Colonies Agricoles - Pénitentiaires - Les Bagnes pour Enfants

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Prologue

Jusque vers 1820, les enfants se trouvent partout mêlés aux autres détenus adultes.
Jusqu’au début de la monarchie de Juillet, l’emprisonnement des enfants reste modéré : 1 334 en 1837, dont

  • 428 (essentiellement des enfants condamnés) dans les quartiers des maisons centrales,
  • 864 dans les prisons départementales et
  • 42 dans les établissements privés

Le premier établissement, La Petite Roquette à Paris, reçoit les jeunes de 6 à 20 ans en 1836., reçoit les jeunes de 6 à 20 ans en 1836.

Suite à la circulaire du 7 décembre 1840, les colonies agricoles vont être divisées en deux types :

  • soit publiques, c’est-à-dire des sections agricoles annexées aux maisons centrales (c’est le cas de celle de Clairvaux qui fonctionne de 1843 à 1863) ;
  • soit privées, mais celles-ci restent sous le contrôle de l’État par l’intermédiaire du directeur de la maison centrale de rattachement qui se déplace pour les inspecter.

L’artisan essentiel du mouvement d’où sortiront plus de 50 colonies agricoles entre 1840 et 1850 est incontestablement Charles LUCAS, nommé en novembre 1830 par GUIZOT inspecteur général des prisons

Le principe de « discernement »

Après la Révolution française, la loi des 25 septembre – 6 octobre 1791 fixe l’âge de la minorité pénale à seize ans et instaure le principe de « discernement », qui consiste à déterminer si le mineur est conscient du caractère délictueux de son acte au moment où il le commet. Il distingue ainsi les mineurs « discernants » des mineurs « non-discernants ».

  • Ceux qui sont jugés « discernants » sont condamnés à des peines de prison proportionnelles au crime ou au délit commis, restant toutefois inférieures à celles des adultes, un délinquant de moins de seize ans peut être condamné est l’emprisonnement pendant dix à vingt ans dans une colonie correctionnelle.
  • Les « non-discernants », quant à eux, sont acquittés, selon l’article 66 du code pénal de 1810.
Trois possibilités s’offrent alors au juge :
  • Le mineur peut être rendu à ses parents, à condition que ces derniers soient présents et en capacité morale de s’en occuper.
  • Il peut être remis à un parent, une personne ou une institution charitable ou bien à l’Assistance publique, si le jeune a moins de seize ans.
  • Mais bien souvent, les mineurs délinquants sont remis à l’administration pénitentiaire afin d’être « élevés et détenus » dans une colonie pénitentiaire pendant le nombre d’années fixé par le jugement, mais qui ne peut dépasser l’âge de la majorité civile, à savoir vingt-et-un ans.

La loi du 12 avril 1906 fixe l’âge de la majorité pénale à dix-huit ans et repousse donc l’application du principe de non-discernement à cet âge.

Historique des lois

C’est après la Révolution française qu’ont vu le jour les premiers établissements pénitenciers pour mineurs, appelés colonies pénitentiaires.

Année Texte de la loi
1804

Une loi inscrit au code civil de Napoléon, la mesure de Correction paternelle. Cette loi permet au père de famille de demander le placement de son enfant dont il a de graves sujets de mécontentements

1810

Un principe de minorité pénale est institué par le code pénal qui fixait l'âge à 16 ans tant en matière correctionnelle que criminelle. Il subordonnait la responsabilité pénale du mineur incriminé à la question du discernement

  • Le mineur pouvait être condamné à une peine publique atténuée en fonction de son âge et de son inexpérience (art.67)
  • Le mineur qui n'avait pas fait preuve de discernement, pouvait pas être condamné pénalement mais était placé sous une autorité indéterminée à des fins de correction, de moralisation et de rééducation jusqu'à ses 20 ans (art.66). La société appelait ses enfants et adolescents étaient nommés "Article 66" seront emmenés dans des colonies pénitentiaires publiques ou privées
1836 Ouverture de la Petite Roquette, 1ère prison spécifique et cellulaire réservée aux mineurs, elle pouvait contenir jusqu'à 450 détenus
5 août 1850

Loi qui créa les colonies pénitentiaires publiques en France et en Algérie ou sont conduits et élevés : [1]

