Hôtel de Charost

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Hôtel de Charost, façade cour d'honneur
Photo : C.Angsthelm

39 rue du Faubourg Saint Honoré



Localisation

  • L'hôtel de Charost est situé non loin du Palais de l'Élysée, entre l'hôtel de Pontalba, résidence de l'ambassadeur des Etats-Unis, et l'hôtel Chevalier, ambassade du Royaume Uni.

Histoire

  • La maison de Béthune, d'antique noblesse, s'illustra particulièrement à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècles en la personne du premier duc de Sully, le grand ministre d'Henri IV. C'est à la descendance de son frère qu'appartient la lignée des ducs de Charost.
  • Paul-François de Béthune (1682-1759), connu d'abord sous le nom de marquis d'Ancenis, puis de duc de Béthune, fit une carrière militaire et devint lieutenant général des armées du Roi. À la mort prématurée de son frère il devint l'héritier de sa maison. Son contrat de mariage avec Julie-Christine Gorge d'Antraigues en 1709 fut signé par Louis XIV, le Grand Dauphin, le duc de Bourgogne, les princes et princesses de sang.
  • Paul-François de Béthune-Charost acquit un terrain le 16 février 1722 rue du faubourg Saint Honoré et confia à Antoine Mazin (1679-1740), ingénieur militaire et architecte du Roi, la conception de son hôtel particulier. C'était pour lui la première réalisation d'un bâtiment privé, bien qu'il reprit à la même époque le chantier de l'Hôtel de Matignon.
  • L'hôtel fut occupé par la famille jusqu'à la mort de la duchesse d'Ancenis en 1784. Son fils, Armand-Joseph, 4ème duc de Charost, avait après son mariage en 1762, avec Louise-Suzanne de Fontaine, déménagé sur la rive gauche.
  • Le 25 mars 1785, le duc de Charost consentit un bail de neuf ans au prince Auguste-Marie-Raymond d'Arenberg, comte de La Marck (1753-1833), issu de la plus haute noblesse du Saint Empire Romain Germanique, ayant son principal fief dans le Hainaut (Ouest de la Belgique). La Marck fut l'un des hommes qui s'engagea le plus intelligemment dans les tentatives pour sauver la monarchie. En 1787 il rencontra le comte de Mirabeau avec qui il se lia d'étroite amitié et qui en fit son exécuteur testamentaire et mourut dans ses bras. Élu lui-même député de la noblesse aux États Généraux, La Marck mit le tribun en relation avec Louis XVI et avec Marie-Antoinette au printemps 1790. Il organisa rue du faubourg Saint Honoré, les entrevues secrètes entre Mirabeau, l'ambassadeur d'Autriche , Mercy d'Argenteau, afin de préparer la fuite de la famille royale qui se fit le 20 juin 1791. En 1792 Le Moniteur annonçait que le régiment de La Marck avait voulu empêcher l'entrée des Marseillais à Avignon et qu'il devait être surveillé. Il quitte la France définitivement et rejoint l'Autriche où il est nommé peu de temps après général-major à l'armée austro-belge par le nouvel empereur François II. Bien que locataire de l'hôtel de Charost, tous ses biens furent saisis et son mobilier fut transporté dans l'actuel Palais de l'Élysée, transformé en dépôt révolutionnaire.
  • Le 15 février 1792, le comte de La Marck sous-loue l'hôtel de Charost à Son Excellence Monseigneur Dom Vincent Desouza Coutinho, ambassadeur de la cour de Portugal auprès de sa Majesté très chrétienne pour la durée à courir jusqu'au terme du bail fixé au 14 avril 1794. Mais Vincent Desouza décède en l'hôtel le 8 mai 1792.


