de la perspective, y déploie une architecture en trompe-l'oeil, animée d'une élégante assemblée, incarnant les thèmes de l'amour et de la musique.
Peinture Paolo Antonio Brunetti 1747
  • Fréquent à Paris au XVIIIe siècle, ce décor est ainsi décrit dans un Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris (1786) : "Cette architecture est égayée par des figures dans diverses attitudes, placées dans les entre colonnements : elles semblent occupées à regarder ce qui se passe sur l'escalier".
  • Voué à la destruction par le percement des boulevards Saint Germain et Raspail, l'Hôtel de Luynes est détruit en 1900, à l'exception de l'escalier, célèbre en son temps. Acheté par la Ville de Paris, il est remonté au musée Carnavalet de 1909 à 1911.

Il est inclus dans le classement Monument Historique du musée Carnavalet.

Les Grands donateurs




Hôtel Le Peletier de Saint Fargeau

Hôtel Le Peletier de Saint Fargeau, côté jardin
  • Entre 1688 et 1692, le grand architecte Pierre Bullet (1639-1716) construit un hôtel particulier pour Michel Le Peletier de Souzy (1640-1725), conseiller d'État et intendant des finances, en remplacement d'un précédent hôtel rue de Sévigné.
Louis Michel le Peletier de St Fargeau par J.F.Garneray 1793
  • Louis-Michel Le Peletier de Saint Fargeau hérite de l'hôtel en 1779. Il rejoint le Tiers-État au moment de la Révolution et vote la mort de Louis XVI le 20 janvier 1793. Il est poignardé le soir même dans un café du Palais Royal par un ancien garde du corps du roi.
Le Temps
  • Le portail est décoré de feuilles de chêne et guirlandes ainsi que du monogramme du propriétaire. L'hôtel est placé entre cour et jardin, la façade sur jardin est monumentale avec ses dix travées, alors que celle sur cour n'en comporte que quatre. L'édifice sur jardin est surmonté d'un fronton triangulaire représentant la figure du temps sous les traits d'un vieillard tenant une faux, rappelant la mort inéluctable qui attend l'homme.
  • L'hôtel a conservé son escalier d'honneur datant du XVIIe siècle qui possède une rampe en fonte, l'une des rares subsistant à Paris.
  • Dans le jardin, une orangerie est construite perpendiculairement au bâtiment. Aujourd'hui elle sert à l'événementiel.


  • Au XIXe siècle, l'hôtel est morcelé et passe de main en main comme de nombreux hôtels du Marais.
  • En 1895 il est acquis par la Ville de Paris pour y installer la bibliothèque historique. Celle-ci sera déplacée à l'hôtel de Lamoignon.
  • En 1989, L'hôtel Carnavalet inaugure dans l'hôtel Le Peletier de Saint Fargeau les collections couvrant les périodes du XVIIIe au XXe siècles.
  • Une galerie est aménagée au-dessus du lycée Victor Hugo intercalé entre les deux hôtels.


Le Comte Alfred de Liesville, Conservateur adjoint au musée en 1879
  • Le musée Carnavalet, dédié à l'Histoire de Paris, est aussi, dès son origine, un musée de la Révolution française, grâce à la donation de sa collection par le comte de Liesville en 1881. Huit ans avant les célébrations du centenaire de la Révolution française lors de l'Exposition universelle de 1889, ce fonds souligne le rôle moteur de la Ville de Paris dans l'établissement d'une modernité politique. Constitué de plusieurs dizaines de milliers d'objets, cet ensemble a été depuis complété et enrichi.
  • Les collections révolutionnaires du musée, de la franche apologie de la Révolution à la mémoire la plus contre-révolutionnaire, couvrent aujourd'hui tous les aspects d'une période complexe qui a durablement marqué l'histoire de la France et du monde. La chronique parisienne de la décennie révolutionnaire est ainsi ravivée par des œuvres d'art, des objets et reliques d'un nouveau genre. Peintures, dessins, sculptures, pièces de mobilier, céramiques, médailles et accessoires, témoignent d'un art illustratif ou emblématique, informé par l'actualité et les idées politiques.



