Dynastie des Habsbourg

De Geneawiki
Aller à la navigation Aller à la recherche
« Ein Reich in dem die Sonne nie untergeht »
soit : Un Empire sur lequel le soleil ne se couche jamais

Telle est la phrase que l'on découvre à Habsburg, en Argovie, devant le château ancestral des Habsbourg, phrase entourant un panorama circulaire tracé au sol, avec en son centre une représentation du château.

En effet, durant presque sept siècles, les Habsbourg ont tenu une place dominante au cœur de l'Europe centrale, mais aussi en Espagne, Belgique ou Italie, aux Pays-Bas ou au Mexique. Les différents membres de leur dynastie ont étendu leurs possessions et leur puissance grâce à des batailles, des alliances, des arrangements matrimoniaux, sachant garder une cohésion entre eux dans l'intérêt commun de leurs différentes Maisons.
Parmi leur descendance, nombreux ont été les titres de comtes, ducs ou archiducs, et les couronnes de roi ou d'empereur, notamment du Saint-Empire romain germanique...

Remarque : cet article vise à donner un aperçu global de l'étendue de cette famille tentaculaire et de sa puissance. Mais certaines branches dérivées ne sont pas développées ou abordées. De même, tous les membres de cette dynastie ne sont pas mentionnés, l'article mettant plutôt en valeur les personnages ayant joué un rôle marquant dans l'Histoire.

Château de Habsburg (Suisse) : armoiries des comtes de Habsbourg-Laufenbourg : « D'or au lion de gueules »
Photo B.ohland

Aux Origines des Habsbourg

Château de Habsburg : représentation du château ancestral au Moyen Âge Photo B.ohland

Radbot

Tout commence à l'aube du XIe siècle, en Argovie, région au nord le la Suisse actuelle, entre Alémanie et royaume de Bourgogne.
L'Argovie faisait partie du Saint-Empire romain germanique, « fondé par Otton Ier en 962 »[1], de même que le duché de Souabe[2], en Francie orientale, géré par la Maison des Ducs d'Alsace.
Parmi les descendants de ces ducs figurent les comtes du Nordgau et du Sundgau[3], dont Guntram le Riche (✞ après 952) et son fils Lanzelin (✞ vers 991). Le comte Lanzelin épouse Kunigund et ils ont au moins trois fils : Radbot, Rudolf et Werner, qui vont se partager leurs possessions, pour la plupart des alleux[4].
- Le comte Rudolf (ou Rodolphe d'Altenburg) est connu en Haute-Alsace pour avoir fondé l'abbaye d'Ottmarsheim, que le pape Léon IX lui confie lors de sa consécration. Mais il aurait aussi construit le château de Butenheim « à une lieue plus au Sud »[5], dont il subsiste des vestiges sur le ban communal de Petit-Landau.
- Werner est aussi célèbre puisqu'il devient évêque de Strasbourg de 1001 à 1028.
- Mais c'est Radbot qui va asseoir les bases de la dynastie. Il fonde un prieuré cistercien en Argovie : l'abbaye de Muri. Et il construit en 1020 ou en 1030, également sur ses terres argoviennes, le château "Havichsberch", ou "château des Habichtsburg", signifiant « château des autours »[6] ou « de l'Epervier »[7].
En quelques années, le toponyme "Habichtsburg" va se transformer en "Habsburg" (francisé en Habsbourg)...

Château de Habsburg : descendance de Guntram le Riche



Otto ou Othon

  • En fait deux générations suffiront pour que Otto, petit-fils de Radbot, « se fasse appeler dans les actes comte de Habsburg »[8]. Nous sommes alors au début du XIIe siècle.
En 1125, Otto devient landgrave[9] de Haute-Alsace, alors que ce landgraviat[10] était aux mains des comtes d'Eguisheim. Il obtient aussi l'avouerie[11] de Murbach.
  • Les comtes suivants sont au nombre de trois. Le fils d'Otto, Werner (✞ en 1167), et le petit-fils d'Otto, Albrecht (✞ en 1199) « choisissent de se mettre au service des Hohenstaufen »[6]. Le fils d'Albrecht, Rudolf der Alte, Rodolphe l'Ancien (✞ en 1232) se rallie à l'empereur Frédéric II.
Puis les deux fils de Rodolphe l'Ancien se partagent l'héritage, ce qui crée deux branches dynastiques :
- L'ainé, Albrecht der Weise, Albert IV le Sage (✞ en 1239), hérite de l'Alsace et l'Argovie et donne naissance à la branche Habsbourg-Habsbourg.
- Le cadet, Rodolphe III, dit le Taciturne (✞ en 1249), donne naissance à la branche cadette Habsbourg-Laufenbourg, qui s'éteindra en 1415 (et ne sera pas traitée ici).
  • Albert IV le Sage et son épouse Edwige de Kybourg ont un fils, Rodolphe IV, appelé à devenir célèbre ...