  • Jeunes détenus condamnés à plus de 2 ans
  • Jeunes des colonies qui auraient été insubordonnés
  • Les mineurs sont divisés en deux sections :
  • Mineurs condamnés, incorrigibles renvoyés des colonies particulières sont envoyés dans les colonies de l'État
  • Mineurs orphelins, vagabonds, enfants abandonnés sont envoyés dans les colonies privées
22 juillet 1912

Création des premiers Tribunaux pour enfants et adolescents (TEA), dans les villes de

  • Paris,
  • Marseille,
  • Lyon

Cette loi instaure la 1ère mesure pénale de liberté surveillée

1924 Un comité national pour la protection de l'enfant traduit en justice
27 décembre 1927 Requalifie les maisons pénitentiaires en Maison d'Éducation Surveillée (MES)
Août 1934 Les colons mineurs de Belle-Ile-en-Mer (Morbihan) se révoltent et beaucoup d’entre eux s’évadent dans l’île provoquant une chasse à l'enfant qui émeut les journalistes qui dénoncent les bagnes pour enfant.
1935 Le vagabondage n’est plus considéré comme un délit pour les mineurs
1937 Révolte de la MES d'Aniane (Hérault), certains paysans et agriculteurs du coin pour toucher la prime de 20 F pour capture d'un fuyard lancent un chasse à l'enfant
27 juillet 1942

Cette loi supprime les MES et les transforme en institutions publiques d'éducation surveillé (IPES) et crée des centres d'observation pour analyser et évaluer les mineurs délinquants avant toute décision judicaire.
Elle supprime l'effet de discernement
Elle garde le recours à une colonie pour les "fortes têtes"

  • Esses pour les garçons
  • Cadillac pour les filles
1943 Les MES de Saint-Maurice (Loir et Cher) et Saint-Hilaire (Vienne) sont réformées, on y créé des éducateurs qui s'occupent des jeunes qui veulent fuir le STO
2 février 1945 Une ordonnance est promulguée qui supprime définitivement l'ancien système préférant l'éducabilité des mineurs délinquants.
La fonction du juge des enfants est créée
1er Septembre 1945

Ordonnance qui crée la direction de l’Éducation surveillée

Spécificités judiciaires

  • La minorité pénale est fixée à 16 ans par le Code pénal, puis à 18 ans en 1906.
  • Les mineurs condamnés avant la loi de 1850 étaient placés dans des Maisons de correction, une prison pour adultes ayant un quartier spécial pour les enfants.
  • C'est la loi du 22 Juillet 1912 qui interdit l'envoi des enfants de - de 13 ans en maison de correction. Le tribunal ayant les choix :
  • Renvoi à la famille sous liberté surveillée
  • Placement chez un particulier
  • Placement dans une institution charitable reconnue d'utilité publique
  • Placement à l'Assistance Publique
  • Placement dans une internat approprié

Colonies pénitentiaires

Colonies agricoles publiques annexées aux maisons centrales

L’administration, qui se méfie de la richesse et de la puissance du privé, ouvre quatre colonies agricoles publiques annexées aux maisons centrales :

  • Fontevrault (la ferme du Boulard) en 1842,
  • Clairvaux en 1843,
  • Loos (Saint-Bernard) en 1844 et
  • Gaillon en 1845.


Saint-Hilaire Dépendant de Fontevrault, la colonie du Boulard, dans la Vienne, est placée sous le vocable de Saint-Hilaire
La colonie de Boulard ouvre en 1842 pour occuper aux travaux agricoles une partie des mineurs de 16 ans détenus à la maison centrale de Fontevraud.
Constituée des fermes de la forêt de Fontevrault Mestre, Chanteloup et Bellevue, dont l'État se rend acquéreur en 1856.
En 1860, la colonie de Boulard devient autonome de Fontevraud et prend le nom de colonie de Saint-Hilaire.
La grosse ferme est totalement transformée pour accueillir dans de vastes dortoirs plus de 300 jeunes pupilles.
En 1872, Il y a un seul aumônier et un instituteur pour 400 jeunes. L’encadrement est assuré par les gardiens de l’administration pénitentiaire qui portent encore le sabre au côté, à raison d’un gardien pour 30 jeunes.
L’effectif reste trop élevé malgré le renforcement du personnel en 1888 : 40 surveillants dont 5 contremaîtres d’ateliers et 2 de culture, 2 instituteurs et 1 aumônier.
En janvier 1889, la colonie change de statut et devient école de réforme. Elle accueille des enfants de plus en plus jeunes.
L'IPES de Saint-Hilaire ferme ses portes le 1er juillet 1974.