Les évènements historiques


Des décors sauvegardés





Hôtel de Saint Aignan

Hôtel de Saint Aignan
  • L'hôtel est situé 71 rue du Temple dans le Marais.
  • L'hôtel a été bâti pour Claude de Mesmes, duc d'Avaux, en 1650 par l'architecte Pierre le Muet (1591-1669). Le comte d'Avaux est alors Conseiller au Grand Cabinet, maître des Requêtes, surintendant des Finances, et l'un des trois plénipotentiaires du congrès de Münster pour la signature du traité de Westphalie en 1678.
  • Claude d'Avaux, ayant hérité du terrain sur lequel s'élève l'hôtel familial en 1642, fait abattre le vieux bâtiment pour un bel hôtel aristocratique bâti entre cour et jardin, avec corps de logis principal en retrait de la rue sur une cour pavée rectangulaire avec une aile unique en retour sur la droite qui comporte une cuisine et une salle à manger, ainsi qu'une galerie à l'étage ; le mur de gauche étant adossé à l'enceinte de Philippe Auguste, l'architecte créera un mur renard avec fausses fenêtres et pilastres identiques à l'aile droite.
Armes du duc de Beauvilliers, duc de Saint Aignan
Chiffre de Paul de Beauvilliers
  • Paul de Beauvilliers, duc de Saint Aignan rachète l'hôtel en 1688 et le fait remanier par l'architecte Jacques Le Pas du Buisson entre 1691 et 1714. Il crée un grand escalier d'honneur, la galerie à l'étage est aménagée en appartement, et après l'agrandissement de l'aile droite il y installe de petits appartements.
  • Le jardin sera aménagé par Le Nôtre avec bassin, parterres et treillages.
  • Un portail monumental sur la rue avec de curieuses têtes d'indiens sculptées dans les vantaux, des pilastres corinthiens encadrent les travées de la façade, tandis que les arcades supportent de très hautes fenêtres au rez-de-chaussée.
  • L'hôtel saisi à la Révolution en 1792 devient le siège de la septième municipalité en 1795, puis le siège du VIIe arrondissement jusqu'en 1823 avant d'être partagé en ateliers et divers locaux commerciaux, des surélévations et des adjonctions de toutes sortes apparaissent où de nombreux artisans juifs d'Europe de l'est s'installent.
  • La Ville de Paris se porte acquéreur de l'hôtel en 1962. Une grande campagne de réhabilitation des hôtels du Marais se fera pendant plus de 25 ans. L'hôtel de Saint Aignan ne retrouvera son aspect primitif du temps de la régence d'Anne d'Autriche qu'en 1998. L'escalier d'honneur devra être reconstruit en s'inspirant du modèle inventé par Mansart : les volées ne montent que jusqu'au premier étage, et une calotte le surmonte sur laquelle se trouve une perspecive en trompe-l'oeil.. On redécouvre également sur les murs de la salle à manger, les décors peints en grisaille XVIIIe sans doute par Rémy Vuibert peintre ordinaire du roi (1600-1652).
  • En 1998, il a été décidé d'y installer le Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme.
  • On y trouve des collections mises en dépôt par le Ministère de la Culture ainsi que des anciennes collections du musée (précédemment installé rue des Saules à Paris). Magnifiquement présentées ces collections s'enrichissent chaque année par des achats et des dons. Une médiathèque et des ateliers sont à la disposition du public.
  • Dans la cour de l'hôtel se dresse une impressionnante statue, Hommage au capitaine Dreyfus, réalisée par Tim (Louis Mittelberg, dit Varsovie 1919), installée depuis 2003. Il s'agit d'un tirage en résine époxyde déposé par le Centre national des Arts plastiques. Le musée a bénéficié en 1997 d'un fonds d'archives exceptionnel d'environ 2700 pièces par la famille du capitaine Dreyfus.

