Hôtel de Cluny
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6 Place Painlevé
Histoire
- Le pied-à-terre des abbés de Cluny entrepris pour Jean III de Bourbon (1413-1485) et achevé sous Jacques d'Amboise (1485-1510) en 1498 reste l'un des rares témoins de l'architecture médiévale à Paris, avec l'Hôtel de Sens - Bibliothèque Forney. Il se situe face à la Sorbonne, et près du collège, édifié au XIIIe siècle, qui accueillait les novices de l'ordre pour leur cursus universitaire. L'ordre monastique disposait alors de trois collèges implantés en Avignon, à Dole et à Paris.
- L'hôtel de Cluny a pour but d'accueillir les abbés de l'ordre monastique des bénédictins de Cluny en Bourgogne ainsi que des hôtes importants. À la tête de l'ordre clunisien, Jacques d'Amboise fit de cet édifice un bâtiment destiné à magnifier son statut avec un décor opulent.
Musée national du Moyen-Âge
- Créé en 1843 et riche d'environ 24 000 œuvres, le musée de Cluny tire son origine de la collection qu'Alexandre Du Sommerard (1779-1842) installa dès 1833 dans l'hôtel parisien des abbés de Cluny et de la cession, par la Ville de Paris à l'État, des thermes antiques et du dépôt des sculptures qu'ils abritaient.
- Pensé tout d'abord comme un musée des "antiquités nationales" en raison de ses collections couvrant une période bien plus large qu'aujourd'hui (de la Protohistoire au XIXe siècle), le musée de Cluny s'est progressivement spécialisé dans le Moyen-Âge : 5 000 œuvres du XVIe siècle furent ainsi prélevées de son fonds pour créer en 1977 le musée national de la Renaissance à Écouen. En 1992, le musée de Cluny a reçu le nom officiel de musée national du Moyen-Âge.
- La rénovation du musée, achevée en 2022, offre l'occasion de redécouvrir ses collections selon un parcours chronologique et thématique permettant d'évoquer des ensembles jusqu'alors dispersés. Sculptures, objets d'orfèvrerie, vitraux, peintures, enluminures, tapisseries (dont la célèbre Dame à la licorne ) et objets de la vie quotidienne donnent à voir toute la richesse et la complexité du monde médiéval, principalement européen, avec, pour points forts, l'art français et la fin du Moyen-Âge.
Patrimoine bâti
- Un hôtel particulier est une demeure urbaine, bâtie pour un personnage unique ou une famille, avec une volonté d'apparat et d'autarcie. La domesticité nécessaire au fonctionnement de la maison lorsque le propriétaire y séjourne est de plusieurs dizaines de personnes, chacune affectée à une ou plusieurs tâches précises. L'organisation distingue des zones d'habitat privées ou de réception réservées au maître et son entourage immédiat et des fonctions de service (stockage, écuries, cuisine) appelées communs.
- L'hôtel des abbés de Cluny compte parmi les exemples les plus précoces connus édifiés d'une formule architecturale appelée à un formidable succès jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Le mur crénelé sur la rue n'est percé que d'un guichet pour les piétons et d'une porte cochère à proximité du corps de garde. Le carrosse entrait par le porche et déposait le maître de maison, ou son hôte, devant la porte d'entrée de l'escalier hors oeuvre, établi dans une tour adossée au corps de logis. Au-delà de ce dernier se trouve un jardin d'agrément.
- Le puits est un ouvrage ancien qui était encore fonctionnel au XIXe siècle. Sa margelle en revanche, dont l'exutoire figure un homme sauvage, provient d'un château détruit en 1856. La poulie en bronze, provenant des pays germaniques, est installée dans une structure de fer forgé.
Les thermes
- Si une partie des thermes a survécu jusqu'au XXIe siècle, c'est grâce à l'utilisation de ses structures et espaces, et ce sans doute depuis l'Antiquité. Cependant la partie orientale des bains romains est désormais perdue, ayant laissé la place à l'Hôtel de Cluny. En haut de l'escalier qui connecte les niveaux de sol antique et médiéval, la rencontre entre l'appareillage romain de moellons de calcaire et celui de blocs de pierre de taille de la fin du Moyen-Âge, offre un des points de vue les plus séduisants du Paris monumental.
