Esmery, Esmeriacum, faisait aussi partie des villages composant le pays hamois, et fut démembré de cette puissante toparchie1, sous le titre de fief. Il est situé à 5 kilomètres sud de Ham, et ne serait pas fort ancien , si l'on en croit la tradition locale. D'après cette tradition, il aurait été ainsi nommé à cause du séjour que fit en cet endroit, près de Muille, la princesse musulmane Ismérie, qui figure avec les seigneurs d'Eppe dans l'origine merveilleuse de la statue de N.-D. de Liesse, à la date du XIIe siècle, d'après les archives de Malte.
L'église, vocable Saint. Martin, est assez ancienne pour ce qui regarde le chœur et l'abside, sans offrir aucun caractère particulier d'architecture : les autres parties de l'édifice sont plus récentes. On prétend que l'ancien monument religieux du pays était entièrement semblable à celui que tient, dans la main droite, le saint représenté sur le tableau de la chapelle collatérale du midi : cette église avait un clocher du même genre , mais plus élégant, des bas-côtés moins hauts, une double rangée de fenêtres, et un portail distingué par sa richesse architectonique.
A l'intérieur on remarque les sculptures intéressantes de la voûte du clocher, le tableau du maître-autel, qui est une bonne copie de la descente de croix de Rubens, les boiseries élégantes du XVIIe siècle, qui l'environnent, quelques fragments de tombes mutilées, et dans la sacristie, une armoire gothique fort rare dans son genre. On y trouve aussi des reliques précieuses de Saint Claude, de Saint Placide et de Saint Vaneng, dont cette église possédait en entier le corps, avant qu'on l'eût mis eu refuge dans l'abbaye de Ham. Au 4 juillet de chaque année, on célébrait à Esmery une fête particulière de ces reliques. Comme celles de Saint Vaneng avaient été profanées aux jours de la révolution; le 28 mai 1843, cette paroisse obtint une nouvelle portion du corps de ce saint, qu'elle alla recevoir processionnellement dans l'église de Ham.
Le chapitre de la cathédrale de Noyon avait la dîme d'Esmery et nommait à la cure. Ce bénéfice valait environ 1200 livres et fut occupé par MM. Ducroq en 1716, Boudoux, mort le 14 décembre 1779, Levert en 1780, Charles-François Plomion en 1790. Après le concordat, Levert, ancien curé, Jacquart, Lempereur, Leroy, originaire de Beuvraignes où il alla finir ses jours.
Cette paroisse était autrefois desservie par un prieuré, du nom de Saint Nicolas : il était à la nomination du roi et à la collation de l'abbé de Saint Éloi de Noyon, avec un revenu de 1000 livres, Il fut sécularisé; et comme il n'avait plus ni oratoire , ni conventualité, on en acquittait dans l'église paroissiale les charges, consistant en une messe basse par semaine.
Le fief d'Esmery devint l'une des baronnies du riche marquisat de Nesle. Le domaine avait appartenu autrefois à cetle maison; car elle l'obtint par retrait en 1704, en vertu d'un arrêt du parlement et de la chambre des comptes. En 1521 le trésorier, Jean de Baisnat, donna à son chapitre de Noyon la terre, nommée le bos Jacob, située à Esmery.
HALLON, dépendance voisine d'Esmery, semblerait être une prolongation de ce dernier village. il aurait reçu ce nom de lieu du mot roman allonger, ou des mots ham long, hamas tongus, à cause de son étendue considérable. Ce pays est très-célèbre dans la contrée pour ses fabriques de poteries et carreaux en terre : cette industrie y est favorisée par la nature d'un sol avantageux, dont la couche est d'une profondeur étonnante. Au XIXe siècle une route de grande communication va enfin ouvrir un débouché plus facile aux utiles productions de ce hameau. Dans le bois qui l'avoisine, G. Delisle cite une fontaine d'eau bouillante; et dans la direction de ce village à Ercheu, un village ruiné, du nom de l'Hôpital, qui pouvait être une ancienne maladrerie.
MESNIL SAINT VANENG , mansionile Sancti Vaningi, n'offre point de difficulté pour son étymologie, et serait d'une origine plus ancienne qu’Esmery On a vu en effet, qu'au 10ème siècle, les reliques de ce saint y furent déposées, et que les habitants les recueillirent avec respect, après l'invasion des barbares du nord. C'est pour cette raison que les fermiers d'Esmery, paroisse dont dépend ce hameau, avaient le privilège de se revêtir d'aubes et de porter les reliques de S. Vaneng, lors de la procession du jour de sa fête dans la ville de Ham, et de dîner ensuite à l'abbaye.
LA FOLIE consiste dans une ferme considérable et ses dépendances. Cet endroit, comme plusieurs autres du même nom, aura probablement reçu cette dénomination, par suite de l'entreprise insensée de celui qui s'y fixa le premier, ou à cause de la singularité des constructions qu'on éleva dans le principe.
BONNEUIL est une faible dépendance qui appartenait autrefois à la paroisse d'Eppeville.
En 1844 : 1427 habitants.
MM. Baudelocque : curé.
Degagny : maire.
Maillet : instituteur.
Source : L'arrondissement de Peronne par Paul Decagny (1844).
1, TOPARCHIE : Terme d'antiquité. Petite souveraineté ou principauté. Nom donné aux différentes provinces de la Palestine sous les Romains.
Monographie
La monographie de Esmery-Hallon est une sorte d'arrêt sur image de la commune faite vers 1899 par l'instituteur à partir d'un document préconisé par les autorités.
France
Somme
80-18 Ham
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