Hôtel de la Marine
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Histoire
- Cet hôtel a été conçu dès son origine, en 1765, pour entreposer le mobilier du roi Louis XIV. Ancêtre du mobilier national, l'institution est en charge de l'aménagement des résidences royales ainsi que de l'entretien du mobilier, de la conservation des collections d'armes royales et d'armures, d'étoffes, tapisseries, lingerie et vaisselle. Il est l'un des premiers musées accessibles au public en 1793, avant le Louvre, les premiers mardis de chaque mois.
- Pierre-Élisabeth de Fontanieu, (1730-1784) premier intendant à la tête du garde-meuble du roi, homme cultivé ayant le goût de l'art et des plaisirs, fait aménager l'hôtel avec des appartements de fonction, une chapelle, des ateliers, des lieux de stockage, et des galeries.
- Puis ce sera au tour de Marc-Antoine Thierry de Ville d'Avray (1732-1792) d'assurer l'intendance du garde-meuble entre 1784 et 1792. Il sera assassiné à la prison de l'Abbaye lors des massacres de septembre.
- Ce garde-meuble fit l'objet en septembre 1792 d'un cambriolage et les diamants de la Couronne disparurent, notamment des pièces irremplaçables comme le diamant le plus précieux Le Régent, ainsi que le Grand saphir de Louis XIV, le diamant Le Sancy, ou encore le Bleu de France. La plupart des bijoux furent retrouvés, le diamant Bleu de France est réapparu vingt ans après en 1812, il sera acheté par la famille Hope en 1824. Une copie du Régent se trouve dans la galerie Apollon au Louvre avec les joyaux de la Couronne.
- À la Révolution, les administrations quittent Versailles pour regagner Paris, le ministère de la Marine s'installe en 1789 dans l'hôtel abritant le garde-meuble, avec le comte de La Luzerne à sa tête. Il a gardé les appartements du XVIIIe siècle remeublés, et l'escalier monumental qui dessert l'ensemble du bâtiment, permettant d'accéder aux galeries d'exposition qui se trouvent au premier étage sur la façade donnant sur la Place.
- L'hôtel a été le théâtre du faste napoléonien avec le grand bal donné en 1804 pour le sacre de Napoléon, puis pour son mariage avec Marie-Louise en 1810. En 1836, la loggia sert de tribune à Louis-Philippe et sa cour pour l'érection de l'obélisque sur la place de la Concorde. Le 27 avril 1848 Victor Schœlcher, sous-secrétaire d'État à la Marine et aux Colonies du Gouvernement provisoire, signe le décret d'abolition de l'esclavage.
- En 2015 le ministère de la Marine quitte l'hôtel qui est confié au Centre des Monuments nationaux (CMN). Dès 2017, l'architecte en chef des Monuments historiques, Christophe Bottineau, collabore étroitement avec Delphine Christophe, directrice de la conservation au Centre des Monuments nationaux, pour une restauration de grande ampleur (sur les 12 000 m² libérés) et une mise en valeur les décors originaux des appartements de l'intendant tels qu'ils étaient à la fin du XVIIIe siècle.
- Un des grands mécènes ayant contribué à cette restauration est le cheikh Hamad bin Abdullah Al Thani, membre de la famille royale du Qatar, qui aura à sa disposition une aile de l'Hôtel pour exposer sur 400 m² plus de 6 000 objets d'art de la collection de sa fondation pendant une vingtaine d'années.
- Le bâtiment abritera le siège de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage ainsi qu'un bureau de l'antenne parisienne de la FIFA.
L'hôtel de la Marine est classé Monument Historique depuis le 31 mai 1923 : [1]
Patrimoine bâti
Extérieur
- Palais majestueux édifié entre 1757 et 1770 par Ange-Jacques Gabriel (1698-1782) sur la place de la Concorde. De style néo-classique la façade s'inspire de celle conçue au XVIIe siècle par Claude Perrault pour l'aile orientale du Louvre voisin. En façade, enserrée entre deux pavillons d'angle, la terrasse de la loggia dissimulée derrière une colonnade crantée surmontée de 12 chapiteaux corinthiens.
- Les pavillons d'angle sont surmontés de frontons triangulaires sculptés par Michel-Ange Slodtz pour celui à l'est du palais, et par Guillaume II Coustou pour celui côté ouest, représentant les allégories de la Magnificence et de la Félicité publique.
- Un soubassement à arcades permet la circulation des Parisiens au niveau de la place de la Concorde
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Pavillon d'angle -
Colonnade corinthienne et loggia -
Fronton par Guillaume II Coustou -
Fronton par Michel-Ange Slodtz -
Plaque sur entrée rue Royale -
Arcades sur la place de la Concorde
Intérieur
- Dès 1777, les salles exposant le mobilier et les objets d'art, ainsi que les joyaux de la couronne, sont ouvertes au public une fois par mois. Cette institution sera supprimée lors de la Révolution, car symbole de l'Ancien Régime, une partie des meubles et objets d'art sera vendue aux enchères, d'autres seront brûlés pour en récupérer les métaux précieux.