L'hôtel de Saint Aignan a été classé le 4 octobre 1988 aux Monuments Historiques [5]


Hôtel de Guénégaud - Musée de la Chasse et de la Nature

Hôtel de Guénégaud
  • Jean-François de Guénégaud des Brosses, maître des comptes et conseiller d'État, achète en 1647 un hôtel à l'angle de la rue des Archives et de la rue des Quatre Fils, qui communique avec l'Hôtel de Mongelas voisin. Ces deux hôtels abritent aujourd'hui le Musée de la Chasse et de la Nature.
  • Jean-François de Guénégaud confie la rénovation de son hôtel à François Mansart (1598-1666) qui en fera un modèle de sobriété et de rigueur de l'architecture du XVIIe siècle.
  • L'hôtel, bâti entre cour et jardin, se compose d'un corps de logis et de deux ailes en retour, les façades sont animées de simples bandeaux saillants autour des baies, et un bandeau horizontal entre les deux niveaux. Le décor sculpté se résume à des corniches moulurées reposant sur des consoles.
  • À l'intérieur, l'escalier à vis, porté par les voûtes, est une véritable œuvre d'art.
  • En 1766, l'hôtel est vendu à François Thiroux d'Espersenne, qui fait construire des écuries et des remises sur le jardin. En 1767, il lègue l'hôtel à sa belle-soeur Madame Thiroux d'Arconville ; l'hôtel appartiendra à la famile Thiroux jusqu'en 1895.
  • Au milieu du XIXe siècle, l'hôtel se dégrade et est occupé par des locaux commerciaux qui le dénaturent.
  • Racheté par la Ville de Paris en 1962 puis restauré, il abrite depuis 1967 le Musée de la Chasse et de la Nature grâce à l'initiative de deux grands collectionneurs, Jacqueline et François Sommer.
  • Le Musée abrite des tableaux de maître sur le thème de la chasse (Chardin, Corot, Monet, Desportes, Oudry), des armes anciennes, des trophées d'animaux empaillés d'Afrique, d'Asie et d'Amérique.
  • L'hôtel est le seul exemple d'une demeure du XVIIe conservée construite par Mansart.

L'hôtel est classé aux Monuments Historiques depuis le 15 juin 1966 : [6].



Hôtel de Marle - Centre Culturel Suédois

Hôtel de Marle, côté jardin
  • En 1560, René de Saincthon, prieur de Buc, se fait construire une maison sur un terrain de la rue Payenne. En 1572, le frère de René de Saincthon vend la propriété à Christophe Hector de Marle, conseiller au Parlement de Paris, moyennant 261 livres de rente. Il y vivra plus de trente ans.
  • Le grand corps de logis s'allonge entre cour et jardin ; dans le jardin, deux petits pavillons sur arcades, et sur la cour, deux ailes. La décoration intérieure du bâtiment, dont on peut encore voir les peintures sur les poutres et les solives portant le monogramme CM datent de la première moitié du XVIIe.
Charpente carénée à la Philibert Delorme
  • Une charpente carenée à l'impériale, dite à la Philibert Delorme, recouvre le grand corps de logis ainsi que les deux pavillons.
  • En 1604, Christophe de Marle vend son hôtel à Jean de Maitz, qui ne l'habitera pas. Il le vend en 1609 à Charles Duret de Chevry, contrôleur général des finances et proche du duc de Sully. Son fils hérite de l'hôtel en 1636 et le rénove avec la réfection des plafonds et des peintures, puis il rajoute un comble sous les toits des deux ailes de la cour. En 1634, l'escalier de l'aile nord est refait ainsi que les deux perrons dans la cour.
  • À la mort de Charles II Duret de Chevry, sa petite fille reçoit l'hôtel en dot lors de son mariage avec Antoine de Trémoille, duc de Noirmoutiers. Puis, l'hôtel changera de nombreuses fois de propriétaires.
  • En 1755, Yolande Gabrielle de Polastron en est propriétaire, elle deviendra duchesse de Polignac lors de son mariage en 1769, (elle sera l'amie intime de la reine Marie Antoinette).
  • En 1774, le propriétaire de l'Hôtel de Chatillon voisin, Alexandre d'Argouges, achète l'hôtel de Marle et entreprend des travaux considérables. En 1816, après le décès de la veuve d'Argouges, l'hôtel est vendu à Charles Bourdon qui en fait un établissement d'enseignement dans la préparation aux grandes écoles, notamment l'Ecole Navale.
  • En 1965, l'Hôtel est acheté par l'État suédois à l'initiative de Gunnar W. Lundberg, conseiller culturel auprès de l'ambassade de Suède à Paris et fondateur des collections de l'Institut Tessin. D'importants travaux de restauration sont entrepris avec les Monuments Historiques par les architectes Claude Charpentier, René Duval et Yves de Tronquédec.
  • Le Centre culturel suédois ouvre au public en 1971.