Palais Borghèse

Pauline Bonaparte, princesse Borghèse, par Robert Lefèvre 1808
Assiette porcelaine de Sèvres, XXe siècle
  • La dernière duchesse de Charost vend l'hôtel à Pauline Borghèse (née Paolina de Buonaparte 1780-1825) en novembre 1803 pour 300 000 francs. Pauline Borghèse en avait déjà pris possession bien avant puisque c'est là que fut signé son contrat de mariage avec le prince Camille Borghèse (1775-1832) le 23 août 1803. Avant de quitter Paris pour Rome elle meubla l'hôtel de Charost avec une partie du mobilier de son ancienne demeure rue de Courcelles.
  • Elle engagea l'architecte Pierre-Nicolas Bénard pour la construction de deux ailes sur le jardin : la Galerie de Tableaux pour le dépôt de 175 tableaux provenant des résidences Borghèse en Italie et la grande salle à manger pour 60 convives.
  • À la chute de l'Empire, l'hôtel Borghèse, également nommé palais de S.A.I la princesse Borghèse, était l'une des demeures les plus somptueuses de la capitale.


L'Ambassade

  • Le premier ambassadeur anglais à louer très brièvement l'Hôtel de Charost, fut Lord Withworth le 1er mars 1803 puisqu'il fut rappelé à Londres le 2 mai suite à la déclaration de guerre de la Grande Bretagne à la France.
Duke of Wellington âgé de 76 ans par Alfred comte d'Orsay 1845
  • Arthur Wellesley, duc de Wellington, (1768-1852), le vainqueur de Napoléon à Waterloo, nommé ambassadeur de Grande Bretagne à Paris décide avec son gouvernement d'acheter une résidence fixe à Paris. Son choix se porte sur l'Hôtel Borghèse (Hôtel de Charost), il s'y installe dès juillet 1814. La vente est signée en octobre 1814 pour un montant total de 863 000 francs (500 000 francs pour l'hôtel, 300 000 francs pour le mobilier et 63 000 francs pour les écuries). Le duc de Wellington aurait dit "l'achat est vraiment bon marché". Il quittera Paris pour Vienne en février 1815, mais reviendra après les Cent-Jours (mars-mai 1815) et y restera jusqu'en 1818.
Lord Stuart de Rothesay (1779-1845) par George Hayter
  • Lord Stuart de Rothesay remplaça le duc de Wellington auprès de Louis XVIII C'était un homme de goût, bibliophile et distingué qui appartenait à un cercle où la collection était presque un mode de vie, il acheta beaucoup d'objets provenant des collections de l'impératrice Joséphine et du maréchal Ney. Il fut rappelé à Londres en novembre 1824 et remplacé par Lord Granville. Chateaubriand fait un portrait de Stuart, alors ministre des Affaires étrangères, venant le voir à n'importe quelle heure, en bottes, sale, les vêtements en désordre après ses visites chez les prostituées. Mais il était connu aussi pour les célèbres dîners à l'ambassade avec Talleyrand, Madame de Staël et d'autres.
  • Lord Granville engagea l'architecte Louis Visconti (1791-1853) pour reconstruire les deux ailes sur jardin qui souffraient d'avoir été exécutées trop vite. Les travaux dépassèrent le budget fixé, leur coût fut supérieur à la moitié de ce qu'avait coûté l'achat de l'hôtel dix ans auparavant. Le résultat en fut somptueux : la serre-véranda construite en fonte par Visconti formant un fer à cheval sur le jardin.
  • Lord Granville fut remplacé par son prédécesseur Lord Stuart, ami de Bourbons, pendant la période de Charles X., puis il revint en 1834 mais fut remplacé très brièvement en mars 1835 par le premier baron Crowley, frère de Wellington, et Lord Granville revint pour une période de six ans.
  • Lord Crowley revint sous la Monarchie de Juillet entre 1841 et 1846. On peut lui reprocher la démolition des arcades de la cour d'honneur qui lui donnaient sa forme ovale, proche de celle de l'Hôtel de Rohan Soubise, ainsi que la vente de nombreux meubles de Pauline.
  • Le marquis de Normanby lui succéda ; son épouse entreprit, après la révolution de 1848, une nouvelle décoration des salons en style Napoléon III, à base de velours rouge et fit appel au célèbre architecte Ignace Hittorff (1792-1867) pour divers travaux notamment dans la salle de bal.
