Basilique de Saint-Nicolas-de-Port

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Cette basilique du XVe siècle est un élégant exemple de l'époque « flamboyante » de l'art gothique. Tous les critères typiques de ce style y sont réunis et l'ensemble forme une belle homogénéité due à une élévation rapide.
« Elle est la plus grande et la dernière église de France intégralement conçue et réalisée dans le style gothique flamboyant »[1].
Par ailleurs l'édifice présente deux particularités architecturales dont deux colonnes les plus hautes d'Europe.


Basilique vue de la place du marché. Photo B.ohland

Contexte historique

Saint Nicolas et sa légende

Saint Nicolas
  • Nicolas, né en Lycie (Turquie) vers 255 et mort en 334, devient évêque de Myre en 300.
  • Personnage généreux n'hésitant pas à distribuer sa richesse, il devient très populaire et son culte se répand rapidement en Orient. Une légende appuyée par des documents iconographiques le montre sauvant trois officiers de Constantin Ier, accusés d'un complot et condamnés à mort.
  • Quand le culte de saint Nicolas se diffuse en Occident, la légende se transforme : les trois officiers deviennent les « trois enfants qui s'en allaient glaner aux champs », tués par le boucher, mis au saloir et ressuscités par le saint évêque. C'est à partir de ce moment que saint Nicolas devient patron des enfants et que s'installe la tradition des friandises et jouets apportés le 6 décembre.


Une relique et son destin

Jeanne d'Arc en pèlerinage
  • En 1098, Aubert de Varangéville, seigneur lorrain de passage à Bari (en Italie) où repose la dépouille de l'évêque, vole une phalange et la ramène à Port, petite ville alors pourvue d'une simple chapelle.
  • La phalange étant à l'origine de guérisons et de nombreux miracles, marchands, notables et pèlerins viennent de partout pour la vénérer. Le phénomène prenant une grande ampleur, « une première église de pèlerinage dédiée à saint Nicolas est consacrée en 1101 »[2] et la ville prend le nom de Saint-Nicolas-de-Port. Le nombre croissant des pèlerins incite à construire en 1193 une deuxième église, plus grande, dans laquelle Jeanne d'Arc vient en 1429 vénérer la phalange sacrée.
  • Quand le duc de Lorraine René II doit affronter Charles le Téméraire en 1477, il invoque le saint évêque. Sorti vainqueur du combat, il déclare saint Nicolas "patron de la Lorraine" et soutient le projet de construction d'une plus grande église qui sera « élevée au rang de sanctuaire national des Lorrains »[3].


Héraldique

54483 - Saint-Nicolas-de-Port Blason Basilique.JPG

Le blason propre à la basilique reprend le même thème que celui de la ville, mais avec des couleurs différentes.
Son blasonnement se formule ainsi :
« D'azur, à une nef d'argent, sommée d'une croix byzantine, accompagnée de trois besants d'or, 2-1 ».
Une représentation de ces armes est présente à de nombreux endroits de la basilique, dont une accrochée sur un des piliers.

De la grande église à la basilique Saint-Nicolas

Façade et portail principal
Photo B.ohland
  • Les travaux débutent en 1481, du temps de Simon Moycet, prêtre de la paroisse et trésorier, et « la première pierre est posée en 1495 »[4]. Le calcaire utilisé, très clair, provient de la carrière de Viterne. Quinze ans plus tard, le chœur et le transept (non saillant) sont déjà achevés. Encore une dizaine d'années et la nef se termine en 1520, étayée par des contreforts sur culées et des arcs-boutants tout en finesse. L'édifice mesure alors, à l'extérieur, 87 mètres sur 31 mètres, présente 79 fenêtres et est agrémenté de 95 gargouilles élancées.
Les tours, de 85 et 87 mètres de haut, sont plus tardives : élévation terminée en 1544 et coupole vers 1560, en plomb à cette époque.
  • En 1635, la basilique est incendiée, tout comme la ville, par les Suédois. Trente ans plus tard on refait la charpente, en chêne, et les deux nouveaux dômes bulbés, en ardoise cette fois-ci, sont terminés en 1725.
  • L'édifice, classé aux Monuments historiques depuis 1840[5], est endommagé un siècle plus trad par les bombardements du mois de juin. Une fois les réparations terminées, en 1950, le pape Pie XII élève l'église au rang de basilique mineure.
  • L'année 1980 est providentielle car la basilique se voit attribuer « un legs de sept millions de dollars de Camille Croué-Friedman »[6] qui permet d'engager une restauration qui commence alors par un nettoyage des pierres et voûtes, des reconstitutions d'éléments détériorés, la réouverture d'une baie et de nouveaux vitraux.



