Chapelle de Sainte-Anne la Palud

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Chapelle Sainte-Anne-la-Palud
Photo D. PÉRON

La chapelle de Sainte-Anne la Palud

Historique

La chapelle de Sainte-Anne la Palud s'élève au fond de la Baie de Douarnenez, dans la paroisse de Plonévez-Porzay.

Venez-vous du bourg? Elle vous apparaît soudain comme blottie au flanc de la colline qui la protège des vents d'ouest.

Avec son gracieux clocher à jour, ses pierres toutes grises de la patine du temps, le bouquet d’arbres penchés vers l'est qui essaient de lui donner de l’ombre, le mur de clôture qui entoure son placître gazonné, son calvaire à personnages, et sa vieille statue de 1548, Sainte-Anne la Palud a vraiment tous les caractères de la chapelle bretonne.

Dans « sainte Anne la Palud .», le terme « Palud » désigne le terrain marécageux sur lequel la tradition situe la première chapelle dédiée à la grand'mère de Jésus, et que les eaux ont recouvert. D'après la croyance générale, nos côtes bretonnes, du moins celles qui s'élèvent maintenant presque à pic au-dessus de l'Océan, étaient autrefois prolongées par une ceinture de terres basses que les vieux auteurs appelaient la « Bretagne marécageuse ». Sur ces terrains plats, lagune coupée de multiples canaux, s'élevaient de véritables forêts dont on retrouve les restes dans les grèves du Ris, de Kervel, de Sainte-Anne et de Kervijen. Dans cette dernière grève notamment, on découvre, sous une faible couche de sable, de grandes étendues de tourbe et çà et là des troncs d’arbres: signe évident que la mer a gagné sur les terres.

La tradition rattache la fondation du pèlerinage de Sainte-Anne la Palud à la destruction de la ville d'Is.

« Après la submersion de la ville d'Is, causée par les péchés de la jeunesse, le Roi de Cornouaille, nommé Grallon, se trouva profondément affligé.

Pour détourner la malédiction divine de sa personne et du pays de Cornouaille, il donna, en esprit de pénitence, beaucoup de biens en aumônes :

La « Palud » à sainte Anne, Rumengol à la Vierge Marie et Landévennec pour y prier. Le Roi chargea son grand ami saint Guénolé de bâtir la maison de sainte Anne et celle de Notre-Dame. »

Les Chapelles successives

La première chapelle

Bâtie par les soins de saint Gwenolé, grâce aux largesses du Roi Grallon, est désignée sous le nom de Santez Anna gollet. On croit qu'elle était située au sud-ouest des dunes actuelles sur un terrain aujourd'hui ensablé et que la mer couvre aux hautes marées. Le vieux chemin tout gazonné qui descend directement de Sainte-Anne à la grève est encore appelé Hent Santez Anna gollet, « le chemin de Sainte-Anne la disparue ».

Combien de temps dura cette chapelle? Une tradition bien conservée dans le pays veut qu'elle ait été ensevelie sous les sables de la baie quelques années après la mort du petit saint Corentin.

Une invasion de sable dans ces parages est assez vraisemblable. Constatation facile à faire : une épaisse couche de sable forme la partie superficielle de la « Palud », large bande de terre, profonde de 1.500 mètres, qui s'étend devant la grève de Sainte-Anne.

Quant à l'époque de la disparition, on ne peut rien dire de précis : les listes des évêques de Cornouaille ne mentionnent point un deuxième Corentin sur le siège épiscopal de Quimper.

Deuxième et troisième Chapelles

La deuxième chapelle fut bâtie non plus tout près et en vue de la mer mais sous la colline qui domine la baie, et bien à l'abri des flots et des vents d'Ouest.

Elle était de l'époque romane : son abside en forme de four était percée de fenêtres étroites et basses, dépourvues de meneaux, sortes de meurtrières, comme on en voit dans les églises des Xe et XIe siècles.

Elle subit plusieurs modifications et restaurations avant de devenir l'édifice qui fut remplacé, il y a 70 ans, par la chapelle actuelle.

