Espace muséographique « Victor Schoelcher, son oeuvre »

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Cet espace muséographique situé à Fessenheim est consacré au parcours de Victor Schœlcher qui a œuvré inlassablement pour l'abolition de l'esclavage.
La commune est d'ailleurs jumelée avec celle de Schœlcher en Martinique, qui s'appelait Case-Navire jusqu'en 1889.


Espace "Victor Schœlcher, son œuvre"
Photo B.ohland

Situation

L'espace « Victor Schœlcher, son œuvre » se trouve le long de la route principale traversant Fessenheim, non loin de la mairie et de l'église. Créé en 2015 par la municipalité avec une muséographie et des coordinateurs scientifiques, il est installé dans la plus ancienne maison du village (XVIe siècle), une maison à « Kniestoch », combinant rez-de-chaussée et étage servant de grenier.

Présentation de l'espace muséographique

L'espace Victor Schœlcher se décompose en trois parties :

Le portique d'accueil

Schéma des 5 sites du Grand Est

A l'aide de divers documents (photos, cartes, schémas), appuyés de citations de personnages engagés, il replace l'abolition de l'esclavage dans son contexte.
Avec la maison de la négritude à Champagney, la maison de l'Abbé Grégoire à Emberménil, le fort de Joux à Pontarlier et la maison Anne-Marie Javouhey à Chamblanc-Seurre-Jallanges, Fessenheim est un des cinq sites du Grand Est situés sur « La route des abolitions de l'esclavage et des Droits de l'Homme », initiative française lancée en 2004, lors de l'année de commémoration internationale de l'esclavage, en lien avec le projet mondial « La Route de l'Esclave » porté par l'O.N.U. et l'Unesco en 1994.

Une cour ouverte

Ensemble des totems

Une grande carte du Monde retrace les différents voyages de Victor Schœlcher : Louisiane, Mexique, Cuba, Haïti, Guadeloupe, Martinique, Guyane, Sénégal, Gambie, Égypte, et d'autres pays sur le continent européen...
Sur un petit espace de verdure, des totems représentent chaque pays visité avec la date correspondante et des explications, par exemple : Cuba, en 1829, où il assiste à une vente d'esclaves.
Un des totems témoigne de l'exil de Victor Schoelcher au Royaume-Uni avec certains de ses compatriotes dont Victor Hugo, exil qui faisait suite au coup d'État de Louis Napoléon.

L'espace intérieur

Il dévoile une présentation audio-visuelle du parcours de Victor Schœlcher, des tablettes tactiles et des animations, des œuvres originales telles que des extraits de ses diverses correspondances, quelques uns de ses livres, le décret d'application de l'abolition ou la notification de transfert de l'homme illustre au Panthéon, divers objets tels que des chaînes d'esclaves, un ensemble d'articles rédigés sous la forme de journaux du XIXe siècle et traitant des autres combats de l'abolitionniste.
On y trouve aussi un buste de Victor Schœlcher, surmonté de sa signature, et un arbre généalogique.
Par ailleurs, dans des vitrines sont exposées des porcelaines réalisés par son père Marc Schoelcher, natif de Fessenheim.

Brève généalogie des Schelcher et Schœlcher

Arbre généalogique, lignée descendante

Voici la lignée descendante des Schelcher et Schœlcher, de père en fils.
1) Jean SCHELCHER : Né à Grissheim (Allemagne). Décédé le 12 juin 1713 à Fessenheim. Marié en 1670 à Agnès SIGRIST (née à Eschbach, Allemagne, décédée ici le 13/11/1711), dont huit enfants.
2) Jean-Baptiste SCHELCHER : Né le 10 juin 1695. Décédé à Fessenheim le 1er septembre 1767. Marié le 30 mai 1718 à Clara-Anna BADER (née le 22/10/1695, décédée ici le 28/01/1760), dont douze enfants.
3) Jean-Baptiste SCHELCHER : Né le 10 décembre 1736. Décédé à Fessenheim le 21 mai 1822. Marié le 1er janvier 1759 à Rumersheim-le-Haut avec Jeanne HOFFMANN (née en 1738 à Rumersheim, décédée ici le 24/10/1800), dont huit enfants.
4) Marc SCHELCHER: Né à Fessenheim le 26 avril 1766. fabricant de porcelaines. « Il changea l'orthographe de son nom - de "SCHELCHER" en "SCHŒLCHER" - » au moment où il installa sa manufacture dans la capitale[1]. Décédé à Paris le 14 octobre 1832. Marié en secondes noces à Paris le 20 juin 1796 avec Victoire JACOB (lingère, née à Meaux le 11/05/1767, décédée à Paris le 9/01/1839), dont trois enfants :

