Une présence humaine dès la période néolithique est attestée par la découverte de trois sépultures avec céramiques « au lieu-dit Dorfburg »[1], en se dirigeant vers Katzenthal. Leur origine est estimée à environ - 3000 avant J.C.
Le territoire est également occupé à l'époque gallo-romaine. Des traces d'habitats et des sépultures nous renseignent sur le mode de vie de ces ancêtres. Ce sont eux qui ont commencé à implanter la vigne sur les coteaux du piémont.
La première mention de la localité apparait au VIIe siècle[2]. Au VIIIe siècle, c'est le nom d' « Aungehiseshaim » qui est cité dans un texte. Plusieurs couvents y possédèrent des vignes : Murbach (en 768), Fulda (en 785), Luxeuil (en 815), et Saint-Dié. Au XIIe siècle, ce dernier couvent exploitait une grande cour domaniale du nom de « Grossahoff » (= grande ferme). (Source : Résumé de l'Histoire d'Ingersheim par Denis Keigler)
Aux XIIe et XIIIe siècles, la cité est fortifiée. L'enceinte de remparts et les « quatre portes fortifiées »[3] ont aujourd'hui disparu. Seules subsistent la base du clocher de l'église Saint-Barthélémy et la Haxaturm (Tour des sorcières). En 1303, Ingersheim fait partie de la seigneurie du Holandsberg, territoire des Habsbourg. Puis la seigneurie est rachetée en 1562 par le baron Lazare de Schwendi.
Durant la Guerre de trente Ans, la région est dévastée et Ingersheim détruite à deux reprises. Puis les traités de Westphalie (en 1648) entérinent le rattachement du village au royaume de France. Ingersheim va ensuite dépendre de la ville de Colmar, de 1712 jusqu'à la Révolution.
Au milieu du XVIIIe siècle, Jean-Baptiste Salomon, second président du Conseil souverain d'Alsace, fait construire un château, l'actuelle mairie. Au siècle suivant, l'industrie prospère, la population s'accroit fortement et l'agglomération s'étend du côté de Colmar.
Du fait de sa position stratégique au croisement de plusieurs routes, Ingersheim fait office d'avant-poste et est durement touchée le 22 août 1914[4].
La ville est à nouveau fortement éprouvée durant la Seconde guerre mondiale, notamment lors des combats de la Poche de Colmar. Les bombardements alliés s'intensifient en décembre 1944 : l'église subit des dégâts dus aux déflagrations, un obus provoque la destruction du pont, les habitants sont évacués. Finalement la Libération est effective le 2 février 1945. La commune, détruite à plus de 80 %, se voit ensuite décerner les « croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945 »[5].
Au printemps 1945, la ville de Mauriac dans le Cantal décide de venir en aide financièrement et matériellement aux habitants sinistrés, et devient la « marraine »[6] d'Ingersheim. Elle accueille de jeunes adolescents pour des vacances en 1946. Des échanges amicaux entre les deux villes se poursuivent ; et en 1995, un jumelage est acté.
Héraldique
D'argent au fasce de gueules, le tout surmonté d'un croissant de lune d'or.
Le croissant de lune est déjà l'emblème d'Ingersheim au début du XVIIe siècle. Un sceau existe également à cette époque, sur lequel la lune n'est pas personnifiée. Les couleurs sont pérennisées dans l'armorial à la fin du même siècle.
« La disposition actuelle a été adoptée en 1979 »[7].
Il existe dans la commune au moins quatre représentations du blason. Les deux observables sur l'ancienne mairie datent de 1600. Une autre version est représentée sur le monument aux morts. Et le blason a été adapté de façon contemporaine sur un des trois hôtels à insectes devant la villa Fleck.
Blason de 1600, linteau de l'ancienne mairie Photo C. Angsthelm
Le même, accompagné des blasons des familles Lupfen et Schwendi, pignon de l'ancienne mairie
Sur le monument aux morts
devant la villa Fleck
Toponymie
Ingersheim est un toponyme germanique. Il existe d'ailleurs une commune synonyme en Allemagne.
Le suffixe -heim, très fréquent dans la plaine d'Alsace, signifie maison, domaine, plus généralement village. Le radical reste inexpliqué pour le moment.
Trois formes sont mentionnées : Annghisheim au VIIe siècle[8], Aungehiseshaim au siècle suivant[9]. La troisième forme, Oenginsheim, est citée dans des annales de 1279, lorsque la chapelle éponyme est détruite pat le bâtisseur de la Tour des sorcières, et pourrait probablement correspondre à Ingersheim.
Le toponyme ne change pas pendant la Révolution.
- L'église primitive est attestée dès l'an 1114. Le chapitre de Saint-Dié en détenait en effet le droit de patronage et relevait la dîme. De cette époque subsiste une partie de la tour romane. Mais un écrit de 1234 relate l'effondrement du chœur. La tour est alors rehaussée d'un niveau, « peut-être en 1515 »[10]. Plus tard, des fouilles ont permis de découvrir les fondations romanes et d'affirmer que l'édifice était orienté et avoisinait les 17 m de long.
