Guerre d'Indochine - 1946-1954

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En France, cette guerre était généralement méconnue et souvent impopulaire. Elle grevait les finances du pays ; l'armée active s'y sacrifiait courageusement, mais silencieusement.

Histoire

L’Indochine française

Dès 1858, la France s’installe durablement en Indochine.
Napoléon III fait capturer Saigon par les forces françaises.
Cette occupation s’étend rapidement à la Cochinchine orientale (1862-1864), puis occidentale (1867) grâce à l’amiral de La Grandière. Ce dernier, en tant que gouverneur de la Cochinchine, place également en 1863 le Cambodge sous protectorat français, pour le protéger de l’expansionnisme siamois.
La prise d’Hanoï en 1873 par Francis Garnier.
Au terme ensuite d’une guerre franco-chinoise entre 1881 et 1885, la France, qui contrôle déjà la Cochinchine et le Cambodge fait passer sous son contrôle l’ensemble du Tonkin et de l’Annam.
En 1893 vient s’ajouter à l’ensemble le Laos, qui préfère là-aussi le protectorat français au joug du Siam.
En 1887, l’Union indochinoise est créée, recouvrant au total 737 000 km2, pour une population d’environ 15 millions d’habitants.
Un travail de modernisation est ainsi mis en place de manière volontariste, avec la construction de routes, ponts et voies ferrées liant les cinq provinces entre elles, le Cambodge, le Laos, la Cochinchine, le Tonkin et l’Annam (la Cochinchine, Tonkin et Annam sont trois régions qui sont aujourd’hui regroupées au sein du Viêt-nam).
L’Union Indochinoise n’a jamais été une colonie de peuplement. Il s’agissait clairement pour la France d’une colonie d’exploitation.
Dans les années 1930, les dernières rébellions sont matées et environ 40.000 colons sont installés dans la région (plus de la moitié de ces colons sont des militaires).
Le fossé social entre autochtones et européens n’a jamais réellement été comblé. L’accès aux hautes fonctions administratives était réservé aux français. La vie fastueuse de certains colons accentue parfois ce malaise.
En 1940, le Japon occupe le Tonkin, suite à un accord entre le gouvernement de Vichy et celui de Tokyo.
La Thaïlande attaque l’Indochine française pour récupérer des territoires à sa frontière qui lui ont été dérobés par la France (Siem Reap et ses fameux temples d’Angkor).
En mars 1945, l’empereur viet-namien Bao Dai est maintenu sur son trône et récupère toutes ses prérogatives dont les Français l’avaient privées. Le 11 mars, il proclame l’indépendance de son pays.
En juillet-août 1945 à la conférence de Potsdam, les grands gagnants de la guerre (Staline, Churchill et Truman) voulant mettre un terme au colonialisme français, font en sorte que le Viêt-nam soit coupé en deux, suivant l’axe du 16è parallèle: les Chinois de Tchang Kaï-Chek s’installent au nord à partir du 9 septembre 1945, tandis que les Britanniques s’installent au sud.
Les troupes française sont boutées hors de l’Indochine
De Gaulle et les Français souhaitent reconquérir leur ancienne colonie.
L’année 1946 marque donc le grand retour de la France dans la région.
La première guerre d’Indochine éclate.

La guerre d’Indochine

La guerre d’Indochine s'est déroulé pendant la période de 1946 à 1954 en Indochine française.

La France s'attache à partir de 1946 à reconquérir toute l'Indochine.
Il s'agit au départ d'une guerre de décolonisation.
Mais après 1950 elle se transforme en conflit de guerre froide.
En effet, le Viêt-minh est soutenu par l'URSS et la Chine tandis que la France est appuyée par les États-Unis.
Après la défaite de Diên Biên Phu, en mai 1954, la France signe les accords de Genève et retire ses troupes.
Le Laos, le Cambodge et le Vietnam deviennent indépendants.

Repères géographiques
  • Le Laos, protectorat en 1893 intégré à l'Union indochinoise française en 1899, autonomie dans l'Union Française en 1949 puis indépendance en 1954.
  • Le Cambodge, le roi Norodom accepte le protectorat français sur le royaume en 1863. Les deux administrations, française et cambodgienne, se partagent les pouvoirs. Le Roi Sihanouk proclame l'indépendance en 1953.
  • L'Annam, monarchie du Vietnam sous protectorat française en 1883. Indépendant en 1954 (Vietnam du Nord).
  • Tonkin, partie septentrionale du Viêt Nam. En 1883, l'empereur d'Annam cédait le Tonkin à la France sous la forme d'un protectorat reconnu par la Chine en 1884 après la guerre franco-chinoise. Indépendant en 1954 (Vietnam du Nord).
  • La Cochinchine, colonie française en 1884 après la guerre franco-chinoise. Indépendant en 1954 (Vietnam du sud).