Le frigidarium
- Des thermes de Cluny subsistent des murs visibles au cours du parcours, des espaces souterrains, mais aussi la salle froide (frigidarium) et ses voûtes d'origine, dont la centrale s'élève à 14 mètres. Comme c'était l'usage dans les bains romains, une piscine (natatio) y était aménagée. Au cours du temps, les plaquages de marbre, les mosaïques et les peintures ont disparu mais l'on peut encore voir deux consoles sculptées (arc de la natatio). Aujourd'hui, les structures nues permettent de mesurer l'ingéniosité technique des architectes du monde romain, théorisée par Vitruve dans De Architectura, vers 15 avant notre ère.
Le musée
L'or des Celtes
- Au sein des collections du musée de Cluny, des œuvres illustrent la virtuosité des orfèvres celtiques, célébrée dès l'Antiquité. Découvertes en Bretagne, en Picardie et en Auvergne, elles ont été créées aux âges du bronze et du fer. Les fils d'or lisses ou torsadés de Saint-Marc-Le Blanc, les torques de Cesson-Sévigné et de Soucy ou encore les monnaies de Lapte offrent au regard la matière fascinante de l'or.
Sculptures de Notre Dame de Paris
- Du milieu du XIIe siècle jusqu'au milieu du siècle suivant, les six portails de la cathédrale parisienne sont dotés d'un riche décor qui illustre différentes phases du développement de la sculpture gothique. Dès leur création, les portails de la façade occidentale, la galerie des rois qui les surplombe et les portails du transept sont considérés comme des références partout en Europe.
- Le musée de Cluny rassemble la plupart des éléments détachés qui subsistent de ce décor : aux sculptures remplacées lors des restaurations de l'architecte Viollet-le-Duc au XIXe siècle s'ajoutent les nombreux fragments arrachés sous la Révolution et redécouverts en 1977.
La galerie des rois :
- Les portails de la façade occidentale sont surmontés de manière innovante par une galerie de 28 niches abritant des figures de rois. Sans doute faut-il y voir les rois de Juda considérés comme les ancêtres de la Vierge, en cohérence avec l'iconographie mariale de la façade. Il est possible d'y voir aussi la généalogie des rois de France, ce qui a valu à ces statues d'être supprimées en 1793, pendant la Révolution française. Il en subsiste 21 têtes présentées dans la salle.
Le portail central et le portail du couronnement de la Vierge :
- Le portail central de la façade occidentale, consacré au jugement dernier, présentait aux ébrasements (pans de mur obliques élargissant l'ouverture) les statues des douze apôtres. Il n'en subsiste que des tronçons revêtus de drapés aux plis profondément creusés, à la manière antique, ainsi que la tête de Saint Paul. Au portail Nord voisin, centré sur le couronnement de la Vierge, étaient alignés les saints du diocèse de Paris. Les têtes d'un saint évêque (Marcel ?) et de l'un des anges accompagnant Saint Denis sont visibles ici.
L'orfèvrerie septentrionale
- Vers 1200, l'orfèvrerie septentrionale affectionne les sujets allégoriques et typologiques (parallèles entre Ancien et Nouveau Testaments) accompagnés d'inscriptions. Elle promeut des objets tels des phylactères à lobes, ou les grandes châsses, souvent démantelées aujourd'hui. Les techniques sont élaborées : émaux champlevés et cloisonnés, (fils métalliques formant décor), nielles (décor d'incrustation gris-noir à base de sulfure d'argent).
La Sainte Chapelle à Paris
- En 1239 et 1241, Louis IX acquiert un ensemble de reliques de la Passion du Christ comprenant la Couronne d'épines et un morceau de la Vraie Croix. Pour les abriter dans un écrin digne d'elles, il fait édifier au cœur de son Palais de l'île de la Cité à Paris, une chapelle à deux niveaux conçue comme un reliquaire géant. Ce chef d'œuvre de l'art gothique rayonnant, image de la Jérusalem céleste, est consacré en 1248, juste avant le départ du roi pour la croisade.