Deux particularités architecturales

Plan
Colonne torsadée Photo B.ohland

Un alignement désaxé

Lorsqu'on pénètre dans le vaisseau, l'effet est saisissant : il n'est pas rectiligne. La nef est en effet déviée par rapport au transept et au chœur suivant un angle de 6°. La raison en est tout simplement un manque d'espace dans le bâti environnant et une pente du terrain. À part cela, l'architecture est fidèle aux codes du gothique tardif : une élévation sur deux niveaux (30,25 m), sans triforium. « Les voûtes ogivales barlongues sont à liernes et tiercerons »[7].

Les hautes colonnes du transept

Quant au transept, il adopte la largeur de deux travées et est habillé de grandes baies. Afin de soutenir ses voûtes, il a fallu construire deux colonnes à un seul jet, qui, avec une hauteur de 21,50 mètres s'avèrent les plus hautes d'Europe. Celle du transept Sud est habilement torsadée pour masquer un problème d'aplomb.

Le chœur

Chœur et abside
Photo B.ohland
  • Michel Robin, le premier architecte, s'est inspiré du style champenois et a élaboré un chœur plus ou moins similaire à celui de la cathédrale de Toul, avec une abside pentagonale, dépourvue de déambulatoire, comme c'est souvent le cas en Lorraine à cette époque.
Des indices permettent aux historiens de supposer que le chœur a été vitré dès son achèvement en 1510, car les verrières étaient un cadeau du duc René II et ont été commandées avant son décès (en 1508).
Stalles en chêne Photo B.ohland


  • Les stalles ont été sculptées dans du chêne, au début du XVIIIe siècle et présentent des frontons très ouvragés.


  • Le maître-autel d'origine, en marbre, date également du XVIIIe siècle. Il est devancé par un nouveau, en bronze, réalisé en 1996 par le sculpteur Anthonioz.


Autres éléments de l'édifice

Orgue, chapelles, et statuaire

Orgue Photo B.ohland
  • L'orgue est situé dans le transept. L'instrument d'origine, de Cuvillier, datait de 1846 avec un buffet réalisé deux ans plus tard. Fortement endommagé lors des bombardements de 1940, il a été reconstruit par Jacquot Lavergne en 1956. Mais la qualité étant décevante, il a été remplacé en 1992 par un mécanique de la gamme Haerpler, puis complété en 2007 par Michel Gaillard.
  • Les chapelles bordant les collatéraux sont nombreuses, et beaucoup présentent la même forme : une niche à double arcature et deux vitraux, souvent délimitée par une grille en fer forgé. Celle de saint Nicolas a été inaugurée en 1866 lors de la mise en place d'un nouvel autel. Dans une autre chapelle se trouve le gisant de Simon Moycet, prêtre de l'église précédente, qui a supervisé la construction de la basilique et a eu le temps de voir l'achèvement de la nef avant de mourir le 7 avril 1520 1520.
  • Les statues sont nombreuses. La plus ancienne est celle de Notre-Dame de Port et date du XIIIe siècle, du temps de la dernière église précédant la basilique. La vierge de pitié, avec le Christ allongé au sol selon tradition lorraine, remonte au XVIe siècle, et la sainte Trinité au XVIIIe siècle.



Peintures murales

Le ravissement de sainte Marie-Madeleine

Des peintures murales ont été mises au jour sous une couche de badigeon ayant tenté de masquer les noirceurs de l'incendie de 1635. Elles ont toutes été « réalisées avant 1520 »[8]. La plus grande est apposée sur un mur, au-dessus de la salle du trésor et s'inscrit dans une moulure ogivale. Les autres se trouvent principalement sur des piliers.