- En 1776, un nouvel édifice est construit, perpendiculairement au plan primitif, selon le projet de l'architecte Jean-Baptiste Alexandre CHASSAIN dans un style plutôt baroque. La base de la tour romane est conservée et rehaussée pour former le clocher actuel. À cette époque, le financement est assuré par le décimateur pour le chœur et les paroissiens pour la nef.
- Un projet de remaniement voit le jour en 1810, selon Germain Michel MESSIER, mais n'est pas retenu car il prévoyait la démolition de la tour. Trois ans plus tard, le même architecte propose une nouvelle mouture : cette fois-ci la tour est conservée, mais la chambre des cloches est reconstruite et l'ancienne flèche remplacée par un clocher à l'impériale.
- Quand il est question d'agrandir l'église, en 1886, le chœur est détruit pour être remplacé par un nouveau, accompagné d'un vaste transept. Lors de ce remaniement, œuvre du colmarien Charles WINCKLER, le clocher à l'impériale est remplacé par la coiffe actuelle, « que l'on dit unique en Europe »[11]. .
- À chacune des deux guerres mondiales, l'église subit des dégâts nécessitant des réparations et le changement des verrières soufflées en 1944. L'édifice est restauré de 1985 à 1986.
Architecture
- La nouvelle nef et les collatéraux sont orientés nord sud et comportent quatre travées. L'abside est semi-circulaire.
- Les anciennes baies romanes, géminées, ont été murées, et il n'en reste que quelques traces dans la maçonnerie.
- La façade présente un pignon cintré et des rampants disposés en accolade. Hors œuvre, une petite tourelle habille l'angle entre la tour et le collatéral Est.
Intérieur
L'intérieur de l'édifice se caractérise par une belle luminosité, favorisée par la largeur du transept.
- Derrière le maître-autel en bois sculpté, réalisé par Bernard FELS, est accroché un grand tableau au cadre doré de style néo-rococo. Il s'agit d'une huile sur toile représentant saint Barthélémy au temple de Salomon. Œuvre de Martin FEUERSTEIN, ce tableau est inscrit au titre d'objet historique[12].
- Un Christ en Croix sculpté, datant de la première moitié du XVIIIe siècle est lui aussi inscrit au titre d'objet historique[13].
- Dans les bras du transept, figurent des autels secondaires tout en chêne. Celui de droite est dédié à saint Bonaventure et celui de gauche au Sacré Cœur. Réalisés par le menuisier sculpteur Jean WEYH à la fin du XVIIIe siècle, ils sont inscrits au titre d'objet historique[14].
- Les fonts baptismaux sont originaux. La cuve, en bois, est installée dans une petite niche décorée d'un groupe sculpté, elle-même faisant partie d'une niche lambrissée incrustée dans le mur d'un bas-côté. Il s'agit d'une œuvre d'Ignace SICHLER, datant du premier quart du XIXe siècle. Les fonts sont inscrits au titre d'objet historique[15].
- La chaire à prêcher est également inscrite aux objets historiques[16]. Elle date du XVIIIe siècle.
- L'orgue de tribune, en chêne et étain, est un instrument de facture Joseph RINCKENBACH. Réalisé en 1919 et financé avec les dommages de guerre, il a été installé en 1920. Il est complété d'un orgue de chœur, de facture contemporaine.
Espace intérieur
Tableau du maître-autel, représentant saint Barthélémy
Était-ce l'élément majeur d'un château médiéval ? Toujours est-il que sa date est estimée à l'an 1220.
Il s'agissait d'un donjon de défense, vraisemblablement rehaussé de deux étages en bois, et les épais murs subsistants ont conservé une hauteur de 4 mètres.
C'est le chevalier Curto, membre de la famille Kurtz, qui aurait eu l'initiative de faire construire cette tour. Et pour les pierres nécessaires à la construction, il n'aurait pas hésité à démolir le clocher de la chapelle d'Oenginsheim, à proximité, qui appartenait alors à l'abbaye de Murbach. Cette démolition est mentionnée dans des annales rédigées par un dominicain colmarien en 1279.
La Tour est encore citée en 1474 et 1580.
Ancienne maison commune
Pignon avec horloge et armoiries Photo C. Angsthelm
Cette première maison commune du village, l'une des plus anciennes conservées en Alsace, fut probablement construite vers 1461 (sans que soit connu le maître d'œuvre) avec des baies Renaissance, puis remaniée en 1535 et 1600. Elle a abrité les locaux de la mairie jusqu'en 1952.
Il a ensuite été question de la démolir. Mais elle a été préservée, et l'inscription aux Monuments historiques actée en 1932 pour le campanile a été étendue en 1962 au façades et à la toiture[17].