Haut Clairvaux
  • La colonie publique de Clairvaux va disparaître le 23 avril 1862.


Loos Colonie industrielle, "Saint-Bernard" dans le Nord
  • Le 4 juin 1844, 30 jeunes détenus sont extraits de la centrale sous la conduite de 2 frères pour préparer la colonie en urgence parce qu’il y a dans la prison 200 jeunes pour 150 places.
  • Les enfants travaillent onze heures par jour, ne bénéficient que d’une heure de classe.
  • Un certain nombre travaille d’ailleurs dehors chez un industriel de Seclin.
  • Les évasions sont nombreuses, les décès aussi (en 1858, il y a 8 décès sur 180 enfants de la colonie de Loos),
  • En mai 1862, la colonie est officiellement baptisée « Colonie agricole de Saint-Bernard »
  • Le 14 octobre 1921, un décret ferme définitivement Saint-Bernard.


Gaillon Dans l'Eure
En 1824, un lot de terre de 26 hectares est acquis sur le plateau dominant Gaillon et la vallée de la Seine pour y faire travailler les jeunes détenus dans les champs.
Cette organisation trouve son aboutissement dans la création d’une colonie agricole publique fondée en 1847 dans la propriété des Douaires et devenue autonome en 1862.
Il disparaît en 1864, ses 276 jeunes détenus étant répartis entre les colonies des Douaires et de Saint-Hilaire.

Colonies pénitentiaires publiques de garçons


Eysses Située en Lot-et-Garonne, près de Villeneuve-sur-Lot
Fut une abbaye bénédictine fondée au Ve siècle puis une maison centrale le 16 fructidor an XI, puis une colonie pénitentiaire le 2 Juin 1895 par décision ministérielle.
Le 31 Décembre 1895, il y avait 302 détenus. Ce fut une des plus dures colonies pénitentiaires de l'époque.
L'établissement comprenait une infirmerie, 18 cellules d'isolement, d'un quartier cellulaire comprenant 43 cellules de punition, de 100 cellules et de 8 cachots.
Le travail est agricole et industriel, l'établissement est composé d'une ferme de 13 hectares, les métiers y sont :
♦ Bourreliers ♦ Emouchettes ♦ Ferblantiers ♦ Forgerons ♦ Menuisiers ♦ Peintres ♦ Ravaudeurs ♦ Sabotiers
♦ Scieurs de long ♦ Tailleurs ♦ Tonneliers
En Avril 1937, un enfant, Roger Abel meurt après une longue agonie, atteint de tuberculose, il fut contraint de rester dans un cachot humide pendant 38 jours, avec de l'eau et du pain. Cette mort déclencha un scandale, qui fit démissionner le ministre de la justice Marc Rucart [2]


Saint-Antoine Située à Castelluccio en Corse.
  • Créée par décret impérial du 17 septembre 1854
  • Cette colonie horticole ferma ses portes en 1866 et les enfants furent déportés à l'Ile du Levant, où ils se révoltèrent contre les conditions de travail, et le peu de nourriture octroyée.
  • Les enfants devaient mettre en culture des terres arides, de maquis pour assurer l’autosuffisance alimentaire de la colonie pour leur propre bénéfice et celui des animaux.
  • Fermeture le 29 juin 1866 pour devenir une maison centrale de force et de correction pour adultes, le pénitencier agricole de Castellucio.
  • Suppression du pénitencier de Castelluccio le 30 janvier 1907.
  • Pendant la 1ère guerre mondiale les bâtiments servirent de lieu de détention pour des prisonniers de guerre allemands.


Auberive Colonie agricole située en Haute-Marne
  • Elle ne recevait que des garçons de moins de quatorze ans


Les Douaires Près de Gaillon, dans l’Eure,
La colonie des Douaires reçoit son autonomie en 1862.
Le domaine agricole est de 500 hectares. Des constructions neuves accueillent 385 pupilles, les dortoirs sont cloisonnés,
À partir de 1890, les Douaires vont recevoir les mineurs les plus âgés et les enfants de plus en plus difficiles.
Fermée en 1927, pour des raisons d’économie, cette colonie reste une des réussites de l’Administration pénitentiaire.