Rodolphe Ier de Habsbourg (Roi de 1273 à 1291)

Quand l'empereur germanique Frédéric II[12] meurt en 1250 commence une période de déclin. Les deux nouveaux élus n'arrivent pas à faire face à la situation. Des crises ou des guerres entraînent « la décadence de l'Empire, [...], l'affaiblissement de l'Église »[13]. Cette période, appelée "Grand Interrègne" se termine en 1273 avec l'élection d'un comte de Habsbourg...

De comte à empereur

Effigie et armes de l'empereur,
monument Rodolphe Ier, Ensisheim
Photo B.ohland
  • À la demande du pape Grégoire X, les électeurs se rassemblent à Francfort-sur-le-Main pour choisir une personne capable de ramener la paix et la prospérité, personnalité ni trop puissante, ni trop jeune ou inexpérimentée. Leur choix se porte alors sur le comte Rodolphe IV de Habsbourg, né vers 1216 et donc cinquantenaire.
  • Le 24 octobre 1273, à Aix-le-Chapelle, Rodolphe est élu Roi des Romains. Par la suite, il n'ira pas jusqu'à Rome se faire remettre la couronne impériale. En conséquence, Rodolphe Ier « ne fut jamais officiellement "empereur" bien que tous l'aient considéré comme tel »[6].
Château de Habsburg : carte des possessions en 1265
  • Durant son règne, Rodolphe cherche à remettre de l'ordre dans le Saint-Empire et, parallèlement, à raviver la prestance impériale. En conflit avec Ottokar II, roi de Bohème, il en sort vainqueur en 1278 et s'approprie une partie de l'Autriche. Il laisse toutefois la Bohème, en tant que « fief d'Empire » à Venceslas, le fils d'Ottokar II, avec qui la bonne entente sera consolidée un peu plus tard grâce à deux mariages "diplomatiques"[14].
  • En 1280, Rodolphe met en place dans la forteresse de Haguenau un « bailli impérial »[15] qui va gérer aux mieux les biens et intérêts de l'Empire. Par contre, vers 1290, il rencontre des difficultés avec les Suisses, plutôt mécontents de l'ingérence dans leurs affaires des baillis de l'Empire.
  • Rodolphe Ier s'installe à Vienne mais cherche un lieu médian entre la capitale autrichienne et ses domaines en Argovie pour y construire un autre château : ce sera Ensisheim qui « devient place forte militaire des Habsbourg »[16].
  • Parmi les neuf enfants légitimes de son premier mariage, Rodolphe a trois fils, dont deux vont laisser une trace dans l'Histoire :
- Albert, (l'aîné), qui va un peu plus tard suivre les pas de son père...
- Rodolphe II, duc d'Autriche et de Styrie[17], qui renonce à ses droits pour laisser la place à son frère, meurt en 1290, et dont le fils Jean va faire dévier le cours des évènements...
  • Rodolphe Ier meurt à Vienne le 15 juillet 1291, et est inhumé en la cathédrale de Spire.


Albert Ier de Habsbourg (Empereur de 1298 à 1308)

