Courtier Maritime
Le métier de Courtier Maritime est né avec l'émancipation de la navigation de commerce au milieu du XVII° siècle.
Dès cette époque, le transport par mer prend un tel développement que les armateurs se voient dans l’impossibilité de nommer un représentant dans chaque port fréquenté par leurs navires. Ils ont alors recours aux services d’un courtier, intermédiaire indépendant qui prend tout ou partie de leurs affaires en charge. L’intervention de cette tierce personne, qui joue également le rôle d’interprète, est particulièrement utile lorsque le port d’escale n’est pas de même nationalité que le navire. Le courtier se charge alors de traduire les documents du bord dans la langue du pays d’accueil et assiste le capitaine du bâtiment dans les formalités à accomplir aux escales et ses opérations commerciales. Le Courtier Maritime peut également s’occuper de la vente de la cargaison et de la recherche du fret pour expédier le navire, tout en respectant les intérêts des deux parties en présence, à savoir l’armateur et l’affréteur. Son indépendance et son sérieux font du Courtier interprète et conducteur de navire un personnage respecté qui bénéficie d’une solide réputation d’intégrité. En France, le rôle du courtier est défini pour la première fois par l’Édit de Décembre 1657 :
Tout maître ou capitaine de navire étranger, qui ignore la langue du pays où il vient commercer, a besoin d’un interprète pour se faire entendre, pour faire dans les bureaux les déclarations auxquelles il est tenu, pour vendre ses marchandises et en acheter d’autres pour son retour, en un mot pour faire son commerce. D’un autre côté, qu’il sache la langue du pays, mais qu’il ignore, faute d’habitude du lieu, les usages des bureaux, les formalités qu’il y a à observer et les moyens de se procurer une prompte et sûre expédition, qu’il ne puisse pas se charger de tout ce détail, il a besoin d’un courtier conducteur pour l’introduire et le guider dans toutes ces opérations.
À l’époque, les charges de courtiers sont généralement différenciées entre les interprètes, qui servent uniquement de traducteurs, et les conducteurs de navires qui s’occupent des formalités administratives et commerciales à remplir aux escales. Mais ces deux fonctions auront tôt fait d’être cumulées. En Août 1681, l’Ordonnance de la marine précise les droits et obligations du courtier, dont elle fait un auxiliaire du Trésor. Ces mesures stipulent, entre autres, que les courtiers maritimes ne peuvent entrer en fonction qu’après avoir fait preuve de leurs capacités dans la connaissance des langues étrangères. Ils doivent tenir un registre paraphé sur lequel seront inscrits tous les navires confiés à leurs soins. De plus, les courtiers ne peuvent faire du négoce pour leur propre compte, c'est-à-dire engager leurs intérêts personnels dans les affaires commerciales du navire , sous peine de se voir destitués de leur charge. L’autorité considère en effet que l’engagement financier du courtier peut influencer les résultats des négociations au détriment de l’une ou l’autre parties.
L’Ordonnance précise encore que – les maîtres et marchands qui voudront agir par eux-mêmes ne seront tenus de se servir d’interprètes ni de courtiers – c’est un point important qui sera exhumé ultérieurement par les armateurs étrangers désireux d’échapper à ce qu’ils estiment être une forme déguisée de taxation. Enfin la charge de courtier doit obligatoirement être achetée, à moins qu’elle ne soit transmise par un parent. Quoi qu’il en soit, tous les courtiers sont tenus de prêter serment.