Hôtel de la Monnaie

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Hôtel de la Monnaie
Photo : C.Angsthelm


Histoire

Tympan à écusson royal sur porte principale, après restauration
  • La Monnaie de Paris est la plus ancienne des institutions françaises, fondée en 864 par un édit de Charles Ii le Chauve mentionnant la création de la Monnaie. Sous Philippe-Auguste la monnaie devient un instrument d'unification du royaume. Le bâtiment alors affecté à cette fabrication devait faire partie du Palais de la Cité, puis ce fut dans une maison dans le quartier des Lombards, et ensuite dans une maison où s'établirent les religieux de Sainte-Croix de la Bretonnerie ; l'hôtel des Monnaies établi dès 1387 rue de la Monnaie dans le 1er arrondissement resta fonctionnel jusqu'à la construction de l'hôtel quai de Conti.
  • Le premier franc de l'histoire monétaire française naît en 1360 avec une pièce d'or représentant Jean II le Bon à cheval brandissant une épée. Henri II crée de nouveaux ateliers qui tentent de parvenir à la rotondité ainsi qu'au poids égal des pièces. Au début du XVIIe Louis XIII entre en conflit avec la cour des Monnaies et crée le louis d'or et l'écu blanc dans un atelier parallèle situé au Louvre. En 1672, la Monnaie de Paris récupère l'atelier du Louvre. En 1771 la construction d'un nouvel établissement des Monnaies est envisagée, quai de Conti, pour des raisons pratiques avec les bords de Seine qui facilitaient l'acheminement des matériaux.
  • Nicolas de Condorcet, en fonction à la Monnaie, a habité l'hôtel de 1775 à 1791.
  • Depuis 1973, la mission de service public de frappe des monnaies courantes se fait à Pessac en Gironde, où sont produites plus de 1.5 milliards de pièces par an, que ce soit les euros, mais également les devises d'une quarantaine de pays.
  • La haute tradition des métiers d'art se perpétue quai de Conti, avec la réalisation de séries limitées de monnaies en or ou en argent très prisées des numismates (environ 200 000 pièces par an), ainsi qu'au façonnage de 300 000 objets d'art par an (décorations officielles comme la légion d'honneur, des médailles de collection, des bijoux...). De grandes maisons telles que Hermès, Van Cleef & Arpels, la Cité de la céramique de Sèvres, font souvent appel à son expertise. La Monnaie de Paris a également fait appel à des artistes contemporains tels que Philippe Starck, Jean-Paul Gaultier, Karl Laferfeld, Sempé, pour des collections prestigieuses.
  • Depuis 2014, les salons d'apparat accueillent des expositions d'art contemporain ; en 2015 le chef étoilé Guy Savoy a ouvert un restaurant gastronomique au premier étage, et en 2017 le musée a vu le jour.

L'hôtel de la Monnaie est inscrit aux Monuments Historiques dès le 6 janvier 1926, et classé le 14 mars 1943 : [1].


