Aviateurs alliés du monument aux morts de Gasny
Ils figurent sur le Monument aux morts de Gasny
Des Aviateurs alliés sur le Monument aux morts de Gasny ?
Qui se souvient de William Dian , Cecil Vernon Thomas et Peter Bligh
William DIAN (1922-18 août 1944)
Ecrit par Daniel Léonard, premier Maire-adjoint, dans la vie de notre commune, de juin 1992.
Lors de la campagne de l’été 1944, de nombreux avions alliés ont été abattus au-dessus de notre région et les Associations d’anciens pilotes recherchent actuellement toutes informations sur les appareils disparus ou sur les circonstances des combats.
Gasny a vécu le 18 août 1944 l’un de ces événements quand le premier lieutenant aviateur américain Willian Dian trouva une mort glorieuse aux commandes de son P.47 Thunderbolt. Il figure sur le monument aux morts de la commune et son nom a été donné à la rue qui mène à l’endroit où son avion s’est écrasé.
A la demande des Associations américaines et grâce à divers documents et témoignages, il m’a été possible de reconstituer l’essentiel du drame de ce jour-là à Gasny. Il m’a semblé intéressant de le porter à la connaissance du public, surtout à celle des nouveaux habitants de la commune. Par ailleurs toutes précisions et témoignages complémentaires seront bien sûr les bienvenus.
Le premier témoignage provient du capitaine pilote Thomas W. Schwellenbach qui déclare :
- « …Je commandais un groupe de 8 avions chargés d’une reconnaissance armée sur le secteur de Mantes-Gassicourt, le long de la Seine. Le lieutenant Dian qui volait en position BLANC 3 a demandé la permission d’identifier un véhicule sur une route au nord de la Seine (nous savons qu’il s’agit de la route Gasny-Fourges). Avec son ailier, le lieutenant Dian a fait un passage sur son objectif, l’identifiant comme véhicule ennemi. Virant à 180° , il a fait un second passage et a détruit le véhicule avec ses mitrailleuses. Après ce moment, j’ai perdu de vue le lieutenant Dian… »
Le 2ème lieutenant David E. Keever, ailier de William Dian, confirme et complète ce témoignage :
- « …. Il (le lieutenant Dian) est descendu et a fait un premier passage mais il n’a pas tiré. Il a alors visé et a fait un second passage de l’Ouest vers l’Est, détruisant le véhicule, un char ennemi. Comme il remontait, il s’est dégagé sur la gauche et a été pris dans une forte concentration de tirs anti-aériens. Quand je l’ai vu pour la dernière fois, il était en feu et se dirigeait vers le Nord à environ mille pieds… »
Pendant ce temps, Gilbert Dumont travaillait avec deux de ses cousinsdans un champ situé sur la pente du Mesnil-Milon. J’avais pour lui une vive sympathie et nous avions parfois de longues conversations.
Ainsi, peu de temps avant son décès, il me racontait ses souvenirs du combat :
- « ….Un tir s’est déclenché, venant de la route des crêtes, en face de nous, juste de l’autre côté de la vallée. Comme l’avion était très bas, les projectiles tombaient autour de nous et nous étions à plat ventre dans le champ.L’avion a été touché et a pris feu. Il a fait une boucle au-dessus de Gasny et est revenu vers les peupleraies du bord de l’Epte. Comme il était très bas, nous pouvions voir le pilote qui était sorti sur l’aile pour échapper aux flammes. Le malheureux a tout fait pour que l’avion ne s’abatte pas sur le village. L’avion s’est finalement écrasé en bordure de la peupleraie, dans les jardins, en face de l’emplacement où est maintenant l’AAF-SA. Pendant longtemps, on a pu voir les débris qui ont été progressivement recouverts par les ronces. Quand le pilote a été inhumé dans le cimetière de Gasny, tout le village était présent …. »
Nous savons, par le témoignage du capitaine Schwellenbach qu’outre ses mitrailleuses, l’avion était armé de deux bombes à fragmentation de 260 livres. L’explosion a du être terrible. Sur place, aujourd’hui, le cratère n’est toujours pas entièrement refermé.
Plus tard, je n’ai pas encore pu savoir exactement quand, la famille de William Dian a fait rapatrier son corps. Elle a adressé à la commune de Gasny une lettre émouvante dont la traduction est restée en Mairie. Il me semble nécessaire de la reproduire ici, tout simplement et intégralement. Aucun commentaire n’est nécessaire.
Il était environ 22 heures, ce 18 août 1944. William Dian avait 22 ans.
Cecil Vernon THOMAS et Peter BLIGH ( † le 10 juin 1940 )
Qui étaient les deux aviateurs alliés du Monument aux morts de Gasny ?
Ecrit par Daniel Léonard, premier Maire-adjoint, dans la vie de notre commune, de juin 1994.
A l’occasion des cérémonies du 11 Novembre et du 8 Mai, je procède généralement à l’appel des morts des deux guerres ainsi que des opérations en AFN, dont les noms sont gravés sur le monument aux morts de la commune.
J’ai été intrigué par l’expression anonyme « Aviateurs alliés », alors que William Dian, autre aviateur allié, figure sous son nom.
Par ailleurs, au cimetière de Gasny, une tombe double porte les noms de P.I. Bligh et de C.V. Thomas. Les noms des aviateurs sont donc connus et leur tombe est demeurée en France, alors que la dépouille de William Dian a été rapatriée aux Etats-Unis. Pourtant, ils semblent moins honorés, presque oubliés. Aucune rue ne porte leur nom.
Que s’est-il donc passé ?
Je pense que les anciens de Gasny se souviennent, mais il peut être intéressant de faire connaître aux nouveaux habitants l’odyssée de ces deux jeunes britanniques.
Le 10 juin 1940, Cecil Vernon Thomas pilotait son avion au-dessus du Vexin (à ce jour, je n’ai pas retrouvé le type de l’avion ; il s’agissait probablement d’un chasseur bombardier).
Il n’avait que 19 ans. Avec lui, le sergent Peter Bligh, 20 ans, radio et mitrailleur, tous deux de la RAF.
Au-dessus de Magny-en-Vexin, l’avion est atteint par la D.C.A. mais continue sa route vers le sud. Pour s’alléger, ils larguent une bombe aux environs de Roconval.
Mais sans résultats, puisque l’avion s’écrase finalement entre Roconval et Gasny, sur le territoire de notre commune.
Lorsqu’ils sont retrouvés, les deux corps sont carbonisés, les restes non identifiables.
Ils sont enterrés au cimetière de Gasny dans un seul cercueil. Sur leur tombe, une croix de bois avec la mention « Aviateurs inconnus ».
A la libération, la mention deviendra « Aviateurs alliés » et sera portée sur le Monument aux morts, car ce n’est pas avant 1948 que l’identification aura lieu. Un panneau est alors placé sur la croix de bois. En 1953, la tombe actuelle est construite ; une seule tombe avec une double plaque pour un seul cercueil. Ce qui explique d’ailleurs que les restes n’aient pu être ramenés en Grande-Bretagne par les familles.