Charles RENARD
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Charles RENARD (1847-1905), polytechnicien, colonel, inventeur
Louis Marie Joseph Charles Clément RENARD dit Charles RENARD est né à Damblain (Vosges) le 23 novembre 1847, décédé à Meudon (Hauts-de-Seine) le 13 avril 1905.
Il est le fils d'Athanase RENARD, propriétaire foncier et maire de Damblain, puis juge de paix, et de Joséphine BUREL, descendante des fondeurs de cloche François Burel père et fils.
Ses parents habitent ensuite Lamarche après la naissance de son frère Paul RENARD, né en 1854 à Damblain, et décédé en 1933 qui seconda son frère dans ses recherches, probablement sans le même génie inventif, ou bien ses trouvailles sont à l'actif de Charles.
Les frères RENARD debout, Charles à gauche, Paul à droite, colonel lui aussi.
Après des études au lycée de Nancy, où Charles RENARD remporte le prix d'honneur de mathématiques du "Concours général" de 1866, il entre à l'école polytechnique. Reçu troisième au concours d'entrée à l'école normale supérieure et à l'école polytechnique, il choisit cette dernière. Jeune officier, il participe courageusement à la guerre de 1870 ; cela lui vaut la croix de la Légion d'honneur.
Inventions
Ballon dirigeable « La France »
Plusieurs tentatives de vols dirigés en ballon se terminent en échec, de GRIFFARD aux frères TISSANDIER. Au début des années 1880, Charles RENARD essaie de résoudre le problème de locomotion associé à celui de dirigeabilité, avec l'aide de son collaborateur Arthur KREBS. Il étudie toutes les causes des échecs précédents. Il construit un nouveau profil avec de nouveaux matériaux. Il invente un type de pile plus légère, d'une plus grande autonomie, dessine l'hélice. Arthur KREBS se charge de la mise au point d'un moteur électrique. Paul RENARD est chargé de surveiller la construction du ballon de 50 m de long et de 8 m de diamètre. Tout est essayé au sol et le 9 août 1884 à 16 h, par temps calme, le ballon dirigeable s'élève à 50 m, avec à son bord Charles RENARD et Arthur KREBS. Le moteur mis en marche, l'appareil se dirige vers Verrières, bifurque au niveau de la route de Versailles à Choisy, va jusqu'à Villacoublay, puis retourne se poser à son point de départ à Chalais Meudon. L'appareil a parcouru 7,6 kilomètres en 23 minutes.
Deux autres sorties suivront, puis quatre en 1885, avec un moteur plus puissant, permettant un troisième passager.
Faute de crédits, il est militaire, il abandonne ses études sur les dirigeables, mais la voie de l'aéronautique est ouverte.
Le planeur décaplan
D'esprit inventif, on lui doit une infinité d'inventions ou de premières oubliées, comme le décaplan (essai de planeur à dix ailes), qu'il expérimente à la tour St Eloi d'Arras, où il est en garnison; le premier vol en dirigeable en 1884 avec retour au point de départ à Meudon après avoir survolé Villacoublay et Vélizy; ou le premier vol en Europe d'un avion à moteur en 1905. Ses essais et calculs de la sustentation ont été repris par SIKORSKI après sa mort pour la construction des premiers hélicoptères. Il perfectionne le treuil pour ballons captifs inventé par Arthur Krebs et utilisé par l'armée.
Train routier le « Train Renard »
Charles RENARD propose à l'armée, puis construit un train routier dont toutes les roues sont automotrices grâce à une transmission par cardan depuis le locotracteur. Un prototype circule à Meudon en 1903. Un essai pittoresque a lieu entre Bourbonne-les-Bains et Chaumont.
Ce train sera exploité à des fins civiles après sa mort. Une version voyageur est expérimentée entre Rambervillers et Épinal le 18 mars 1906, puis entre Remiremont et Plombières le lendemain. Dans l'été suivant, une ligne régulière est créée sur cet itinéraire par la Société vosgienne des trains Renard créée à cet effet.
Plusieurs exemplaires seront exploités en Amérique du sud, puis ce train tombera dans l'oubli dans les années 1920.
Autres travaux
On lui doit une vingtaine de types de moteurs : à hydrogène, à batterie, moteur à vapeur en étoile, etc. Il invente l'engrenage à chevron plus tard cher à Citroën.
En 1888, commandant, il se voit confier la direction de l'aérostation militaire à Chalais-Meudon. L'établissement qui deviendra plus tard l'ONERA. Devant l'inertie de l'armée à faire avancer ses découvertes en matière d'aviation, il se décourage.
Colonel, il meurt tragiquement le 13 avril 1905[1]. Il est inhumé au vieux cimetière de Lamarche.
Hommages
Rue du Colonel Renard et plaque commémorative
Cette rue du Colonel Renard, appelée souvent et à tort rue de la Gare, est l'ancienne rue d'Ayotte. Les Récollets s'étant établis dans ce qui est appelé "le couvent" après la destruction de la Mothe en 1645, cette rue avait pris le nom de "rue des Récollets". Ce nom a été peu usité, l'ancien nom persistant encore au XIXe siècle. Elle a été rebaptisée "rue du Colonel Renard" après la mort tragique de ce dernier.
La maison natale des frères RENARD est la première à gauche. Une plaque commémorative, visible sur le cliché, est apposée sur la façade.
Devant l'émotion soulevée par la mort tragique de Charles RENARD, le conseil municipal de Damblain, dans sa délibération du 23 mai 1905[2], se faisant « l'interprète de l'estime et de l'admiration de la population pour ce grand savant », décide « qu'une plaque commémorative sera posée sur la façade de la maison où il est né et où il a vécu enfant ». Damblain est le « berceau de sa famille, où son digne père et ses oncles ont été maires pendant de nombreuses années ».
Le conseil municipal décide également que la rue des Récollets sera rebaptisée rue du Colonel Renard.
Une anomalie subsiste sur sa date de naissance. Est-ce novembre ou décembre ? Sur le registre conservé à la mairie de Damblain, il est noté le 23 Xbre, c'est-à-dire 23 décembre. Sur la plaque, l'inscription 23 9bre, 23 novembre. L'acte est écrit en fin de l'année, le dernier ; s'agit-il d'un oubli sur la copie du registre, ou bien la plaque porte une date erronée ? Nous avons vérifié sur le second registre conservé aux AD : c'est 23 novembre.
Tombeau des frères Charles et Paul RENARD
Charles RENARD et son frère Paul sont inhumés au vieux cimetière, route de Fresnoy à gauche à la sortie Lamarche (Vosges).
Une plaque signale, comme à Damblain, leur maison rue du Colonel Renard également.
Leur monument funéraire rappelle leur souvenir. Sous le buste de Charles est figuré le dirigeable « La France » s’élevant sur l'horizon au soleil levant.