Coût en argent

Sur 3000 milliards d'ancien francs dépensés pour la guerre d'Indochine, 2385.1 furent pris en charge par le budget français. Le surplus fût payé par les Etats Unis.
Voici le détail : [1]

1946 1947 1948 1949 1950 1951 1952 1953 1954
101 milliards 8 [2] 131 milliards 3 136 milliards 3 177 milliards 3 258 milliards 3 321 milliards 437 milliards 6 403 milliards 5 428 milliards

Transport des troupes

Les troupes destinées à l'Extrême-Orient convergeaient vers Marseille (ou Toulon) avant de s'embarquer pour l'Indochine.

  • La plupart des « anciens » d'Indochine se souviennent du « Pasteur », un paquebot transformé en transport de troupes, qui pouvait embarquer de 4 à 5 000 passagers dans un confort très rudimentaire.
  • Le « Maréchal Joffre » était également un ancien paquebot aménagé en transport militaire (environ 1 500 hommes) avec des compartiments respectifs : l'ancienne première classe réservée aux officiers, l'ancienne deuxième classe pour les sous-officiers et les cales pour la troupe.
  • Quelques noms de bateaux : « l'Ile-de-France », « le Branly », « le Félix Roussel » (un mois de traversée), « le Doris », « le Campana » (69 jours de traversée), navires civils. Des bâtiments étrangers : « l'Athos II » (allemand), « le Taost Victory » (américain), « l'Orégon » navire hôpital (45 jours de traversée), « le Skaugum » (norvégien), Le « Paolo Toscanelli » (italien), « le Cameroncia » (anglais)

Exceptionnellement, le parcours pouvait se faire en avion, en particulier pour les aviateurs avec de nombreuses escales [3] : Paris, Tunis, Le Caire, Karachi, Delhi, Calcutta, Rangoon et Saïgon.

Les Forces en Extrême-Orient

d'après "Mémoires d'Indochine", publié par l'O.N.A.C.V.G., Service départemental des Pyrénées-Atlantiques en 2009.

Origine des effectifs

Origine des effectifs Effectifs Tués Blessés Disparus
France 223.467 18.015 20.317 3.835
Marocains, Algériens, Tunisiens 122.920 8.217 11.406 -
Africains d'A.O.F. et d'A.E.F. 60.340 2.843 9.706 -
Partisans, supplétifs et réguliers indochinois France - 45.663 57.426 -

La répartition par armes

Article détaillé : Liste des régiments et bataillons ...
Les parachutistes
  • 25 bataillons de parachutistes ont servi en Indochine,
L'aviation

L'aviation a assuré 230 opérations aéroportées, le transport des unités mobiles, les livraisons et les évacuations sanitaires.

Le nombre d'appareils passe de 15 en 1945 à 480 en 1954. (22.800 aviateurs)

Les pilotes français depuis la fin de la deuxième guerre mondiale utilisent des avions de combat d'origine étrangère.

  • le Supermarine Spitfire MK-IX (appareils britanniques)
  • le De Havilland Mosquito DH-98, mais aussi une très grande majorité d'(avions américains),
  • Republic Thunderbolt P47 (avions américains)
  • Bell Kingcobra P-63 (avions américains)
  • le Douglas SBD Dauntless (avions américains)

les chasseurs bombardiers,

  • Le Grumman Bearcat F8F
  • Hellcat F6F
  • le Curtiss Helldiver SB2C
  • le Chance Vought F4U Corsair

les bombardiers,

  • le Douglas Invader B-26
  • le lourd quadrimoteur Consolidated Privateer PB4Y.
Groupement de formations d’hélicoptères de l’armée de Terre en Indochine (GFHATI).

En 1953, le secrétariat de l'Armée de Terre œuvre pour un plan d'implantation d'un groupement d'hélicoptères en Indochine.
Le 15 janvier 1954 est mis sur pied la 1re Compagnie d'Hélicoptères Lourds d'Evacuation Sanitaire (CHLES) à Ba Quéo, dans la banlieue de Saigon
Le 16 avril 1954, le FHI change de dénomination pour devenir GFHATI. Unité formant corps elle comprend l'élément de commandement et des services, le parc hélicoptères (théorique, puisque, faute de moyens, il ne dispose que d'appareils appartenant à l'Armée de l'Air).
Le 16 juin 1954, est créée à Hanoï, la 2e Compagnie d'Hélicoptères Légers d'Evacuation Sanitaire

La Marine nationale
  • La moitié des bâtiments de la Marine dont disposait la France, ses porte-avions et le tiers des personnels de la Marine ont servi en Indochine, soit 21.500 hommes.