Saint-Maurice Située près de La Motte-Beuvron dans le Loir- et-Cher
La colonie de Saint-Maurice est fondée par l’Administration pénitentiaire en 1872.
L’établissement est installé dans un ancien domaine de chasse de Napoléon III.
De 1873 à 1889 sont aménagés des dortoirs cellulaires, une infirmerie, des salles de classe, des logements de gardiens, une boulangerie et une chapelle, ainsi qu’un vaste quartier disciplinaire cerclé de hauts murs.
Jusqu’en 1890, l’établissement, exclusivement agricole, gère 200 hectares de terres arables et 225 hectares de forêts.


Val d'Yèvre Située à Saint-Germain-du-Puy dans le Cher.
Elle fut fondée par Charles Lucas en 1846. C'était une des plus grandes colonies pénitentiaires, qui accueillait entre 300 et 400 enfants. Cette colonie compte 363 hectares. Charles Lucas n'était pas pour l'éducation, les enfants devaient rester illettrés, et on les prédestinait aux travaux les plus bas de la classe sociale. Le travail est
  • Cultures de céréales et légumes
  • Exploitation des bois, des prés
  • Exploitation d'une ferme (vaches, moutons, cochons)
  • Pépinière de 3 hectares
La durée de travail est rude, 4 heures du matin jusqu'à 8 heures du soir l'été. Les punitions consistaient à :
  • Réprimande
  • Privation de visite
  • Perte de bons points
  • Férule
  • Peloton de Punition
  • Piquet
  • Cellule sans lumière.
Le 1er octobre 1872, elle est rachetée par l'Etat, qui permit aux enfants d'avoir un peu plus d'éducation scolaire. Cette colonie fermera en 1925
Habits
Pantalon de gros treillis, tunique avec une limousine par-dessus, foulard et béret basque, sabots aux pieds.
Les colons ont la tête rasée.

Colonies pénitentiaires maritimes et industrielles

Belle-isle-en-Mer Dans le Morbihan. Elle était affectée aux pupilles des régions côtières de l'Ouest
  • Fut créée le 29 mai 1880,
  • Cette colonie avait vocation agricole et maritime.
  • La section maritime était destinée à la formation des matelots et des pêcheurs, elle détenait un bateau-école et des barques de pêche.
  • Un ancien capitaine de la marine marchande formait les mineurs secondé par des surveillants ayant des aptitudes pour ces métiers.
  • Quatre ateliers permettaient l'éducation des mineurs :
  • Corderie
  • Garniture
  • Matelotage, timonerie
  • voilerie, filets


Aniane Situé dans l'Hérault
La colonie pénitentiaire fut installée dans une ancienne abbaye, qui fut une usine de coton jusqu'en 1843, puis une maison centrale de 1845 à 1885, puis reconvertie en colonie.
La colonie recevait :
  • Garçons mineurs de moins de 18 ans acquittés ayant agi sans discernement
  • Mineurs condamnés à une peine comprise entre 6 mois et 2 ans
  • Pupille de l'Assistance publiques jugés difficiles
La Colonie fut transformée en Internat Professionnel d’Education spécialisée en 1957, les cachots furent démolis

Colonies pénitentiaires privées pour les garçons

De 1838 à 1850, sont fondées 12 colonies privées de jeunes détenus [3]:

  • Saint-Jean de Bordeaux (Gironde), fondée en 1838 par les abbés Dupuch et Buchou ;
  • Mettray (Indre-et-Loire), fondée en 1839 par MM. Demetz et Brétignières de Courteilles ;
  • Saint-Pierre de Marseille (Bouches-du-Rhône), fondée en 1839 par l’abbé Fissiaux ;
  • Petit-Bourg (Seine-et-Oise), fondée en 1840 par M. Allier ;
  • Petit-Quevilly (Seine-Inférieure), fondée en 1843 par M. Lecointe ;
  • Sainte-Foy (Dordogne), fondée en 1843 par M. de Gasparin ;
  • Saint-Ilan (Côtes-du-Nord), fondée en 1843 par M. du Clésieux ;
  • Boussaroque (Cantal), fondée en 1845 par M. Delmas ;
  • Val d’Yèvre (Cher), fondée en 1847 par Charles Lucas ;
  • Saint-Joseph d’Oullins (Rhône), fondée en 1848 par l’abbé Rey ;
  • Citeaux (Côte-d’Or), fondée en 1849 par l’abbé Rey.