  • Le 3 février 1852, lui succéda Henry Wellesley, second Lord Crowley : fils et neveu d'ambassadeur à Paris, ce dernier fut le beau-père d'un autre ambassadeur à Paris, sir Francis Bertie.
  • En 1867, Lord Lyons remplaça Lord Crowley et demeura vingt ans en poste.
  • Somerset Vaughan est né à l'ambassade en 1874 ; Franz Liszt y enseigna le piano à la seconde fille de Granville et fut le témoin d'Hector Berlioz lorsque celui-ci épousa en 1833 sa bien-aimée irlandaise, Harriet Smithson. Charles Dickens fit une lecture de ses œuvres dans la salle de bal. En 1873, Lord Randolph Henry Spencer-Churchill épousa Jennie Jérome à l'ambassade, et Winston Churchill naquit en 1874.
  • En décembre 1887, Lord Lyttons devint ambassadeur à Paris. L'ombre de Pauline avait quasiment déserté une maison qui ressemblait désormais à celle de sa nièce la princesse Mathilde avec notamment une surabondance de palmiers et de fougères arborescentes en pot. Apparurent les sièges néo-Louis XV au chiffre de la reine Victoria et les meubles neufs en marqueterie d'écaille rouge et de cuivre. Le nouvel occupant n'entendait pas faire oublier qu'il avait été le Vice-roi des Indes, en dispersant nombre de ses trophées, y compris des fauves empaillés, dans différentes pièces de l'ambassade. Lord Lyttons fit de l'hôtel Borghèse un centre de vie culturelle renommé, et la salle de bal étant le théâtre de représentations privées. Il mourut d'une attaque cardiaque le 24 novembre 1891 et le gouvernement français rendit à sa dépouille les honneurs généralement réservés aux maréchaux de France.
  • Le marquis de Dufferin et d'Ava lui succéda. La décoration de l'ambassade fut dédiée à ses exploits lors de ses missions au Canada, en Egypte et surtout aux Indes. L'électrification de la résidence fut effectuée en 1896.
  • Sir Edmund John Monson fut nommé le 15 octobre 1896, il fit installer le chauffage central en 1898. L'hébergement de la chancellerie se fit dans une maison rue d'Aguesseau en 1898. En 1902, il s'opposa au transfert des pièces historiques du mobilier de l'ambassade en Angleterre.
  • À la fin du séjour de Sir Edmund John Monson et au début de celui du futur Lord Bertie, un projet de restauration de la résidence en harmonie avec son histoire et sa tradition avait été planifié. Un programme fut mis en oeuvre par l'architecte Vyle Parmentier et H.Tanner qui se firent assister de l'antiquaire George Hoentschel, ce dernier étant un décorateur, fin connaisseur du "bon goût", amoureux des boiseries et du bois sculpté. Le parti pris semble être d'avoir tenté, autant que faire se peut, de rétablir, en tenant compte des altérations impossibles à corriger, quelques pièces dans l'état le plus proche de celui le plus facile à reconstituer. Lord Bertie s'opposa énergiquement à la démolition et la reconstruction des communs approuvées par le gouvernement britannique. Tout au long de sa mission il s'employa à faire restaurer le mobilier Borghèse.
  • En juillet 1918, la collection des bronzes Empire fut envoyée en Angleterre en raison des risques encourus par les bombardements allemands. À cette occasion, certaines pièces furent restaurées par les soins du Victoria et Albert Museum, elle ne revint à l'ambassade qu'en 1920.
  • Entre-temps, Lord Bertie avait cédé la place au comte de Derby, lui-même remplacé dès 1920 par Lord Hardinge of Penshurst qui abandonna sa fonction au marquis de Crewe en 1922. Pendant le court séjour de Lord Hardinge, la résidence fut à nouveau envahie par une collection de trophées de chasse et d'armes qui rappelait que le maître des lieux avait été Vice-Roi des Indes. Les Crewe amenèrent avec eux un ensemble de portraits de famille par Romney, Reynolds et Gainsborough qui donnèrent une autre allure à la demeure.
