Une présence humaine est confirmée sur la colline, au Ier siècle avant J.-C. : il s'agit des Vordenses, un sous-groupe des tribus celto-ligures appelées les "Albiques". Le secteur est ensuite occupé par les gallo-romains qui ont laissé quelques traces.
Au XIe siècle, le seigneur Guillaume d'Agout fait ériger un château, qui sera renforcé au siècle suivant. Vont s'y installer, successivement, les marquis de Simiane, les ducs de Soubise et les princes de Condé. Et au siècle suivant, des Cisterciens fondent en contrebas du village l'abbaye de Sénanque.
À partir du XIVe siècle commence la fortification du village, qui va lui permettre de résister à bien des assauts.
Au début du XVIIe siècle, Louis XIII donne à la cité le statut de Marquisat. En 1793, comme les autres villages aux alentours, Gordes intègre le département du Vaucluse qui vient d'être créé.
Au XIXe siècle, le village connait une belle prospérité, grâce à ses activités centrées sur la production de farine et d'huile d'olives, sur les cultures de garance et de lavande, sur la sériciculture et pour l'exploitation de filatures de soie.
En 1909, Gordes est victime d'un tremblement de terre.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les habitants s'investissent très activement dans la Résistance. Mais en août 1944, le village est bombardé, faisant de nombreuses victimes. Il lui sera alors attribué la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile d'argent.
Gordes est classé parmi les plus beaux villages de France. depuis 2023
Toponymie
À l'origine, l'habitat se nommait Vorda, équivalent de "village perché".
Comme ce toponyme se prononçait "Gvorda", il s'est peu à peu transformé en "Gordes".
Héraldique
De gueules mantelé d'or, à trois gourdes de l'un en l'autre[1].
Vue sur l'abbaye Notre-Dame - J-P GALICHONVue aérienne - Photo M. Th. Moussier
L'abbaye Notre-Dame de Sénanque, fondée au XIIe siècle, est une abbaye cistercienne, fille de l'abbaye de Mazan. Avec sa grande sœur, Le Thoronet, et sa cousine l'abbaye de Silvacane, elle fait partie de l'ensemble appelé "Les trois sœurs provençales". Sa particularité est d'être entourée de champs de lavande.
Mise à part l'orientation de l'abbatiale vers le nord, on retrouve partout l'agencement, l'architecture et le dépouillement propres aux Cisterciens.
Le monastère a connu des périodes de prospérité, notamment aux XIIIe et XIVe siècles, et des périodes plus troublées. Mais il a surmonté les épreuves et a été agrandi.
Une communauté religieuse continue à y vivre, en bonne entente avec l'activité touristique.
Église Saint-Firmin (façade)Inscription au dessus du portail
À l'emplacement de l'église, se trouvait une église médiévale, du XIe ou XIIe siècle, placée sous le vocable de Notre-Dame. L'église devenue trop petite, une nouvelle église est construite, achevée en 1755 comme en témoigne l'inscription au-dessus du portail.
Son clocher, sur le côté, correspond à la tour carrée de l'ancien édifice et a été coiffé d'un campanile provençal.
L'église est dédiée à saint Firmin, évêque d'Uzès.
L'intérieur est riche en décorations, que ce soit des boiseries ou des peintures murales.
Sur le pourtour de la nef, prennent place huit petites chapelles, dont une dédiée aux cordonniers, corporation très présente dans le village et une dédiée à saint Firmin.
Un buste saint Firmin de la fin du XVIIe siècle, en bois, classé au titre objet aux MH[3] en 1966.
Il est fait mention de la chapelle des Pénitents Blancs pour la première fois en 1667, dans les archives municipales.
La confrérie est remplacée par une congrégation d'hommes au milieu du XIXe siècle.
Restaurée entre 1860 et 1862 sous le vocable de Notre-Dame-de-la-Pitié, la chapelle a fait office d'église paroissiale après le tremblement de terre de 1909.
Durant une partie du XXe siècle, la chapelle a été transformée en garage pour les pompiers.
Actuellement elle est un espace d'exposition.
Château de Gordes
La tour
Vue latérale Photo JP Galichon
Façade Sud Photo JP Galichon
Les tours
Le château de Gordes est reconstruit en 1525, il existait déjà un château en 1031.
