Les premières mentions du village apparaissent en 1271, « sous la dénomination "Vuna" »[1], et en 1272 sous la forme "Vovnach" ou "Wounach" selon les sources. Bien qu'il soit question d'une paroisse dès le XIIIe siècle, la cité fait partie d'une des trois prévôtés du bailliage de Soultz (maintenant Soultz-Haut-Rhin). À la fin du siècle, ce bailliage est placé sous la dépendance du grand bailli de Rouffach qui représente alors l'évêché strasbourgeois « dans le Haut-Mundat (territoire de la Haute Alsace appartenant à l'évêque) »[2]
Sur le ban communal de l'époque, le domaine d'Ollwiller est cédé à l'abbaye cistercienne de "Lieu Croissant" à Mancenans. Les religieux le revendent à la famille noble des Waldner de Freundstein qui décident d'y ériger un château.
La localité de Wuenheim (qui reste une annexe de Soultz jusqu'en 1832) subit le sort du canton de Soultz, et doit faire face à la Guerre des Rustauds au début du XVIe siècle puis à la Guerre de Trente ans (de 1618 à 1648). Cependant, le village se développe grâce à l'exploitation de la forêt toute proche et à la viticulture sur le piémont.
À partir du XVIIIe siècle, « l'industrie textile fait son apparition »[3] comme dans toute la vallée du Florival. En 1870 s'implante une fonderie attirant de la main d'œuvre. Puis se sera une tuilerie. La population connait alors une forte augmentation.
Arrive le début du XXe siècle et la première guerre mondiale. Soultz se trouvant au pied du Hartmannswillerkopf, lieu de bataille stratégique, la population est évacuée. Mais les combats de 1915 à 1918 font rage et n'épargnent pas le bourg : il est en grande partie détruit. D'ailleurs la commune se voit attribuer la Croix de Guerre 1914-1918 (par décret du 6 novembre 1921).
La localité se reconstruit à partir de 1920 grâce aux dommages de guerre.
Quant à la Seconde Guerre mondiale, elle se termine par la libération de Soultz le 4 février 1945
Héraldique
« D'argent à la branche de sapin de sinople en pal adextrée d'une serpette contournée de gueules et sénestrée d'un soc de charrue de même la pointe basse ».
Ces armoiries sont créées « en 1975 »[4] en s'inspirant d'un linteau sculpté sur une maison wuenheimoise de 1584.
La serpette et le soc font référence aux deux activités prépondérantes des habitants : l'agriculture et la viticulture. La branche évoque les 420 ha de surface boisée qui ont également fourni une source de travail.
Histoire administrative
La localité de Wuenheim est longtemps restée une annexe de Soultz.
Elle ne devient une commune indépendante qu'en 1832.
Quand les Waldner de Freundstein récupèrent le domaine d'Ollwiller vendu par les cisterciens de Mancenans en 1261, ils y font ériger un château qui est achevé en 1269. Un dessin du XVIe siècle nous apprend qu'il s'agissait d'une forteresse en U, avec une tour ronde à chaque angle, et fermée par une tour carré avec pont-levis.
En 1750, le comte de Waldner, Chrétien Frédéric DAGOBERT[5] fait raser le château pour en reconstruire un autre à sa convenance. Il confie le projet à l'architecte Antoine Mathieu Le CARPENTIER (1709-1773) qui conçoit un corps central avec deux ailes en retour, le tout protégé par une enceinte avec quatre tours.
Le château change de mains en 1825. C'est une industriel de Wesserling, Jacques GROS, qui le transforme en « ferme modèle »[6]. Mais l'ensemble est bombardé à plusieurs reprises et complètement détruit pendant la Grande Guerre.
Désormais, c'est un domaine viticole qui a pris place à cet endroit et qui produit le cru "Ollwiller".
L'église primitive, « déjà citée en 1298 »[7], était une grande chapelle. Elle est visible sur une gravure de LOFFET représentant la ville de Soultz en 1776. La paroisse et ses chapelains sont mentionnés à plusieurs reprises : 1302, 1304, 1394 et 1441.
