Préhistoire :
Au Néolithique, un foyer de peuplement occupe les alentours d'Ensisheim. Selon Suzanne Plouin, chargée des collections d'archéologie du musée d'Unterlinden à Colmar : « Les découvertes d'habitats restent encore peu fréquentes, mais cette lacune est vraisemblablement due à un manque de recherches. Un seul site est attesté, entre Munchhouse et Roggenhouse, sur le ban de cette dernière commune »[1].
Moyen Âge :
En 1004, le roi Henri II offre la forêt de la Hardt à l'évêque de Bâle. Le 25 avril 1040, Henri III confirme cette donation, et l'acte d'archive précise les localités incluses : Roggenhusen y figure.
« En 1303, le village est cité dans le terrier général des Habsbourg ; ses redevances sont données en fief à Henri Stoer depuis 1291 »[2]. Il semblerait que le village soit apparu plus tard que ses voisins, à la fin de la période des grands défrichements.
Les sols caillouteux et peu profonds n'étaient guère favorables aux cultures, et les bergers amenaient leurs troupeaux sur le ban du village. Des vanniers étaient aussi présents : d'ailleurs les habitants sont surnommés "lieurs de balais".
XVIIe siècle :
À cette époque, Roggenhouse appartient au bailliage inférieur de Landser, et le fief échoit aux nobles d'Hervart.
En 1634, lors de l'invasion des Suédois, les habitants se cachent dans la forêt toute proche en emportant vivres et animaux.
Mais ils sont découverts et massacrés. Les rares survivants recherchent le bétail qui s'est enfui : ils implorent saint Antoine et retrouvent une grande partie de leurs bêtes. En hommage, ils érigent un oratoire encore visible dans la forêt.
« Le village fut anéanti, ruiné et probablement abandonné à l'issue de la guerre de Trente Ans »[3].
Seconde Guerre mondiale :
En septembre 1939, tout comme les habitants d'Hirtzfelden, ceux de Roggenhouse sont évacués dans les Landes, et répartis dans différents petits villages. Ce qui explique l'existence d'une rue des Landes dans la commune.
Libération :
Le 22 janvier 1945, c'est un survol incessant de Munchouse, Roggenhouse, et alentours, par des avions de reconnaissance. « A proximité de Roggenhouse, dix-sept bombes sont lancées le même jour »[4].
Au matin du 7 février 1945, après avoir libéré Réguisheim, la 9e compagnie du 5e Régiment de Tirailleurs Marocains parvient au bois du Rothleible, puis à l'écluse 49 (du canal du Rhône au Rhin) où l'ennemi s'est retranché. Parallèlement, la section Reboul, appuyée d'un char, fait sauter un bouchon laissé à l'écluse 50. La 10e compagnie parvient à franchir le canal sur la poutrelle de l'écluse, et pénètre dans Roggenhouse vers 21 heures. Le lendemain, les deux compagnies partent vers Blodelsheim [5].
En souvenir de cette histoire mouvementée, on trouve dans le village un chemin des Malgré Nous, et une rue du 7 Février, inaugurée le 12 février 1995, en présence du maire R. BAPST et du conseiller général du canton.
Toponymie
Le nom du village se modifie au fil du temps :
Roggenhusen (1303), Rokenhusen (XIVe siècle), Rockenhausen (1609), Roggenhausen (1793), Roggeuhaussen (1801) [6].
Le toponyme se décompose en "roggen" qui signifie seigle, et "house" qui signifie maison.
Blasonnement :
Parti, au premier d'argent au hibou de gueules, au second de gueules à l'épi de seigle tigé et feuillé d'or posé en sautoir sur une houlette de même posée en barre.
Signification :
« La partie dextre s'inspire des armoiries de la famille d'Hervart, seigneur de Landser au XVIIe siècle, qui portait "d'argent à la chouette de gueules". L'épi de seigle évoque l'étymologie de Roggenhouse, la houlette est l'attribut de saint Wendelin, patron de l'église »[7].