- Les éléments de décor qui n'ont pas été conservés sur le site lors de sa restauration au XIXe siècle, vitraux et statues d'apôtres en particulier, ont été réunis dans ce lieu.
La Sainte Chapelle, un ensemble de vitraux uniques
- Porteuses de récits inspirés de la Bible, les quinze verrières de la chapelle haute dressent une vaste histoire du temps, qui va de la Création à Saint Louis, et s'achève avec l'Apocalypse (grande rose du pignon). Chaque baie affiche une composition particulière de panneaux géométriques, de fonds de mosaïque (à petits motifs répétitifs) et de bordures. Cette variété ornementale, associée à des couleurs intenses, concourt à la richesse de l'ensemble.
Collège de Cluny à Paris
- Afin d'héberger les novices de l'ordre de Cluny étudiant à Paris sur la rive gauche, où est établie l'université, l'abbé de Cluny Yves de Vergy fonde en 1269 un collège qui jouxte la Sorbonne. Cet établissement comporte notamment une église et un cloître bordé d'une salle capitulaire et d'un réfectoire, tous voûtés. Il est détruit en plusieurs étapes dans le courant du XIXe siècle. Il n'en reste que quelques vestiges sculptés.
Vitraux du XIVe siècle
- Vers 1300, les peintres-verriers bénéficient d'un verre plus fin, plus "blanc" qu'ils découpent en losange ou en d'autres formes aisées à assembler. Du réseau de plombs, ils font naître de grandes compositions géométriques ou végétales, à peine relevées de couleurs. La découverte du jaune d'argent (un peu de poudre d'argent posée sur le verre et portée au four) leur permet de teinter leur verre en doré sans le recours d'un plomb supplémentaire, ce qui constitue un réel atout.
L'art italien des XIII et XIVe siècles
- L'Italie du Duocento et du Trecento (XIII et XIVe) siècles, constituée de nombreuses cités indépendantes, à côté du royaume de Naples et des États pontificaux, foisonne de centres artistiques dont Venise , Florence, Sienne, Rome et Naples. Dès le XIIIe siècle, la Toscane est le lieu d'une mutation esthétique inspirée de l'Antiquité et du gothique français, avec des artistes comme Giotto, Duccio, Nicola et Giovanni Pisano. Région féconde elle est connue pour ses ensembles sculptés et une orfèvrerie inventive. L'art italien se diffuse dans les régions méditerranéennes, en Avignon, la cité des papes, ou à Barcelone, grand port et riche cité marchande.
L'art en Europe du Nord au XIVe siècle
- Le XIVe siècle est éprouvé par le conflit franco-anglais, dit guerre de Cent Ans, et le déferlement d'une importante vague d'épidémies. Aux grands chantiers de construction succèdent des réalisations de moindre envergure (chapelles, décors d'autel...). Très actifs à Paris, les orfèvres composent de luxueux tableaux émaillés. Les ateliers de sculpture taillent dans la pierre et le bois, des retables, des statues de la Vierge ou des saints et, dans l'ivoire, des tablettes ou des boîtes à miroir. Le style parisien élégant et raffiné, se diffuse dans et hors du royaume de France, comme l'atteste la peinture sur chevalet, un art alors en plein développement.
Ivoires du XIVe siècle
- Le XIVe siècle est un âge d'or de l'ivoirerie parisienne, aussi bien dans le domaine des objets destinés à la dévotion (statuettes de la Vierge à l'Enfant, diptyques, triptyques) ou à la liturgie (baisers de paix) que dans celui des objets profanes (tablettes à écrire, valves de boîtes à miroir, gravoires). D'autres centres de production émergent, notamment dans la vallée du Rhin à Mayence (Maître du diptyque de Kremsmünster) ou à Cologne.
