Le secteur était déjà occupé au temps des Gallo-romains comme l'attestent des fondations de bâtiments divers mis au jour au milieu du XXe siècle, à mi-chemin entre la commune actuelle et sa voisine Soultz-Haut-Rhin. Par ailleurs ont été découverts « des tombes de l'époque mérovingienne »[1], de même que des sarcophages carolingiens. Les fouilles de 1978 ont révélé que les sépultures les plus anciennes, en bois, remontaient au VIIe siècle et abritaient des squelettes tous orientés vers l'Est, ainsi que des vases.
La première mention écrite du village apparaît en 774, « comme domaine agricole appartenant à l'abbaye de Murbach »[2], mais des historiens affirment que le hameau existait déjà environ une centaine d'années auparavant. Au début du XIIe siècle, un lot de terrains est donné au nouveau couvent de Goldbach. Au siècle suivant le village dépend de la seigneurie d'Issenheim, puis entre dans les possessions des Habsbourg. En 1414, il devient la propriété de la Maison de Bourgogne, pour finir tour à tour entre les mains des Schauenburg, des Hus, enfin des Grimaldi.
Lorsque les Suédois envahissent la région[3], les habitants fuient se réfugier à Soultz ou à Guebwiller. Mais le village est complètement pillé et incendié en 1632, à l'exception du monumental Christ en bois du calvaire (datant du XVIe siècle) et d'une partie d'une grande maison, datée de 1615 (peut-être la maison commune, restaurée et devenue mairie-école). En 1650, les Raedersheimois regagnent leur territoire et s'appliquent à reconstruire leurs habitations.
Grande Guerre : Situé non loin du Hartmannswillerkopf (Vieil Armand), le village accueille des soldats en cantonnement. Il subit aussi un blocus en 1917 et les habitants souffrent de pénurie. Enfin, lors de bombardements, dix civils décèdent.
Seconde Guerre mondiale : la commune subit à nouveau des bombardements visant la voie ferrée à proximité, et déplore le décès de onze habitants.
Héraldique
Sur un panneau à l'entrée du village
« De gueules au calice d'or soutenant une hostie d'argent »
C'est en 1976 que la commune adopte officiellement ces armoiries, mais elles étaient déjà présentes « sur une borne de 1705 délimitant le territoire »[4]
Toponymie
La première dénomination fait son apparition en 774, sous la forme "Ratherisheim".
Ce toponyme se décompose en deux parties : si le suffixe -heim est très fréquent en Alsace et en Allemagne, car il signifie village, le radical suscite deux interprétations différentes :
- soit le génitif du patronyme "Raeder", comme c'est le cas pour le village de Raedersdorf
- soit une déformation de "rader", « endroit où aurait eu lieu le supplice de la roue »[5].
Existait déjà à cet endroit une église romane, fondée par les abbés de Murbach et élevée au XIIe siècle, mais rattachée à l'église-mère de Feldkirch jusqu'en 1697. Cet édifice primitif fut « transformé en 1490 et au XVIIIe siècle »[6].
S'avérant trop petite et trop vétuste, l'église est détruite en 1880, laissant pour seul témoignage le baptistère en grès.
Le projet d'un nouvel édifice est confié à l'architecte colmarien Charles Winkler en 1879. L'église est achevée et consacrée en 1882.
Une grande partie du mobilier (autels, boiseries et bancs) a été sculptée par les Établissements Weyh de Colmar.
Les tableaux sont du peintre Heinrich Kaiser de Stanz en Suisse.
Le plafond de la nef est décoré de médaillons peints.
Le chœur est voûté en ogives. Il est éclairé de trois verrières, également réalisées par les ateliers Weyh, en 1885 : les deux latérales représentent les saints patrons de l'église ; elles encadrent un Christ glorifié.
L'orgue était déjà présent dans l'ancienne église puisqu'il a été réalisé par les frères Callinet en 1842. Son ornementation correspond au style couramment adopté au XVIIIe : des rinceaux courent le long des ailerons, et les plates-faces sont ornées de guirlandes de roses. L'instrument a été transformé en 1897, révisé en 1964, rénové en 1976 et restauré en 2018.
