C'est à la fin du XIe siècle que commence l'histoire du village, avec l'établissement d'un prieuré sur le hameau de Saint-Nicolas, 2 à 3 kilomètres au nord-ouest du Rougemont actuel. Quelques habitations s'y regroupent.
Au tout début du XIIe siècle, il est fait mention écrite d'un seigneur Thibaut de Rougemont, vassal du comte de Bourgogne. Puis la seigneurie rentre dans le comté de Ferrette, dans le Sundgau. Le comte Frédéric II fait alors construire un château pour surveiller les passages sur les deux voies romaines qui se croisent en contrebas.
Au XIIIe siècle, le village est fortifié et un second château appelé "château-bas" est construit au cœur de la cité. En 1347, la seigneurie passe sous la coupe d'Albert II de la dynastie des Habsbourg, et restera dominée par cette maison autrichienne jusqu'au traité de Westphalie en 1948. Ensuite la seigneurie de Rougemont est offerte au général Reinhold de Rosen, également seigneur de Bollwiller, puis passera de mains en mains jusqu'à la Révolution.
Alors que Saint-Nicolas connait une activité importante au XVIe siècle grâce au travail de charbonniers et de verriers, c'est seulement au XIXe siècle que des industries s'implantent à Rougemont en profitant de la présence de la rivière. Des tissages à bras s'installent dans un local militaire. Un moulin est transformé en usine de pièces de serrurerie. Des usines de filage et tissage mécanique vient le jour dans les deux localités. Une usine de pièces détachées pour l'industrie textile, une tuilerie et un four à chaux sont aussi mentionnés.
Le 2 novembre 1870, la première bataille du siège de Belfort se déroule sur le ban communal, au lieu-dit "Champ des Fourches" et fait 17 morts.
Après l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine, de nombreux Alsaciens viennent se réfugier ici et accroissent fortement la population. Au XXe siècle se rajoute une usine d'extraction de Sulfate de baryum servant à blanchir le papier. Et le village se dote d'une gare car il devient le terminus d'une ligne de chemin de fer reliée à celle de Belfort à Sentheim.
Héraldique
« D'azur, à la tour d'or, ouverte du champ, maçonnée de sable, sur un mont cousu de gueules mouvant de la pointe, chargé de trois besants d'or »
La tour fait référence au château médiéval, et les besants au prieuré établi à Saint-Nicolas.
Variante Armorial de France : D'azur à la montagne de gueules chargée de trois besants d'or et sommée d'une tour d'or[1].
Toponymie
Le premier toponyme latin est "Rubéomonte". On trouve ensuite "Rubens Mons", puis "Rotenberg" ou "Rothenberg" dans la langue germanique.
L'appellation "Rougemont" apparait en 1793 et deviendra Rougemont-le-Château en 1873.
Ce toponyme transparent est tout simplement lié à la couleur rouge du grès des Vosges au niveau des affleurements rocheux ; lequel grès, exploité dans les carrières de Saint-germain au XVIIIe siècle, servira à la construction de l'église.
1801-1871 : Cton de Masevaux, Arrt. de Belfort, Dép. du Haut-Rhin
1871-1926 : Cton résiduel de Masevaux, Arrt. de Belfort, (Dép. du) Territoire de Belfort
1926-2015 : Cton de Rougemont-le-Château, Arrt. de Belfort, Dép. du Territoire de Belfort
2015-2025 : Cton de Giromagny, Arrt. de Belfort, Dép. du Territoire de Belfort
Patrimoine bâti
Vestiges du château médiéval
Bases des murs et du donjon. B.ohlandPlan du châteauSchéma de la citerne
Il s'agit du château qui a été construit au sommet de la montagne des Boules, à 736 mètres d'altitude.
Il a connu deux périodes d'occupation :
- les XIIe et XIIIe siècles en ce qui concerne la première forteresse édifiée par les comtes de Ferrette, avec une tour quadrangulaire visant à protéger le logis adossé aux murailles.
- le XIVe siècle avec des remaniements dès 1300. Un ouvrage fortifié est alors rajouté pour protéger l'entrée. La tour d'origine est démantelée pour édifier une tour ronde. Le logis est flanqué d'un second bâtiment avec cheminée. La forge-écurie est transformée en logis.