Quand le vitrail s'inspire de la sculpture
- Dans les baies, les figures sont traitées à la manière de statues dans leurs niches : les réseaux supérieurs prennent de l'ampleur et se complexifient (Adoration des Mages). Avec la vogue du gothique international et la recherche de raffinement, la légèreté et la transparence triomphent. Le blanc et le jaune d'argent (doré) dominent, mais associés aux couleurs franches des armoiries, des motifs héraldiques et des arrière-plans.
La dévotion à la fin du Moyen-Âge
- La piété médiévale s'exprime tant par des rituels collectifs (pélerinages) que par des pratiques individuelles. À la fin du Moyen-Âge, l'évolution des sensibilités religieuses se traduit à la fois par des manifestations publiques (processions) plus théâtrales et par une foi plus intériorisée. L'essor de la dévotion privée s'accompagne d'objets personnels de piété, supports de méditation (livres d'heures, statuettes, reliquaires).
L'art en France au XVe siècle
- Encouragé par Jeanne d'Arc, Charles VII (1403-1461) parvient à se faire couronner à Reims et à reconquérir son royaume. La paix favorise l'activité artistique. De forme narrative, les tentures de chœur, les verrières, les retables et les enluminures expriment le souci du salut. Les œuvres invitent le fidèle à une dévotion plus intime, centrées sur les douleurs et les joies du Christ et des saints. Nombre d'artistes, inspirés par l'art des Pays-Bas, optent pour une restitution méticuleuse du monde visible (vues urbaines ou d'intérieur). Quelques rares noms sortent de l'anonymat, tels Jean Fouquet, Antoine de Lonhy ou Jean Hey.
L'art vers 1500 : entre Moyen-Âge et Renaissance
- Les années 1500 sont une période transitoire entre Moyen-Âge et Renaissance où coexistent des œuvres du gothique flamboyant et d'autres inspirées de l'Antiquité romaine. Les artistes, polyvalents, renouvellent leurs sources et produisent des dessins et des modèles gravés pour la tapisserie ou le vitrail. Ainsi, l'invention de l'estampe et de l'imprimerie au siècle précédent a favorisé la multiplication et la circulation d'images et de livres d'heures imprimés, sans toutefois supplanter le livre manuscrit enluminé. Une autre grande invention est l'apparition de l'émail peint, une invention des ateliers de Limoges.
Être artiste peintre au XVe
- Les artistes commencent leur formation dans l'atelier d'un maître (Jean Bourdichon chez Jean Fouquet). Rares sont ceux qui obtiennent le titre de peintre du roi, comme Fouquet ou Bourdichon. Certains doivent s'implanter loin de chez eux (les peintres flamands dans le Sud) ou pratiquer l'itinérance (Antoine de Lonhy). Les voyages leur permettent d'enrichir leurs connaissances (Jan Van Heyck ou Fouquet en Italie), à moins qu'ils ne se tiennent informés des avancées de leurs contemporains à travers les gravures en circulation.
Économie et production artistique à la fin du Moyen-Âge
- Les progrès agricoles (céréales, vigne) ont assuré la richesse de l'Europe. Les productions artisanales et artistiques ont accompagné cet essor surtout dans les villes. Les plus importantes accueillent les foires, véritables plaques tournantes où s'échangent les marchandises. De luxueux textiles y affluent de toute l'Europe et notamment des pays méditerranéens. Les étoffes occidentales et orientales ainsi que les pièces d'orfèvrerie y sont commercialisées en tant que pièces d'apparat et moyen d'accumuler des richesses.
Arts du combat, céramiques hispano-mauresques, vitraux rhénans
- Une partie des objets présentés dans la salle est dévolue à la guerre et à ses substituts (chasse, joute et tournoi) articulée autour de la figure du chevalier. Des armes offensives et défensives sont associées à des œuvres d'art représentatifs de cette culture chevaleresque qui loue la violence et l'exprime sous des formes très diverses.