  • Sir Éric Phipps se préoccupa de l'installation d'une chancellerie décente et proposa d'acheter l'hôtel Pereire, adjacent à la résidence, qui était mis en vente. L'idée était de surélever les deux pavillons sur rue et de les relier par une construction nouvelle au-dessus du porche. Sir Phipps la rejeta au nom du respect du patrimoine architectural. L'hôtel Pereire fut immédiatement acquis après la guerre.
  • Durant les hostilités l'ambassade, fermée, fut placée sous la protection des États-Unis, puis, après leur entrée en guerre, sous celle de la Suisse.
  • Parmi les ambassadeurs qui eurent le plus de succès auprès des Français figurent Lord Derby (1865-1948) et Lord Soames (1920-1987), tous deux de grands personnages fondamentalement britanniques et nommés pour des raisons politiques. Derby, ministre de la guerre fut nommé en 1918 par Llyod George qui estimait que son sens de l'observation était "très utile pour ceux qui voulaient faire des affaires dans le contexte de fluctuations rapides et déroutantes de la politique française". Sa passion pour les courses hippiques l'a fait aimer des Parisiens qui voyaient en lui le type accompli de gentleman farmer.
  • En octobre 1944, il revint à Sir Alfred Duff Cooper de rouvrir officiellement l'ambassade. Aidé de son épouse, parfaite hôtesse qui réunit un cercle artistique et mondain d'une rare qualité, il lui rendit un lustre dont l'éclat hante encore la mémoire de nos contemporains. Sir Duff Cooper se préoccupa de rétablir la bibliothèque avec l'aide de Charles de Bestegui, de Christian Bérard et de Georges Geoffroy. Lady Diana Cooper fit réaménager la salle de bain de Pauline. La mission de Sir Duff Cooper s'acheva brutalement en 1947. Il fut remplacé par Sir Charles Oliver Harvey en janvier 1948 puis par Sir Gladwyn Jebb en avril 1954, qui entreprit une campagne de restauration dans le respect de l'esprit des lieux. Les successeurs furent : Sir John Pierson Dixon, auteur d'une biographie sérieuse sur Pauline, et Sir Michaël Jay.
  • Christopher Soames fut nommé à Paris en 1968, européen convaincu, personnage imposant et sociable, gendre de Churchill, et qui fut à l'origine de l'affaire Soames, sans doute la plus grande querelle franco-britannique depuis la Seconde Guerre mondiale.
  • En mai 1960, il y eut la rencontre au sommet du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères britanniques qui ont séjourné à la Résidence et où Khrouchtchev et le président Eisenhower ont séparément rendu visite au Premier ministre Macmillan.
  • Visites royales : Les membres de la famille royale sont souvent venus en visite à l'ambassade de Grande Bretagne, pas seulement pour des raisons d'État mais parce qu'ils appréciaient la France et Paris. La reine Victoria a visité tous les régimes : la monarchie de Juillet, le Second Empire, et la Troisième République. Elle a délibérément utilisé sa visite officielle en 1855 pour cultiver les bonnes relations avec l'empereur Napoléon III et faire progresser ce qu'elle appelait "l'alliance permanente entre l'Angleterre et la France". Francophile convaincu et fidèle, le roi Édouard VII profita de sa visite en 1903 pour poser les fondements de l'Entente cordiale.
Couronnement de la reine Elisabeth II en 1952
Portrait de la reine Elisabeth II sur les murs de la résidence
  • La reine Élisabeth II (1926-2022) a effectué trois visites officielles en France (1957, 1972 et 1992). Elle a séduit les Français par sa dignité, son charme et sa maîtrise du français. En 1998, en visite privée à Paris pour dévoiler une statue de Winston Churchill, la reine Élisabeth II a pour la première fois en tant que monarque, séjourné à la Résidence.
  • En Septembre 2022, pendant la période de deuil, deux grands portraits de la reine Elisabeth II ont été accrochés sur les murs de la résidence, l'un de son couronnement en 1952, et l'autre pris ces dernières années.