La façade nord mesure 37 m de longueur. Elle est flanquée de deux tours rondes à mâchicoulis hautes de 20 m environ. Elle est percée de deux étages de fenêtres, celles du bas étant à traverses. La couronne de mâchicoulis des tours supporte une terrasse pour l'artillerie. Façade austère.
La façade sud est flanquée d'échauguettes et percée de deux étages de fenêtres à croisillons et d'un étage de fenêtres à meneaux (au dernier niveau).
Une cheminée du XVIe siècle, en marbre, classée au titre objet aux MH[4] en 1902.
Les murs, les tours et les échauguettes comportent des bouches à feu.
Édifice classé aux M.H en 1931[5] pour le château et inscrit aux M.H en 1949 pour les tours rondes.
L'hôtel est lié à la célèbre famille des barons et marquis de Simiane, dont le premier porteur de ce nom, Guirand d'Argoult, est à l'origine de l'édification du château.
Plus tard Bertrand-Rambaud de Simiane deviendra ambassadeur de France, et Louis Armand deviendra en 1671 évêque de Langres.
L'hôtel Simiane, qui a hébergé des personnes âgées par un moment, abrite maintenant l'hôtel de ville ainsi que la bibliothèque municipale. Devenu également centre culturel de Gordes, il dispose de salles d'expositions.
Ce village, qui n'est pas unique dans le Vaucluse, est typique des habitats temporaires que paysans ou saisonniers établissaient en dehors des villages. Après défrichage, les terres étaient labourées et les pierres récupérées pour construire un habitat rudimentaire, écologique avant l'heure.
Celui-ci, situé au lieu-dit "Les Savournins", est apparu au XVIIe siècle.
Les bories étaient appelées autrefois "cabanes gauloises" car elles ressemblaient à celles apparues au temps des Ligures. Leur nom provient du mot provençal « bori » correspondant à "mas", issu du mot latin boria ou boaria signifiant "étable à bœufs".
Leur particularité est d'être construites uniquement en lauses, pierres issues de l'épierrage, assemblées à sec. Les murs sont dressés verticalement sur une hauteur d'environ un mètre puis surmontés d'une fausse voûte en encorbellement, elle-même consolidée par de grandes pierres plates au sommet.
Le village est constitué de cinq groupes d'habitations. Autour d'une petite cour, sont élevées de façon contigüe maison d'habitation, bergerie, chèvrerie, étable ou soue, ainsi que réserve. À ces cinq groupes, se rajoutent deux aires de battage de céréales, deux fours à pain et deux cuves à vin. Il n'y a pas d'église ni de cimetière.
Le lieu, abandonné vers 1850, a été découvert en 1960 à moitié ruiné. Il a été restauré à l'identique durant six années. Il est désormais classé aux Monuments historiques[6].
Maison, bergerie et réserve
Four à pain
Cuve à vin
Aire de battage derrière la murette
Fours
Autres patrimoines
Hôtel Saint-Firmin, ancien hôtel Gaudin de Lancier du XVIIe siècle.
Propriété Vasarely du XIXe siècle, située aux Devens.
Repères géographiques
Gordes est situé dans le Parc naturel régional du Luberon, et se trouve sur un promontoire calcaire des Monts du Vaucluse, dominant la plaine du Calavon à 120 m d'altitude en culminant à 370 m.
Les communes limitrophes sont : Cabrières d'Avignon (2.7 km), Joucas (5 km), Saint-Pantaléon Goult (6 km), Murs (7.6 km), Roussillon (9 km), Beaumettes (9 km), Oppède (11.8 km), Vanasque (15 km), Saumane de Vaucluse (18.7 km), Ménerbes (13 km) ; Apt est à 20 km, Lourmarin à 28 km, Avignon à 38.4 km, Aix-en-Provence à 77 km.
Deux cours d'eaux superficielles traversent la commune : La Sénancole (à l'origine du choix d'implantation de l'abbaye de Sénanque), et la Véroncle. De très nombreux cours d'eau souterrains ont été canalisés pour arroser les lieux de vie.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
2 807
2 812
3 010
2 956
2 848
2 867
2 891
3 008
2 948
2 899
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
2 937
2 805
2 594
2 512
2 204
2 010
1 767
1 638
1 562
1 447
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
1 360
1 057
1 069
1 111
1 165
953
1 075
1 363
1 536
1 574
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
1 607
2 031
2 092
2 126
2 056
1 873
-
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Né en 1798. Conseiller général du canton de Gordes de 1833 à 1848.