Article détaillé : Le général LECLERC charge le capitaine de frégate JAUBERT de constituer une "Brigade fluviale" . . .
Les gendarmes, les gardes républicains
  • 14.000 gendarmes et gardes ont servi en Indochine ; 26 bataillons d'infanterie, 7 escadrilles fluviales et 62 compagnies de supplétifs au Tonkin.

Article détaillé : 14.000 gendarmes et gardes ont servi en Indochine ...
Les Troupes Coloniales
Les troupes forment une armée au même titre que l’Armée de Terre ou la Marine, passent sous l’autorité du Ministère de la Guerre.
Les « Marsouins » ou « Bigors » deviennent la Troupe coloniale, donc des « coloniaux ».
De nouvelles unités sont conçues tels les Goum ou les Spahis marocains, ou encore des régiments mixtes pour les territoires colonisés.

Article détaillé : Les régiments coloniaux contribuent à la reconquête du territoire national, principalement avec le général LECLERC . . .
La Légion Étrangère en Indochine

30 bataillons de légion, de toutes armes : infanterie, parachutistes, blindés, amphibies, génie, matériel, train. soit 72.833 légionnaires présents entre 1946 et 1954

  • En 1945, la Légion étrangère compte 16.163 hommes.
  • En 1953, elle en alignera 36.312 hommes.

Article détaillé : plus de 11.000 tués et disparus soit près de la moitié des pertes de la Légion hors métropole dans toute son histoire. . .

Les commandants en chef du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO)


Prénom(s) NOM Période Observations
Philippe LECLERC août 1945 - 19 juillet 1946 Né le 22 novembre 1902 à Belloy-Saint-Léonard dans la Somme , mort près de Colomb-Béchar en 1947
En 1952, il est promu Maréchal de France à titre posthume  
Jean-Étienne VALLUY 19 juillet 1946 - février 1948 Né à Rive-de-Gier, dans la Loire, le 15 mai 1899.
Il rentre en France en 1948 comme Inspecteur des Forces Terrestres d'Outre-Mer.
Grand-croix de la Légion d'honneur, deux fois blessé, titulaire de treize citations, le général Valluy est décoré de nombreux ordres français et étrangers
Il décède à Paris, le 4 janvier 1970, il est inhumé à Rive-de-Gier le 8 janvier.  
Général Raoul SALAN (intérim) 10 février 1948 - avril 1948 Voir ci-dessous  
Roger BLAIZOT avril 1948 - septembre 1949 Né le17 mai 1891 à Saint-Denis, décédé le 23 mars 1981 à Lyon [4]  
Marcel CARPENTIER septembre 1949 - décembre 1950 Né le 14 juillet 1895 à Preuilly-sur-Claise
Promu grand officier de la Légion d'honneur en 1947
Remplacé en décembre 1950 par le général de Lattre de Tassigny, à la suite du désastre survenu lors de l'opération d'évacuation de Cao Bang, le long de la RC4 et l'évacuation précipitée de Lang Son.
Retourne en Europe et est affecté auprès de l'OTAN en 1951. Il quitte l'Armée en 1953.  
Jean de LATTRE de TASSIGNY décembre 1950 - janvier 1952 Né le 2 février 1889, à Mouilleron-en-Pareds (Vendée), d'un père poitevin, maire de Mouilleron-en-Pareds, et d'une mère vendéenne.
Le 24 septembre 1944, le général de Gaulle lui remet la Croix de la Libération au château de Bournel (Doubs),
Il meurt le 11 janvier 1952 à Paris. Quatre jours plus tard ses obsèques nationales sont célébrées en la cathédrale Notre-Dame.
Le jour même, le général de Lattre de Tassigny est élevé à la dignité de Maréchal de France.
Il est inhumé dans son village natal de Mouilleron-en-Pareds.  
Général Raoul SALAN 9 avril 1952 - 28 mai 1953 Né le 10 juin 1899 à Roquecourbe (Tarn), mort le 3 juillet 1984 à Paris, est un général français.
À la mort du maréchal de Lattre de Tassigny le 11 janvier 1952, il devient commandant en chef en Indochine du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient.
SALAN gagne alors la bataille de Na San en décembre 1952 et quitte ce commandement le 28 mai 1953 pour rentrer en France.
Grand-croix de la Légion d'honneur
Il décède le 3 juillet 1984 à l'hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce. Il repose au cimetière de Vichy.  
Henri NAVARRE mai 1953 - juin 1954 Né le 31 juillet 1898 à Villefranche-de-Rouergue dans l'Aveyron
Il meurt à Paris le 26 septembre 1983.  
Paul ÉLY 3 juin 1954 - juin 1955 Né le 17 décembre 1897 à Thessalonique (Grèce), décède le 16 janvier 1975 à Paris,  

Les Personnels féminins

Employées aux Services d'État-major, des Transmissions, Social, de Santé ou comme réparatrices et plieuses de parachutes. 9.190 femmes ont servi en Indochine.