Mettray Située en Indre-et-Loire
Fut ouverte en 1839 par le conseiller Frédéric-August Demetz, Charles Lucas inspecteur des prisons et le Vicomte Brétignières de Courcelles. Plus de 174 900 furent internés à Mettray.
Cette colonie reçut :
  • Jeunes garçons acquittés par les tribunaux, pour agissement sans discernement
  • Jeunes condamnés à un enfermement de 6 mois à 2 ans
  • Mineurs détenus par voie de correction paternelle
  • Enfants de l'Assistance Publique
  • Enfants difficiles de la bourgeoisie à la demande des familles
Pendant leur détention, les colons les plus méritants sont placés dans des fermes tourangelles.
Jules Le Méchin, meurt entre Redon et Vannes et fut transporté à l'hôpital de Vannes. Après un malaise survenu entre Mettray et Nantes dans le train qui le conduisait à la MES de Belle-Isle-en-Mer le 3 juin 1928, son gardien lui fit un pansement et jugea son état satisfaisant pour continuer le voyage. [4]


Sainte-Foy Dans le département de la Dordogne


Saint-Joseph Située à Frasnes-le-Château en Haute-Saône,
  • Gérée par des religieuses
  • Cette colonie ne recevait que des garçons âgés de moins de douze ans au moment de l'envoi en correction.

Maisons pénitentiaires de filles appartenant à l'Etat ~~ École de préservation

« Ecole de préservation », titre utilisée pour les maisons pénitentiaires pour filles.

Doullens Ecole de préservation dans la Somme.
Ouverte en 1895 par la Direction de l’Administration pénitentiaire sous l’appellation « Ecole de préservation »
L’Institution dispose de 126 cellules individuelles et d’un quartier disciplinaire de 40 cellules de nuit et de 14 cachots de punition pour les indisciplinées.
Les pupilles ont deux heures de classe par jour et participent à des causeries morales et à des séances récréatives (chant, gymnastique).
Sont annexées à l’Ecole de préservation un dispensaire prophylactique pour les « vénériennes » et une maternité avec une pouponnière.
En juin 1940, l’Ecole de préservation est bombardée,


Cadillac Le château de Cadillac, situé dans de le département de la Gironde, [5]
Première prison départementale pour femme. Il le restera jusqu’en 1890,
Le ler juin 1891, le château reçoit un premier convoi de fillettes « délinquantes » mineures, âgées de 9 ans à 15 ans !
C’est en 1905, que le château devient alors « Ecole de préservation pour les jeunes filles » dont le régime répressif fut d’autant plus terrible que cette fois, il concernait des enfants et adolescentes.
Cette institution fonctionna pendant plus de soixante ans et ne fermera que le 10 septembre 1952 suite à un incendie.


Clermont Ecole de préservation dans l'Oise
Elle succède à une ancienne maison centrale de femmes (en service de 1825 à 1903)
Fondée en 1908, l’"école de préservation" de Clermont (Oise) est la troisième et dernière des colonies pénitentiaires pour filles
L’établissement compte deux sections.
  • « pénitentiaire » ou « de préservation », de 184 places,
  • « correctionnelle », de 99 places

Maisons pénitentiaires privées pour les filles

Le secteur privé sera largement privilégié pour la création de ces lieux de placement.
Les jeunes filles, elles, sont essentiellement prises en charge par des congrégations religieuses cloîtrées.

Basvilliers Maison pénitentiaire dans le Haut-Rhin


Darnétal Maison pénitentiaire près de Rouen dans la Seine-Maritime


Asile Sainte-Madeleine Maison pénitentiaire à Limoges dans le Haute-Vienne
  • Elle accueillait des pupilles en état de grossesse et les mineures atteintes par des maladies vénériennes.


Solitude-de-Nazareth Maison pénitentiaire à Montpellier dans l'Hérault


Les diaconesses de Reuilly (protestantes) S’installe rue de Reuilly dans le XIIe arrondissement de Paris en 1844.
Le pasteur Antoine VEMEIL ayant été nommé à Paris, demanda à Caroline MALVESIN de l’y rejoindre pour les aider, sa femme et lui, dans l’organisation d'œuvres charitables.
Ce fut d’abord, en 1842, une infirmerie pour les enfants tuberculeux, puis, la même année, un refuge pour les femmes prostituées.