Les Grandes Heures de l'Amitié franco-suédoise : autour de Gustaf III : (sur l'un des panneaux de l'Hôtel)

Gustaf III de Suède (1746-1792)

Le meilleur ambassadeur de la culture française en Suède fut Gustaf III (1746-1792) lui-même. Il était sur ce point entièrement marqué par son professeur Carl Gustaf Tessin (1695-1770). Le roi parlait et écrivait en français, montait lui-même sur scène dans des pièces françaises et protégeait de nombreux artistes français. Ceci fut particulièrement manifeste lors de son voyage à l'étranger en 1783-1784. À Rome, Gustaf III réussit à engager Louis-Jean Desprez, qui passera par la suite vingt années en Suède jusqu'à sa mort en 1804.
Lors de sa visite à Paris en 1784, Gustaf III se montra aussi particulièrement attentif aux peintres suédois de la capitale, il favorisa le portraitiste Adolf Ulrik Wertmüller (1751-1811) en obtenant auprès de Marie-Antoinette que lui soit confiée la tâche de peindre son portrait (...).

L'hôtel de Marle est inscrit partiellement aux Monuments Historiques depuis le 10 juillet 1961 : [7].



Hôtel Libéral Bruant

rue de la Perle

Hôtel Libéral Bruant
  • Libéral Bruant (1633-1697) est le descendant d'une lignée d'architectes, et l'un des principaux architectes parisiens sous le règne de Louis XIV. Il fait construire cet hôtel en 1685 pour son propre usage, avant de le destiner à la location. Également spéculateur il entreprit la construction de plusieurs hôtels dans le quartier.
  • Sur la petite parcelle dont il dispose il donne à son hôtel un effet de majesté ; entre cour et jardin, le corps de logis est prolongé de deux ailes, l'une abritant remises et écuries, l'autre étant un mur renard (factice) pour donner l'illusion. Des bustes d'empereurs romains dans de petites niches en façade, un fronton coiffe l'édifice, un oculus et de délicates décorations complètent la décoration.
  • En 1771, l'hôtel est loué à Jean-Rodolphe Perronnet, ingénieur des Ponts et Chaussés à qui l'on doit le pont de la Concorde (1787-1791) pour lequel il utilisa les pierres de la Bastille lors de sa démolition. Puis il fonda, avec Daniel Charles Trudaine, l'École royale des Ponts et Chaussés qu'il installa dans l'hôtel.
  • En 1788 l'hôtel est vendu, il passe de main en main jusqu'en 1968, il est acquis par la société Bricard qui en fait un musée de la Serrurerie entre 1976 et 2003.
  • Après avoir été un Centre d'Art un certain temps, l'hôtel est depuis une propriété privée.

L'hôtel est classé aux Monuments Historiques depuis le 22 mai 1964 : [8].


