Chapelle Notre-Dame de Kerdévot

De Geneawiki
Aller à la navigation Aller à la recherche

Retour à Ergué-Gabéric

Chapelle Notre-Dame de Kerdévot - Photo D. PÉRON


Historique

Date

Si une chapelle de Kerdévot apparaît dans les sources en 1439, l'édifice actuel fut construit à la fin du XVe siècle, la date de 1489 inscrite sur le vitrail permet de dater le chevet – qui est la première partie construite dans une église ou une chapelle. La chapelle fut consacrée en 1556.

Origine

Kerdévot aurait été bâtie en remerciement à la Vierge, pour avoir miraculeusement mis fin à une épidémie de peste, raconte dans un poème du Barzaz Breizh, "La Peste d'Elliant". D'autres miracles accomplis par la Notre Dame de Kerdévot sont évoqués dans le Cantique de Kerdévot (1712), en 56 strophes ! Les blasons de la noblesse locale sont visibles au-dessus de la porte ouest, dans la maîtresse-vitre, sur les poutres, les chapiteaux et attestent de la participation des nobles d'Ergué-Gabéric, d'Elliant et des environs à la construction et au décor de la chapelle.


Patrimoine bâti

Architecture

De dimension imposante pour une chapelle de campagne – elle est plus grande que l'église paroissiale du bourg d'Ergué-Gabéric – son architecture présente des partis souvent adoptés par l'art breton : le chevet plat et le clocher-porche. Le style gothique flamboyant s'illustre dans les baies et la flèche, bien que cette dernière ait été restaurée au début du XVIIIe siècle : l'architecte en a profité pour rajouter les deux tourelles. C'est à la même époque que l'on bâtit la sacristie. La chapelle et son grand retable furent parmi les premiers édifices du Finistère à être classés à l'inventaire des monuments historiques le 14 juin 1898[1],[2].

Statuaire

Les œuvres majeures se rapportent au culte marial dans lequel s'inscrit cette chapelle.

La statue de Notre-Dame de Kerdévot

Notre-Dame de Kerdévot



Vierge en majesté, dans le style italianisant, seconde moitié du XVIe siècle, sans équivalent en Bretagne[3].

La vierge est assise sur un trône imposant, surmonté d'une valve de coquille Saint Jacques. Elle même vêtue d'un manteau aux plis amples, elle nous présente son enfant nu, entourés de sept angelots nus eux aussi et qui sont représentés en un mouvement ascensionnel non symétrique. Le thème de la Maestà (Vierge à l'enfant trônant), la présence de la coquille Saint Jacques, la représentation naturaliste, le traitement des plis et le mouvement non stéréotypé sont autant d'éléments qui rattachent cette œuvre à la renaissance italienne.

A-t-elle été importée directement d'Italie, ou bien a-t-elle été réalisée dans un atelier breton ou flamand sous influence italienne ? Nous ne pouvons malheureusement pas répondre à cette question, faute d'information sur cette statue unique en Bretagne. Cette œuvre de la fin du XVe siècle aurait été commandée et importée à la période de construction de la chapelle, ce qui remettrait en question la lenteur de la pénétration du goût italien en Bretagne.

La statue de Notre-Dame des Angoisses (Itron Varia an Nec'h)

Notre-Dame des Angoisses



En face de la statue de Notre Dame de Kerdévot, adossée au pilier droit, Itron Varia an Nec'h (Notre Dame des Angoisses) foule le démon et présente son fils de front.

Saint Théleau

SaintThéleau



Côté sud, près de l'entrée de la sacristie, Saint Théleau monte un cerf, son animal symbolique. Ce patron des chevaux fut év^que de Llandaff au Pays de Galles et beau-frère de Budic, comte de Cornouailles. C'est sur cette monture qu'il aurait effectué le tour de ses terres et ainsi défini son domaine... Mais c'est aussi sans doute en souvenir de Cernunnos, divinité celtique associées au cerf et figurée avec des andouillers sur le front.

Christ en croix

Christ en croix
Christ en croix

Au fond de la chapelle sur le mur nord, le Christ en croix est assisté de la Vierge et de Saint Jean. Cette œuvre difficile à dater (fin 15e - début 16e siècle) est composite, les témoins sont en effet d'une facture moins raffinée que le Christ.

Les retables annexes

Les retables annexes présentaient des œuvres centrales hispanisantes de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. Il ne reste malheureusement qu'une piéta, le baptême du Christ ayant disparu lors du vol de 1973. Ce dernier a été remplacé par une Épiphanie sans doute réalisé par un artisan local à la fin du 16e ou au début du 17e siècle. Les cadres, eux, datent de la fin du 17e - début du 18e siècle; ils ont été réalisés en Bretagne comme cela se faisaient beaucoup à l'époque pour mettre en valeur l'œuvre importée.