- Après une restauration de plus de quatre ans, (entre 2017 et 2021) sous la supervision du Centre des Monuments nationaux, l'aménagement d'origine des appartements du XVIIIe siècle a pu être en partie retrouvé.
- Une plaque dans la cour d'Honneur rappelle que le Président de la République Emmanuel Macron, a inauguré l'Hôtel le 10 juin 2021.
Les Cours
Cour d'Honneur
- La cour d'Honneur s'ouvre sur la rue Royale ainsi que sur la place de la Concorde.
- Les cours ont retrouvé leurs pavés d'origine après enlèvement de la couche de goudron qui les recouvrait.
- La cour a été nommée Cour d'Estienne d'Orves, capitaine de Corvette fusillé par les Allemands le 29 août 1941.
Cour de l'Intendant
- La cour de l'Intendant, qui se situe côté rue Saint Florentin, a été couverte d'une verrière cristalline de 300 m². Réalisée par l'architecte Hugh Dutton et Associés, en collaboration avec Christophe Bottineau architecte en chef des Monuments Historiques, financée par les Fondations Velux, son objectif étant de capter la lumière naturelle à la manière d'un lustre ou d'un diamant avec des éléments de diffraction intégrés dans la structure jusqu'au sol de la cour.
Les appartements de l'Intendant
- Une quinzaine de pièces brillamment rénovées. Les décorateurs Joseph Achkar et Michel Charrière ont été aidés, grâce à un inventaire existant de plus de 900 pages extrêmement détaillées, dans la restauration à l'identique des décors du XVIIIe et XIXe siècles. La campagne de restauration a pu remettre au jour les décors originaux des appartements de l'Intendant, où objets, tentures, rideaux, tapisseries et mobilier d'époque font revivre l'atmosphère de raffinement et de luxe tels qu'ils étaient à cette époque. Des galons et des damas ont également été chinés et cousus à la main pour tapisser les murs.
- Le Mobilier National, le Louvre, Le Musée des Arts décoratifs, le château de Versailles, la Manufacture de Sèvres ont prêté plus de 200 meubles et objets d'arts pour garnir les pièces et recréer l'ambiance de l'époque.
- Les décors d'origine ont été retrouvés à plus de 70 %, car lorsque la Marine a occupé les locaux, les peintures ont été protégées par un vernis puis recouvertes par de multiples couches de peinture, parfois une vingtaine par endroit.
- Dans l'Antichambre, un style antique assez rare à l'époque avec une statue, et des fresques de ruines. La couleur d'origine des murs a pu être retrouvée après avoir gratté les couches successives de peinture.
- Dans l'antichambre du cabinet d'audience de M. de Ville d'Avray, la bibliothèque arbore un magnifique parquet composé de plusieurs essences de bois : de l'acajou, du chêne, du sycomore et du poirier noirci. Un fauteuil de style Empire s'associe au bureau Restauration en ronce d'acajou.
- Dans le grand cabinet on découvre un magnifique parquet, avant d'accéder aux appartements de M.de Ville d'Avray.
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Claude-François Desportes (1695-1774) -
Soie peinte
- Le salon de compagnie, ou salon d'angle, est sans doute la pièce la plus intéressante, mêlant influences italienne et anglaise. Il s'agit d'une pièce de jeux avec tables de tric-trac, décorée d'une tapisserie des Gobelins au motif colonial, ainsi que de remarquables pièces de mobilier qui lui confèrent une ambiance particulièrement chaleureuse.
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Décor plafond -
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Trumeau
- Pour la salle à manger, les décorateurs ont pu reconstituer, grâce au descriptif précis de l'inventaire, les peintures sur soie avec leurs cartouches figurant des paysages. Le tissu des chaises et des fauteuils a été retissé d'après des documents.
- La commode de J.H. Riesener se trouvait précédemment à l'Élysées, et le buffet, œuvre de Riesener est un don de la Fondation Al Thani.
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Soie peinte avec cartouche de paysage -
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Trumeau -
Décor de table
- La chambre de Mme de Ville d'Avray de couleur verte, dispose d'un lit à la polonaise.
- Dans la chambre de M.de Ville d'Avray, plutôt sobre et sans grand décor par rapport à celle de son épouse, le lit d'origine est conservé au musée des Beaux-arts de Boston, c'est donc une équivalence qui a été mise en place ; la chambre possède son cabinet d'aisance, puis est suivie d'une salle de bains disposant d'un lit de repos.