En 1375, le château subit les assauts des troupes d'Enguerrand de Coucy et est complètement ruiné. À noter :
- le diamètre de la tour étant de 7,75 m, la hauteur avoisinait peut-être les 15 m si on en croit les proportions en vigueur à l'époque. La partie subsistante ne comporte pas de porte d'entrée : celle-ci se trouvait à 5 m de haut, accessible par une échelle amovible et un escalier aménagé dans l'épaisseur du mur.
- la construction d'un puits n'était pas possible, mais les eaux de pluie étaient recueillies grâce à une citerne à filtration composée d'une cuvette creusée dans le substrat (et étanchéifiée avec argile) et d'un puisard circulaire.
Ce château est classé aux Monuments historiques[2].
Chapelle Sainte-Catherine et maison des ermites
Maison des ermitesChapelle Sainte-Catherine
La maison des ermites, derrière la chapelle, est mentionnée en tant que "maison du moine" en 1441 dans un registre de l'archevêché de Bâle. Elle était en ruines en 1580. Elle comportait trois pièces et un socle pour un fourneau dont des carreaux de faïence ont été retrouvés.
La Chapelle Sainte-Catherine est la troisième de ce nom. La première remonte au milieu du XVe siècle et une seconde a été érigée en 1650. En raison d'une source aux vertus guérisseuses, la chapelle est devenue un lieu de pèlerinage très fréquenté jusqu'au XIXe siècle et les offrandes y étaient 75 fois plus élevées que dans l'église paroissiale. La chapelle actuelle a été construite en 1876 à l'emplacement de l'édifice originel, à l'initiative de Gaston Ehrard, maire de la commune.
Église Saint-Pierre
Façade et portailsFaçade latérale
Jusqu'au XVIe siècle, Rougemont faisait partie de la paroisse d'Angeot. Puis Leval et Romagny se sont regroupées avec Rougemont pour former une paroisse autonome. En 1620, Saint-Nicolas s'y est rattachée. L'église médiévale se trouvait à l'emplacement actuel du monument aux morts, mais tombant en ruine, elle a été démolie.
En 1851 les communes concernées se sont unies pour acheter un autre terrain et construire une église plus grande. Le projet du nouvel édifice en grès des Vosges a été confié à l'architecte Diogène Poisat. Deux entreprises se sont succédé et les travaux étaient terminés en 1866. Une restauration intérieure a été effectuée en 2017 et les murs clairs prennent une teinte violacée au soleil matinal.
L'orgue en tribune, de type néo-gothique, a été construit en 1894 par le strasbourgeois Charles WETZEL. « La bombarde de pédale est en réalité une orphicléide de Jacquet 1850, provenant d'un orgue de la Meuse »[3]. La chaire est en calcaire de Savonnières.
Cette chapelle se situe à l'entrée du hameau. Elle a été construite en 1866, à l'initiative du maire de Rougemont et député belfortain Émile Keller (1828-1909) qui avait déjà fait construire un château à cet endroit. La chapelle a été utilisée comme crypte. Dans un angle sous le porche se dresse une statue en bois représentant saint Nicolas sauvant les enfants. Et à l'arrière de l'édifice, une Vierge à l'Enfant.
Saint Nicolas
Vierge à l'Enfant
Repères géographiques
Rougemont-le-Château se situe à l'est du département, au pied des Vosges.
La limite nord-est de son ban communal se confond avec la délimitation entre Haut-Rhin et Territoire de Belfort.
La commune se trouve à 32 kilomètres de Mulhouse et 22 de Belfort.
Son territoire est traversé par la rivière Saint-Nicolas prenant sa source dans le hameau du même nom.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
820
860
828
1 044
1 250
1 259
1 186
1 271
1 355
1 214
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
1 316
1 481
1 630
1 874
2 054
2 229
2 316
2 329
2 338
2 252
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
2 130
1 847
1 763
1 644
1 537
1 415
1 482
1 409
1 375
1 318
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
1 301
1 198
1 198
1 374
1 388
1 474
-
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.