Article détaillé : Liste des différents services ...

Les batailles


Article détaillé : Consulter les batailles, dont la plus grande et la plus terrible : Dien Bien Phu

Pertes françaises en Indochine

Selon le commandement français en Extrême Orient

  • Armée de terre : 57958 tués ou disparus ou non rentrés de captivité pour l'armée de terre [5]
  • Marine : 1126
  • Armée de l'air : 650

Selon l'Association Nationale des Anciens et Amis de l'Indochine et du Souvenir Indochinois

De 1945 à 1954, près de 100.000 soldats de l'Union française sont tombés en Indochine. Plus de 76.000 ont été blessés.
40.000 ont été fait prisonniers. Parmi eux, 30.000 ne sont jamais revenus.
Parachutistes, légionnaires, coloniaux, tirailleurs, métropolitains, gendarmes, marins, aviateurs, médecins et infirmières ; ils venaient de France, d'Europe, d'Afrique du Nord ou d'Afrique noire.
Leurs frères d'armes vietnamiens se battaient pour leur terre, pour leur liberté, par fidélité.
Ils étaient jeunes. Ils sont morts au détour d'une piste, dans la boue d'une rizière, dans un camp de prisonniers.

Voici celles recensées au Mémorial d'Indochine à Fréjus.

Militaires Civils
Corps dans les alvéoles [6] 17 253 Civils identifiés 3 152
Corps de soldats non identifiés 3 515 Civils non identifiés 25
Total des corps militaires 20 405 Total des civils 3 540

Selon les statistiques officielles

Au 1er Juin 1954, les pertes du corps expéditionnaire durant toute la guerre d'Indochine s'élevaient, selon les statistiques officielles, à 92000 tués, morts de maladie ou disparus [7]
Les pertes se répartissent ainsi :
  • 19.000 français métropolitains
  • 43.000 Autochtones
  • 30.000 Légionnaires (français et étrangers), africains et nord africains.
  • 14.4000 blessés et rapatriés
  • 28.000 prisonniers

Les prisonniers

Deux documents sur le nombre des prisonniers de guerre du Corps Expéditionnaire Français en Extrême Orient dans les camps Viêt-Minh de 1945 à 1954.

Article détaillé : A découvrir …

Le plaisir du soldat en Indochine

Les combattants trouvèrent l’assouvissement de leur libido auprès des prostituées régulières, des prostituées clandestines, des pensionnaires des Bordel militaire de campagne (BMC [8]) et auprès des congay.
La première conséquence, la plus importante, mais pas la seule, fut naturellement les maladies vénériennes – « le fléau no 1 des Troupes Françaises en Extrême Orient », écrit un rapport. [9]
Au total, furent constatés 288.036 cas dont 207.887 en Indochine même (syphilis, blennorragies, lymphogranulomatoses et chancres mous), et cela sans compter des affections comme les mycoses et autres irritations

Hommage aux Morts pour la France en Indochine


Article détaillé : Message du Ministre délégué aux Anciens Combattants

Les Français rapatriés d'Indochine

Après les accords de Genève sur le Vietnam signés en juillet 1954, lorsqu'une grande partie des ressortissants Français d'Indochine durent rentrer en France.

Article détaillé : Le retour en France ...

Mémoriaux, cimetières militaires et nécropoles

  • Le temple du souvenir Indochinois
  • Monument à la mémoire des Cambodgiens et Laotiens
  • Monument à la mémoire des Viêtnamiens catholiques
  • Les monuments du Souvenir Indochinois en région

Bibliographie

Voir aussi (sur Geneawiki)

Notes et références

  1. HISTORIA hors série 1945-1965 vingt ans d'histoire de france n°2/3
  2. Il s'agit d'anciens francs.
  3. le trajet Paris-Saïgon s'effectuait en 1947, entre 46 heures et 52 heures
  4. http://www.generals.dk/general/Blaizot/Roger-Charles-André-Henri/France.html
  5. extraits de "Enseignements de la guerre d'Indochine", édité par le commandement français en Extrême Orient.
  6. Les corps dans les alvéoles sont ceux qui ont été identifiés.
  7. HISTORIA hors série 1945-1965 vingt ans d'histoire de france n°2/3
  8. contrôlés par l'armée, les pensionnaires étaient soumises à deux visites médicales hebdomadaires.
  9. Rapport annuel du Service de santé.