- Réhaussée par la lumière naturelle, une des plus belles collections de céramiques hispano-mauresques de la fin du Moyen-Âge brille de ses reflets métalliques irisés et se place comme un contrepoint à l'orfèvrerie d'apparat.
- Des vitraux rhénans de la même période complètent la salle.
La table et ses accessoires
- Sans espace qui lui soit dévolu en particulier, la table médiévale se dresse au moyen d'une planche sur des tréteaux, souvent devant une cheminée, la vaisselle est alors sortie du coffre. Peu d'écuelles de bois ou de pièces en verre ont pu être conservées. En revanche de nombreuses céramiques, utilisées sur la table ou en cuisine, ont été retrouvées en fouilles. Les pièces d'apparat en matériaux précieux ont été prisées des collectionneurs.
- Le mobilier de la demeure médiévale répond aux besoins domestiques courants : dormir, s'asseoir, manger, ranger, dans une architecture où les dévolutions des différentes pièces sont rarement figées ou uniques, dans une société en perpétuel changement. Le mobilier transporté est ainsi soit démontable (par exemple les tables), soit à la fois meuble et bagage : le coffre est le représentant emblématique de cette double fonction.
Des vitraux pour les demeures
- Dans les demeures, le vitrail joue sur l'association de la grisaille (peinture "grise") et du jaune d'argent (doré). Il tend à la transparence. L'adoption des fenêtres en croix (ou croisées) au tournant des XIIIe-XIVe siècles permet de normaliser le format des panneaux (joueurs d'échecs). Limités à la partie supérieure, ils évoluent vers un vitrage en simples losanges, parfois ornés d'un rondel.
- Ce médaillon figuratif taillé dans une seule pièce de verre est très prisé à partir de 1500.
La musique et les sons au Moyen-Âge
- Si les objets du musée sont silencieux, ils n'en témoignent pas moins d'une société emplie de sons et de musique. Dans la sphère privée, des musiciens professionnels agrémentaient les moments de divertissement - banquets, noces, tournois, jeux, baignades. À partir de la fin du XIIIe, en milieu urbain et dans les foyers aisés, la sonnerie des horloges mécaniques s'ajouta à cet univers sonore, instaurant un rapport au temps plus proche du nôtre.
Les accessoires de la beauté
- La beauté est l'affaire de toute la société médiévale. Les ustensiles sont en matériaux simples ou au contraire précieux, mais tous attestent les gestes du soin de soi. Certains peignes semblent des objets d'apparat par leur taille et leur ornementation. Au-delà de la toilette corporelle et capillaire, parures et vêtements, plus ou moins luxueux, sont l'objet d'une attention de tout instant pour les femmes et les hommes.
Tapisserie La Dame à la Licorne
- En vogue depuis le XIVe siècle et durant toute la période moderne, la tapisserie est un décor très apprécié dans les églises, les châteaux et les demeures des élites.
- La Dame à la licorne, tenture de six pièces aux armes de la famille "Le Viste", --armoiries de gueules (rouge) à la bande d'azur (bleu) chargée de trois croissants d'argent (blanc)-- est un magnifique exemple de millefleurs, tapisseries à fond semé de plantes fleuries. L'iconographie, longtemps mystérieuse, est aujourd'hui en partie précisée, avec cinq pièces représentant les cinq sens : la vue, le goût, le toucher, l'ouïe, l'odorat. La sixième tapisserie Mon seul désir demeure énigmatique. La tenture célèbre une famille, mais aussi une forme d'harmonie et de beauté.
- Les femmes et les animaux ont été dessinés par Jean d'Ypres, actif à Paris de 1489 à 1508, et connu pour être enlumineur auprès de la reine Anne de Bretagne, mais le lieu de production des tapisseries n'est pas connu, elles peuvent provenir de métiers à tisser implantés aux Pays-Bas ou même de liciers parisiens. Elles mesurent de 311 à 377 cm en hauteur et de 290 à 473 cm en largeur.