Mais l'édifice se délabre et devient de toute façon trop petit face à l'évolution de la population.
La construction d'une nouvelle église est décidée en 1781 et est mise en œuvre sous la direction de François Adrien ZELLER, inspecteur des bâtiments publics de Haute Alsace, à condition qu'il revoit son projet à la baisse sur le plan financier. Il s'agit dans un premier temps, en 1783, d'une consolidation et d'un agrandissement sur la base de l'édifice existant. Puis un nouveau clocher est érigé dans un style similaire à celui de Wittelsheim, à savoir un clocher dans œuvre, qui « interrompt la croupe du toit principal »[8]. Il est élevé en pierres de taille et percé d'ouvertures néo-classiques.
Mais la Grande Guerre provoque des dégâts considérables sur l'édifice, entraînant des grands travaux de réparation, entrepris dès 1919.
Les autels du XVIIIe sont de style baroque. Leurs retables proviennent de l'ancienne église mais leurs tableaux ont été remplacés par des peintures du suisse H. KAYSER.
L'orgue d'origine de Valentin RINCKENBACH, datant de 1857 et détruit par faits de guerre, a été remplacé en 1925 par un nouvel instrument de Joseph RINCKENBACH.
La maison vigneronne de la rue Principale porte la date de 1790 sur sa porte charretière, mais l'habitation est probablement plus ancienne encore. D'après certains éléments comme les corbeaux sur le pignon elle daterait peut-être du XVIe ou XVIIe siècle.
Côté cour, la bâtisse est dotée d'une galerie en bois qui dessert l'étage. À l'arrière existe un cellier surbaissé.
D'autres maisons vigneronnes, dans une ruelle perpendiculaire, ont été épargnées par les bombardements de 1915. Certaines sont dépourvues de fondations et sont renforcées par des contreforts.
Devant leurs soupiraux du rez-de-chaussée; se dresse souvent un Haxabaesa (balai de sorcière) en fer forgé : d'après la légende, il est censé empêcher les sorcières d'entrer dans la cave pour y jeter un mauvais sort sur le vin
Ancienne fonderie
L'industrialisation de la vallée du Florival au XIXe siècle donne une impulsion nouvelle aux villages qui l'entourent.
Il existe déjà au milieu du siècle l'usine de bobinage RITTER. Elle est rachetée en 1860 par Philippe HAREN pour la transformer en fonderie. Elle est reconstruite et agrandie 23 ans plus tard et devient "Fonderie HAREN frères".
Cette usine procure du travail aux habitants et va entraîner un essor du village et de sa démographie.
En 1910 la fonderie est agrandie pour répondre à une nouvelle ambition : construire une ligne de chemin de fer reliant les entreprises de la vallée. mais ce projet est contrecarré par l'arrivée de la guerre et sa durée.
Trente ans plus tard, les ruines de la fonderie sont rasées. La place disponible va servir à construire un foyer paroissial, puis une salle des fêtes et un terrain de sport.
La famille SCHALLER qui était propriétaire du bâtiment décide de le transformer en café à la fin du XIXe siècle.
Elle autorise aussi la société de Gymnastique "Espérance" à y utiliser une salle pour ses entraînements.
Lors de la Grande guerre, l'établissement est détruit par les bombardements.
L'accalmie revenue, le bâtiment est reconstruit, et devient un hôtel jusqu'en 1945.
La commune rachète la bâtisse en 1991 et la transforme en "Dorfhüs" ou maison commune, lieu de rencontre pour les associations du village.
De nos jours, ce sont des logements privés qui y ont trouvé place.
Champ de bataille et monuments du Hartmannswillerkopf (Vieil Armand)
Tranchée de pierres côté français B.ohlandMonument dédié aux "Diables rouges", soldats du 152e RI, décimé le 21 décembre 1915 B.ohland
Traduisible littéralement par "Tête de Hartmannswiller", le Hartmanswillerkopf est un sommet de montagne culminant à 956 m et appartenant également aux communes de Hartmannswiller, Soultz-Haut-Rhin, et Wattwiller. Abrégé de nos jours en HWK, le Hartmannswillerkopf a été renommé en Vieil-Armand par les Français au sortir de la Grande Guerre.