Hôtel de Sens - Bibliothèque Forney

Photo : C.Angsthelm
  • L'Hôtel de l'Archevêché de Sens est un édifice gothique témoignant du Moyen-Âge à Paris, situé dans le quartier du Marais (1 rue du Figuier) servant de résidence aux archevêques de Sens lorsqu'ils venaient à Paris. Au Moyen-Âge, les évêques de Paris dépendaient de l'archevêque de Sens jusqu'en 1623. Très ancien archevêché, Sens couvrait de son autorité religieuse un très vaste territoire dont Paris.
  • C'est Tristan de Salazar, évêque de Sens de 1475 à 1518, qui fit édifier cet hôtel forteresse entre 1475 et 1519, sur l'emplacement de l'hôtel de Hestomesnil qui leur fut donné en dédommagement de leur ancienne demeure qui se trouvait sur le terrain exproprié par Charles V pour qu'il puisse y construire son hôtel de Saint-Pol.
  • Construit dans un style gothique flamboyant, il a la particularité d'avoir une partie civile, (trois corps de logis autour de la cour), et une partie militaire avec deux échauguettes autour de la porte d'entrée et une tour dans la cour.
  • Un concile s'y tiendra en 1528.
  • L'hôtel étant inoccupé, Marguerite de Valois, surnommée la reine Margot, ex épouse d' Henri IV, dont le mariage fut déclaré nul en 1599 par l'Église, y logea entre 1605 et 1606 et fit de cette demeure de la foi un galant et tragique séjour (un de ses galants fut exécuté devant la porte) ; elle quitta l'hôtel pour le Pré-aux-Clercs.
  • Lorsque l'archevêché de Paris fut créé en 1622, les archevêques de Sens restèrent propriétaires de l'hôtel et le louèrent à une compagnie de coches et carrosses de Lyon qui l'occupa de 1689 à 1743.
  • À la Révolution, l'hôtel fut vendu comme bien national. Au cours du XIXe siècle, il fut utilisé par une blanchisserie, un fabricant de confitures, un verrier, une conserverie. ....
  • Dès 1862 l'hôtel fait l'objet d'un classement au titre des Monuments Historiques, [9]
  • La Ville de Paris rachète l'hôtel en 1911.
  • Depuis 1961, il abrite la Bibliothèque Forney, dont le fonds est tourné vers les arts décoratifs et les techniques et métiers d'art.