Patrimoine bâti

Façade quai de Conti
  • L'Hôtel de la Monnaie a été réalisé entre 1771 et 1777 par l'architecte Jacques-Denis Antoine (1733-1801) , qui imagine un édifice prestigieux qui sera à la fois un palais et une manufacture. La première pierre fut posée par l'abbé Terray, contrôleur général des finances le 30 avril 1771, en partie sur l'emplacement de l'hôtel de Conti, démoli. Le bâtiment constitue la première manifestation architecturale du style Louis XVI, caractérisé par la recherche de la proportion des volumes.
  • L'hôtel est conçu, pour la façade sur le quai, à usage administratif et à usage d'appartements. À l'arrière, la cour d'honneur en hémicycle communique avec les différents ateliers organisés autour de plusieurs petites cours : le Monnayage, le Blanchiment, le dépôt, les Travaux. La façade du pavillon du fond de la cour, orné de colonnes doriques et surmonté des statues de La Fidélité et l'Abondance, présente les bustes de Henri II, Louis XIII, Louis XIV et Louis XV.
  • La façade, quai de Conti, (117 m de long), présente un avant-corps de cinq arcades flanqué de six colonnes ioniques. L'attique est surmonté de six statues allégoriques débout et isolées, sculptées par Pigalle, Mouchy et Felix Lecomte (1734-1817),
  • Sur la porte monumentale, au chiffre de Louis XV, un tympan de bronze à écusson royal encadré de Mercure et Cérès. Les médaillons au chiffre de la République furent ajoutés plus tard.
Vestibule avec voûte à caissons
Vestibule à colonnes et escalier d'honneur
  • La porte principale donne accès à un superbe vestibule à voûte en caissons, orné de 24 colonnes doriques d'où l'on monte un magnifique escalier qui mène à la galerie du premier étage renfermant le musée des médailles et des monnaies.
  • Dans la cour d'honneur, entourée d'une galerie, se trouvent les ateliers : celui du monnayage avec les machines à vapeur qui font mouvoir les laminoirs, les découpoirs, et les presses. Les fonderies du bronze et de l'argent sont au rez-de-chaussée, alors que celle de l'or se trouve à l'étage dans une pièce très exiguë.
  • L'atelier de monnayage a fermé ses portes en 1973 ; la monnaie est maintenant frappée à Pessac en Gironde.
  • Seuls les ateliers de création restent quai de Conti.
  • Les étapes de travail dans les ateliers de création des monnaies et médailles, sont les suivantes :
- la réalisation du dessin de la face et du revers et sa validation
- la mise en relief par modelage
- la création d'un plâtre retravaillé à la main pour perfectionner le relief
- la maquette définitive est confiée à l'atelier des résines
- puis passage au tour pour créer la gravure de l'outillage ; avant l'arrivée du tour en 1895, les matrices étaient gravées à la main, de nos jours les outillages sont parfois gravés au laser à partir d'un dessin sur ordinateur
- l'estampage ou frappe, les pièces passent sous la presse  ; autrefois elles étaient frappées au marteau
- les pièces ou médailles sont ensuite patinées, argentées ou dorées


Le Musée

  • C'est l'architecte Philippe Prost qui a aménagé un circuit pour permettre au public d'accéder à un musée, avec vue possible sur les ateliers toujours actifs, essentiellement consacrés à une production liée aux métiers d'arts : médailles, décorations et pièces en or (200 000 pièces par an).
Démonstration de gravure d'une pièce
  • C'est le métal qui relie ce lieu à l'œuvre des artisans qui travaillent tous les jours sur ce site. Depuis une passerelle, à travers une baie vitrée doublée d'une fine maille métallique on aperçoit les ateliers de patine et de ciselure. Une partie du musée est consacrée aux métaux, à leur chimie et à leur transformation avec des objets et instruments (balances, mètre et kilo étalon).
  • Dans une salle, on voit l'évolution de la technique depuis la frappe au marteau pratiquée de l'Antiquité à la Renaissance, puis par le balancier et de nos jours la presse industrielle.
  • On découvre plus de 14 000 outillages divers, 75 000 médailles françaises et étrangères, plus de 30 000 pièces de monnaies, des milliers de coins, des tableaux, gravures, films..... le musée se veut pluriel.
  • On peut également apercevoir des trésors tombés dans ses collections comme le trésor impérial de Hué (Vietnam) : lingots d'or, médailles d'or et d'argent, saisis par les troupes coloniales en 1885 et presque tous fondus. Le trésor de la rue Mouffetard, des ouvriers découvrent 3000 louis d'or roulés dans des parchemins, ayant appartenus à Louis Nivelle un dignitaire du roi Louis XV.
Réalisation du sculpteur indien Subodh Gupta


  • La Monnaie de Paris va accueillir régulièrement des expositions d'art contemporain, ainsi que des sculptures exposées dans ses cours.



  • La Galerie métallique de Louis XIV

Soucieux de la renommée du roi, Colbert crée la Petite Académie dès 1661, qui donnera naissance à l'Académie des inscriptions et belles lettres. Une de ses missions principales consiste en la conception d'une galerie métallique, histoire par la médaille du règne de Louis XIV. Destinées à célébrer tous les événements du règne depuis la mort de Louis XIII jusqu'à 1702, les médailles de cette galerie, d'un diamètre de 41 millimètre, sont frappées en or, argent ou bronze. Des séries limitées ont reçu un traitement particulier, frappées en cuivre, leurs reliefs ont été réhaussés d'or.



En photos


Notes et références



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