Hôtels particuliers du 7ème arrondissement
Hôtel de Boisgelin
47-49 rue de Varenne


- L'hôtel de Boisgelin est également appelé Hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville ou bien encore Hôtel de Janvry.
- L'hôtel fut construit pour Monsieur de Janvry, secrétaire du roi, par Jean Sylvain Cartaud en 1732. Marie de Boisgelin, chanoinesse de Remiremont en devient locataire en 1779, puis en 1782 ce sera son frère, l'archevêque d'Aix en Provence, Raymond de Boisgelin de Cucé, député du clergé aux Etats Généraux et Président de la Constituante en 1790, qui occupera l'hôtel jusqu'en 1792.
- L'hôtel sera vendu en 1807, et acquis en 1837 par Marie-François de Bourbon-Conti, fils naturel reconnu de Louis-François de Bourbon-Conti, qui le lègue à sa veuve en 1840. Elle se remarie en 1841 avec Louis Sosthène de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville, pair de France et ministre sous Charles X, puis ambassadeur de France en Angleterre.
- En 1859, elle loue le premier étage de l'hôtel à l'un des fils du premier mariage de son époux, Marie Charles Gabriel Sosthène de La Rochefoucault, duc de Bisaccia. qui fait l'acquisition de l'hôtel en 1876 et le transforme avec la surélévation d'un étage et des modifications sur les façades effectuées par l'architecte Henri Parent. Il fait construire une chapelle, un jardin d'hiver, une écurie pour 25 chevaux, ainsi que deux remises et une sellerie
- Les boiseries des salons proviennent du château de Bercy que le duc a achetées en 1860. Seul le Grand salon a gardé ses boiseries d'origine de style rocaille ; au plafond Junon, Cybèle, Venus et Amphitrite symbolisent les Éléments. Tous les panneaux décoratifs des dessus de porte ne sont que des copies. Dans le salon de la mappemonde, un globe terrestre italien du XVIIe, également des boiseries reconstituées, et des portraits en médaillon au dessus de chaque porte.
- Dès l'entrée, l'escalier d'honneur, habillé de marbres polychromes, fait penser à l'escalier de la Reine au château de Versailles. De grandes tapisseries des Gobelins ornent les murs, illustrent l' Histoire d'Esther, réalisées entre 1740 et 1762 par Jean François de Troyes, offertes par Louis XV à l'empereur de Chine. Elles proviendraient du saccage du Palais d'Eté à Pékin en 1860.
- En 1937 l'hôtel est acheté par la Caisse des dépôts et consignations, il y aura échange de baux emphytéotiques entre la France et l'Italie, permettant ainsi à la France de loger son ambassade à Rome dans le grandiose palais Farnèse, et l'ambassade d'Italie dans l'hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville.
- Des ailes sur cour furent ajoutées par Félix Bruneau, architecte des Bâtiments civils. Pour l'ameublement Adolphe Loewi, un antiquaire d'origine allemande spécialiste d'antiquités vénitiennes, ainsi que Vittorio Cerruti (ambassadeur d'Italie de 1935 à 1937) ont réussi à donner une idée du génie italien à travers une suite de décors patiemment rassemblés, notamment pour la salle à manger avec le plafond et des panneaux de Franciesco Guardi provenant du Palais Mocenigo à Venise,
- La bibliothèque provient d'un palais à Vercelli. Les scènes de vie champêtre et les lambris peints sont l'œuvre de Vittorio Amadeo Cignaroli (1730-1793), artiste piémontais.
- Le salon chinois, évoquant les riches demeures piémontaises du XVIIIe siècle, est une création d'Adolphe Loewi, le mobilier provient d'un ancien palais vénitien.
L'hôtel est classé aux Monuments Historiques depuis 1993 : [1]
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Escalier de marbre -
L'évanouissement d'Esther Les Gobelins 1740 -
Histoire d'Esther Tapisserie des Gobelins -
Aigle royal sur plafond cage d'escalier -
Bibliothèque -
Meuble en marqueterie -
Peintures par Vittorio Cimaroli -
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Salon chinois XVIII e -
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Salon -
Décor Grand Salon -
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Blason -
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Mascaron -
Dans le jardin
- Le théâtre sicilien : le décor provient du palais Butera à Palerme XVIIIe. transporté par son propriétaire le duc Lanza di Braciforte di Camastra, et installé par Adolphe Loewi en 1937. Des fleurs, des feuilles, des amours volant dans les airs en tôle peinte côtoient les personnages de la Commedia dell'Arte.
Hôtel de Clermont
69 rue de Varenne