  • Depuis août 2021, Madame Menna Rawlings est l'ambassadrice du Royaume Uni à Paris.


Héraldique

Armes du Royaume Uni
  • Dieu est mon Droit, viendrait de Richard Cœur de Lion, monarque du pays de 1189 à 1199. Lors de la bataille de Gisors en 1198 contre Philippe-Auguste, roi de France, il aurait dit "Dieu est mon Droit" pour indiquer qu'il devait sa couronne à Dieu et uniquement à lui.
  • L'écu se blasonne ainsi : écartelé au 1 et 4, de gueules à trois léopards d'or, (qui est Angleterre) au 2, d'or, au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné, du même (qui est Écosse), au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent (qui est Irlande).


Patrimoine bâti

  • Le corps de logis principal se trouve entre cour et jardin et présente un agencement des appartements très classique pour cette période.
  • L'ensemble du plan réside dans la cour : Mazin y structura l'ensemble d'une manière novatrice. Deux arcades de cinq arches chacune reliaient le bâtiment principal aux deux pavillons d'entrée. La façade intérieure courbe de ces derniers achevait ainsi une cour d'honneur ovale, flanquée de deux cours de service rectangulaires. Le pavillon de gauche était dévolu aux cuisines, celui de droite aux écuries, prévues pour vingt-quatre chevaux et quatre voitures, ainsi que la loge du concierge.
  • Mazin réunit autour de lui le maçon Louis Paignault, le menuisier Robert Vitry, le serrurier Antoine Hallé (1690-1795), auteur de la rampe d'escalier et des balcons, et une équipe de sculpteurs dont les noms sont inconnus, mais qui pourrait être celle qui œuvra en parallèle à l'Hôtel de Matignon.
  • Le contrat signé entre le duc de Charost et le comte de La Marck en 1785, spécifiait avec une grande précision les travaux à la charge du locataire et atteste que l'hôtel n'avait subi aucune rénovation d'envergure depuis sa construction : changer les vitres du rez-de-chaussée et du premier étage en remplaçant les petits carreaux par de grandes vitres en cristal de Bohême ; à fournir les glaces nécessaires aux appartements ; à prendre soin du jardin à l'anglaise ; à installer l'eau courante branchée sur la pompe à feu de Chaillot ; à restaurer les cuisines ; à mettre en place de nouvelles portes intérieures ; à faire mettre en blanc les moulures et panneaux dorés de la chambre du rez-de-chaussée et dans le salon de réception adjacent ; à transformer la partie se trouvant derrière la chambre en bibliothèque, salle de bain et cabinet de toilette ; et à faire établir une porte d'entrée entre le hall et la cour d'honneur.
  • L'état actuel de l'ancien hôtel Borghèse est le fruit de son histoire. Il reflète le goût esthétique, conservateur ou moderniste de ses successeurs et/ou de ses occupants successifs. En aucun cas il ne prétend être une restitution du temps de Pauline, en revanche, il en est l'évocation.


Rez-de-chaussée

Hall d'entrée

Hall d'entrée
  • Six colonnes rythment noblement la distribution de l'espace. Au-dessus d'une console en bois doré exécutée en Irlande au XVIIIe siècle, est accroché un portrait en pied de la reine Victoria (1819-1901). Il s'agit d'une des répétitions de l'original peint en 1843 par François-Xavier Winterhalter (1805-1873), destinées aux administrations et aux ambassades britanniques. Celle-ci a été exécutée en 1847 par William Corden.
  • À gauche de l'escalier est exposée une réduction par Adamo Tadolini (1788-1868) de la fameuse Venus Victrix d'Antonio Canova (1757-1822) représentant Pauline allongée à demi-vêtue sur un lit à l'antique.
  • Au pied de l'escalier un très beau buste en marbre blanc de la reine Alexandra (1843-1925) commandé par Lord Bertie en 1906 au sculpteur mondain Prosper d'Épinay (1836-1914). À son opposé, sur une stèle, une tête en bronze de Sir Winston Churchill (1874-1965) : d'un expressionnisme brutal et puissant, inspiré de la statuaire nègre, il s'agit d'une oeuvre magistrale de Jacob Epstein (1880-1959) (auteur du tombeau d'Oscar Wilde au Père Lachaise).
  • Du décor original de la cage d'escalier il ne subsiste que la rampe, chef d'oeuvre de ferronnerie, en fer patiné doré, d'Antoine Hallé. Des trophées militaires décoraient la cage d'escalier.