Arrondissement - 1801-1871 : Colmar, 1871-1919 : Kreis Guebwiller, 1919-2015 : Guebwiller, 2015-2025 : Thann-Guebwiller
Canton - 1801-2025 : Ensisheim
Commune - 1801-2025 : Roggeuhaussen ; Roggenhouse
Résumé chronologique :
1801-.... :
Patrimoine bâti
Église Saint Wendelin
Église Saint Wendelin B.ohlandStatut de saint Wendelin
L'église paroissiale relevant du doyenné "Citrà Rhenum" (en-deça du Rhin) est citée depuis 1302.
« En 1703, le doyen du chapitre Jean DUSER bénit le cimetière et l'oratoire de Roggenhausen, et dans la même année eut lieu la pose de la première pierre de la nouvelle église, qui fût dédiée à saint Wendelin »[8]. Puis, le 14 juillet 1705, s'installe le curé François Antoine SCHMOLL.
Roggenhouse devient alors un lieu de pèlerinage où l'on invoque la protection de saint Wendelin (patron des bergers). Chaque 20 octobre, des bergers et des villageois des alentours se réunissent pour une célébration qui se transforme en jour de fête : « Les adultes profitent de l'occasion pour se désaltérer dans l'unique bistrot du village, "bim Frida", tandis que les enfants font le tour des rares stands de friandises dressés devant l'église »[9].
À l'extérieur, à l'abri dans une "Schaefferhutte", saint Wendelin veille avec chien et moutons, et des fonds baptismaux datant du XVIe siècle ont résisté au temps et à ses aléas.
L'ossature du clocher est en chêne et a été réalisée par un villageois. Une poutre l'atteste avec l'inscription « I.M.U.M.K. 1873 Heckendorn Léon zimmermann in Roggenhausen »[10]. Quant à la flèche du clocheton, elle culmine à 18 m.
Des travaux de rénovation de l'église ont eu lieu en 1980, puis une réfection de la charpente et de la toiture en 1997, pour un montant de 1 100 000 Francs. La petite cloche a été réparée en 2018 pour un montant de 4 200 euros.
Intérieur de l'église :
Dans l'allée centrale, on peut admirer un tronc taillé dans une pièce de chêne portant l'inscription 1704. Deux statues en bois polychrome encadrent la nef centrale : sainte Anne trinitaire, qui pourrait dater du XIXe siècle, et saint François d'Assise, peut-être du XVIIIe siècle.
L'église possède une œuvre représentant l'apôtre saint Jacques le Majeur, tableau anonyme, en bois, datant de 1747, et restauré en 2012 « à l'initiative de l'association des Amis de Saint Jacques avec le soutien financier de la Fondation du Patrimoine, qui a fait appel aux dons des particuliers »[11].
Un autre tableau, enchâssé dans un autel latéral démonté en 1964, représente la Vierge et l'Enfant. Sa restauration s'est achevée en 2017, grâce là aussi à l'appui de la Fondation du Patrimoine [12].
L'ancien orgue, devenu défaillant, a étté remplacé en 2022 par un orgue d'occasion.
Chœur
Maître-autel
Une des stations du chemin de croix
Un vitrail
Saint Jacques le Majeur
Sainte Anne Trinitaire
Vierge à l'Enfant
Une opinion tranchée : En 1865, le curé-doyen d'Ensisheim organise une inspection des églises du canton et adresse son rapport à l'évêque. Voici son avis :
« L'église de Roggenhausen, annexe de Munchhouse, semble être un musée de figures grotesques en tout genre. On se croirait transporté dans une pagode »[13].
Le presbytère
Le presbytère qui existait, à colombages, a été vendu à la commune de Blodelsheim, démonté et remonté là-bas en 1959, au 63, rue du Général de Gaulle [14].
Un calvaire
Monument en grès jaune de Rouffach, ce calvaire a été érigé en 1823 par l'aïeul des Furling du village, et restauré en 2006 par Joseph FURLING [15].
L'école et la mairie
« L' école du village fut construite sur des plans de l'architecte Laubser en 1840 »[16]. Elle a servi d'école et de mairie jusqu'en 1957. On a ensuite construit un bâtiment en dur, où il y avait une classe unique jusque dans les années 1870. L'effectif augmentant, on a installé un préfabriqué, puis deux. Enfin, une extension a vu le jour en 1983(en même temps qu'une nouvelle mairie), et l'école a été baptisée "La clé des champs" [17].