Le mobilier religieux au nord des Alpes à la fin du Moyen-Âge
- À la fin du Moyen-Âge, le chœur des principales églises, cathédrales, collégiales et abbatiales, fait l'objet d'un aménagement spécifique. À l'arrière de l'autel se dresse un retable dont la partie centrale (caisse) abrite des sculptures, le plus souvent des reliefs narratifs de petit format dans les anciens Pays-Bas ou dans le nord de la France, des figures de plus grande dimension dans le sud de l'Empire ou en Suisse, ou encore des panneaux peints. Lors des fêtes, les volets peints ou sculptés qui ferment la caisse sont ouverts, et une tenture peut être accrochée au-dessus des rangées de stalles qui se font face, de part et d'autre du chœur.
La chapelle
- La chapelle est située au premier étage du corps de logis, en retour d'équerre du corps principal. Elle est de plan allongé, presque carré, se terminant par une abside semi-circulaire. La petite abside de l'autel est construite hors œuvre, elle est portée par un cul-de-lampe sur pilier donnant sur le jardin.
- Le mur Ouest et son pignon Nord prennent appui sur les maçonneries romaines appartenant aux thermes antiques de Lutèce.
- L'accès à la chapelle se faisait soit, à l'étage, par un parcours en enfilade des salles d'apparat et par l'escalier d'honneur du corps de logis ; soit depuis le jardin par un escalier à vis : cette relation entre le jardin et la chapelle est significative, la chapelle conserve son autonomie par rapport au fonctionnement de l'hôtel, et le jardin, faisant office de cloître, prend une fonction symbolique et cultuelle.
- La chapelle constitue un véritable chef d'œuvre du gothique flamboyant avec une voûte d'ogives enrichie de liernes et de tiercerons (on peut la comparer à celle de la Tour Jean sans Peur de l'hôtel de Bourgogne). Sur les murs, les douze consoles surmontées de dais qui sont de véritables dentelles, devaient abriter les membres influents de la famille de Jacques d'Amboise. Les trois têtes présentées sur l'autel sont les seuls vestiges de cet étonnante galerie familiale sculptée.
Le jardin médiéval
- La création de ce jardin résulte du percement du boulevard Saint Germain et de la destruction du couvent des Mathurins à la fin des années 1850, dans le cadre des grands travaux d'urbanisation dirigés par le baron Haussmann. L'espace ainsi dégagé entre l'hôtel des abbés de Cluny et le boulevard Saint Germain fut destiné dès l'origine à être le jardin du musée des thermes et de l'hôtel de Cluny. Celui-ci avait été ouvert au public dès 1844, présentant les collections d'objets d'art d'Alexandre du Sommerard dans deux des plus prestigieux édifices parisiens : l'hôtel de Cluny et les thermes gallo-romains, les plus importants établissements de bains publics de Lutèce.
- Ce jardin public, longeant les ruines des thermes et de l'hôtel, était lié au parcours du musée, et des sculptures médiévales, originales ou en plâtre, lui donnaient son caractère pittoresque. Pour des raisons de conservation, les œuvres furent retirées du jardin et, en 1970, le jardin fut partagé en deux : une partie privative réservée au musée, et la plus grande partie de l'espace aménagée en square ouvert au public.
- L'ensemble du jardin, réunifié, a été totalement transformé en 2000 : les paysagistes Eric Ossart et Arnaud Maurières, y ont créé un jardin d'inspiration médiévale lié aux collections du musée national du Moyen-Âge, retrouvant ainsi sa vocation initiale, regroupant selon leur utilisation les plantes potagères et médicinales, dans des espaces aux contours géométriques.
- Les éléments remarquables en sont : la forêt de la licorne et les clairières, le ménagier, les simples médecines, le préau, le jardin d'amour, le jardin céleste, le chemin creux.
- Au niveau végétal : uniquement des espèces attestées au Moyen-Âge (en particulier les fleurs identifiées dans les tapisseries mille fleurs), à l'exception des arbres existant auparavant dans le square (Ailante, érable sycomore, marronnier blanc et platane).
En photos
Dans la peinture
Notes et références
- Affichage des textes dans le musée.
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