Abbaye de Port-Royal de Paris

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C.Angsthelm

123 boulevard de Port Royal, 75014 Paris



Historique

  • En 1204, Mathilde de Garlande, épouse de Mathieu de Marly parti pour la croisade, fait construire, en vœux, pour le retour de son époux, une église et un monastère dans un vallon situé à six lieues de Paris, dans la vallée de Chevreuse. Dans cet endroit, nommé d'abord Porrois, puis Port-Réal et enfin Port-Royal, s'installent quelques religieuses bientôt rattachées à l' Ordre de Citeaux.
  • Cette communauté subsiste à travers les ans, changeant quelque peu sa règle de vie, puisque sous Henri IV un relatif relâchement règne chez les religieuses, par ailleurs la clôture est pratiquement supprimée.
Angélique Arnauld, première Abbesse
  • Sur le plan spirituel, la réputation de Port-Royal date des réformes introduites par Jacqueline Marie Angélique Arnauld, religieuse à huit ans et abbesse à onze ans. À partir de 1609, elle rétablit la règle et la clôture, donnant elle-même l'exemple puisque le 25 septembre de cette même année elle interdit l'accès du monastère à son propre père, Antoine Arnauld, et à tous les siens, c'est la fameuse scène du guichet.
  • Avec cette réforme, l'attraction du couvent s'accroît, Les religieuses sont bientôt au nombre de trente-huit, ce qui rend les locaux trop étroits. De plus, à cette époque, la vallée de Chevreuse n'offre pas l'aspect riant qu'elle a aujourd'hui. C'est alors une région insalubre et les religieuses de l'abbaye de Port-Royal des Champs tombent souvent malades. Nombreuses sont celles qui contractent la phtisie.
  • Dans les premières années du XVIIe siècle, le Faubourg Saint-Jacques se remplit de couvents de femmes : Les Carmélites dès 1603, les Ursulines en 1612, les Bénédictines du Val de Grâce en 1620, les Feuillantines en 1623. Bon nombre de ces couvents ont laissé leur nom à des rues du quartier.
  • Aussi en 1624, Madame Arnauld, qui s'était retirée à Port-Royal auprès de sa fille la Mère Angélique, abbesse du couvent, fit l'acquisition de la propriété Lescot, dit hôtel de Clagny, situé à l'angle de la rue du Faubourg Saint-Jacques et de la rue de la Bourbe (aujourd'hui Boulevard de Port-Royal). Quinze religieuses s'installent dans cet hôtel le 25 mai 1625, suivies par les autres l'année suivante. Peu à peu, sous l'impulsion de l'abbesse Angélique Arnauld, Port-Royal de Paris va pendant quelques années supplanter Port-Royal des Champs.
  • À partir de 1636, de grandes abbesses, dont la Mère Angélique, font entreprendre des travaux qui vont durer jusqu'en 1660. Elles sont aidées dans leur entreprise par de nombreux bienfaiteurs et bienfaitrices, comme la duchesse de Longueville, la marquise d'Aumont, ainsi que la princesse de Guéménée. Ces travaux doivent donner à la propriété les bâtiments nécessaires à un couvent. Le cloître est achevé en 1655, l'église, construite par l'architecte Le Paultre, dans un pur style classique (comme La Sorbonne et le Val de Grâce) est terminée vers 1647.
  • La propriété de Pierre Lescot s'étendait du boulevard du Port-Royal au Boulevard Arago. Les bâtiments et le potager sont aménagés avec austérité suivant la règle de saint Benoît à laquelle obéissent les Cisterciennes : les religieuses n'auront rien, ni dans leurs maisons ni dans leurs jardins, qui serve purement à l'embellissement et non au besoin ; il n'y aura point de parterres de fleurs dont l'usage ne soit point nécessaire, point de jet d'eau, ni même autre chose qui ne serve que pour divertir et contenter les sens.
  • De grandes dames de l'époque, attirées par l'autorité spirituelle qui se dégage du couvent et de son entourage, obtiennent, moyennant le versement de dons importants à l'abbaye, une double autorisation : construire des pavillons sur la propriété (hors de la clôture) et suivre les offices d'une tribune de l'église.
  • En 1636, un ami du célèbre cardinal de Bérulle, l'abbé de Saint Cyran devient le directeur de conscience du couvent. L'abbé de Saint Cyran, connu pour sa science théologique et son austérité morale, a sur les âmes qu'il dirige un ascendant extraordinaire. De grands esprits de l'époque : Antoine Arnauld (le Grand Arnauld), Pierre Nicole, Lancelot et plus tard Pascal, deviennent des familiers du monastère. D'autres, comme Antoine Lemaître, et Sacy, abandonnent leurs activités mondaines et viennent se retirer près du couvent, d'abord à Paris, puis à Port-Royal des Champs, assaini par les travaux. Ce sont les Solitaires qu'on appelle aussi Ces messieurs de Port Royal.
  • C'est de là que part le mouvement janséniste en France, mouvement inspiré du grand livre consacré à saint Augustin. Il est lancé par Jansenius évêque d'Ypres (Augustinus 1640 et ami de Saint Cyran).
  • En 1627, la Mère Angélique a obtenu d'être séparée de l'Ordre de Citeaux et rattachée à l'archevêque de Paris.
  • L'abbé de Saint Cyran, par ses attaques souvent violentes, contre le relâchement des mœurs de l'Église et contre les Jésuites, qu'il accuse d'une morale trop complaisante, s'attire l'inimité de Richelieu qui le fait emprisonner à Vincennes en 1638. Il n'en sort qu'après la mort du cardinal en 1643, pour mourir lui-même huit mois plus tard.
  • De sa prison, Saint Cyran avait continué de diriger les consciences de Port-Royal et des Solitaires. Après sa mort, ses idées sont reprises par le Grand Arnauld et ses amis les Solitaires, tandis que le couvent se met sous la direction spirituelle d'un des disciples les plus fidèles du maître, Singlin.
  • Soutenu par de tels défenseurs, le mouvement janséniste prend alors de l'ampleur et exerce une influence de plus en plus grande sur l'aristocratie, sur la jeunesse et jusque sur le Parlement, la Cour et dans les salons des grandes dames où circulent Les Provinciales de Pascal.
  • De son côté, la Cour romaine, aiguillonnée par les Jésuites dont les thèses sont directement attaquées, prend peur et par deux fois condamne les propositions de Jansenius, une première fois en 1642 par Urbain VIII, une seconde fois en 1653 par Innocent X.
  • La Cour prend ombrage de l'emprise grandiose de Port-Royal et voit sans plaisir quelques frondeurs notoires ainsi que quelques membres influents du Parlement prendre le parti du mouvement.
  • Devant les efforts conjugués de l'Église et de la Cour, les Solitaires sont obligés de se disperser, les Petites Écoles qu'ils avaient créées sont supprimées. Enfin au cours des journées dramatiques des 21 et 26 août 1664, seize religieuses de Port-Royal de Paris, ayant refusé de signer le formulaire (texte par lequel elles auraient rejeté les erreurs attribuées à Jansenius), sont expulsées par l'archevêque de Paris, Hardouin de Perefixe, et emprisonnées dans d'autres couvents).
  • Port-Royal de Paris est alors séparé de Port-Royal des Champs (1666), où une partie de la communauté est retournée en 1648, après les travaux d'assainissement entrepris par les Solitaires. Le monastère des Champs continue une résistance sourde qui aboutit finalement en 1709, sur décision de Louis XIV, à sa complète destruction, allant jusqu'à la démolition des bâtiments et à la dévastation du cimetière.
  • Décrétés Bien National en 1790, les bâtiments de Paris sont fermés et les religieuses dispersées.
  • Fermée a la Révolution, l'abbaye de Port-Royal devint en 1793, la prison de Port-Libre (Malesherbes y fut entre autre emprisonné) . À Port Libre la vie était relativement paisible par rapport aux autres prisons de Paris.
  • Après la chute de Robespierre un vote de la Convention en date du 15 vendémiaire An IV (17 octobre 1795) en fit l'Hospice de Maternité à la place du Val de Grâce primitivement choisi.
  • D'abord divisée en deux sections : l'allaitement à Port-Royal, l'accouchement à l'Oratoire, la maternité s'installe complètement en 1814 à la Bourre, et l'Oratoire est affecté aux enfants trouvés.
  • C'est en 1862 que Chaptal fonde à Port-Royal l'École des Sages-Femmes de la Maternité, confiée à l'organisation de Madame de la Chapelle.
  • Avant de parvenir jusqu'à nos jours dans son état actuel, Port-Royal doit subir à nouveau les assauts de la guerre civile et ceux de la guerre tout court.
  • Sous la Commune le 22 mai 1871, pour arrêter les troupes versaillaises, les insurgés tirent sur les pavillons et tuent une femme enceinte à travers les vitres. Pendant la grande guerre, le 11 avril 1918, le canon allemand à longue portée, la grosse Bertha détruit une partie du pavillon Baudelocque faisant 29 victimes, dont 6 morts.