  • Albert n'est pas élu empereur tout de suite, les électeurs lui préférant Adolphe de Nassau.
Mais Albert tient à préserver les nombreuses possessions des Habsbourg. Cela entraîne des conflits, aussi bien avec les tout nouveaux « confédérés suisses »[18], en Argovie, qu'en Autriche elle-même, avec le siège de la ville impériale. Les choses s'arrangent avec un traité de paix, signé en août 1291, consolidé une fois de plus par un mariage "arrangeant".
  • Sept ans plus tard, Adolphe de Nassau est déchu en raison de sa politique. Et le 13 juin 1298, à Mayence, Albert est élu empereur du Saint-Empire.
Une semaine plus tard, Albert engage une bataille contre son rival. Adolphe de Nassau y trouve la mort. Désormais la voie est libre pour Albert.
  • Durant son règne, Albert Ier s'attache à deux priorités : continuer à restaurer l'autorité impériale en adoptant la même politique que son père, et consolider les territoires à l'est de l'Empire.
L'enjeu principal est la Bohème, car Albert redoute les ambitions du roi Venceslas qui cherche à s'attribuer la Pologne et la Hongrie. À deux reprises, Albert envahit le pays. Après 1306, il finit par « faire reconnaître son fils Rodolphe comme roi de Bohème »[18]. Il s'agit là de Rodolphe III, dit le Débonnaire, qui meurt en 1307.
  • Et le 1er mai 1308, l'empereur Albert Ier est assassiné par Jean, le fils de son frère Rodolphe II, qui sera surnommé "Jean le Parricide".

Succession d'Albert Ier

Frédéric le Beau (Roi de Germanie)

À la mort d'Albert Ier, les électeurs ne donnent pas la priorité aux Habsbourg, mais à Henri de la Maison de Luxembourg qui devient l'empereur Henri VII de Luxembourg.
Les deux fils d'Abert Ier, Frédéric le Beau (ou Frédéric le Bel) et Léopold Ier d'Autriche gouvernent ensemble le territoire familial. En 1313, la mort de l'empereur relance l'espoir chez Frédéric, mais le résultat du vote n'étant pas unanime, ce sont les armes qui vont devoir parler. De nombreuses batailles ont lieu entre Frédéric et son rival Louis de Bavière. En même temps le conflit latent avec les Confédérés suisses se transforme en guérilla. Les Habsbourg sont défaits lors d'une bataille en 1315 et Louis de Bavière devient empereur sous le titre de Louis IV du Saint-Empire.
Quand Léopold décède en 1326, Frédéric, affaibli, se consacre uniquement à l'Autriche ; il décède à Vienne en 1330.

Première représentation connue du collège des Princes électeurs du Saint-Empire, en 1340. (Reproduction au château de Habsburg) Photo B.ohland

Albert II d'Autriche

Il restait encore deux autres cohéritiers d'Albert Ier, les deux plus jeunes frères : Albert II et Othon d'Autriche.
Ils décident de s'unir pour gérer aux mieux les possessions patrimoniales. Ils reconnaissent Louis IV comme empereur et renoncent officiellement à briguer le trône. À la mort de son frère en 1339, Albert II, surnommé Albert le Sage, reste seul devant la tâche. Il s'efforce de préserver la paix et, en 1346, se rallie au nouvel empereur Charles IV du Saint-Empire.
Ayant quatre fils, Albert II prépare sa future succession. Il décède en 1358.

Rodolphe IV le Fondateur

Des quatre fils d'Albert II, trois sont encore mineurs. C'est l'aîné, Rodolphe IV, dit le Fondateur, qui prend les rênes.
Il vise à accroître la puissance habsbourgeoise et cherche à donner un statut particulier à l'Autriche en créant le « Privilegium majus »[19][20]qui jette les bases du statut d'archiduc et du domaine indivisible, le « dominium Austriae »[19], ou Maison d'Autriche. Rodolphe IV prône aussi la bonne entente entre les maisons d'Autriche et de Luxembourg, but pas trop difficile pour lui qui est le gendre de l'empereur Charles IV. D'ailleurs, en 1364, l'empereur lui inféode le Tyrol.
Quand Rodolphe IV meurt en novembre 1364 ou 1365, le bilan est positif pour l'Autriche et Vienne ; et les Habsbourg occupent maintenant « une position dominante à la tête du Saint-Empire »[21].

Séparation en deux puis trois branches

Dans ses dispositions testamentaires, Rodolphe IV souhaitait que ses deux jeunes frères, Albert III, duc d'Autriche, dit à la Tresse et Léopold III de Habsbourg, œuvrent en condominium. C'est le cas au début car ils s'entendent bien.
Mais peu à peu la discorde s'installe, et « le traité de Kloster-Neuberg du 25 septembre 1379 »[21] définit le partage du patrimoine et crée deux branches distinctes :

La branche albertine pour l'Autriche et les successeurs d'Albert III

- Albert IV, duc d'Autriche de 1395 à 1404.
- Albert V, duc d'Autriche de 1404 à 1439, roi de Bohème et roi de Hongrie, roi des Romains de mai 1438 à 1439 sous le nom d'Albert II.
- Ladislas le Posthume, duc d'Autriche de 1440 à 1457, roi Ladislav Ier de Bohème et roi de Hongrie.
Cette branche s'éteint en 1457 et les territoires remis entre les mains de Frédéric V.