Israélites Deux maisons pénitentiaires à Paris


Neuhof [6] Quartier situé au sud-est de Strasbourg
En 1852, la congrégation des Sœurs de la Croix achète la vaste propriété du Neuhof : 18 ha et demi comprenant maison d’habitation avec grange, écurie, cour, jardin, terres arables et prés.
En 1862, l’Etat donne une légitimité particulière aux Sœurs de la Croix en reconnaissant par décret impérial leur congrégation « Association religieuse de Charité ».
Le département et la ville de Strasbourg offrent tous deux à l’Institut une allocation annuelle (respectivement 500 et 300 francs).
L’effectif des sœurs éducatrices a varié dans le temps :
  • au 23 mai 1857, elles étaient 16 religieuses pour 100 jeunes détenues
  • au 1er avril 1885, 14 religieuses pour 99 pensionnaires
  • au 1er avril 1888, 21 sœurs pour 113 enfants
  • au 1er avril 1891, 20 sœurs pour 133 enfants
  • au 1er janvier 1898, 30 sœurs pour 150 pensionnaires
  • au 18 janvier 1904, 30 sœurs pour 145 pensionnaires
  • au 17 février 1917, 28 sœurs pour 203 pensionnaires 

Maisons pénitentiaires fermées pour affaires de sévices


Couronne Située à La Couronne dans le département de la Charente
Le bagne pour enfants a existé de 1897 à 1911.
Des enfants de 10 à 21 ans y étaient détenus dans des conditions très difficiles pour des larcins mineurs.
Le bagne sera fermé en 1911 à la suite d'une affaire de sévices, un pensionnaire enfermé pendant 21 jours dans un cachot en est ressorti les pieds complètement gelés. Il a du être amputé.


Vermiraux Au hameau des Vermiraux (commune de Quarré-les-Tombes) dans l'Yonne,
Établissement privé qui fut d'abord une maison de soins puis une colonie pénitentiaire pour mineurs.
Connu sous le nom "d'Institut sanitaire pour le redressement physique et moral des anormaux des deux sexes".
Reçoit des pupilles infirmes ou atteints de maladies incurables telle que la Tuberculose, des arriérés et anormaux
Le 22 juillet 1911, le tribunal d'Avallon, dans l'Yonne, rend un jugement historique. En condamnant à de la prison ferme les garants de l'institut éducatif et sanitaire des Vermiraux, il prononce la première sentence exemplaire en France à l'encontre d'un groupe de coupables, pour corruption associée à des violences collectives faites aux enfants (travail forcé, maltraitances ayant entrainé la mort, viols, prostitution). [7]
Les sept inculpés sont condamné, savoir :
La femme SOLIVEAU, directrice de l'établissement, à trois ans de prison et 2.000 francs d'amende ; LANDRIN, agent de placement des enfants assistés de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne, à deux ans de prison et 2,000 francs d'amende ; Rosine DELSIPÈCHE, femme JOUGLA, directrice de la succursale du Moulin-Colas à un an de prison ; SOLIVEAU, mari de la directrice, à six mois ; le gardien MORLAT à quatre mois ; RAULTt cuisinier, à trois mois ; RÉMY, gardien, à deux mois.

Autres maisons pénitentiaires

(A vérifier)

Fontillet Située à Berry-Bouy dans le Cher
  • Créée en 1866 par M. de La Mardière, cette colonie acceptait de 100 à 200 enfants.


Ile du Levant Située dans la commune d'Hyères dans le Var.
Le comte Henri de Pourtalès achète un domaine et y établit une colonie agricole et pénitentiaire le 17 février 1858.
Il ferma ses portes en 1878.
200 à 300 enfants âgés de 13 ans à 20 ans y furent détenus.
Les métiers furent
  • Récolte, distillation des fruits de l'Arbousier
  • Pratique de l'apiculture
  • Travail dans le four à chaux et le four à briques


La Loge Située à Baugy dans le Cher
  • Elle fut créée en 1852 par M. de la Mardière, cette colonie acceptait de 100 à 200 enfants.
  • Elle fermera en 1903.


Ostwald Colonie agricole située à 6 Km de la ville près de Strasbourg.
Cette colonie était sur 105 hectares dont 13000 m occupés par les bâtiments.
On y exerçait les métiers de :
♦ Travaux agricoles ♦ Travaux horticoles ♦ Exploitation des fermes, soins aux chevaux, aux animaux de la basse court ♦ Boulangers ♦ Charpentiers
♦ Charrons ♦ Forgerons ♦ Mécaniciens ♦ Menuisiers ♦ Serruriers ♦ Tailleurs ♦ Tresseurs de paille