Hôtel de Lamoignon - Bibliothèque Historique de la Ville de Paris

Hôtel de Lamoignon Photo : C.Angsthelm
Portail rue Pavée
  • L'hôtel appartenant à l'abbé François de Pisseleu, situé entre les rues Pavée, des Francs-Bourgeois et de Sévigné, a été construit en 1559 par l'architecte de la Renaissance Philibert Delorme (1514-1570), il est l'un des plus vieux hôtels particuliers aristocratiques de la capitale.
  • En 1584, Diane de France, duchesse d'Angoulême, fille légitimée de Henri II et d'une piémontaise, Philippa Duca, achète la propriété. Elle est d'abord mariée à Horace Farnèse, duc de Castro, puis veuve, devient l'épouse du duc François de Montmorency, qui fait agrandir l'hôtel.
  • Le corps de logis s'élève sur la cour d'honneur, face à la rue Pavée, et un jardin. C'est sûrement le premier bâtiment parisien où apparaît un seul ordre et non deux ordres superposés comme le voulait la tradition : six pilastres corinthiens s'élèvent sur toute la hauteur et un petit fronton le couronne au centre. De chaque côté, deux petits pavillons sont surmontés de frontons curvilignes sculptés des armes de Diane, également déesse de la chasse.
  • Les appartements intérieurs, somptueusement réchauffés par des tentures de cuir doré et des tapisseries des Flandres, s'organisaient autour d'un monumental escalier, aujourd'hui disparu. Dans les salles du rez-de-chaussée on retrouve de superbes solives peintes au chiffre de Diane et des motifs ayant trait à la chasse.
  • À la mort de la duchesse en 1619, son neveu Charles de Valois, duc d'Angoulême, (fils de Charles IX et de Marie Touchet) hérite de l'hôtel. Brillant homme de guerre, il est l'époux de Charlotte de Montmorency puis de Françoise de Nargonne. Charles de Valois fait construire en 1624 l'aile gauche de la cour d'honneur et la large tourelle en encorbellement à l'angle de la rue Pavée et des Francs Bourgeois où les valets du duc auraient dû prélever leurs gages sur les passants.
Guillaume de Lamoignon (1617-1677) Premier Président du Parlement de Paris, par Pierre Mignard 1651
  • À la mort de Charles de Valois en 1650, son épouse Françoise de Nargonne loue en partie l'hôtel en 1658 à Guillaume Ier de Lamoignon, premier président du Parlement de Paris, qui fait aménager ses appartements par Robert de Cotte.
  • Ami de Boileau et de Racine, l'hôtel devient alors un des centres de la vie mondaine et littéraire de Paris, où l'on rencontre Madame de Sévigné, La Rochefoucault, le médecin Guy Patin, Bourdaloue, célèbre prédicateur jésuite ... En 1688, le fils de Guillaume de Lamoignon, avocat général au Parlement de Paris, achète l'hôtel qui reste propriété de la famille jusqu'en 1774, dont il gardera le nom. Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, magistrat et ministre, est né dans cet hôtel le 6 décembre 1721, il sera guillotiné le 22 avril 1794 pour avoir essayé de sauver Louis XVI.
  • Le portail sur rue, installé en 1718 par Guillaume de Lamoignon, porte un fronton représentant deux enfants ; l'un tenant un miroir, l'autre un serpent, symbolisant la Vérité et la Prudence.
  • En 1738, l'hôtel a pour locataire Antoine Moriau, procureur du roi et de la Ville, et grand bibliophile qui s'est constitué une bibliothèque de 14 000 volumes, 2000 manuscrits, des estampes, des médailles et des plans se rapportant à Paris. La totalité de ses collections ont été léguées à la Ville. Dès 1793, la première bibliothèque historique de Paris ouverte au public ouvre ses portes ; en 1773 elle sera déplacée rue Saint Antoine. Pendant la Révolution, des commerces occupent l'hôtel.
  • L'hôtel est alors divisé en plusieurs appartements, Alphonse Daudet, (arrière petit-fils de Malesherbes), auteur des Lettres de mon moulin y habite entre 1867 et 1874. Chaque mercredi soir il y recevait ses amis, de grands écrivains : Gustave Flaubert, Émile Zola, Edmond de Goncourt. Son fils, Léon, polémiste et député royaliste y naît en 1867.
  • En 1928, l'hôtel est acheté par la Ville de Paris et devient en 1968 la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, autrefois logée à l'Hôtel le Peletier de Saint Fargeau. Des ailes modernes, situées autour de la terrasse délimitée par les marches, et au fond du jardin donnant sur la rue des Francs Bourgeois, sont ajoutées pour abriter les collections et les services de la bibliothèque.


Le Jardin

  • Depuis 2018, ce jardin rend hommage à Mark Ashton, né en 1960, militant des droits des personnes homosexuelles, Membre du parti communiste de Grande Bretagne, il est convaincu que des causes différentes doivent s'unir : il fonde avec son ami Mike Jackson le groupe de soutien Lesbian and gays support the miners pour aider les mineurs grévistes. Ce mouvement participe à faire progresser les questions LGBT, en incitant les syndicats à soutenir la cause de l'égalité des droits. Il meurt du sida en 1987.


L'hôtel de Lamoignon est classé partiellement aux Monument Historique depuis le 18 février 1937 : [10].


Hôtel de Beauvais - Cour administrative d'appel de Paris

Rue François Miron

Hôtel de Beauvais
  • En 1654 et 1657, Pierre de Beauvais, avocat au Parlement et conseiller du roi, et Catherine Bellier, première femme de chambre d'Anne d'Autriche, acquièrent trois parcelles dans le quartier du Marais : l'une porte depuis le XIIIe siècle, une maison de l'abbaye cistercienne de Châalis. Depuis un demi siècle, le quartier du Marais, lieu de prédilection de l'aristocratie proche de la Cour, se couvre d'hôtels particuliers.
  • Catherine Bellier, baronne de Beauvais, intime confidente d'Anne d'Autriche, et surnommée Catheau la Borgnesse passe pour avoir, à la demande de la Reine, déniaisé le jeune Louis XIV.
  • L'hôtel de Beauvais est édifié entre 1656 et 1660 sur les plans d'Antoine Le Pautre, architecte des bâtiments du roi.
  • Le 26 août 1660, Mazarin, la reine et la Cour assistent depuis le balcon à l'entrée solennelle dans Paris de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche. Malgré cette consécration, Madame de Beauvais quitte bientôt l'hôtel pour la rue de Grenelle : le faubourg Saint-Germain est alors à la mode.
  • L'hôtel est vendu en 1686 à Pierre Savalete, notaire et conseiller du roi. En 1706, il est acquis par Jean Orry, président du Parlement de Metz. Ses descendants, magistrats et ministres, le cèdent en 1769 à Emmanuel Maximilien van Eyck, ambassadeur de l'Électeur de Bavière, qui reçoit Wolfgang Amadeus Mozart et son père. Ses héritiers ayant émigré à la Révolution, l'hôtel est saisi et vendu aux enchères en 1799. Entre 1800 et 1810, il est transformé en immeuble de rapport.
  • Acquis par la Ville de Paris en 1943, le Conseil d'État installe la cour administrative d'appel en 1995.