- C'est l'un des hôtels particuliers les plus anciens du faubourg Saint Germain. L'hôtel a été construit pour Madame Jeanne Thérèse d'Albert de Luynes, veuve de Louis de Guilhem de Clermont, marquis de Saissac, par l'architecte Jean-Baptiste Le Blond, et par le sculpteur François Dumont, entre 1708 et 1714. L'hôtel est racheté en 1756 par le duc de Chaulnes qui le fait transformer en 1759 par Charles Axel Guillaumot. L'hôtel est revendu en 1769 au comte Pierre Gaspard Grimod d'Orsay qui fait de nouvelles transformations réalisées par Pierre Convers, Jean Augustin Renard et Charles Bénard.
- Le comte Pierre Gaspard Marie Grimod d'Orsay (1748-1809) financier et grand collectionneur d'art réunit dans son hôtel de nombreux tableaux et sculptures, dont de nombreux antiques ; en 1783 l'hôtel est aménagé par l'architecte décorateur Jean-Augustin Renard, avec, entre autres, les colonnes de marbre provenant du temple de Néron à Rome. C'est de cette époque que datent les plus beaux décors de l'hôtel.
- Sous le Consulat, le chimiste, économiste et financier Armand Seguin achète l'hôtel en 1803 et l'habite jusqu'à sa mort en 1836. L'hôtel est alors acheté par Jacques Juste Barbet de Jouy (1787-1864), (industriel à qui l'on doit la Toile de Jouy) ; en 1837, il ampute le jardin de l'hôtel pour créer une rue adjacente qui porte son nom : la rue Barbet de Jouy.
- M. de Jouy revend l'hôtel en 1838 à la comtesse Tanneguy Duchatel, (dont le mari est ministre de Louis-Philippe) qui fait réaliser par Louis Visconti de grandes transformations à l'hôtel en rajoutant un étage ainsi qu'un vaste péristyle couvert à l'entrée sur cour.
- Puis l'hôtel aura de nombreux propriétaires, dont la comtesse Costa de Beauregard, avant de devenir propriété de l'État en 1948. Il avait été réquisitionné en 1944 pour abriter le ministère de l'Agrigulture. C'est le ministère en charge des Relations avec le Parlement qui occupe les lieux depuis plusieurs années.
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Façade sur jardin -
Monogramme -
Péristyle ajouté par Visconti en 1838 -
Loge gardien
- À l'intérieur, l'hôtel est de style classique avec un escalier doté d'une rampe en fer forgé et un plafond peint ; la grande galerie fait office de grand salon, couvert de peintures, et les plafonds sont peints ; le bureau du ministre se situe dans un salon au style corinthien ; à l'étage, une très riche bibliothèque ; les murs sont couverts de miroirs et les parquets en marqueterie.
L'hôtel de Clermont est classé Monument Historique depuis le 10 avril 1980 ; [2].
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Escalier d'honneur -
Galerie ou Grand Salon -
Galerie, parquet en marqueterie -
Décor salle à manger -
Salle à manger, colonnes provenant d'un palais à Rome -
Moulures sur porte -
Décor salle à manger -
Tapisserie -
Salon doré -
Parquet bureau du ministre
Hôtel du Châtelet
127 rue de Grenelle