-
-
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Louis Isidore MOULIN
1855 - 1866
Notaire. Conseiller général du canton de Gordes de 1848 à 1861.
Charles Paul ROUSTAN
1866 - 1879
Conseiller général du canton de Gordes en 1870 et de 1874 à 1880.
Joseph Félix Hilarion VAYSON
06/1879 - 1882
Daniel APPY
06/1882 - 1885
Samuel GERMAIN
1885 - 1888
Henri BAGNOLY
1888 - 1889
Samuel GERMAIN
1889 - 1920
Conseiller général du canton de Gordes de 1910 à 1919.
Hilarion RIVAREL
1920 - 1944
Émile ROURE
1944 - 1945
Maurice BOURGUE
1945 - 1947
Justin BONFILS
1947 - 1977
Agriculteur.
Marcel FLORENT
1977 - 1983
Maurice CHABERT
1983 - avril 2015
Né le 15/01/1944. Enseignant retraité. Conseiller général du canton de Gordes de 1994 à 2015. Conseiller départemental du canton d'Apt (2015-). Démission pour cumul de mandat.
Harold KAY né le 16 mars 1926 à Courbevoie, décédé à Clamart le 16 juillet 1990) animateur radio et acteur, est inhumé au cimetière
Jean DEYROLLE (1911-1968) peintre, illustrateur est inhumé au cimetière
Hans Hermann STEFFENS (1911- décédé à Gordes en 2004) artiste peintre et graveur
Claude DESAILLY (né à Cambrai le 14 avril 1922 décédé à Gordes le 26 avril 2009), scénariste et dialoguiste, créateur du feuilleton télévisé Les brigades du Tigre diffusé entre 1974 et 1983
Yvan AMAR (né à Paris le 31 mars 1950 décédé à Gordes le 18 juin 1999) écrivain philosophe et conférencier de spiritualité.
Autres
Bertrand RAMBAUD de SIMIANE (né le 18 octobre 1513 en Dauphiné, décédé à Montélimar le 20 février 1578), baron de Gordes et de Caseneuve, lieutenant général du Dauphiné
Y possèdent une résidence ou en ont possédé une :
Louis ALTHUSSER (1918-1990) philosophe,
Alain BOUBLIL (1941-) auteur de scénario et de comédies musicales,
Eric BOUSQUET (1949-) publicitaire
Marc CHAGALL (1887-1985) inhumé à St Paul de Vence,
Michel DRACH (1930-1990) réalisateur de films,
André LOTHE (1885-1962) peintre, sculpteur,
Frédéric LENOIR (1962-) philosophe et historien des religions,
François MITTERRAND (1916-1996) et sa fille Mazarine PINGEOT (1974-)
Bruno NICOLINI dit BÉNABAR (1969-) auteur compositeur interprète de chansons françaises
Richard PERLE (1941-) homme politique américain,
Florence PERNEL (1966-) comédienne,
Roman POLANSKI (1933-) et Emmanuelle SEIGNER (1966-),
Philippe RAGUENEAU (1917-2003) journaliste, écrivain et résistant,
France ROCHE (1921-2013) journaliste,
Willy RONIS (1910-2009) photographe,
Sylvie TELLIER (1978-), miss France 2002, (s'est mariée à Gordes),
Victor VASARELY (1906-1997) artiste ayant eu un musée dans le château de Gordes en 1970,
Georges WOLINSKY (1934-2015) dessinateur satiriste, décédé dans le massacre de Charlie Hebdo,
De très nombreux films ont été tournés à Gordes :
- L'été meurtrier de Jean Becker en 1983
- L'amour en héritage de Kevin Connor en 1984
- Gazon maudit de Josiane Balasko en 1995
- 18 ans après de Coline Serreau en 2003
- Une grande année de Ridley Scott en 2006
- Les vacances de Mr Bean de Steve Bendelack en 2006