D'après M. Pouchous recteur de Plonévez- Porzay, de 1832, à 1866, la chapelle de Sainte-Anne était « de très médiocre grandeur, de style moderne, et de bon goût ». Sa jolie flèche, haute de 20 m. 50, portait les dates de 1230 et de 1419. Au linteau d'une porte latérale, on lisait celle de 1232. Malgré ces dates, l'ancien Recteur de Plonévez-Porzay, et les continuateurs d'Ogée sont d'accord pour dire que la troisième chapelle fut construite vers 1630, et qu'on y employa des matériaux de l'ancien édifice.

C'est donc la deuxième chapelle qui eut l'honneur de recevoir la statue de granit de 1548, du temps de Messire Le Baut qui fut recteur de Plonévez de 1540 à 1567.

Sous le rectorat de M. Jean Talabardon (1720 - 1755) une restauration importante fut faite en 1725, année où on lit, dans les comptes de la fabrique de Sainte-Anne : « Payé pour rebâtir la tour et le corps de ladite chapelle : 624 livres 6 sols. »

Trente ans plus tard, de remarquables embellissements furent accomplis par M. Charles Pezron, recteur de Plonévez de 1755 à 1763.

Quatrième Chapelle

Au XIXe siècle, la chapelle de Sainte-Anne, avec ses « médiocres dimensions », ne convenait plus du tout au grand pèlerinage qui avait lieu chaque année à la Palud.

En 1858, la construction d'un nouveau sanctuaire fut décidée, avec le consentement de Monseigneur Sergent, par le conseil de fabrique de la paroisse, alors composé de M. Pouchous, recteur, et de MM. Sébastien Le Gac, de Lesvren, maire; Jacques Blouet, de Penn-ar-c'hrêc'h; Pierre Cornic, de Trevilly; Guillaume Simon Le Marc'hadour, du Koz-kêr; Gilles Moreau, de Kerveo; Jean-Marie Le Doaré, de Goulit-ar-gêr.

Les travaux préliminaires commencèrent en 1858; mais la construction traîna, car on manquait de ressources.

La première pierre fut posée le 20 octobre 1863 par M. Jacques Prigent, archiprêtre de Châteaulin, en présence du clergé de la paroisse, des recteurs des environs, du conseil municipal, et du conseil de fabrique de Plonévez, de M. François Le Bigot, chevalier de Saint-Grégoire, architecte, et de M. Joseph Gassis, entrepreneur.

Le nouvel édifice fut béni le 5 août 1866 par M. le chanoine Alexandre, délégué de Monseigneur l'Évêque.

Le flanc gauche de la chapelle a été percé pour aménager l'élégant oratoire qui abrite désormais la Statue vénérée. Fine dentelle de pierre, celui-ci a été édifié en 1903 par J.-L. Le Naour, maître tailleur de pierres, sur les plans du chanoine Abgrall. De très belles mosaïques l'ont enrichi tout récemment.

Chapelle extérieure



Une chapelle extérieure de pardon a été édifiée au flanc nord en 1948 par l'architecte René Legrand.

Culte et Reliques de sainte Anne

Chacun sait que sainte Anne mourut à Jérusalem, mais tous les historiens s'accordent à reconnaître que son corps n'y est pas resté. Un document pontifical nous autorise à croire que c'est l'Église d'Apt qui reçut et conserva les précieuses reliques de la Sainte. En effet, un bref du pape Clément VII, du 30 octobre 1533, enrichit d'indulgences et recommande à la générosité des fidèles, l'église d'Apt, qui tombait de vétusté, cette antique église, disait-il " où reposent les corps de plusieurs saints, et notamment celui de sainte Anne, mère de la glorieuse Vierge Marie." L'évêque d'Apt, César Erioulée, avait porté au Souverain Pontife toutes les pièces anciennes, relatives à la possession des reliques de sainte Anne, et ce n'est qu'après l'examen qui en fut fait, par ordre du Pape, que celui-ci porta son jugement. Sa lettre à elle seule suffit donc à authentiquer les saintes Reliques. Toutefois, avant comme après Clément VII, nous voyons d'autres Papes: Benoît XII, Innocent VI, Martin V, Alexandre VI, Paul III, Clément VIII, reconnaître l'authenticité des reliques de sainte Anne, que démontraient les documents les plus probants, conservés dans l'église d'Apt, et accorder des indulgences aux fidèles qui faisaient le pèlerinage au tombeau de la mère de la Sainte Vierge. Il reste à se· demander comment l'église d'Apt est venue en possession de ce trésor.
Des traditions provençales affirment que le saint corps fut transporté en Provence, par les premiers apôtres de cette contrée·: saint Lazare et ses sœurs, sainte Marie-Madeleine et sainte Marthe, les saintes Marie.