Photo : C.Angsthelm
Histoire
- La communauté religieuse des Carmes-Billettes qui possède un grand terrain dans le Faubourg Saint Germain, devenant alors très à la mode en 1770, souhaite y faire édifier un hôtel particulier afin d'en tirer un revenu lucratif. Le comte Louis-Marie-Florent du Châtelet (1727-1793) (fils de la femme de lettres Émilie du Châtelet, protectrice de Voltaire) et son épouse Diane-Adélaïde de Rochechouart signent le bail emphytéotique. Ils chargent l'architecte Mathurin Cherpitel (1736-1803) de superviser les travaux qui dureront six ans. Ce sera l'un des premiers hôtels du Faubourg de style Louis XVI.
- Le comte du Châtelet deviendra duc en 1770, sera nommé ambassadeur de France en Angleterre en 1768 ; en tant que représentant de la noblesse lors des États Généraux, il sera guillotiné le 13 décembre 1793 place de la Révolution. L'hôtel sera alors inscrit à l'ordre des Bâtiments civils en 1794. Il sera restitué aux héritiers du duc en 1800 par Bonaparte, Premier consul.
- Entre 1795 et 1804, l'École des Ponts et Chaussées est installée dans l'Hôtel du Châtelet.
- Puis sous l'Empire, il est affecté à la Maison de l'Empereur, et en 1830 à la Maison du Roi Louis-Philippe.
- Entre 1835 et 1849, l'hôtel est successivement loué à l'ambassadeur de Turquie, puis à l'ambassadeur d'Autriche.
- En 1849, l'Hôtel est acquis par l'État français, et Louis-Napoléon Bonaparte l'offre à l'archevêque de Paris, dont le palais à brûlé en 1831. Après la promulgation de la loi de séparation de l'Église et de l'État, l'archevêque est sommé de quitter les lieux.
- En 1906, l'Hôtel est affecté au ministère du travail et de la prévoyance sociale. De gros travaux sont entrepris avec quelques démolitions, entre 1908 et 1911. Puis de nouveaux travaux auront lieu en 2000, et en 2012 l'hôtel est fermé pour dix huit mois afin de le mettre aux normes de sécurité et faciliter l'accès aux personnes à mobilité réduite.
- Pendant la crise de Mai 1968, les accords de Grenelle seront signés par les représentants du gouvernement de Georges Pompidou, les syndicats et les organisations patronales, dans la salle des Accords.
Pâtrimoine bâti
- Sur la rue, un majestueux portail flanqué de deux colonnes à fût lisse, et la porte cochère en chêne massif est ornée de deux marteaux à tête de lion.
- La façade sur une cour en demi-lune, de style néoclassique, réalisée par Claude-Nicolas Ledoux, (inspirée des hôtels de la Place de la Concorde par Gabriel), est centrée par un portique colossal soutenu par des colonnes corinthiennes. La balustrade est surmontée d'un attique orné de pots-à-feu.
- De chaque côté de la cour, les communs, la cuisine, les écuries et les remises.
- La façade sur jardin, avec son avant-corps à pans coupés, est considérée comme l'une des plus harmonieuses du Faubourg. Au rez-de-chaussée, les baies en plein cintre des avants-corps sont décorées de feuillages, contrastant avec les baies rectangulaires de l'étage et l'attique octogonal au-dessus.
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Portail sur rue -
Marteau sur porte cochère -
Chapiteaux sur colonnes -
Façade côté jardin avec avant-corps à pans coupés -
Décor fenêtre en plein cintre -
Jardin


- Le grand vestibule, éclairé par de grandes baies vitrées, est sobre avec son dallage à bouchon et les ornements en pierre encadrant le grand escalier. La rampe en fer forgé de l'escalier est de style Louis XVI avec des ornements en bronze doré. Dans la cage d'escalier, le mur est orné de pilastres, de bas-reliefs de style ionique, et de frises ; deux statues gréco-romaines d'Aphrodite et d'Apollon sont disposées dans des niches.
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Apollon et Aphrodite -
Rampe d'escalier