La branche léopoldine pour la Styrie et les successeurs de Léopold III

- Guillaume d'Autriche dit l'Ambitieux, régent de 1386 à 1406.
- Léopold IV de Habsbourg, régent et duc de 1386 à 1411.
Et une nouvelle division voit le jour :

  • La sous-branche tyrolienne, avec :
- Frédéric IV d'Autriche dit à la bourse vide, duc d'Autriche et comte du Tyrol de 1406 à 1439.
- Sigismond d'Autriche, régent du Tyrol de 1439 à 1490, date à laquelle cette branche s'éteint.
  • La sous-branche styrienne, avec :
- Ernest Ier d'Autriche, archiduc de 1406 à 1424.
- Frédéric V de Habsbourg, archiduc de 1424 à 1493 : il récupère toutes les possessions, et va gravir les échelons jusqu'à devenir empereur Frédéric III.

Des Habsbourg sur le trône pendant trois siècles

Couronne du Saint-Empire germanique
Photo C. Angsthelm

Frédéric III ouvre la voie à une dynastie sans précédent. En effet, de 1440 à 1740, ce sont douze membres issus de la famille des Habsbourg qui, sans interruption, vont porter la couronne impériale. À commencer par Frédéric III jusqu'à la mort de Charles VI en 1740, et en passant par Charles Quint de 1519 à 1558, la transmission des possessions et du titre suprême va se faire le plus souvent de père en fils, mais parfois entre cousins, ou d'oncle à neveu.

Article détaillé : Succession impériale des Habsbourg de 1440 à 1740

Mais le dernier empereur de la Maison de Habsbourg, Charles VI, n'a pas de descendant masculin. C'est sa fille Marie-Thérèse qui hérite du patrimoine habsbourgeois et du trône d'Autriche. Son époux, François-Étienne duc de Lorraine et de Barr, deviendra empereur du Saint-Empire en 1745. Leur couple, uni, va donner naissance à seize enfants et fonder la « Maison impériale et royale de Habsbourg-Lorraine ».

Maison de Habsbourg-Lorraine

Nous sommes en pleine guerre de Succession d'Autriche, conflit à grande échelle. Et le collège électoral ne souhaite pas élire le duc de Lorraine François-Étienne. Il choisit Albert de Bavière qui devient empereur sous le nom de Charles VII.
Fait nouveau depuis trois siècles : la couronne échappe aux Habsbourg. Mais Charles VII décède en 1745.

Quatre empereurs du Saint-Empire

François Ier (°1708-✞1765), empereur de 1745 à 1765

Suite au décès de Charles VII, et compte-tenu du travail accompli par son épouse Marie-Thérèse, François-Étienne est élu empereur sous le nom François Ier. Il est considéré comme tel pour le reste de l'Europe, mais c'est un empereur "de façade", qui, en Autriche, est vu comme le « prince consort »[22]. Certes, il éduque ses enfants, et gère l'économie et les finances, mais la politique et la diplomatie sont l'œuvre de l'archiduchesse, qui d'ailleurs s'en tire très bien compte-tenu du contexte difficile, grâce à un « subtil dosage »[23] d'attentions et de gestes symboliques, de petites concessions ou de quelques privilèges. Sous son règne, des réformes voient le jour et l'Autriche connait un renouveau intellectuel.

Joseph II, empereur du Saint-Empire

Joseph II (°1741-✞1790), empereur de 1765 à 1790

Premier fils du couple, il est d'abord corégent avec sa mère, et celle-ci, méfiante, se réserve la politique extérieure. Ambitieux et voulant gouverner selon les nouvelles idéologies, il est surnommé "despote éclairé". À la mort de Marie-Thérèse en 1780, il accélère les réformes qu'elle a introduites et souhaite la centralisation de la monarchie, réformes pas très bien acceptées par ses sujets.