Le tout premier bâtiment (photo ci-dessous) abrite actuellement le corps de sapeurs pompiers.
Quant à la nouvelle mairie, elle a bénéficié d'une extension et de travaux d'amélioration[18], et a été inaugurée « le 13 avril 2013 à 10h »[19].
En 2021, un RPI est créé entre l'école communale et celle de Munchouse ; seules deux classes sont maintenues dans les locaux scolaires de Roggenhouse.
Le corps de Sapeurs-Pompiers
C'est « en 1928 »[20] que le corps de pompiers de Roggenhouse a été fondé.
Repères géographiques
Carte des alentoursVue aérienne, prise le 18 juin 1994. Don au bénéfice du club I.P.T.
Roggenhouse est une commune du Haut-Rhin (nouvelle région Grand Est), située dans la plaine de la Hardt, entre Colmar et Mulhouse (dans le sens Nord-Sud) et Ensisheim et Fessenheim (dans le sens Ouest-Est).
Le ban communal est traversé par l'ancien canal du Rhône au Rhin, maintenant déclassé.
« Le terroir se prête à la culture de céréales pauvres comme le seigle (Roggen), qui est cité avec l'avoine, dès 1303 »[21].
Actuellement, se succèdent plutôt des cultures de colza, maïs, parfois sorgho.
La commune de Roggenhouse, dans le canton d'Ensiheim, fait partie depuis 2017 de la Communauté de Communes "Pays Rhin-Brisach" (résultat d'une fusion entre les communautés "Essor du Rhin" et "Pays de Brisach")
Le village se trouve sur le parcours "Fessenheim-Ensisheim" du chemin de Saint Jacques de Compostelle, et constitue la 14e étape entre Rottenburg et Thann.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
181
172
149
182
206
240
236
280
274
250
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
230
240
226
222
242
229
231
226
227
209
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
212
186
205
201
193
200
178
186
205
231
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
317
377
396
462
479
470
461
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
De Soultzmatt. Également curé de Hirtzfelden à cette époque
-
-
François Antoine SCHMOLL
1705 - 1736
Premier curé de la paroisse depuis la reconstruction de l'église. Décédé en 1736
Joseph Christian VOGEL
- 1738
D'Ensisheim
Mickaël JUNCKER
- 1784
Sa pierre tombale est encastrée dans le mur ouest de l'église. Son inscription en allemand nous apprend que ce vénérable prêtre (originaire de Habsheim) est décédé le 28 octobre 1784, alors âgé de 59 ans.
Laurent SCHMOLL
1784 - 1790
D'Oberhergheim. Après la Révolution, ce prêtre revient à Roggenhouse, puis est nommé curé de Rustenhart en 1809, où il décède en 1826
-
-
René BOLLIA
1978 - 1990
De Hastatt. Décédé en 1990
André HASSENFORDER
1991 - 2005
D'Issenheim
Bernard MUNSCH
2005 - août 2006
Curé doyen d'Ensisheim, par intérim
Père Christophe SMOTER
septembre 2006 - septembre 2009
Armand MARTZ
octobre 2009 - août 2022
Communauté de paroisses St-Eloi de la Hardt, presbytère de Fessenheim. Armand MARTZ a pris sa retraite « le 1er septembre 2022 »[23].
Père Didier KARON
septembre 2022 -
-
-
Les titulaires de la médaille de Sainte-Hélène
Prénom(s) NOM
Naissance
Décès
Observations
Séraphin RUSCH
30 janvier 1793
11 août 1864
Code F68, régiment 39e de ligne et 10e léger, période 1813 à 1820, dossier 138203. Tisserand, marié à Marie-Anne FÜRLING le 19 juin 1825. 72 ans à son décès [24].
Sébastien DANNER
10 janvier 1793
15 mars 1878
Code F68, 39e de ligne, année 1813. Cultivateur, marié à Marie-Catherine RUSCH le 15 avril 1823, maire de Roggenhouse. 85 ans à son décès [25].