On s'explique facilement que, prévoyant les bouleversements dont la Palestine serait le théâtre et que le Sauveur avait prédits, les deux saintes Marie aient pensé, au moment de quitter l'Orient, emporter les pieux restes de leur sainte parente.

Ils furent confiés à saint Auspice, premier évêque d'Apt, sans doute parce que cette ville, séparée de la mer par une triple chaîne de montagnes, offrait aux Reliques une retraite plus sûre.

La tourmente de la persécution finit cependant par déferler sur la ville retirée.

Saint Auspice, avant de subir le martyre, cacha dans un souterrain le corps de sainte Anne, où il fut à l'abri pendant les invasions des Visigoths et des Sarrasins. Le malheur est que la cachette était ignorée de tous.

Un miracle devait le faire retrouver à la fin du VIIIe siècle, lors d’une visite que Charlemagne fit à la ville d'Apt, à son retour d’Espagne, où il avait battu les Sarrasins.

L'empereur se trouvait dans la cathédrale d'Apt, le jour de Pâques 792. Le monarque assistait à l'office, entouré de ses chevaliers et du peuple.

Tout à coup, un jeune homme aveugle et sourd-muet, fils du seigneur Caseneuve de Simiane, chez lequel l’empereur avait accepté d’être l'hôte, entre dans l’église, comme guidé par une main invisible, et fait signe qu’on enlève une dalle et qu’on creuse.

Charlemagne voulut que l'on obéît à son désir. On lève la dalle, on creuse, on découvre une crypte où étaient des reliques.

Et voilà que le jeune homme, soudainement guéri, s'écria : — « C'est elle. »

« C'est elle », répéta Charles, et avec lui la foule.

La châsse qui se trouvait au fond de la crypte fut ouverte et sur un voile qui entourait les reliques, on put lire: « Ici repose le corps de sainte Anne, mère de la glorieuse Vierge Marie ».

Le grand Pardon

En Bretagne, depuis les premiers temps du Moyen Âge, on appelle « pardons » les grandes assemblées religieuses, qui se tiennent à l'occasion de la fête d'un saint Patron.

Le but des chrétiens, en se rendant à ces solennités, était de « gagner des indulgences » que l'Église attache libéralement à la visite des centres de dévotion. D'où le nom de « pardons » donné à ces fêtes. De tous les pardons du diocèse, celui de Sainte-Anne la Palud est parmi les plus connus et les plus considérables.

Ce pardon a lieu tous les ans, à la fin d'août, et il dure trois jours (le dernier dimanche d'août, le samedi qui précède et le mardi qui suit).

L'affluence des pèlerins est énorme et c'est par dizaines de milliers qu'on les voit accourir rendre leurs hommages à la Reine des Bretons.

Plas ar Zalud


Il est un point au sommet de la Palud que l’on nomme « Plas ar Zalud » « la Place du Salut », parce que jadis, et encore maintenant, c'est en cet endroit que s'agenouillaient les pèlerins pour saluer d'une première prière la Sainte vénérée.

Saluer sainte Anne, voilà bien la première pensée des pèlerins, arrivant à la Palud.

Les miracles

Pélerins accomplissant un vœu


La veille du Grand Pardon a lieu, tous les ans, la procession dite des vœux ou des miracles. C'est une procession d'actions de grâces. Il faut croire que sainte Anne est généreuse envers ceux qui l'invoquent, car on voit, à ce pieux défilé autour de son domaine, jusqu'à un millier de personnes munies de cierges et marchant à la tête du cortège, après la première croix. Cette place qu'elles prennent, ce cierge qu'elles tiennent indique qu'elles s'acquittent d'un vœu. Elles sont venues une première fois implorer "leur bonne grand'mère"; elles ont été exaucées, et les voilà de retour pour remercier.