-5.1) Marc Antoine SCHŒLCHER : Né le 3/04/1797, officier du Génie, marié à Sophie Eugénie DANNAUX (née à Lille le 25/10/1806, décédée à Valenciennes le 5/03/1855), dont trois enfants.
-5.2) Victor SCHŒLCHER : Né à Paris le 22 juillet 1804. Décédé à Houilles le 25 décembre 1893. Sans descendance.
-5.3) Jules Gilbert SCHŒLCHER : Né le 4/04/1806. Parti à l'île de La réunion. Décédé à l'île Bourbon le 24/03/1833. Sans descendance.

Biographie sommaire

Portrait du jeune voyageur
  • 22 juillet 1804 : naissance à Paris, 60 rue du faubourg Saint-Denis
  • Années 1814 et plus : études au collège Royal Louis-le-Grand
  • janvier 1828 : voyage en Amérique : Mexico et Cuba
  • milieu 1829 : retour en France et premier article avec proposition d'émancipation progressive
  • 1832 : Mort de son père, héritage de la manufacture de porcelaines
  • mai 1840 : voyage aux Caraïbes (saint-Pierre en Martinique), en Afrique
  • juin 1841 : retour à Paris, autres articles et publications
  • novembre 1844 : en Égypte
  • septembre 1847 : au Sénégal
  • 27 avril 1848 : signature du Décret sur l'abolition de l'esclavage. Victor devient sous-secrétaire d'État aux colonies
  • décembre 1851 : participation aux barricades et fuite en Angleterre où il reste dix-huit ans et continue ses voyages
  • 4 août 1870 : retour en France
  • 1871 : élu député de la Martinique
  • 1876 : élu sénateur, poursuit son action dans les colonies, propose une loi pour l'abolition de la peine de mort
  • 25 décembre 1893 : décès à Houilles où il s'est retiré
  • 5 janvier 1894, inhumation au cimetière du Père Lachaise
  • 20 mai 1949 : transfert de ses cendres au Panthéon, où François Mitterrand déposera une rose rouge en 1981.

Victor Schœlcher, son œuvre

Derrière une apparence réservée, la personnalité de Victor Schœlcher révèle de multiples facettes :
« Homme de sciences, d'art, journaliste, explorateur, musicologue et musicographe avant d'entamer une carrière politique, ce dandy passionné fut un précurseur fervent des luttes sociales »[2].

Un républicain convaincu

Dès son adolescence et ses études d'art et de lettres, Victor est épris de Liberté et de justice sociale. Il rejoint « La Compagnie franche des écoles, une société secrète franc-maçonne »[3]. En décembre 1851, au moment du coup d'État de Louis Napoléon, il dresse des barricades et devient le secrétaire général du comité de résistance présidé par Victor HUGO. En 1870, lors de la Commune, il se bat activement pour déloger les Prussiens et devient en septembre vice-président de la commission des barricades.

Un esthète raffiné

À Paris, Victor fréquentait les milieux de la bourgeoisie et les salons. Il côtoyait, entre autres, Georges Sand, Frédéric Chopin, Eugène Sue ou Hector Berlioz. Avec son ami Ernest Legouvé, « ils organisaient des soirées littéraires et musicales, des mardis de lecture »[4]. Et après le décès de son père, la magasin se transforma en lieu de rencontre, pour discuter actualités, peinture ou musique et « ébaucher ça et là quelque petit plan de conspiration républicain »[4].