Tesson La colonie pénitentiaire agricole de Tesson, aujourd'hui commune de Prissé-la-Charrière (Deux-Sèvres)
  • Fondé en 1873 et fermé tout juste neuf années plus tard, en 1882.
  • On nomme un directeur avec une réputation d’intégrité : Pierre Frédéric Léopold MARCHESSEAU, ancien chef de bataillon du 3e régiment d’infanterie de marine, le fils de Frédéric Théodore, maire et notaire de La Foye, et l'arrière-petit-fils d'André Augustin VIEN, rédacteur du cahier de doléance de La Foye qui fut lui aussi maire de cette commune.
  • Le personnel de la colonie comprenait un directeur, un sous-directeur, un gardien-chef, un comptable, un chef de culture, un chef-jardinier, un chef de forge, un chef-menuisier, un chef de ferme, un chef de musique, un chef-cordonnier et 14 gardiens, la plupart étrangers à la région.

Liste des établissements d'éducation correctionnelle en 1900


Garçons Public ♦ Aniane ♦ Auberive ♦ Belle-Ile-en-Mer ♦ Douaires (Les) ♦ Eysses ♦ Saint-Hilaire ♦ Val-d' Yéres (Le)
Privée ♦ Bar-sur-Aude ♦ Bologne ♦ La Couronne ♦ Jommeliéres ♦ La Loge ♦ Le Luc ♦ Mettray ♦ Saint-Eloy ♦ Sainte-Foy ♦ Saint-Ilau
♦ Saint-Joseph ♦ Montesson (école Lepeltier de Saint-Fargeau) ♦ Société de patronage de la Seine
Filles Public ♦ Doullens ♦ Nanterre
Privée ♦ Bavilliers ♦ Draconesses ♦ Israélites ♦ Limoges (asiles Sainte-Madeleine) ♦ Montpellier ♦ Rouen ♦ Sainte-Anne-d'Auray

Campagne contre les bagnes des enfants

La campagne de presse contre les « bagnes d’enfants », un phénomène médiatique aux faibles retombées institutionnelles
Certains reporters vont alors utiliser cet archipel médiatique, croisant reportages, romans à succès, chansons, films et affiches pour faire du sauvetage de l’enfance un phénomène, en procédant avec habileté à une assimilation des colonies agricoles pénitentiaires à des « bagnes pour enfants »
Devant la virulence de la campagne, certains établissements sont fermés autoritairement, mais la réforme d’ensemble reste une déclaration d’intention.
Le scandale des bagnes pour enfants qui éclate en 1936 et la remise en question générale des institutions qui a suivi la défaite de 1940 amènent les autorités, à la Libération, à repenser et réorganiser la protection judiciaire de l'enfance, par le biais de deux ordonnances.

Prévert et le bagne des enfants

Après la mort d'un enfant et la mutinerie au centre pénitentiaire de Belle-Isle-en-Mer, PRÉVERT écrit une chanson pour les enfants du bagnes et avertir les ligues des droits de l'homme, la société, sur ces lieux de pénitence non adaptés à l'enfance.

Bandit ! Voyou ! Voleur !
Chenapan ! Au-dessus de l'île, on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Il avait dit J'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
[...] C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous le braves gens s'y sont mis
Qu'est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau

<< Le poème de Jacques Prévert « La chasse à l’enfant » [8]
Ce dernier a été écrit juste après les évènements d’août 1934.
Il a par la suite été mis en musique par Joseph Kosma et interprété par Marianne Oswald




Après la guerre, Marcel Carné devait tourner un film (Un tiers fut réalisé, puis les crédits manquèrent
et l’on ne retrouva jamais les bouts d’essai.)

La chanson du film disait :

Dans les ménageries, il y a des animaux
Qui passent toute leur vie derrière des barreaux
Et nous, on est les frères de ces pauvres bestiaux
On n’est pas à plaindre, on est à blâmer
On s’est laissé prendre, qu’est-ce qu’on avait fait
Enfants des courants d’air
Enfants des corridors
Le monde nous a fichus dehors
La vie nous a foutus en l’air

Vie dans une colonie

Un emploi du temps rigoureux

« Le levé a lieu à cinq heure en été, et six heure en hiver ; habillement, ablution, prière et travaux jusqu’à huit heures ; une demi-heure pour le déjeuner et la récréation ; quatre heures de travail ; une heure pour le diner et la récréation ; en été, classe de deux heures pour la trop grande chaleur, puis travail de quatre heures ; en hiver au contraire, travail de quatre heures, puis classe de deux heures à la lumière ; une heure pour le souper, le chant du soir, la prière ; à neuf heures, le coucher.
Les enfants reçoivent 750 grammes de pain par jour, du lard et du bœuf à un repas, deux fois par semaine.
Le reste du temps de la soupe, des légumes, des fruits, du fromage, etc.
Le clairon sonne le passage d’un exercice à un autre.
C’est aussi au son du clairon que chaque section se rend à l’atelier ou au champ.