Philippe FURLING, tailleur d'habits, né à Roggenhouse, a émigré à New York en 1847, âgé de 35 ans en décembre 1847 [26].
Les optants
André OTH, (repéré dans la liste sur Les optants mais pas trouvé dans les archives, ni sur Généanet, ni sur ANOM) - né le 11 juillet 1847 à Roggenhouse - 3e zouaves - date d'option : le 8 mai 1872 - domicilié à Philippeville (Algérie)
François Antoine FURLING, (trouvé sur www.ancestry.fr, confirmé par l'état civil de Roggenhouse et de Paris) - né le 6 juillet 1834 à Roggenhouse - fils d'Etienne FURLING et Marie-Rose KIEFFER - date d'option : 26 juin 1872 - domicilié à Paris, 67 rue du Faubourg St-Martin lors des publications de son mariage le 23 avril 1882 - marié le 5 mai 1882, Paris 9e avec Ernestine Céline POUSSIN
Les archives numérisées du Haut-Rhin se limitent aux registres d'état civil de 1793 à 1892.
Pour les BMS, recensements ou registres de matricules, il faut se déplacer aux Archives Départementales de Colmar ou au CDHF de Guebwiller.
Archives notariales
Patronymes
Trois patronymes sont fortement implantés dans le village : Rusch, Furling, Hussherr.
On rencontre aussi, dans une moindre mesure : Danner, Munschy, Vonflie.
Remarques
Nom de la commune en langues régionales
en alsacien : Roggahüsa
en allemand : Roggenhausen
Bibliographie
Bulletins municipaux de Roggenhouse depuis 1983, puis Bull'Infos "Rétrospective annuelle" de 1983 à nos jours.
Bull'Infos Fiche mensuelle de 2000 à nos jours
Monique DECOVILLE-FALLER, La Hardt Haut-Rhinoise, contribution à l'étude d'une région agricole en voie de développement, collection "Recherches et documents", Tome V, Colmar, Les éditions d'Alsace, 1968 (consulté en CDI)
KAUFFMANN Marie-Madeleine et ALBARRACIO Christiane, Munchhouse, une petite histoire dans la grande, Mulhouse, Journal des ménagères, 2003, 240 pages, ISSN 0908 K 832551
POINSOT Gilbert, HAUSS Alain, LIND Olivia, SCHNEIDER-BARDOUT Michèle, Canton d'Ensisheim, collection "Images du patrimoine", Illkirch (67), Le Verger éditeur, 1990, 72 pages, ISBN 2-908367-19-X
Annuaire de la société d'histoire de la Hardt et du Ried, n° 25, 2013, 200pages, ISSN 0990-6894, (aimablement mis à ma disposition par la mairie)
↑Page 9 in KAUFFMANN Marie-Madeleine et ALBARRACIO Christiane, Munchhouse, une petite histoire dans la grande, Mulhouse, Journal des ménagères, 2003, 240 pages, ISSN 0908 K 83551
↑Bulletin municipal de Roggenhouse, n° 71, année 1993
↑Page 79 in KAUFFMANN Marie-Madeleine et ALBARRACIO Christiane, Munchhouse, une petite histoire dans la grande, Mulhouse, Journal des ménagères, 2003, 240 pages, ISSN 0908 K 83551
↑Résumé de "La libération de Roggenhouse", témoignage d'anciens combattants, in Bulletin municipal n° 13, année 1995
↑Page 40, in KAUFFMANN Marie-Madeleine et ALBARRACIO Christine, Munchhouse, une petite histoire dans la grande, Mulhouse, Journal des ménagères, 2003, 240 pages, ISSN 0908 K 83551
↑Page 17, in Bull'Infos annuel de Roggenhouse, Rétrospective 2012
↑Page 15, in Bull'Infos annuel de Roggenhouse, Rétrospective 2015
↑Page 84 dans l'article de Claude Muller "L'oeil épiscopal : la visite des églises du canton d'Ensisheim par Apollinaire Freyburger en 1865", pages 83 à 86, in Annuaire de la société d'histoire de la Hardt et du Ried, n) 25, 2013, 200pages, ISSN 0990-6894
↑Information donnée par le maire Henri Masson le 17 novembre 2016.