Source : Extrait de la Maternité de Paris, Port-Royal de Paris, Port Libre, L'Hospice de la Maternité, l'École des Sages-Femmes et ses origines 1625-1907 par le Docteur Paul Delaunay, ancien interne des Hôpitaux et de la Maternité de Paris, Membre de la Société Française d'histoire de la Médecine, publié en 1909.


Patrimoine

  • Les anciens bâtiments conventuels sont classés aux Monuments historiques depuis 1933[1], de l'extérieur ils ont conservé leur austérité.
  • De nos jours, il ne subsiste des bâtiments anciens de l'Abbaye que :
- la chapelle, qui est toujours en service, renferme la moitié de la pierre tombale de Marguerite de Harlay de Champvallon, nièce de l'archevêque de Paris, nommée abbesse en 1685,
- le chœur des religieuses, à la suite du transept et séparé de l'abbaye par une grille qui est d'époque. C'est en 1923 que le chœur a repris son aspect initial, lorsque la grille de clôture, dissimulée pendant plus d'un siècle dans les plâtres a été mise au jour.
- en face de la chapelle, de l'autre côté du vestibule menant au cloître, la salle capitulaire,
- trois des galeries du cloître dont une abrite la dalle funéraire portant l'épitaphe d'Antoine Le Maitre, neveu du Grand Arnauld,
- trois escaliers à balustres dont l'un est dit des miracles,
- enfin une partie du pavillon Guéménée et le pavillon d'Atrie.
  • Le portail de la chapelle s'ouvre sur le transept nord, elle a gardé son architecture du XVIIe et ses boiseries. Dans le passage qui mène au cloître, se trouve la salle capitulaire avec ses boiseries.
  • D'après les écrits, il se pourrait que Mère Angélique soit inhumée dans la chapelle.



Le cloître

  • Le cloître à trois côtés d'arcades est surmonté des bâtiments conventuels du XVIIe.
  • Sur le côté nord, devant la chapelle se trouve un petit pavillon qui serait l'ancien hôtel de Clagny, et à l'est l'appartement à deux étages de la princesse de Guéménée.
  • Le jardin du cloître servit de cimetière aux religieuses cisterciennes et visitandines.


En photos


Notes et références


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