Léopold II (°1747-✞1792), empereur de 1790 à 1792

Frère de Joseph, il est en désaccord avec sa politique trop osée ou trop rapide. Ayant déjà une grande expérience politique et diplomatique en tant que duc de Toscane, il essaye alors de tempérer les choses en ajustant les réformes. Il parvient à gérer au mieux les premiers effets de la Révolution française. Son règne est qualifié de "pacificateur" et lorsqu'il meurt au bout de deux années seulement, il est vivement regretté.

François II (°1768-✞1835), empereur de 1792 à 1806

Fils de Léopold II, François se trouve tout de suite au cœur de la guerre contre la France (qui va durer 23 ans). Son ardeur redouble lors de l'exécution de Louis XVI et Marie-Antoinette (qui est sa tante). Il est sur tous les fronts, mais est souvent perdant, et finit par se retrouver seul. Il négocie à plusieurs reprise, accepte des pertes, puis Napoléon s'impose.
En 1806, le Saint-Empire romain germanique est dissous, et François II, vingtième empereur romain de la dynastie des Habsbourg en devient le dernier.
Mais il avait pris ses précautions, et va encore faire parler de lui...

Deux premiers empereurs d'Autriche

  • François Ier, empereur d'Autriche de 1806 à 1835, est le nouveau nom de François II du Saint-Empire :
Ce dernier, sentant les choses se gâter, avait réuni « toutes les possessions héréditaires des Habsbourg sous l'appellation "d'Empire d'Autriche" »[24]. Et s'il a été obligé de renoncer à la couronne du Saint-Empire, il conserve celle d'Autriche.
Grâce à l'efficacité du prince de Metternich et à un subtil mariage[25], l'empereur parvient à redonner à l'Autriche une place de choix au sein de l'Europe. Napoléon abdique en 1814. La paix est signée avec la France par le congrès de Vienne en 1815. Durant les vingt années qui suivent, l'Autriche connaît une période de paix. François Ier confie le plus gros de la politique à Metternich et prépare sa succession, destinée à son fils aîné, Ferdinand.
  • Ferdinand Ierdit le Débonnaire (°1793-✞1875), empereur d'Autriche de 1835 à 1848 :
Comme prévu dans le testament paternel, Ferdinand est assisté de corégents. Si les cinq premières années sont calmes, à partir de 1840 les sentiments nationaux et les velléités d'indépendance se ravivent un peu partout. Et en 1848 débute à Prague une véritable révolution, appelée le "Printemps des peuples"[26]. Sur les conseils du chancelier Metternich et de son entourage, Ferdinand, sans descendance, abdique en faveur de son neveu François-Joseph.

Un empire qui s'écroule

François-Joseph Ier

François-Joseph à la fin de son règne

François-Joseph Charles de Habsbourg-Lorraine (°1830-✞1916), fils de François-Charles, devient empereur d'Autriche sous le nom de François-Joseph Ier de 1848 à 1916, soit 68 ans, un des plus longs règnes parmi ceux des souverains européens.

