Le village se trouve sur le trajet de la voie romaine qui reliait Cernay à Mandeure.
Il est fait mention écrite d'une petite chapelle à la toute fin du XIe siècle, chapelle érigée par des paysans après avoir débroussaillé un coin de forêt. Des habitations se sont alors installées autour de l'édifice, créant ainsi le noyau primitif du village, et se trouvant englobé dans la seigneurie de Rougemont-le-Château.
En 1234, domaine et chapelle sont donnés au prieuré Saint-Nicolas qui les conserve en fief jusqu'à la guerre de Trente ans.
Vers le milieu du XIVe siècle, le territoire de Lachapelle est scindé en deux : une moitié pour le fief des Steinbrunn puis d'autres seigneurs sundgauviens successifs, l'autre partie à la famille des Laubgasse.
Le village étant situé sur un axe de passage, et desservi par la malle-poste de Colmar à Lyon, un relais de poste s'y établit, l'un des premiers et des plus importants de la région. Entre le XVIIIe et le XIXe siècle une quinzaine d'auberges ou de cabarets prospèrent grâce à l'afflux des voyageurs cherchant à se ravitailler ou se loger.
Sous la Restauration, un petit séminaire est construit et accueille jusqu'à 300 religieux. Une chapelle y est adjointe. Cependant le séminaire déménage à Zillisheim en 1869. Les bâtiments sont alors agrandis et reconvertis en collège libre accueillant notamment des Alsaciens qui fuient la germanisation de l'école dans le Haut-Rhin. Le collège comptera jusqu'à 400 élèves puis fermera en 1890 avec le contre-coup des lois de Jules Ferry.
Le village, jusque là essentiellement rural, voit s'installer au XIXe siècle quelques entreprises : une brasserie qui produit aussi limonades et sirops, une fonderie avec atelier de constructions mécaniques, et une usine de fabrication de pointes de navettes pour l'industrie textile.
Au siècle suivant une voie ferrée locale est construite puis prolongée au moment de la guerre de 1914-1948. Équipé d'une locomotive électrique (afin que l'ennemi ne soit pas alerté par de la vapeur), le train va devenir un élément essentiel pour faciliter le transport des troupes, victuailles ou munitions.
En 1944, l'église abrite 150 Belfortains qui sont emmenés en captivité. Le 25 novembre les Allemands font sauter le pont. Le 27, les derniers tirs sont nombreux et font des victimes civiles. Le 28 la commune est libérée.
(Source : panneaux d'information dans la commune et dans l'église)
Blasonnement : « De gueules au clocher d'or posé sur une terrasse rocheuse de sinople, chapé cousu d'azur chargé de deux étoiles de six rais aussi d'or »[1].
Toponymie
"Capella" dès la première mention de la fin du XIe siècle.
"À la Chapelle vers Roigemont" au XIIIe siècle.
"Capel" puis "Capplen" au XVIe siècle.
Histoire administrative
Département - 1801-1871 : Haut-Rhin - 1871-1919 : Haut-Rhin (Allemagne) - 1919-2025 : Territoire de Belfort (Département officiellement créé en 1922)
Au début du XIe existe déjà une paroisse. Et sur le plan cadastral de 1831 figure l'église primitive. Elle avait été construite en plusieurs étapes, avec un clocher en bois, et rallongée en 1804. Elle a servi au culte jusqu'en 1844
Le projet de construire une église plus grande a pris une vingtaine d'années avant d'aboutir. Pour en réduire le coût, les pierres de l'ancien édifice ont été réutilisées et les paroissiens ont accepté une surimposition. Après trois ans de travaux, Il faut trois années pour arriver à la finalisation en 1847.
Si la façade et le clocher sont en grès rose des Vosges, les flancs sont composites : en pierre taillée pour le soubassement et en moellons enduits pour l'élévation.
En 1944, l'église est fortement endommagée. Les réparations commencent par la toiture. Suivent des réparations à l'intérieur et une nouvelle bénédiction en 1962.
L'intérieur :
Les réparations de l'après-guerre se sont effectuées sur un mode minimaliste : boiseries enlevées, autel remplacé, chaire démontée, statues et chemin de croix dispersés, peintures murales non restaurées.