- L'antichambre donnant sur le vestibule : c'est dans cette pièce que patientent les personnes ayant rendez-vous avec le ministre. On peut y voir tous les portraits des ministres depuis la création du ministère en 1906.
- La salle est décorée de beaux lambris et d'un entablement à frises de feuilles d'acanthes. Le sol est carrelé de gros carreaux de calcaire et de marbre noir.
- Le bureau du ministre


- Le salon à pans coupés avec ses baies vitrées donnant sur le jardin, était à l'origine un salon de musique où se donnaient des dîners mondains. Ce salon a été transformé en bureau lorsque l'archevêque y habitait.
- La décoration de la pièce est de style Louis XVI, avec une vingtaine de pilastres sur les murs et de nombreuses dorures. Une frise murale au-dessus des pilastres faite de rinceaux, de palmettes et de feuillage. Une corniche avec consoles et rosaces fait la jonction avec le plafond.
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Décor mural -
Pilastre, frise, dorures -
Volet de bois intérieur -
Lustre
- Salon des Accords


- Ce salon du XVIIIe, au décor conservé, porte le nom des Accords de Grenelle qui ont été signés le 27 mai 1968 entre les partenaires sociaux et le patronat.
- Le salon est de couleur vert d'eau, les trumeaux sont décorés de bas-reliefs représentant des chérubins sur le thème des quatre saisons. Les boiseries murales sont ornées de cornes d'abondance, de guirlandes de fruits ou de fleurs, et séparées par des pilastres de style ionique couronnés de chapiteaux en plâtre doré. Deux fontaines de marbre blanc sont ornées de motifs floraux ou animaliers, sculptés en plomb doré. À l'origine quatre colonnes occupaient la partie semi-circulaire, il n'en reste que deux de nos jours.
- Ce salon servait de salle à manger lorsque l'archevêque occupait les lieux.
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Boiseries XVIIIe -
Panneau mural -
Décor à corne d'abondance -
Chapiteau sur pilastre -
Trumeau à décor de chérubins
- Salle à manger

- La salle à manger ovale est simplement peinte en blanc cassé, décorée de guirlandes de fleurs et de pilastres ioniques.
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Trumeau -
Nature morte de Monneyer (1636-1699)
L'hôtel du Châtelet est classé aux Monuments Historiques depuis le 20 décembre 1911 : [3]
Hôtel de Villars - Mairie du VIIe
116 rue de Grenelle

