Des peuplades sont présentes sur les rives du Rhin dès la Préhistoire. À l'époque celtique, ce sont des Séquanes[1] qui s'installent.
Du temps des Romains, c'est surtout le vicus de Cambete (Kembs) qui se développe, mais une voie romaine importante passait sur l'actuel ban de Niffer. Puis le secteur est envahi par les Alamans du IIIe au Ve siècle après J.C.
Les premières mentions de Niffer apparaissent « en 1135 sous la dénomination "Nuwenvar" »[2]. Des nobles "de Niffer" sont cités, mais le hameau est sous l'autorité de la seigneurie de Butenheim, qui, au XIIIe siècle, tombe sous la coupe des Habsbourg.
Durant ce même siècle, des biens de Niffer appartiennent à l'abbaye de Lucelle. Le village sera par la suite donné en fief à différentes familles comme les « Rutlieb de Niufar »[3], les Hus, puis la famille d'Andlau.
Au XVe siècle, la Guerre du Sundgau[4] est néfaste au village qui est pillé et ravagé. Il s'ensuit la reconstruction de l'église primitive, bien que Niffer reste une filiale de Kembs jusqu'en 1802.
Pendant la Guerre de Trente ans, les troubles se renouvellent, puis le traité de Westphalie en 1648 rattache la région et Niffer à la France.
En 1717, un moulin est opérationnel et le meunier de l'époque est connu : « Charles HASSLER »[5].
En 1726, les habitants demandent la résidence d'un vicaire pour leur propre village. Ils devront insister jusqu'en 1740 pour obtenir gain de cause. La paroisse ne devient indépendante qu'en 1803, et sera à nouveau rattachée à Kembs de 1808 à 1820.
Le XIXe siècle est une période de grands changements. Le Rhin est au cœur des préoccupations principales : construction d'un pont pour remplacer un ancien bac suspendu, élévation d'une digue, réalisation du canal du Rhône au Rhin, travaux de régularisation du fleuve, nombreuses crues, dont celle de 1852 particulièrement désastreuse.
Le XXe siècle apporte confort, modernité, et encore de grands chantiers, le tout entrecoupé par les deux guerres :
L'électricité dessert le village en 1922 et l'eau courante au milieu du siècle. De nouvelles écoles sont construites.
Au début de la Seconde guerre mondiale, la population est évacuée dans les Landes. À la fin de cette guerre, la libération de la commune se fait en deux temps : en novembre 1944, puis en avril 1945, car les Allemands étaient revenus entre-temps. Niffer va ensuite abriter un « camp de prisonniers allemands »[6] de 1945 à 1947.
Le grand chantier qui va donner du travail aux villageois et améliorer leur vie quotidienne, en supprimant les crues du fleuve, est la construction du Grand Canal d'Alsace à partir de 1848. Dans la foulée vont être construites deux écluses : en 1960 celle de Kembs-Niffer, de Le Corbusier, pour relier trois canaux entre eux, puis celle de Niffer en 1995 pour doubler la précédente et permettre le passage de grands gabarits.
Héraldique
D'azur à trois fers de lance d'or émoussés posés en bande et rangés en barre.
Ces armoiries font référence à l'emblème qu'avait adopté le village au XVIIe siècle, à savoir un outil qui pouvait être un fer de lance, mais aussi « un coutre »[7].
Toponymie
"Nuwenvar" en 1135. Mais aussi "Nufar" par la suite.
Les deux toponymes signifieraient "nouveau passage praticable" ou "nouveau gué". Ce qui s'explique par le fait que le lit du Rhin changeait souvent de place à cette époque
Il est question d'une église primitive dès le XIIe siècle. Elle est reconstruite à la fin du XVe et achevée en 1508, comme l'atteste une date inscrite au-dessus de la porte de la sacristie.
Tout en conservant la base du clocher médiéval, l'édifice est agrandi et remanié en 1756 par l'architecte « Sébastien HOHENAUER »[8].
Il est à noter que l'église de Niffer est restée une filiale de l'église-mère de Kembs jusqu'en 1802, puis encore de 1808 à 1820.
L'édifice, orienté, présente un seul vaisseau avec une toiture à longs pans, ainsi qu'une croupe sur le chevet à pans coupés. Le clocher se termine par une flèche polygonale.
Nef et chœur sont séparés par un arc en triomphal.
L'orgue placé sur un côté de la tribune dat de 1894. c'est un instrument de martin RINCKENBACH, installé dans un buffet à cinq plates faces.
Nef et chœur
Maître-autel
Porte de la sacristie et la date de 1508
Orgue Rinckenbach
La sainte famille
Écluses de Kembs-Niffer
Tour de commande de l'écluse Le Corbusier (1960) B.ohlandNouvelle écluse de Kembs-Niffer (1995) B.ohland
Les écluses se situent entre Kembs et Niffer et sont très différentes l'une de l'autre :
La première est commandée en 1960 dans le but de moderniser les voies navigables. Il s'agit en effet de relier l'ancien canal de Huningue (ouvert en 1831) au canal du Rhône au Rhin (menant vers le port de Mulhouse) ainsi qu' au Grand Canal d'Alsace. Afin de témoigner de « l'engagement pour le progrès et l'avenir »[9], les Ponts et Chaussées passent commande à l'architecte Le CORBUSIER.
L'architecte ne réalise pas les sas et leurs portes busquées, mais la tour du poste de commande, en forme de tourelle triangulaire, animée d'escaliers extérieurs, ainsi que l'ensemble bâtiment administratif et maison de l'éclusier, de forme rectangulaire et couvert d'une voile de béton en forme de paraboloïde hyperbolique. Ces éléments architecturaux, achevés en 1961, sont inscrits aux Monuments historiques depuis 2005[10].
L'écluse proprement dite présente une chute d'eau de 5 m et un sas de 85 m sur 12, permettant le passage de bateaux jusqu'à 1 350 tonnes (gabarit européen de l'époque).
La seconde est construite en 1995, un kilomètre plus en aval, par la Compagnie Nationale du Rhône. Son but était de doubler celle de Le CORBUSIER, afin de répondre au projet de mise à grand gabarit de la liaison Rhône-Rhin, projet finalement abandonné en 1997. Néanmoins, grâce à un sas de 190 m de long, cette écluse permet le passage de grands gabarits du GCA au port de Mulhouse, ou vice-versa.
Repères géographiques
Situé au sud-est du département, le ban communal de Niffer s'étale jusqu' à la frontière franco-allemande.
C'est une région de plaine, riche en marais dont celui de la "Petite Camargue".
Le village se trouve à 22 kilomètres au nord de Bâle et une quinzaine à vol d'oiseau au sud-est de Mulhouse.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
324
343
323
380
459
419
454
468
486
463
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
465
375
401
388
408
359
324
310
281
259
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
263
281
242
244
229
182
217
225
307
402
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
575
614
657
866
951
953
-
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
↑Daniel DELATTRE, Le Haut-Rhin, les 377 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, 2015, 240 pages, ISBN 978-2-36464-078-8
↑Région du sud du département haut-rhinois, qui en a conservé le nom. Alors que son homologue le "Nordgau" de cette époque a aujourd'hui disparu pour laisser place au Bas-Rhin.