79010 - Cahier de doléances - Arçais
Extrait des Cahiers de doléances pour les paroisses relevant de l'Abbaye de Saint Maixent. : Département des Deux-Sèvres: Cahier de doléances des sénéchaussées de Niort et de Saint-Maixent, et des communautés et corporations de Niort et Saint-Maixent pour les États généraux de 1789, Léonce Cathelineau , Imprimerie G.Clouzot - Niort , 1912 , 463p.
(Anciennement St-Cyr d'Arçais)
Dép. : Deux-Sèvres. — Arr. : Niort. — Cant. : Frontenay-Rohan-Rohan.
Général. : Poitiers. — Elect. : Niort. — Dioc. : Saintes.
Moyenne justice ressortissant au château de Niort.
Princip. culture : blé.
Seigneur en 1750 : Chanoines de St Hilaire-de-Poitiers et les dames d'Arçais.
Seigneur, en 1789 : Louis Jean Goulard, chevalier, seigneur d'Arçais et de la Molte du Bois.
Popul. en 1790 : 900 habitants.
Taille : 7.444 L 10 S (principal 2.300 L).
PROCES-VERBAL
Le procès-verbal de cette paroisse n'a pu être retrouvé.
Le procès-verbal de rassemblée préliminaire du Tiers état donne les renseignements suivants :
Date : 1er mars 1789,
Popul. : 211 feux.
Députés : Jérôme Rofsay, Jacques Chaillé, et François Lamiaud.
CAHIER DE DOLÉANCES
Cahier de doléances, plaintes et remontrances.
Aujourd'hui premier jour de mars 1789, nous avons tenu l'assemblée générale de tous les membres et habitants de la paroisse de St-Cyr-d'Arçais aux fins de dresser le dit cahier de doléances, plaintes et remontrances.
Nous commençons, premièrement, de dire que notre paroisse, ne contient en fourrages que de très mauvais marais mouillés, qui sont très variables en les grandes inondations d'eau, car, nous osons assurer pour certain, que, l'année dernière, notre paroisse a fait une perte par les eaux qui ont submergé nos marais dans tout le cours de l'année, de la somme de trois mille livres tant pour les fourrages que pour les bois taillis, qui ne sont que des bois de marais (1) car nous n'avons point de forêt, ainsi que des oisy (2) qui nous faisaient une bonne production, ainsi que la perte de la pêche, qui a étouffé sous la glace.
(1) Tout ce qui pousse près de l'eau, surtout les saules, les peupliers, l'aulne (vergne) et même le frêne qui donne les bûches de marais, quoi que ce soit un bois dur, tandis que le bois de rivage est communément regardé comme un bois tendre.
(2) Osier.
2° Notre paroisse ne contient que très pou de terres labourables et qui sont très sensibles par la chaleur du mois de mai qui les brûle sitôt qu'il se porte sec ; nous n'amassons que très peu de blé, car ce sont des terres très ardentes (3) sur les hauteurs ; il y en aurait quelque peu de bonnes qui sont dans le vallons, mais il arrive que plusieurs années on ne peut pas les ensemencer à cause des eaux que l'on ne peut faire écouler.
(3) Qui brûlent.
3° Nous osons vous porter nos plaintes par les impositions royales, soit pour la taille, que vingtièmes et corvées, qui se montent à la somme de 7.444 L 10 S.
Nous croyons que cela est bien fort pour une si petite paroisse comme est la nôtre et qui n'a pas beaucoup d'étendue, car elle n'a qu'un quart de lieue (4) pour le plus de diamètre. Il est vrai que nous comptons jusqu'à deux cent onze feux, mais ce sont des feux de rien qui s'établissent dans notre paroisse ; car il y a beaucoup de mendiants qui ne peuvent payer la taille; ce sont des gens qui sont si attachés à leur pays qu'ils aiment mieux s'échapper sur autrui que de sortir du pays.
(4) 1 km 500.
4° Que nous n'avons point de prés de nature (1) et qu'il ne s'y élève point de chevaux ni brebis que très peu, il s'y élève pourtant quelque peu d'aumailles (2); il se fait beaucoup de pertes pour le bétail à cause du mauvais air marécageux qui occasionne la mortalité des bestiaux.
(1) Pré naturel, c'est-à-dire les prés où poussent des graminées.
(2) Bêtes aumailles : bêles à cornes, boeufs. vaches, taureaux.
5° Nous ne sommes à la portée d'aucun commerce et qu'il ne s'en fait aucunement en notre paroisse, et ni à la portée d'aucun port de commerce, car les ports les plus proches de nous en sont éloignés de plus de cinq à six lieues.
Tout ce que nous approuvons sincère et véritable par nous syndic, membres municipal et. habitants de la dite paroisse, c'est à quoi nous avons signé.
(Suivent 11 signatures, celles de : Jérôme Rofsay, député; Jacques Chaillé, député; François Lamiaud, greffier et député ; J. Renault, syndic, etc.)