- Jacques Le Coigneux, Président à mortier au Parlement de Paris, fait construire une maison en 1647 à la campagne dans le quartier qui va devenir le faubourg Saint Germain. En 1685 ce sera le duc de Navailles, Philippe de Montault, futur maréchal de France qui en sera propriétaire.
- Puis, Louis-Hector, duc de Villars, maréchal de France s'en rend acquéreur en 1710. L'architecte Germain Boffrand, réaménage l'hôtel. Un portail en forme d'arc de triomphe et orné de trophées est élevé. Les appartements sont redécorés. En 1717, le maréchal fait agrandir la propriété par Robert de Cotte, premier architecte du roi, avec le petit Hôtel de Villars. qui sera construit par le maçon Fouquet de Saint-Olive.
- En 1717, le maréchal recevra le tsar Pierre le Grand dans son hôtel. Pour honorer ce visiteur de marque, le duc de Villars invita le tsar à l'accompagner à jouer une marche militaire, le tsar prit un tambour et le duc des cymbales.
- En 1730, une galerie sera ajoutée sur le côté est par l'architecte Jean-Baptiste Leroux, dans un style rocaille, œuvre du sculpteur Nicolas Pineau.
- Le duc de Villars décède en 1734, ses héritiers vendent l'hôtel quarante ans plus tard au duc de Brissac, Louis-Hercule-Timoléon de Cossé, gouverneur de Paris puis commandeur de la garde des cent Suisses. Il dispose ses collections de peinture dans les appartements sans modifier la décoration. Le 9 septembre 1792, le duc de Brissac est massacré à Versailles.
- Réquisitionné, l'hôtel est affecté au Ministère de l'Intérieur. Lucien Bonaparte y réside, puis Jean-Antoine Chaptal, et entre 1804 et 1809 Jean Baptiste de Nompère de Champagny, duc de Cadore. Les appartements sont transformés en bureaux par Roucelle, architecte.
- Sous la Restauration, la duchesse de Mortemart, fille du duc de Brissac, récupère son bien, qui passera ensuite en 1829 à sa fille et à son gendre, le marquis et la marquise de Forbin-Janson. La Salle du Conseil actuelle date de cette époque. Les Forbin-Janson connaissent de sérieux revers de fortune et morcellent la propriété : des hôtels sont construits sur la partie septentrionale, et la partie à l'est de la propriété est cédée au Ministère de l'Instruction Publique.
- Le banquier Mathiessen achète l'hôtel en 1849, qui devient le siège de l'ambassade de Turquie.
- La Ville de Paris achète l'Hôtel de Villars en 1862 pour y installer la mairie du VIIe arrondissement. C'est l'architecte Joseph Uchard qui est chargé du réaménagement des locaux. La grande galerie du maréchal de Villars est démolie. L'hôtel est agrémenté d'un jardin à l'anglaise d'un peu moins de 4000 m² qui est l'un des plus grands du faubourg Saint Germain.
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Portail par Germain Boffrand -
Ferronnerie grand escalier -
Le bureau du Maire
- Le décor de la pièce a été réalisé avec les éléments d'une bibliothèque créée pour Champagny en 1809.
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Bureau du maire
La Salle du Conseil
- Ancien salon de jeux créé pour les Forbin-Janson. Au plafond on aperçoit leur initiale F, les arabesques et les grotesques sont dus au peintre Théophile-Auguste Vauchelet en 1834.
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Salle du Conseil -
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Décor plafond -
Décor par Vauchelet 1834 -
Décor 1834 -
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Table salle du Conseil -
Dossier de siège aux armes de Paris -
Marqueterie parquet -
Serrure
La Salle des mariages
- La pièce se trouve à l'emplacement de la galerie démolie. Un somptueux plafond de style Renaissance encadre les armes de la Ville de Paris, un très beau parquet, de belles boiseries, et une cheminée ornent la pièce.
- Des peintures de circonstance, oeuvre du peintre Émile Lévy, Grand prix de Rome en 1854, décorent les murs.
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Salle des mariages -
Plafond aux armes de Paris -
La demande en mariage par Emile Lévy -
Le mariage par Emile Lévy 1872 -
La Famille par Emile Lévy
Hôtel d'Estrées

L'hôtel d'Estrées a été construit entre 1711 et 1713, à la demande de Madeleine-Diane de Bautru de Vaubrun (1682-1753), par l'architecte Robert de Cotte (1656-1753), premier architecte du Roi Louis XIV.

La duchesse d'Estrées achète le terrain à la famille Lefebvre pour 45 000 livres. Elle avait épousé en 1688 Annibal, 3ème duc d'Estrées, marquis de Coeuvres, pair et maréchal de France, et gouverneur d'Île de France. En 1696 elle était veuve.
La duchesse d'Estrées recevra en 1717 le tsar Pierre Ie de Russie dans son hôtel. Très admiratif des décors et de l'architecture intérieure, il aurait demandé à Robert de Cotte de travailler à la finition des intérieurs du Palais d'Hiver à Saint-Pétersbourg.
Après le décès de la duchesse, son neveu Louis Antoine de Gontaud, duc de Biron hérite de l'hôtel en 1753. Il vend l'hôtel en 1754 à la troisième fille du Régent, Charlotte Aglaé d'Orléans, duchesse de Modène. En 1762, l'hôtel devient la propriété du marquis de Beuvron, Anne-François d'Harcourt. En 1792 l'hôtel est séquestré sous la Révolution. En 1800, l'hôtel est vendu au duc de Feltre, maréchal de France. En 1810, le comte de Montesquiou occupe l'hôtel en tant que représentant du Corps législatif.
Puis en 1823, l'hôtel est acheté par Louise Elisabeth de Croÿ, duchesse de Tourzel (1749-1832), qui fut la dernière gouvernante des enfants de Louis XVI et de Marie-Antoinette et qui accompagna la famille royale lors de sa fuite à Varennes. Elle échappa à l'échafaud et fut titrée duchesse héréditaire par Louis XVIII.
En 1864, la fille de la duchesse de Tourzel, la duchesse des Cars vend l'hôtel au gouvernement de la Russie impériale qui en fait son ambassade.
L'hôtel est aménagé pour les besoins de l'administration de l'ambassade : au rez-de-chaussée, les bureaux et l'appartement de l'ambassadeur ; au premier étage, les salons de réception ainsi que, dans l'aile droite, les appartements réservés à la famille impériale lors de ses visites.