Un voyageur infatigable

Son premier voyage en Amérique où il assista à Cuba à la vente d'une esclave fut l'élément déclencheur de son combat et son destin. Les autres voyages furent très nombreux. À chaque fois, il observait et notait minutieusement ses constats et impressions. Toutes ses notes se transformaient en « études sur les pays et les sociétés qu'il venait de visiter »[5] et faisaient l'objet d'une ou plusieurs publications.

Un abolitionniste déterminé

Première page du décret d'abolition

De retour de Cuba, dans un article intitulé Des Noirs (publié en 1830), Victor énonce déjà des propositions : « il parle d'émancipation progressive des esclaves »[6].
Il est un membre actif de la société française pour l'abolition de l'esclavage créée en 1834, dans laquelle militent aussi Alphonse de Lamartine, La Fayette, Ledru-Rollin.
Après chaque expérience coloniale, ses exemples et ses arguments prennent davantage de poids. D'abord convaincu par une abolition progressive, il milite ensuite pour une abolition immédiate.
Le 25 février 1848, il est convoqué par Arago, Ministre de la Marine et des Colonies, qui souhaite ajourner l'émancipation. Mais Victor Schœlcher parvient à le convaincre en utilisant l'argument suivant : « Si on n'agit pas tout de suite, ce sera la révolution dans les colonies. la violence et le sang. Et votre gouvernement pourrait ne pas s'en relever »[7]. Arago finit par approuver et le décret est écrit sur le champ. Il sera signé le 27 avril 1848. Victor est nommé sous-secrétaire d'État chargé des colonies, et président de la commission chargée de préparer l'émancipation.

Un défenseur des opprimés

Le combat de Victor est multiple. il bataille aussi pour les droits des femmes, dirige une commission, remet une pétition, adhère à un projet de Ligue pour leurs droits. Selon lui : « Revendiquer les droits civils de la femme, c'est faire oœuvre d'équité, travailler au bien de la société tout entière »[8]. Il s'intéresse aussi aux enfants abandonnés, propose une loi sur la recherche en paternité, étudie les dispositifs d'hospitalité et cherche à les améliorer. Il devient aussi « président de la Société nationale des amis de l'enfance, ligue pour la propagation de l'allaitement maternel »[8].

Un homme politique engagé

Victor Schœlcher participe à toutes les séances du Sénat et multiplie les propositions de lois : la protection des enfants employés comme travailleurs, l'instruction obligatoire, la gratuité de l'école. Il propose « la proclamation d'une amnistie pour les condamnés politiques »[9]. Enfin à trois reprises au moins (1851, 1872 et 1875 quand il est élu sénateur inamovible) il propose une loi d'abolition de la peine de mort.

Un écrivain prolifique

Les publications de Victor Schœlcher atteignent un nombre considérable, que ce soient des articles, des lettres, des critiques d'art, des livres ou des règlementations. Lors de son exil en Angleterre, il entretient une correspondance assidue avec Victor Hugo, installé sur l'île de Jersey, et avec son ami parisien Legouvé. Et il continue d'étudier et de rédiger des ouvrages, même en anglais.

Un collectionneur philanthrope

Tout au long de sa vie, Victor a collectionné des livres, des gravures, des œuvres d'art, et toutes sortes d'objets ramenés de ses voyages. Il en a fait don de son vivant à divers établissements français : musées de céramique, Conservatoire de Musique, École des Beaux-Arts, musée ethnographique du Trocadéro, Bibliothèque nationale. Mais surtout, il fait don de sa bibliothèque à la Martinique, et il offre à la Guadeloupe sa collection de sculptures : « bronzes, plâtres, cires, porcelaines, ce qui fera pour elle un musée »[10].