Son territoire fut un des sommets les plus convoités et les plus disputés des Vosges. Les batailles qui s'y déroulèrent durant l'hiver 1915-1916 furent particulièrement meurtrières : 30 000 tués au total, ce qui entraîna divers surnoms tels que : "Montagne des morts" ou "Mangeuse d'hommes".
Le champ de bataille s'étale sur les versants proches du sommet et comprend un des plus grands réseaux de tranchées du massif. Il comporte aussi de nombreux vestiges de toutes sortes, ce qui en fait « un véritable musée à ciel ouvert »[9].
Afin de protéger le site et le patrimoine conservé, tout en honorant les disparus, il est décidé après la guerre de le classer aux Monument historiques. Après un long processus, le champ de bataille est classé le 2 février 1921[10].
Par ailleurs, le domaine devient un lieu de mémoire aux multiples formes. À proximité du champ de bataille, s'érigent peu à peu divers monuments commémoratifs. Les plus importants sont :
- une croix blanche de six mètres de haut, érigée sur le sommet en 1920,
- le monument dédié aux "Diables rouges" : soldats du 152e RI, entièrement décimé lors de la bataille du 21 décembre 1915 ; monument érigé en 1921 par le sculpteur Victor ANTOINE (détérioré par les Allemands en 1940 et restauré),
- l'autel de la Patrie, inauguré en 1929, en prélude au Monument national avec crypte, inauguré en 1932,
- enfin, en 2017, l'Historial franco-allemand.
Repères géographiques
Extrait d'un panneau d'information
Le village se situe à environ 5 kilomètres à l'ouest de Soultz-Haut-Rhin et s'est épanoui à une altitude de 320 m, à la limite entre la plaine et les premiers contreforts du Hartmannswillerkopf.
Il présente une topographie typique des villages de vallon.
Il s'est développé le long de la rivière "Wuenheimbach" faisant office de frontière naturelle avec la montagne.
Les maisons se sont regroupées majoritairement le long d'une rue principale, et quelques unes sur des ruelles transversales qui sont sans issue.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
...
...
...
...
956
1 036
986
969
968
901
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
934
983
1 014
941
1 015
1 016
1 038
1 013
1 030
1 059
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
1 031
662
853
861
809
788
768
732
693
718
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
756
800
850
815
788
798
779
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Né à Wittenheim en 1759. Augustin, ordonné prêtre en 1787. Curé de Hundsbach de 1801 à 1804. Après Wuenheim, il se retire à Soultz et y décède en 1825.
-
-
Alexis HERR
1827 - 1883
Était auparavant à Soultz-Haut-Rhin. Décède en 1883.
Martin VONAU
1883 - 1919
Était auparavant à Hirsingue. Décède en 1919.
Eugène RIOTTE
1919 - 1919
Était auparavant à Saint-Étienne de Mulhouse. Est nommé à Sentheim.
Isidore KUENY
1919 - 1923
Était auparavant à Sewen. Est nommé ensuite à Michelbach-le-Haut.
Daniel DELATTRE, Le Haut-Rhin, les 377 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, 2015, 240 pages, ISBN 978-2-36464-078-8
Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz, Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908367-25-4
↑Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz, Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908367-25-4
↑Daniel DELATTRE, Le Haut-Rhin, les 377 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, 2015, 240 pages, ISBN 978-2-36464-078-8
↑Par ailleurs lieutenant général des armées du roi.
↑Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz, Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908367-25-4
↑Daniel DELATTRE, Le Haut-Rhin, les 377 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, 2015, 240 pages, ISBN 978-2-36464-078-8
↑Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz, Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908367-25-4
↑Thierry EHRET et Florian HENSEL, Vieil-Armand, Hartmannswillerkopf, site emblématique de la Grande Guerre en Alsace, Collection Hauts-lieux, Éditions Vademecum, 2018, 130 pages, ISBN 979-10-97535-02-5