Salon rouge

Salon rouge
  • Du temps de Pauline, les murs de cette pièce, intitulée Salon jaune ou Salon de réception, étaient tendus de Gros de Tours jaune à tuyaux. Depuis 1986, ce salon est tapissé d'un damas de soie rouge avec pour motif La Palme de Saint Cloud, conçu par Pernon à Lyon pour la bibliothèque de Napoléon Ier au château de Saint Cloud.
  • Le lustre à 24 lumières sur deux rangs, très probablement par Thomire (1751-1843), éclairait la chambre de Pauline en 1814 au premier étage.
  • La console à quatre pilastres dont le bas-relief représente Hercule et Omphale est une des plus belles de l'hôtel Borghèse.
  • La pendule aux vestales portant sur un brancard la statue de Minerve, (commande ou achat de Lord Granville ou de Lord Stuart de Rothesay), est de Pierre-Philippe Thomire. Cette version est unique : la frise du socle avec ses casques gaulois et ses têtes d'aurochs est une manifestation peu commune du style néo-gothique dans l'art décoratif français.
  • Les fauteuils, attribués à Pierre-Gaston Brion (1767-1841), proviennent sans doute de la suite des quarante fauteuils, commandés par Pauline pour sa Galerie des Tableaux, détruite aujourd'hui.
  • De part et d'autre de la porte sont accrochés quatre portraits de la dynastie des Stuart.
  • Le tapis tissé en Espagne au XIXe siècle provient de la collection de Charles de Bestegui (1895-1970) au palais Labia à Venise, dispersée en 1964.


Salon bleu

Salon bleu
  • Du temps de Pauline, cette pièce était connue sous le nom de Salon d'honneur ou Salon Ponceau. Cette dernière appellation provenait de la couleur du velours, galonné d'or fin, dont étaient tapissés les sièges en bois doré.
  • Les boiseries à pilastres et chapiteaux doriques témoignent des travaux réalisés lors du séjour dans cette demeure, entre 1785 et 1792, du comte de La Marck. Les bas-reliefs cintrés à figures de musiciennes et d'enfants arabesques sont de Louis Pierre Fixon, dit Fixon Fils. Les travaux auraient été réalisés sous les ordres de Pierre Patte (1723-1814), architecte du quatrième duc de Charost.
  • Les fauteuils de Brion et la console proviennent de la Galerie des Tableaux.
  • Le lustre à 30 lumières et son vase de cristal est l'un des plus beaux des collections de la résidence.
  • Sur la cheminée en marbre brocatelle d'Espagne, est posée une imposante pendule représentant L'Étude arrête le Temps par Jean-Baptiste Héricourt (1765-1849). Le modèle fut conçu avant la chute de la monarchie, Héricourt en modifia le socle plus tard, le garnissant d'étoiles ornées des signes du zodiaque et le faisant supporter par de grosses pattes de lions ailées.
  • Sur la console est placée une cassolette en tôle vernie garnie à l'imitation de lapis-lazuli et anses en forme de dauphin en bronze doré porté par trois victoires. Cet objet unique peut être attribué à la manufacture de Blaise-Louis Deharme.
  • Le tapis, orné au centre des armes de la France avec les colliers des ordres de Saint Michel et du Saint Esprit est cantonné aux angles du chiffre aux double L couronnés de Louis XVIII.