Statues

Le retable flamand

Œuvre en bois polychrome et dorée, sculptée, dans les ateliers d'Anvers et Malines, date de 1490. En forme de T renversé à l'origine, deux scènes ont été rajoutées au XVIIe siècle. Le retable présente donc aujourd'hui 6 scènes de la vie de la Vierge, riches de 70 figures avant les vols. Seuls trois retables comparables sont connus : à la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, à Saint-Germain l'Auxerrois à Paris, et à Cracovie[4].

Le 7 novembre 1973 des vandales ont brisé la vitre protectrice du retable et ont volé 11 personnages, tandis que d'autres gisaient sur le sol de la chapelle et la pelouse, certains mutilés. Quelques pièces seront retrouvées lors de l'arrestation du gang de voleurs.

Le jour du vol, devant l'ampleur du désastre, et dans la crainte du retour des vandales, les responsables décidèrent de mettre les statuettes rescapées en lieu sûr dans le grenier du presbytère, pour quelques semaines qui devinrent des mois.

Ce fut une catastrophe, sous l'effet de la chaleur les dorures s'éparpillèrent sur le sol, les bois se fendillèrent.

On résolut alors de les mettre dans la sacristie de Kerdévot. Ce fut pire. La toiture n'avait pas encore été refaite, et, par temps de pluie, le sol était recouvert d'eau. Les bois étaient couverts de moisissures.

Il fut décidé de les mettre au musée de Quimper.

En 1975, le travail de restauration fut confié à M. Paul HÉMERY du Faouët. Le retour du retable se fera au début de l'année 1979. une vitre blindée le protège dorénavant[5].

Vitraux

  • Il subsiste des vitraux d'époque gothique (datés de 1489), rassemblés dans la maîtresse-vitre. L'abondance des armoiries et blasons témoignent de la générosité de la noblesse locale (Elliant et Ergué-Gabéric), et aussi de leur ascension dans le contexte favorable à l'État breton. Très détériorée, elle est constituée d'éléments divers provenant de différents anciens vitraux de la chapelle.


  • Les vitraux contemporains, posés en 1996 et 1999, sont dus au peintre Hung RANNOU et au verrier Jean-Pierre LE BIHAN de Quimper. Hung RANNOU a retenu le thème de la germination et de l'élévation de la plante, en tant que symbole de la force spirituelle.

Poutres et sablières


Intérieur chapelle


La sacristie

La sacristie
La chapelle, la sacristie et le calvaire

La sacristie, accolée à la façade sud de la chapelle, fut construite en 1705 pour abriter les réunions de la Fabrique et loger un gardien. Elle est remarquable par sa toiture à l'impériale forme savante héritée de la renaissance française.

Fontaine Notre-Dame de Kerdévot

Fontaine Notre-Dame de Kerdévot

Située à 300 mètres de la chapelle, elle se présente comme un petit édifice architecturé, à toit en bâtière, flanqué d'épais pinacles à crochets. On devine un blason érodé. Elle abrite la représentation sans doute la plus ancienne de Notre-Dame de Kerdévot. Ses eaux soignaient la fièvre, le catarrhe, faisaient monter le lait des jeunes mères.

Le calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kerdévot

Calvaire - Notre-Dame de Kerdévot




Le calvaire date du XVIe siècle, il comporte douze niches, probablement destinées à recevoir les statues des apôtres. Cela en fait l'un des sept calvaires aux apôtres du Finistère. Mais l'existence de ces statues nous est inconnue. Ont-elles été volées, enlevées pour être protégées ou détruites à la révolution, ou même jamais réalisées.

Vues extérieures de la chapelle


Pardon

Il a lieu le 2e dimanche de septembre. C'est l'un des plus importants pardons du pays glazik. La cérémonie se termine par une procession avec les bannières paroissiales jusqu'à la fontaine; les porteurs de bannières portent le costume breton. Le comité d'Animation du quartier de Kerdévot organise la fête profane.

En photos

Cartes postales anciennes

Voir aussi (sur Geneawiki)

Sources

  • D'après les documents affichés dans la chapelle
  • La chapelle Notre Dame de Kerdévot - Arkae - Cahier n° 8

Liens utiles (externes)

Notes et références

  1. retable : scènes de la vie de la Vierge - Chapelle Notre-Dame de Kerdévot:Fiche Base Palissy
  2. Chapelle Notre-Dame de Kerdévot (Ergué-Gabéric):Fiche Base Mérimée
  3. Vierge à l'Enfant assise dite Notre-Dame de Kerdévot:Fiche Base Palissy
  4. Le retable flamand de Kerdévot - Arkae
  5. Livre d'or du cinquième centenaire, 1489-1989 par l'Association Kerdévot 89 - Gallica