L'hôtel sera décoré en style Second Empire avant la venue du tsar Alexandre II en 1867, à l'occasion de l'exposition universelle, le Tsar y donnera un grand bal en l'honneur de Napoléon III. En 1896, le tsar Nicolas II, son épouse Alexandra Fiodorovna et leur fille la grande duchesse Olga y donnèrent une réception officielle pour le président de la République, Félix Faure (1841-1899). À cette occasion, le tsar posa la première pierre du pont Alexandre III.
Après la révolution de 1917, cet hôtel ne redevint ambassade qu'en 1924 lorsque Édouard Herriot (1872-1957) rétablit les relations diplomatiques.
En 1941, l'hôtel est réquisitionné par les Allemands pour y loger les services de la Gestapo. À la Libération l'hôtel sera vidé et pillé par les Allemands.
En 1971, l'hotel d'Estrées est fermé pour quatre ans de restauration par des artisans russes qui redonneront au bâtiment son style Second Empire ; la profusion de feuilles d'or sur les boiseries de certains salons n'est pas sans rappeler celle présente dans les palais de Saint-Pétersbourg ou de Moscou.
En 1978, le siège de l'ambassade est transféré dans un immeuble moderne au 40-50 boulevard Lannes dans le 16e arrondissement de Paris, l'hôtel d'Estrées devenant la résidence de l'ambassadeur de Russie.
Décoration intérieure


- - Le grand escalier : Dans le hall d'entrée, un très bel escalier orné d'une belle rampe en fer forgé. Sur le mur, une tapisserie du XVIIe siècle, de Bruxelles, Le Triomphe d'Alexandre de Macédoine, inspirée de Charles Le Brun.


- - Bureau de l'ambassadeur : ce salon a servi de bureau de travail au tsar Nicolas II lors de son séjour à Paris. Sur les murs, l'aigle bicéphale, ainsi que le monogramme d'Alexandre III.

- - Salon gris : Dans ce salon, les dessus de portes sont ornés de puttis en grisaille.


- - Salon doré : Une pièce assez spectaculaire, qui n'est pas sans rappeler les palais de Saint Petersbourg ou de Moscou. Le salon est coupé en son milieu par quatre arcades cannelées aux chapiteaux corinthiens. Les trumeaux, en stuc blanc, représentent les Fables de Jean de La Fontaine ; des statues en bronze de style néo-classique du XVIIIe.
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Horloge en bronze doré -
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Décor porte -
Desserte

- - Salon vert : Ancienne salle à manger à l'époque de la Russie impériale.


- - Grand salon rouge : Ancienne salle du trône de Nicolas II, où se tiennent, de nos jours, les réunions officielles. Elle compte une belle cheminée de granit rouge ainsi que des candélabres en bronze doré du XIXe et une imposante horloge.

- - Petite salle à manger : Cette petite salle à manger avait été redécorée en vue de la visite du Tsar Alexandre III.
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Marquise -
Buste en marbre -
Scène de chasse
salon du rez-de-chaussée -
Horloge -
Salon blanc, Horloge