Punition et récompense

L’évasion massive de cinquante-six pupilles en 1934 de la colonie Belle-Île
« Depuis plusieurs mois, le climat est médiocre à l’intérieur de l’institution. Un soir d’août 1934 éclate un incident au réfectoire, un incident apparemment bénin. Contrairement au règlement, un colon a mangé son fromage sans avoir bu sa soupe. Il est puni [et passé à tabac], ses camarades du réfectoire se solidarisent avec lui, c’est le début d’une révolte que les personnels n’arrivent pas à contenir. Les pupilles franchissent les murs de la colonie, se répandent dans toute l’île où se trouvent, en cette période, beaucoup de vacanciers ».
Une « battue » est organisée afin de retrouver les enfants. Les habitants de Belle-Île et les touristes sont mis à contribution, et pour les motiver, une récompense de vingt francs par enfant trouvé leur est promise, certains gagneront même jusqu’à deux cents francs.
Cette forte mobilisation a permis de retrouver tous les enfants, qui ont reçu une sévère correction


Les punitions et les récompenses sont utiles de l'éducation réformatrice.

Le trousseau

Le trousseau des jeunes détenus est fourni en nature par l’administration aux directeurs des colonies pénitentiaires et agricoles.
Tous les objets de lingerie, habillement, chaussures sont fabriqués dans les ateliers de la maison centrale de Fontevrault.

  • Été : Chapeau de feutre gris, pantalon en treillis, chemise en toile blanche, bourgeron rayé, cravate, sabots avec brides en noir.
  • Hiver : Bonnet en drap, ; pantalon en drap, chemise en toile blanche, gilet d'étoffe, veste en drap, bourgeron rayé, cravate, bas, chaussons, sabots couverts [9]

Recherches généalogiques

Rechercher les archives concernant les colonies dans le département de l'établissement, les enfants sont appelés Colon.

Les archives Départementales

  • Archives d'Aniane
  • Archives de la préfecture de l'Hérault, Série Y, sous série 1Y avant 1940
  • Archives de la Colonie Pénitentiaire, Série Y, sous-série 2Y avant 1940, Série W (1683W, 1803W) après 1940
  • Archives de Mettray
  • Registres hospitaliers de Tours
  • Asile d’aliénés de Tours
  • Registres de catholicité de la Chapelle Notre-Dame de Mettray
  • Quelques actes de sépultures y sont inscrits

Les archives Municipales

  • Archives de Mettray
  • Registres de décès de Tours

Abréviation

  • IPES : Internat public d’éducation surveillée
  • MES : Maison d’éducation surveillé
  • STO : Service du travail obligatoire

Biographie

  • Les décès des enfants de La colonie agricole et pénitentiaire de Mettray - Idelette Ardouin-Weiss et Georges-François Pottier
  • Fonds de la colonie pénitentiaire agricole et industrielle d’Aniane (1885-1993) - Ghislaine Bouchet - Marie-Catherine Ruscica

Notes et références

  1. L'enfant à travers les âges - Section de l'éducation pénitentiaire - mai 1901
  2. L'humanité - 9 Avril 1937
  3. PRADE, Catherine. Les colonies pénitentiaires au XIXe siècle : de la genèse au déclin In : Éduquer et punir : La colonie agricole et pénitentiaire de Mettray (1839-1937) [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2005 (généré le 11 février 2020).
  4. L'ouest Républicain - 3 juin 1928
  5. est construit à la demande de Jean-Louis de Nogaret de la Valette alors Duc d’Eperon (1554-1642) et favoris d’Henri III.
  6. ROSSLER, Elsa. « Protéger l’enfant ou le punir ? Œuvre de charité, œuvre de défense sociale : la maison d’éducation pour jeunes filles catholiques du Neuhof (1853-1918) », Revue d'histoire de la protection sociale, vol. 3, no. 1, 2010, pp. 29-53.
  7. La révolte des enfants des Vermiraux - Emmanuelle Jouet - Editions L'Œil d'Or - 2011
  8. tiré du recueil Paroles, publié en 1949.
  9. Nouvelles annales de la Construction - Juin 1871


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