S'est-il produit des faits miraculeux à Sainte-Anne ? On en saurait douter. Le grand nombre d'ex-voto que l'on voyait autrefois autour de sa statue, on en a gardé que seulement quelques-uns, en est une preuve indéniable. Ces miracles, malheureusement, ne semblent pas avoir été officiellement constatés. Les bénéficiaires des faveurs de sainte Anne se sont contentés de déposer leurs béquilles, des images de cire, de petits navires, des plaques de reconnaissance aux pieds de la statue, et se sont retirés sans plus de formalités. Moins que les autres, le Breton aime à être l'objet de la curiosité publique : il ne redoute rien tant que les interrogatoires et les enquêtes, et quand il le peut, il s'y dérobe. Seuls les prodiges éclatants, opérés à la vue de la foule, ne pouvaient être cachés. Ceux-là ont été consignés, non dans les registres paroissiaux de Plonévez, mais dans les guers ou complaintes populaires chantées par les mendiants qui affluaient autrefois au pardon de la Palue

Ex-votos

Les solennités extraordinaires de Sainte-Anne

La première translation des Reliques en 1848

La translation des reliques de sainte Anne donna lieu, le 30 juillet 1848, à une fête tout à fait exceptionnelle.
La relique fut déposée sur le maître-autel, puis dans la niche préparée au-dessus du tabernacle.

Le couronnement de sainte Anne (31 août 1913)

Depuis de longues années déjà, les fidèles trouvaient à Sainte-Anne toutes les faveurs spirituelles qu’un dévot pèlerin peut désirer. Les papes Grégoire XVI et Pie IX avaient enrichi le pèlerinage de quantité d’indulgences : une confrérie fondée dans la chapelle avait été dotée de précieux avantages, toutes les messes dites à Sainte-Anne pour les défunts jouissaient de la faveur de l'autel privilégié.

Une chose cependant manquait encore à la gloire de Sainte-Anne la Palud : la couronne qui brillait depuis nombre d’années déjà au front de Sainte-Anne d’Auray.

Sainte-Anne couronnée
Pardon de Sainte-Anne la Palud



Sainte-Anne sera couronnée par Mgr DUPARC évêque de Quimper en présence de 80 000 personnes.

Translation des nouvelles reliques de sainte Anne (27 août 1922)

Elle se fera en présence de Mgr DUPARC, évêque de Quimper, Mgr DE GUÉBRIANT, archevêque de Marcianopolis, Mgr MORICE, évêque de Tarbes, Mgr DE LA PORTE, ancien évêque du Mans, Mgr LE FER DE LA MOTTE, évêque de Nantes, Mgr LE SENNE, évêque de Beauvais, DOM DOMINIQUE, abbé de Thymadeuc. Mgr MORELLE, empêché, a délégué ses deux secrétaires. En l’absence de Mgr GOURAUD, retenu, M. le chanoine BULÉON et M. le Supérieur des Chapelains de Sainte-Anne d’Auray apportent l’hommage du diocèse de Vannes. Le Parlement est représenté par MM. FORTIN, sénateur; BALANANT, JADÉ, SIMON et EVAIN, députés.
On évaluait à 125 000 le nombre de pèlerins venus à l'occasion de la nouvelle translation des reliques de sainte Anne.

Cartes postales anciennes

Intérieur

Oratoire

Vitraux

Bannières

Calvaire

Une Croix se dresse dans l'enclos, du côté sud, tout près de la chapelle. Elle est de 1653 et porte sur son embase les noms du recteur qui l'érigea: Missire Guillaume Vergos (Recteur de Plonévez de 1630 à 1656) et du fabricien de l'année : Lucas Bernard. C'est un Calvaire complet : au milieu, le Christ et la Pietà; à droite et à gauche, quatre personnages. Au pied, on voit des statues qui se trouvaient autrefois dans la chapelle : saint Pierre, sainte Marie-Madeleine et un évêque bénissant.

Fontaine

À une centaine de mètres au sud du sanctuaire est la fontaine de sainte Anne. L'ouvrage actuel a remplacé, en 1871, un édicule de 1644 sur le fronton duquel on lisait : X. Kermaïdic, f. (Christophe Kermaïdic, fabricien).

Statues

Extérieur

Voir aussi (sur Geneawiki)

Sources

Liens utiles (externes)

Notes et références