L'orgue en chêne sculpté avec trois tourelles est une œuvre de Claude Ignace Callinet, de 1860. Classé au titre des objets historiques depuis 2003[2], l'orgue est malheureusement en mauvais état au niveau instrumental.
La statue du Saint-Apôtre, en bois, date du XVIIIe siècle et est également classée au titre d'objet historique depuis 1983[3].
Seul un vitrail a échappé aux destructions de 1944, celui représentant Charles VII et Jeanne d'Arc. Les autres ont été remplacés en 2000 par une association de patrimoine. Art contemporain :
Sur la façade principale, une œuvre installée au-dessus du portail attire l'œil : un Ange pour Saint-Vincent. Réalisée par Simone Mayor en 2005, cette sculpture s'est inscrite à l'époque dans le programme "Sous la ligne bleue" où des "chemins d'art et de promenade" reliant 14 villages étaient agrémentés d'œuvres exposées en plein air. L'Ange de Saint-Vincent a ensuite été acheté par le Conseil de fabrique et installé sur la façade. En septembre 2020, il est posé au sol à gauche du portail latéral.
Façade
Choeur
Un des chapiteaux
Orgue Callinet
Statue su Saint-Apôtre
Vitrail dédié à saint Vincent
Ange pour Saint-Vincent
Ancienne brasserie
Ancien bâtiment remanié
La brasserie initiale est créée dès 1805 par François Grisez, par ailleurs aubergiste et maire de la commune. Elle pend logiquement le nom de Brasserie Grisez.
À la fin du siècle, elle est agrandie et modernisée par les membres de cette même famille. Elle devient alors une véritable brasserie industrielle, renommée en 1910 Brasserie de Lachapelle.
Au plus fort de sa production, entre les deux guerres, elle emploie une cinquantaine de personnes et produit 32 000 hectolitres par an : des bières « du nom de Cérès, Double Bock, Sundgau Pils »[4].
Elle diversifie aussi sa production à partir de 1939 en proposant des limonades et des sirops à destination des cafetiers.
En 1962, l'installation est vendue à des grandes brasseries régionales : une partie du bâti industriel est détruite, le reste est reconverti en logements.
La Chapelle Grisez a été construite dans l'enceinte de la brasserie, en 1880, et dédiée au Sacré-Cœur.
C'est l'épouse d'un industriel qui en est à l'origine : son mari étant malade, elle avait formulé le vœu de construire une chapelle s'il guérissait. Ses prières n'ont pas été exaucées, mais elle a tout de même fait construire la chapelle pour placer ses enfants sous sa protection. Le petit édifice comprenait un autel dédié à la Vierge et des statues qui sont maintenant dans l'église Saint-Vincent.
La chapelle Grisez est très vite devenue le but de processions religieuses.
L'autre chapelle se trouve à la sortie du village, côté Alsace.
Elle correspond à un vœu formulé par une cantinière de Napoléon lors du passage de la Bérézina pendant la retraite de Russie.
De retour au pays, la cantinière a mis son vœu à exécution.
Repères géographiques
Sur un mur au centre du village
Lachapelle-sous-Rougemont se trouve à l'Est du département et la margez orientale de son ban communal se confond avec la limite entre Territoire de Belfort et Haut-Rhin.
L'ensemble des terres chapelonnes est fortement irrigué avec les rivières la Saint-Nicolas, la Rapère et leurs ruisseaux affluents, ainsi que le canal du moulin. À cela se rajoute un étang.
La commune se situe à environ 15 kilomètres au nord de Belfort.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
394
281
450
614
714
725
694
778
850
758
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
795
855
627
1 001
740
810
578
554
558
565
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
539
507
501
440
406
375
463
496
441
409
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
403
404
460
503
572
588
-
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Né en 1794 - Élève à Porrentruy, Soleure, puis au séminaire de Besançon. Entre ensuite au petit séminaire de Lachapelle-sous-Rougemont - Durant ses années ici, il s'engage activement pour la construction de l'église Saint-Vincent - Il est aussi à l'origine des créations des écoles (garçons/filles) et d'un asile - Décède en 1875