  • François-Joseph a 18 ans quand il monte sur le trône et il est secondé dans sa tâche. Mais il est travailleur et ambitieux. Il vise à restaurer l'autorité impériale et à unifier son empire en absorbant la Hongrie. Il modernise les institutions administratives et redonne du pouvoir au clergé. Enfin, un certain libéralisme économique favorise une période plutôt prospère pour ses États.
  • Mais le règne de l'empereur est fortement perturbé par des revendications nationalistes et toutes sortes de guerres. Conflit avec l'Italie, qui lui fera perdre quelques possessions italiennes ; montée en puissance de la Prusse avec la politique d'Otto von Bismarck, puis guerre prussienne qui finit par exclure l'Autriche de l'Allemagne : problèmes récurrents avec l'exacerbation du nationalisme en Hongrie, l'obligeant à trouver des compromis. François-Joseph hésite alors entre deux politiques et choisit celle du "dualisme" avec, en 1867, la création de l'Empire austro-hongrois, c'est à dire une double monarchie, avec « deux gouvernements, deux parlements, mais une diplomatie, une armée et des finances communes »[27].
  • En 1870, François-Joseph assiste malgré lui à la fondation de l'Empire Allemand. Et trois ans plus tard, en accord avec la Russie, il occupe la Bosnie-Herzégovine.
En 1879, est créée l'alliance Allemagne / Autriche-Hongrie, puis en 1882 la "Triplice", avec le rajout de l'Italie.
En 1904, c'est le tour de "l'Entente Cordiale" entre Russie, France et Grande-Bretagne.
Et les tensions ou problèmes en Bohême ou avec les Tchèques sont récurrents.
  • Malgré toutes ces difficultés, l'empereur d'Autriche devient très populaire. Peut-être parce qu'il est « l'incarnation même de la monarchie qui rassemble les divers peuples de l'Empire »[28]. peut-être aussi à cause des épreuves qu'il vient de subir dans sa vie privée : l'exécution par les Républicains, en 1867, de son frère Maximilien Ier du Mexique ; la mort en 1889 de son fils Rodolphe qui était destiné au trône ; puis l'assassinat en 1898 de son épouse Élisabeth de Bavière, couramment appelée "l'impératrice Sissi" et également très populaire. Si bien que le jubilé de son règne, en 1908 à Vienne, est un moment très festif et fastueux.
  • L'empereur François-Joseph prenant de l'âge, se pose la question de sa succession. Rodolphe étant mort, l'héritier présomptif devient François-Ferdinand Charles Louis de Habsbourg-Lorraine (Fils de Charles-Louis, et donc neveu de François-Joseph). François-Ferdinand est en désaccord avec le conservatisme de son oncle l'empereur et sa récente décision d'annexer la Bosnie-Herzégovine. Néanmoins il se voit confier des tâches militaires et devient inspecteur général des armées impériales et royales. En mission à Sarajevo, le 28 juin 1914, il est assassiné, évènement qui devient la casus belli de la Première Guerre mondiale. En effet, l'Autriche-Hongrie envoie alors un ultimatum, puis déclare la guerre à la Serbie. Par le jeu des alliances et ententes, il se produit une cascade de déclarations de guerre dont la suite est tristement connue de tous.

Charles Ier et Zita

Empereur Charles Ier
Zita, épouse de Charles Ier

Charles François Joseph de Habsbourg-Lorraine (°1887-✞1922) est le petit-neveu de l'empereur François-Joseph Ier, car il est le fils de Otto de Habsbourg-Lorraine, lui-même frère de François-Ferdinand assassiné en 1914.

  • À la mort de François-Joseph, Charles se trouve face à une situation désastreuse. L'empire n'est plus assez fort et riche pour mener la guerre. De plus Charles se veut pacifiste, au nom de son peuple, et il multiplie les négociations, mais « ses offres de paix sont dédaignées »[29]. La guerre ne l'empêche pas de discuter avec l'empereur Guillaume II d'Allemagne et d'essayer quelques concessions. Charles lui propose par exemple de lui laisser le Galicie si Guillaume renonce à l'Alsace-Lorraine au profit de la France, mais ce dernier refuse. Charles fait aussi appel à Londres, puis au président américain Woodrow Wilson, mais sans résultat.
  • Le 11 novembre 1918, dans le salon chinois bleu de Schönbrunn, Charles renonce à toute politique et à sa couronne impériale (sans toutefois abdiquer). Le lendemain, la République d'Autriche est proclamée.
  • La famille se réfugie dans le relais de chasse d'Eckartsau puis en Suisse. En mars 1921, Charles essaye à deux reprises de reconquérir le trône hongrois. Mais le couple est fait prisonnier. Les Habsbourg sont bannis par l'assemblée autrichienne et exilés sur l'île de Madère. Ils y vivent très pauvrement et Charles y meurt en 1922 d'une pneumonie.
Ainsi, le soleil se couche sur l'empire des Habsbourg...
  • Zita, qui attend alors son huitième enfant, « accepte l'hospitalité du roi d'Espagne »[30] et s'installe plus tard en Belgique.

Elle décède en mars 1989, est honorée par des funérailles impériales, et est la dernière des souverains à être inhumée dans la crypte de l'église des Capucins de Vienne.

  • Charles a été béatifié par l'église catholique en 2004.

Postérité

Nombreux sont les descendants des Habsbourg-Lorraine, et tous portent le titre de courtoisie d'archiduc d'Autriche.