Architecture

Plans de l'hotel
  • Sur un terrain exigu et irrégulier, Antoine Le Pautre interprète avec une grande ingéniosité le modèle parisien d'hôtel aristocratique entre cour et jardin. Le corps de logis principal (8) en double profondeur est bâti sur cour. Des boutiques à entresol (5), fondées sur les caves médiévales (12) encadrent le passage cocher (1). Les salons d'apparat (6) occupent le premier étage desservi par le grand escalier (7) qui s'ouvre au rez-de-chaussée sur une façade en rotonde. Deux ailes convergentes délimitent la cour. Celle de gauche est en partie un décor simulé qui corrige l'irrégularité du terrain. À droite, un passage dans l'aile des communs (2) conduit à la rue de Jouy.
  • L'appartement principal est à l'étage. La galerie (9) mène du grand cabinet à la chapelle (10), implantée dans le nord de la cour. Au sud, au-dessus des écuries (4), le jardin (11) comprend une volière, une grotte et une chambre à bains. Le décor de la cour est très élaboré. La concavité du soubassement abritant les remises correspondant à la convexité du péristyle, dont les colonnes constituent le contrepoint des doubles colonnes de la chapelle.
  • L'étage noble est souligné par une coursière entourant toute la cour. Elle s'appuie sur un entablement décoré de têtes de lions et de béliers., allusion au patronyme de la propriétaire.
  • Au XVIIIe d'importants travaux ont transformé la façade, la distribution intérieure et le décor de l'hôtel : ils sont attribués à Robert de Cotte (1656-1735) architecte du roi, et poursuivis par JB Augustin Beausire entre 1730 et 1739.
Inauguration de la Cour Administrative d'Appel de Paris le 26 février 2004
  • Dénaturé au début du XIXe siècle, l'hôtel est restauré de février 2000 à octobre 2003 par Bernard Fonquernie, architecte en chef des Monuments Historiques. L'inauguration a lieu le 26 février 2004 en présence du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin.


L'hôtel est inscrit aux Monuments Historiques depuis le 18 mai 1966 [11].



Hôtel de Mayenne [12]

21 rue Saint Antoine

Hôtel de Mayenne
Balcon avec croix de Lorraine

Le 10 septembre 1605, Charles de Lorraine, duc de Mayenne, acquiert l'hôtel de Perusse des Cars, ançien hôtel de Pute y Musse (ou du Petit Musc) et en confie la reconstruction à un architecte de la famille du Cerceau.
Achevé en 1516, l'hôtel reste dans la famille de Lorraine plus d'un siècle et demi, avant d'être acheté par Lefèvre d'Ormesson. L'architecte Boffrand l'adapte à la mode nouvelle en 1709, en remplaçant les fenêtres du rez-de-chaussée par des arcades et en créant une mezzanine.

Vendu en 1812 à Pierre Favart, l'hôtel est mutilé et transformé par lui en école des Francs-Bourgeois. Les frères des Écoles chrétiennes ont repris l'établissement en 1870.

L'hôtel est inscrit aux Monuments Historiques depuis le 21 février 1974 : [13].

En photos



Notes et références

  • Musée Carnavalet : Affichage des textes dans le Musée


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