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Chambre à coucher de M.de Ville d'Avray avec son cabinet d'aisance -
Salle de bains de M.de Ville d'Avray -
Papier peint XVIII e dans petit couloir
- La vaste chambre rouge foncé de Pierre-Élisabeth de Fontanieu est tapissée d'un lampas (le plus coûteux du décor). À côté de la chambre, le cabinet des glaces et le cabinet de travail de M.de Fontanieu ou cabinet doré. Lors de la restauration, les compagnons ont découvert une cuisine en inox pas vraiment d'époque, et une fois la cuisine enlevée, 60% du décor d'origine est apparu après avoir gratté les 8 à 10 couches de peinture sur les murs.
- Des meubles d'exception complètent la pièce : la table des muses et un secrétaire à battant œuvres de Jean-Henri Riesener, (1734-1806) ébéniste de talent que Fontanieu découvre et qui deviendra l'ébéniste attitré du roi Louis XVI.
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Bronze -
Lambris -
Cabinet de travail de M.de Fontanieu_Secrétaire à battant de Riesener -
Table des muses de J.H. Riesener
Le Cabinet des Glaces
- Pierre-Elisabeth de Fontanieu était un peu libertin, il avait fait aménager à côté de sa chambre ce boudoir des glaces peintes, ou cabinet des glaces aux miroirs peints de personnages dans des positions lascives. Lorsque l'épouse du baron de Ville d'Avray pris possession des lieux, elle fit transformer les personnages en angelots joufflus et en femmes vêtues de longues robes à l'antique. Le décor a été réalisé par l'architecte Jacques Gondouin en 1770
- Sur ordre de Louis-Philippe, ce cabinet des glaces fut un temps démonté puis remonté au château de Fontainebleau car il voulait en orner sa salle de bains. Le cabinet des glaces retrouva son emplacement d'origine en 1997.
Les Salons d'apparat
- L'ensemble des salons, tout en longueur, borde une loggia donnant sur la place de la Concorde ; c'est par cette loggia que les voleurs pénétrèrent dans l'hôtel pour dérober en septembre 1792 les joyaux de la Couronne ; l'un des volets du salon diplomatique porte les stigmates de cette infraction.
- Avec leur surcharge de dorures et de stucs, les grands salons d'Honneur, des Amiraux et des Ambassadeurs arborent des décors dans les plus purs styles officiels de Louis Philippe et Napoléon III.
Le salon des Amiraux
présente les portraits des grands navigateurs, militaires ou explorateurs. Dans le prolongement des salons d'apparat,
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Pierre-André de Suffren (1729-1788) -
Charles-Louis du Couëdic (1740-1780) -
Jean-François de La Pérouse (1741-1788) -
Louis-René de la Touche Tréville (1745-1815) -
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Lambris porte -
Le salon diplomatique
- A été conçu en hommage à Napoléon III et à son épouse Eugénie, dans lequel se trouve le bureau sur lequel Victor Schœlcher signa l'abolition de l'esclavage le 27 avril 1848.
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Napoléon III (1808-1873) -
Eugénie de Montijo (1826-1920) -
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Console -
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La galerie dorée
- Le couloir a été transformé successivement par Louis-Philippe et Napoléon III en une galerie prestigieuse. Au XVIIIe, elle abritait les bronzes des collections royales.
- Cette galerie est suive par la galerie des ports de guerre, les principaux ports étant représentés sur des panneaux de bois.
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Galerie dorée -
Galerie des ports de guerre
La Loggia
- Depuis la loggia, l'Hôtel de la Marine offre l'une des plus exceptionnelles vues de Paris.
- Le 21 janvier 1793, le ministre de la Marine, Gaspard Monge, assiste depuis son bureau à l'exécution de Louis XVI, et contresigne l'acte de décès du roi.
- Le 25 octobre 1836, Louis-Philippe assiste derrière les vitres de la loggia à l'érection de l'Obélisque sur la place de la Concorde, il ne parait avec sa famille que lorsque le monument est élevé, pour recevoir l'ovation de la foule.
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Vue sur l'Obélisque -
Vue de la loggia sur la place de la Concorde
L'escalier d'Honneur
- L'escalier d'honneur, ou Grand degré, ouvre l'accès aux prestigieuses galeries du premier étage, il est doté d'une splendide rampe en fer forgé datée de 1795. L'escalier fut remanié au XIXe siècle où l'on fit disparaître le plafond à caissons qui le dominait.
En photos
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Prises de guerre face à l'Hôtel de la Marine en 1918 (Musée Albert Kahn)
Voir aussi (sur Geneawiki)
Espace muséographique « Victor Schoelcher, son oeuvre »
Notes et références