Des hommages posthumes

Après ses obsèques, Victor Schœlcher est un peu oublié. Cependant, en 1913, la Guadeloupe proclame le 22 juillet (jour de la saint-Victor) jour de fête nationale. Une statue est dressée en Guyane. Un monument érigé à Saint-Pierre en Martinique, un autre à Houilles. En avril 1948 a lieu la première cérémonie officielle du centenaire de la révolution de 1848, présidée par Vincent Auriol, où de remarquables éloges sont prononcés. Aimé Césaire écrit la même année : « Schœlcher dépasse l'abolitionnisme et rejoint la lignée de l'homme révolutionnaire : celui qui se situe dans le réel et oriente l'Histoire vers sa fin  »[11].

Quelques éléments du musée

Informations pratiques

Victor Schœlcher, son œuvre
21, rue de la Libéation - 68740 Fessenheim
Tel : 03 89 48 61 02 - Contact

Bibliographie

  • Nelly SCHMIDT, Victor Schœlcher, 27 avril 1848, Abolition de l'Esclavage, La Flèche, Éditions Fayard, 1998, ISBN 2-213-03058-8
  • Gérard DHOTEL, Victor Schœlcher, non à l'esclavage, Arles, Actes Sud Junior, 2008 - 2015, 96 pages, ISBN 978-2-330-03921-9
  • Multi-auteurs, Annuaire de la Société d'Histoire de la Hardt et du Ried, n° 11, 1998, Riquewihr, 1998, 174 pages, ISSN 0990-6894

Voir aussi

Liens utiles

Notes et références

  1. Page 273, in Nelly SCHMIDT, Victor Schœlcher, 27 avril 1848, Abolition de l'Esclavage, La Flèche, Éditions Fayard, 1998, ISBN 2-213-03058-8
  2. Page 111 dans l'article de Robert Schelcher intitulé "Victor Schœlcher, un homme qui dérange", pages 111 à 139, in Multi-auteurs, Annuaire de la Société d'Histoire de la Hardt et du Ried, n° 11, 1998, Riquewihr, 1998, 174 pages, ISSN 0990-6894
  3. Page 8, in Gérard DHOTEL, Victor Schœlcher, non à l'esclavage, Arles, Actes Sud Junior, 2008 - 2015, 96 pages, ISBN 978-2-330-03921-9
  4. 4,0 et 4,1 Page 17, in Nelly SCHMIDT, Victor Schœlcher, 27 avril 1848, Abolition de l'Esclavage, La Flèche, Éditions Fayard, 1998, ISBN 2-213-03058-8
  5. Page 23, in Nelly SCHMIDT, Victor Schœlcher, 27 avril 1848, Abolition de l'Esclavage, La Flèche, Éditions Fayard, 1998, ISBN 2-213-03058-8
  6. Page 16, in Gérard DHOTEL, Victor Schœlcher, non à l'esclavage, Arles, Actes Sud Junior, 2008 - 2015, 96 pages, ISBN 978-2-330-03921-9
  7. Page 41, in Gérard DHOTEL, Victor Schœlcher, non à l'esclavage, Arles, Actes Sud Junior, 2008 - 2015, 96 pages, ISBN 978-2-330-03921-9
  8. 8,0 et 8,1 Page 201, in Nelly SCHMIDT, Victor Schœlcher, 27 avril 1848, Abolition de l'Esclavage, La Flèche, Éditions Fayard, 1998, ISBN 2-213-03058-8
  9. Page 127 dans l'article de Robert Schelcher intitulé "Victor Schœlcher, un homme qui dérange", pages 111 à 139, in Multi-auteurs, Annuaire de la Société d'Histoire de la Hardt et du Ried, n° 11, 1998, Riquewihr, 1998, 174 pages, ISSN 0990-6894
  10. Page 367, in Nelly SCHMIDT, Victor Schœlcher, 27 avril 1848, Abolition de l'Esclavage, La Flèche, Éditions Fayard, 1998, ISBN 2-213-03058-8
  11. Page 256, in Nelly SCHMIDT, Victor Schœlcher, 27 avril 1848, Abolition de l'Esclavage, La Flèche, Éditions Fayard, 1998, ISBN 2-213-03058-8


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