  • Otto de Habsbourg-Lorraine (°1912-✞2011), fils de Charles et Zita, ést devenu chef de la Maison de Habsbourg-Lorraine et donc prétendant aux trônes d'Autriche et de Hongrie sous le nom de Othon Ier.
En 2007, il a cédé sa place de chef à son fils Karl. En 2011, il a été également inhumé dans l'église des Capucins de Vienne.
  • Charles de Habsbourg-Lorraine (°1961), fils d'Otto, est l'héritier actuel, prétendant aux trônes sous le nom de Charles II.
Charles est un ancien député et homme politique autrichien. Grand-maître de la Toison d'Or, membre du parlement européen, il est aussi directeur exécutif de l'Organisation des nations et des peuples non représentés. Il a trois enfants : Éléonore, Ferdinand et Gloria.
« Le 21 octobre 2018 »[31], Charles de Habsbourg-Lorraine se rend au Mont-Saint-Odile à Ottrott et y dépose solennellement une relique de son grand-père l'empereur Charles Ier ainsi qu'un tableau le représentant. Le recteur du site l'accueille par cette phrase : « Bienvenue, Monseigneur, chez vous ! »[31], confirmant la thèse désormais certaine pour la majorité des historiens, selon laquelle : le duc d'Alsace Adalric Ier, ou Étichon, père de sainte Odile, est bel et bien l'ancêtre des Habsbourg[32].

En photos

Lieux de résidences

Voir aussi (sur Geneawiki)

Liens utiles (externes)

Bibliographie

  • F.S.C.M., Et si l'Alsace m'était contée, Brunstatt, 20017, AZ imprimerie, 98 pages, ISBN 979-10-90239-34-0
  • Thierry WINTZER, Didier PAGOT, La Dame d'Ottmarsheim, Strasbourg, Éditions du Signe, 2018, 48 pages, ISBN 978-2-7468-3577-1
  • Henry BOGDAN, Histoire des Habsbourg, Paris, Édition Perrin, 2005, 433 pages, ISBN 978-2-262-02438-3
  • Jean-Paul GRASSER, Une histoire de l'Alsace, Luçon, Éditions Jean-Paul Gisserot, 2013, 127 pages
  • Collectif d'auteurs, Ensisheim, un voyage dans le temps, Strasbourg, Éditions Carré Blanc, 2016, 248 pages, ISBN 2-84488-183-1
  • Jean BÉRENGER, Histoire de l'Empire des Habsbourg, 1273-1918, Paris, Éditions Fayard, 1999, 809 pages, ISBN 2-7028-3268-7
  • Françoise PERRAUD, Les Habsbourg, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions ALAN SUTTER, 2006, 127 pages, ISBN 2-84910-466-3
  • Revue Les Saisons d'Alsace, hors-série consacré au Mont-Saint-Odile, novembre 2019, Strasbourg, SA Éditions des Dernières Nouvelles d'Alsace, 112 pages.