Salon Pauline

Salon Pauline
  • Du temps de Pauline, cette pièce portait le nom de chambre à coucher, bien qu'aucun lit n'y soit mentionné dans l'inventaire de 1814. Les murs étaient tendus de 15/16 [1] bleu drapé en manteau ducal à colonnes et frises, brodés en or, avec draperies, franges et galons en soie et or.
  • La cheminée en marbre blanc statuaire date du temps du comte de La Marck. Ce salon servit, un moment, de salle du trône, mais le chiffre de la reine Victoria, sculpté au-dessus des portes, est postérieur à cet emploi. Son état actuel date de 1985.
  • Les sièges appartiennent à l'ameublement d'origine de l'hôtel et la console vient de l'ancienne Galerie des Tableaux.
  • Le somptueux lit à chevets égaux orné aux angles de quatre égyptiennes en cariatide et de lionnes couchées était placé dans la chambre à coucher du premier étage, ou salon bleu. Son impériale de forme ovale, en bois sculpté et doré, est surmontée de l'aigle impérial français et possédait 24 plumes d'autruche blanches en panache. Œuvre pour la menuiserie et la sculpture de l'atelier de Pierre-Gaston Brion, cette couche fut dorée par le talentueux Louis-François Chatard qui apposa son étiquette au revers d'une des traverses. Ce lit fut utilisé jusqu'en 1982, notamment par plusieurs souverains et princes britanniques, mais le premier qui le fit après Pauline, fut le triste François Ier d'Autriche, père de Marie-Louise, en avril 1814.
  • La psyché, ornée de lectrices ailées, était placée dans une pièce adjacente, aujourd'hui disparue, le Boudoir rose. L'auteur de ce meuble magnifique n'est pas connu. En fait, en raison de son emplacement original, dans le Boudoir rose, il était certainement destiné à permettre aux visiteuses de vérifier leur toilette plutôt qu'à l'usage personnel de la princesse.
  • Les feux à sphinges assises, ornés d'une épée et d'un casque, sont l'œuvre de Jean-André Wallner (actif 1780-1815).


Salle du Trône

Salle du trône
  • Cette pièce est située à l'emplacement de l'ancien Boudoir violet de Pauline qui était tendu de 15/16 violet brodé en argent , avec des sièges à dossiers gondoles en bois rechampi blanc et or, couverts de même.
  • Elle fut transformée en salle du trône sous le règne de George IV, puis redécorée par Raveaux en même temps que la salle de bal en 1862. La broderie armoriée appliquée sur la draperie placée derrière le trône serait un réemploi et daterait du XVIIIe.
  • Le trône, livré en 1842, a été exécuté à Londres par la société Francis. Les consoles et les sièges en bois doré de style Louis XV, au chiffre de la reine Victoria, ont été fournis par la société Jeanselme Père et Fils de Paris, entre 1853 et 1861. Le tapis, datant de la seconde moitié du XIXe siècle, est aux armes de la reine Victoria.
La reine Victoria à 19 ans par Georges Hayter
  • Sur le mur, un tableau très officiel de la reine Victoria, âgée de 19 ans, par Sir George Hayter (1792-1871). Elle est représentée sur un trône imaginaire, couronnée et tenant le sceptre. Il s'agit de la copie destinée à l'ambassade de Vienne d'où elle fut rapatriée en 1946, celle réalisée en 1840 pour Paris a disparu. Un moulage en plâtre du buste en marbre de la souveraine, sculpté en 1899 par Édouard Onslow Ford (1852-1901) lui fait face.
  • Au-dessous du portrait, sont disposées les pièces en vermeil, réalisées à Londres en 1825 par Joseph Angell, et destinées aux services religieux. Cette chapelle fut, suivant un usage ancien, fournie à Lord Granville par le gouvernement britannique. La cuillère (à récupérer dans le ciboire une mouche qui se serait noyée d'ivresse dans le vin de messe) suscite beaucoup l'intérêt des visiteurs.