La statue de saint Antoine-de-Padoue, à taille humaine, est posée sur un socle dans l'entrée de l'église. Elle a été réalisée en 1910 par le sculpteur J. KREIDER.
Les cloches sont au nombre de trois. Les deux qui avaient été descendues en 1917 ont été retrouvées cinq ans plus tard, en Allemagne, et réinstallées.
Chœur et autels latéraux
Peintures au plafond de la nef
Représentation de l'icône de Notre-Dame du Perpétuel Secours
Orgue Callinet
Saint Antoine-de-Padoue
Vitrail représentant saint Amarin
Vitrail représentant saint Projet
Calvaire
Calvaire près de la maison dimère
Au centre du village depuis le XVIe siècle, ce calvaire abrite une Crucifixion monumentale. C'est la seule scuplture qui a été épargnée lors du pillage par les Suédois en 1632.
Une petite chapelle abrite un Christ en bois haut de 4 mètres. À l'origine, le bois taillé était recouvert d'une polychromie qui s'est effacée au cours du temps.
Ce christ est classé depuis 1992 au titre des Objets historiques[7].
Une restauration, en 1992 également, a permis de remplacer les deux doigts qui manquait et de réparée la couronne d'épines, qui était initialement taillée dans la masse.
Ancien presbytère
Le bâtiment abritant actuellement la mairie correspond à l'ancien presbytère.
La municipalité en avait décidé sa construction en 1821, à la place de l'ancienne forge (à côté de l'église). Les travaux avaient été adjugés en 1822 à un maçon mulhousien, et la livraison du presbytère effectuée en 1823.
En 1979, les services de la mairie (auparavant dans l'école communale) s'installent au rez-de-chaussée. Le bâtiment aménagé est inauguré en 1980 par le ministre de l'Économie de l'époque : René MONORY.
La bâtisse est restaurée en 1989. Enfin, en 1996, l'étage est aménagé pour servir de salle au Conseil municipal et accueillir les mariages.
Maison dîmière
Façade Est et pignon Nord
Si la maison a été construite en plusieurs étapes, sa base date de 1712, comme en témoigne les chiffres gravés au-dessus de la petite porte cochère (à droite sur la photo).
Le bâtiment était destiné, sous l'Ancien régime, à entreposer les récoltes soumises à la dîme[8].
Ancien écoulement de l'évier sur la façade Est
Haute de cinq étages, la maison est composée d'une quinzaine de pièces, de greniers et caves. Sa superficie avoisine les 500 m2.
Sa technique de construction est basée sur celle des fameuses maisons alsaciennes à colombage (ou pans de bois). Les mœllons de grès ont été enduits par la suite.
Sa toiture très pentue est d'origine et est recouverte en ardoises.
Sur la façade Est subsiste l'ancien écoulements de l'évier.
Coté cour (non visible ici), la porte d'entrée est surmontée d'une figure d'ange et d'un fronton sculpté avec croix, épis de blé et serpette.
Repères géographiques
Le village s'est développé dans la plaine, à environ 5 kilomètres du piémont, au carrefour des départementales 48, 481 et 15.
Il est situé à 5 kilomètres à l'Est de Soultz-Haut-Rhin et à 8 kilomètres au nord-ouest d'Ensisheim.
Le ban communal est traversé par les ruisseaux du Dorfbach (et son affluent le Breilgraben) et du Rumbach.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
96
200
208
276
280
272
301
322
315
271
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
264
321
336
333
350
369
345
335
357
341
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
346
341
340
350
346
362
360
352
411
420
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
521
807
967
1 095
1 158
1 106
-
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Daniel DELATTRE, Le Haut-Rhin, les 377 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, 2015, 240 pages, ISBN 978-2-36464-078-8
Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908307-25-4
Divers panneaux d'information disposés devant les édifices.
↑Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908307-25-4
↑Daniel DELATTRE, Le Haut-Rhin, les 377 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, 2015, 240 pages, ISBN 978-2-36464-078-8
↑dans le but d'aider les Protestants dans leur lutte contre les Catholiques
↑Paragraphe "Histoire", sur le site officiel de la mairie
↑Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908307-25-4
↑Impôt portant essentiellement sur les revenus agricoles, dans le but de financer l'église catholique. Son montant correspondait à un dixième de la récolte (d'où son nom)