Verrières et vitraux

Rosace Ouest,
Valentin Bousch
  • Cette église étant lieu de pèlerinage, l'objectif était de lui procurer un maximum de clarté, un critère d'ailleurs propre au style gothique. De nombreuses baies furent alors vitrées en verre blanc , la couleur étant réservée à l'abside, aux absidioles et aux vitraux des bas-côtés. Mais suite aux détériorations et à l'incendie de la guerre de trente ans, les réparations, dans l'urgence, se sont limitées à récupérer des morceaux et les réutiliser, créant des panneaux « en macédoine »[9]. Seules les verrières de l'abside et la rosace correspondent à l'état d'origine (avec bien sûr d'habiles restaurations).
  • Les commanditaires ayant une grande latitude dans leur choix, les maîtres verriers furent nombreux, mais on retiendra principalement :

Le maître Nicolas Droguet, de Lyon, qui travailla aux trois baies de l'abside jusqu'en 1510 (restaurées vers 1890 par Albert Bonnot) ; Valentin Bousch, de Strasbourg, ayant également œuvré à la cathédrale de Metz, pour six verrières, cinq vitraux de chapelles latérales et la rosace, « réalisée entre 1524 et 1539 »[10] ; Jacot de Toul, ayant travaillé dans la collégiale Saint-Gengoult de Toul mais aussi à Vézelise, Napoléon Rives ; Désiré Laurent ; et le lorrain Georges Millerau ; mais aussi des ateliers de Troyes et de Nuremberg.


Quelques curés de la basilique Saint-Nicolas

Prénom(s) NOM Période Observations
Jean-Baptiste HENRION - Né le 11 février 1752. Décédé le 4 juin 1823.  
- -  
Charles Gabriel Louis Le BÈGUE de GIRMONT 1er/12/1848 - 1867 Né le 12 mai 1808 à Lunéville. Ordonné le 8 septembre 1831. Chanoine honoraire le 17 juillet 1854. Démissionne de son plein gré le 2 février 1867. Décédé à Nancy le 17 septembre 1883.  
- -  
Antoine Philogène GEOFFROY 14/11/1886 - Né le 27 avril 1840 à Champougny. Ordonné le 21 mai 1864. Curé doyen en 1886. Décédé le 22 avril 1918.  
- -  
Joseph Edmond CARIER 13/09/1889 - Né le 13 août 1846 à Domjevin. Ordonné le 13 août 1871. Chanoine honoraire le 11 juin 1898. Décédé le 30 septembre 1913.  
- -  
René Edmond Charles CHATEL 3/02/1933 - Né le 11 octobre 1879 à Sainte-Pôle. Ordonné le 23 août 1903. Chanoine honoraire en 1937. Décédé le 31 juillet 1943.  
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Charles BEAUCOURT 1943 - Né le 15 mars 1883 à Moyen. Ordonné le 8 juillet 1906. Décédé le 31 mai 1951.  
- -  
Paul Maurice CHERY 22/06/1951 - Né le 5 octobre 1897 à Frouard. Ordonné le 8 juillet 1928. Chanoine honoraire le 12 mai 1963, chanoine titulaire le 27 juin 1965.  
- -  

(Sources : Dictionnaire biographique des prêtres du diocèse de Nancy-Toul)

Bibliographie

  • Cyrille BRONIQUE, Découvrir la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Association connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Nancy, Apache Color, 2008, ISBN 2-9525452-2-7
  • Michel HÉROLD, Les vitraux de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Association connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Nancy, Manufacture communication, 36 pages.

Voir aussi

Liens utiles

Notes et références

  1. Page 2, in Cyrille BRONIQUE, Découvrir la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Association connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Nancy, Apache Color, 2008, ISBN 2-9525452-2-7
  2. Page 1, in Cyrille BRONIQUE, Découvrir la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Association connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Nancy, Apache Color, 2008, ISBN 2-9525452-2-7
  3. Page 1, in Michel HÉROLD, Les vitraux de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Association connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Nancy, Manufacture communication, 36 pages
  4. Page 1, in Cyrille BRONIQUE, Découvrir la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Association connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Nancy, Apache Color, 2008, ISBN 2-9525452-2-7
  5. Base Mérimée
  6. Page 30, in Cyrille BRONIQUE, Découvrir la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Association connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Nancy, Apache Color, 2008, ISBN 2-9525452-2-7
  7. Page 2, in Cyrille BRONIQUE, Découvrir la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Association connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Nancy, Apache Color, 2008, ISBN 2-9525452-2-7
  8. Page 15, in Cyrille BRONIQUE, Découvrir la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Association connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Nancy, Apache Color, 2008, ISBN 2-9525452-2-7
  9. Un vitrail "en macédoine" est , comme un patchwork de tissus, un assemblage de divers fragments d'autres vitraux pour créer une nouvelle baie
  10. Page 36, in Michel HÉROLD, Les vitraux de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Association connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, Nancy, Manufacture communication, 36 pages