Salle de bal

Salle de bal
Atlantes
  • Cette pièce a été construite à l'emplacement de la Galerie des Tableaux de Pauline dont les portières et les sièges étaient tendus de velours vert. Quarante fauteuils en bois doré, couverts de velours vert, et quatre consoles étaient alignés le long des murs. À éclairage zénital le jour, elle était illuminée le soir par trois lustres à trente deux lumières, réparties sur trois rangs, et par quatre girandoles à quinze lumières, à vase et socle de granit, posées sur des piédestaux en bois doré.
  • Reconstruite partiellement en 1825 par Louis Visconti à la demande de Lord Granville, elle le fut à nouveau par Raveaux en 1862, sur ordre du second comte Crowley. Dans l'intervalle, elle avait été parfois utilisée comme chapelle ; plus tard on dessina même sur son sol un terrain de jeu de badminton.
  • Avec ses colonnes à pilastres et chapiteaux composites, ses atlantes et ses encorbellements baroques, elle mêle tant de styles différents que le seul qualificatif qui lui soit applicable, comme pour l'Opéra de Paris, est celui de style Napoléon III. Les lustres datent des années 1860 et ont été fabriqués par la société Olser à Birmingham.

Galerie vitrée

Galerie vitrée
  • Cette galerie véranda vitrée en forme de fer à cheval est postérieure à Pauline. Elle est édifiée à la demande de Lady Granville sans que son mari en informe le Foreign Office qui en découvrit la facture avec stupeur. Oeuvre de l'architecte Visconti, son aspect original a disparu depuis longtemps.
  • Reliant la salle de bal à la salle à manger d'apparat et s'étendant le long de leurs ailes, elle modifia singulièrement la physionomie du rez-de-chaussée de l'hôtel. Construite en fonte et achevée en 1826, elle fut considérée comme un pur chef d'œuvre qui entretint la renommée de son auteur.
  • Son aménagement varia au fil du temps, bien qu'elle ait été traitée le plus souvent en jardin d'hiver. Aujourd'hui elle a été repensée en galerie de tableaux et de sculptures dans laquelle sont exposées des œuvres d'artistes contemporains britanniques qui font l'objet d'un renouvellement régulier.

Salle à manger d'apparat

Salle à manger d'apparat
  • Le décor original de la grande salle à manger d'apparat de Pauline a disparu. Son plafond était tendu de percale. À éclairage zénital le jour, le soir elle était illuminée par deux lustres à seize lumières à têtes de zéphyrs et par huit girandoles à figures d'égyptiennes. Elle était garnie le long des murs par seize tables servantes et comportait soixante chaises et trois fauteuils d'acajou dont les pièces subsistantes furent vendues lors de la première ambassade du comte Crowley.
  • Cette pièce a connu diverses campagnes de restauration et de transformation avant d'aboutir à son état actuel. Ses lustres, comme ceux de la salle de bal, datent des années 1860 et ont été fabriqués par la société Olser de Birmingham.
  • Pauline possédait un service en vermeil pour soixante convives, principalement réalisé par Martin-Guillaume Biennais (1764-1843) avec des compléments de Jean-Baptiste Odiot.
  • L'orfèvrerie en usage actuellement fut livrée au début de la mission de Lord Granville par P.R. Gilbert, John Moore et Robert Hennel, et complétée en 1867 par la maison Garrand & Cie.
  • Lors des dîners de gala, la table est ornée d'un surtout en bronze doré de Pierre-Philippe Thomire . Il fut peut être acquis par Lord Stuart de Rothesay mais plus probablement par Lord Granville.



Premier étage

  • Les appartements privés de l'Ambassadrice ne se visitent pas.

En photos


Bibliographie

    • Extraits de la brochure À l'ombre de Pauline par Jean Nérée Ronfort et Jean-Dominique Augarde, avec la participation de Sir Michaël Llewellyn Smith et une contribution de Gregory Maugé, (2001), remise lors des Journées du Patrimoine 2022.

    Notes et références

    Cet article a été mis en avant pour sa qualité dans la rubrique "Article de la semaine" sur l’encyclopédie Geneawiki.
    1. ou quinze-seize, qui est en fait du Gros de Tours, longtemps appelé ainsi parce qu'il mesurait 15/16 d'une aulne