Notes et références

  1. F.S.C.M., Et si l'Alsace m'était contée, Brunstatt, 20017, AZ imprimerie, 98 pages, ISBN 979-10-90239-34-0
  2. Le duché de Souabe a existé de 915 à 1268. Il s'étendait des Vosges à la rivière Lech en Allemagne et couvrait une partie de la Haute Alsace.
  3. Actuellement, le Sundgau désigne la partie méridionale du département du Haut-Rhin.
  4. Les alleux sont des terres obtenues par héritage et libres de droits féodaux.
  5. Thierry WINTZER, Didier PAGOT, La Dame d'Ottmarsheim, Strasbourg, Éditions du Signe, 2018, 48 pages, ISBN 978-2-7468-3577-1
  6. 6,0 6,1 et 6,2 Chapitre "La lente ascension d'une famille seigneuriale d'Argovie" in Henry BOGDAN, Histoire des Habsbourg, Paris, Édition Perrin, 2005, 433 pages, ISBN 978-2-262-02438-3
  7. Selon Jean Bérenger
  8. Thierry WINTZER, Didier PAGOT, La Dame d'Ottmarsheim, Strasbourg, Éditions du Signe, 2018, 48 pages, ISBN 978-2-7468-3577-1
  9. Un landgrave est un magistrat qui rendait la Justice au nom de l'empereur germanique.
  10. Le landgraviat de Haute-Alsace a été administré de 1186 à 1648.
  11. Charge d'avoué, laïc choisi par un évêque ou abbé pour le représenter en Justice.
  12. Frédéric II est le petit-fils de Frédéric Barberousse, de la dynastie des Hohenstaufen qui régnait sur le duché de Souabe et a donné des ducs et empereurs du XIe au XIIIe siècle.
  13. Jean-Paul GRASSER, Une histoire de l'Alsace, Luçon, Éditions Jean-Paul Gisserot, 2013, 127 pages
  14. Rodolphe, fils de Rodolphe Ier épouse Agnès, fille d'Ottokar II. Puis Venceslas épouse en 1283 Judith, fille de Rodolphe Ie.
  15. Jean-Paul GRASSER, Une histoire de l'Alsace, Luçon, Éditions Jean-Paul Gisserot, 2013, 127 pages
  16. Collectif d'auteurs, Ensisheim, un voyage dans le temps, Strasbourg, Éditions Carré Blanc, 2016, 248 pages, ISBN 2-84488-183-1
  17. La Styrie est un "land" autrichien, faisant d'abord partie de la Carinthie, puis devenu duché en 1180, avant d'être intégré à l'Autriche.
  18. 18,0 et 18,1 L'entrée des Habsbourg dans le monde des princes, in Henry BOGDAN, Histoire des Habsbourg, Paris, Édition Perrin, 2005, 433 pages, ISBN 978-2-262-02438-3
  19. 19,0 et 19,1 Jean BÉRENGER, Histoire de l'Empire des Habsbourg, 1273-1918, Paris, Éditions Fayard, 1999, 809 pages, ISBN 2-7028-3268-7
  20. Ce document met en avant des idées nouvelles, des principes ou privilèges pour l'Autriche ou les Habsbourg ; mais il s'avère que c'est un document contrefait.
  21. 21,0 et 21,1 L'Autriche, pierre angulaire de la puissance habsbourgeoise, in Henry BOGDAN, Histoire des Habsbourg, Paris, Édition Perrin, 2005, 433 pages, ISBN 978-2-262-02438-3
  22. "L'avènement de Marie-Thérèse et la crise de 1740", in Jean BÉRENGER, Histoire de l'Empire des Habsbourg, 1273-1918, Paris, Éditions Fayard, 1999, 809 pages, ISBN 2-7028-3268-7
  23. "Marie-Thérèse, la « mère de la Patrie »", in Henry BOGDAN, Histoire des Habsbourg, Paris, Édition Perrin, 2005, 433 pages, ISBN 978-2-262-02438-3
  24. Chapitre "L'empereur François II et la France", in Henry BOGDAN, Histoire des Habsbourg, Paris, Édition Perrin, 2005, 433 pages, ISBN 978-2-262-02438-3
  25. L'archiduchesse Marie-Louise, fille aînée de François Ier (et donc nièce de Marie-Antoinette) est mariée en 1810 à Napoléon Bonaparte, ce qui fait de celui-ci un neveu par alliance de feue Marie-Antoinette et feu Louis XVI !
  26. Printemps des peuples vu par Wikipedia
  27. Introduction, in Françoise PERRAUD, Les Habsbourg, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions ALAN SUTTER, 2006, 127 pages, ISBN 2-84910-466-3
  28. "Popularité de l'empereur", in Françoise PERRAUD, Les Habsbourg, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions ALAN SUTTER, 2006, 127 pages, ISBN 2-84910-466-3
  29. Introduction, in Françoise PERRAUD, Les Habsbourg, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions ALAN SUTTER, 2006, 127 pages, ISBN 2-84910-466-3
  30. "Le règne de Charles Ier et de l'impératrice Zita", in Françoise PERRAUD, Les Habsbourg, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions ALAN SUTTER, 2006, 127 pages, ISBN 2-84910-466-3
  31. 31,0 et 31,1 Article "Des ducs d'Alsace aux archiducs d'Autriche", in Revue Les Saisons d'Alsace, hors-série consacré au Mont-Saint-Odile, novembre 2019, Strasbourg, SA Éditions des Dernières Nouvelles d'Alsace, 112 pages.
  32. Le lien entre les deux branches des Étichonides et des Proto-Habsbourg se faisant au niveau de Guntram le Riche


Cet article a été mis en avant pour sa qualité dans la rubrique "Article de la semaine" sur l’encyclopédie Geneawiki.