Une restauration a suivi, au cours de laquelle ont été démolis le corps de garde et la tourelle d'angle. Des portes ont donc été déplacées, une fenêtre ajoutée et le clocheton refait.
Les façades comportent des fenêtres à meneaux à triplet, avec un décor de coquilles.
Le linteau de la porte d'entrée est sculpté du blason de la cité, à gauche, et des armes des Schwendi, à droite. Il porte le millésime 1600 et l'inscription Honores mutant mores (Les honneurs changent les mœurs) qui est la devise d'Ingersheim.
Sur le pignon nord, au côté des armes de la ville, sont peintes celles des Lupfen et des Schwendi, anciens seigneurs de la localité. Et sous le campanile veillent les trois têtes moustachues (en haut-relief) dites des trois hongrois, présumés tailleurs de pierre.
Façade latérale et ses fenêtres à triplet
Campanile avec les trois moustachus
Porte d'entrée en accolade avec linteau sculpté
Ferme de vigneron-boulanger
Vue depuis la Place des Américains C. Angsthelm
Cette ferme date de 1559 comme l'atteste l'écu sculpté de la porte charretière primitive donnant sur la rue principale. En plus du millésime, l'écu porte deux symboles : des serpettes et un bretzel, nous renseignant sur les deux métiers de son propriétaire, dont les initiales étaient F I. La propriété comprenait une cour avec étable et porcherie, grange et remise, et bien sût pressoir. Côté cour, le bâtiment est flanqué d'une tourelle d'escalier polygonale ; sa porte de type Renaissance arbore un écu avec masque et rosace millésimé de 1595.
La propriété a été fortement endommagée durant la Seconde Guerre mondiale. Le pâté de maisons attenantes aussi, si bien qu'il a été rasé pour créer la Place des Américains. Cela a permis au propriétaire de la ferme de rajouter deux portes d'accès par cette place : une grande porte charretière, dont un cartouche porte les initiales DA WO et le millésime 1594 et une porte piétonne avec un soleil et la date 1596. Une logette triangulaire a également été ajoutée sur le mur nord.
Écu avec serpettes et rosaces
Cartouche de la porte charretière (post 1945)
Écu de la porte piétonne (post 1945)
Ancien château devenu hôtel de ville
Au-dessus de la porte d'entrée : armes de Jean-Baptiste Sébastien de Salomon
L'hôtel de ville actuel (voir photos en section Informations pratiques) a une longue histoire.
C'était au début du XVIIIe siècle la propriété de Joseph THOMANN (1654-1727), receveur à la Cour domaniale du chapitre de Saint-Dié. Puis de ses deux fils, avocats au Conseil souverain d'Alsace.
Au milieu du siècle, la demeure revient à la petite fille de Joseph THOMANN, qui vient d'épouser Jean-Baptiste Sébastien de SALOMON (1717-1785), deuxième président du Conseil souverain. Des agrandissements et remaniements ont lieu et la propriété devient un château, avec 35 pièces et une salle d'apparat, des dépendances et des jardins.
Le domaine passe en 1788 aux mains de François Gabriel de GALLIMARD, en 1797 à des notables du lieu, enfin en 1861 à Monseigneur Joseph DEYBACH. Celui-ci le loue à une religieuse, puis le donne à la commune en 1878 pour y accueillir des indigents. Le corps de logis principal devient hôpital, la salle d'apparat devient chapelle.
L'activité hospitalière cesse en 1958. Une aile du château est détruite ainsi que les dépendances. L'intérieur est réaménagé pour devenir l'hôtel de ville actuel, où les services de la mairie s'installent en 1964.
Autres éléments
Dans la rue de la République, la maison du maréchal-ferrant Blaise INGOLD est construite en 1595. Cette date et les initiales sont inscrites sur l'écu de la porte charretière avec un fer à cheval et un marteau sculptés. L'enseigne et la ferronnerie sont de facture moderne.
Dans la même rue une ferme de vigneron date de 1610, comme l'atteste le linteau sculpté d'une dépendance. Le pignon sur rue a été remanié. Cette ferme a été habitée par le maire Célestin REUTTER.
Une autre ferme, dans la rue du Maréchal Foch, porte le millésime 1723 au-dessus d'une belle porte charretière, tandis que la maison d'habitation attenante porte des dates plus récentes.
L'ancien presbytère a été construit en 1777, date confirmée par un linteau de porte intérieure. En 1904, le curé Ignace ZIBELIN y fait installer des salles de classe pour le transformer en collège privé. Le bâtiment a ensuite été restauré et réaménagé.
Non loin de l'hôtel de ville actuel, un grand bâtiment date du début du XIXe siècle. Ancien hôtel-restaurant "Zur Sonne" puis "Au soleil", il a aussi servi de gare de voyageurs à l'époque de la voie ferrée "Kaysersbergertalbahn" qui reliait Colmar à Lapoutroie de 1885 à 1944.
Rue d'Ammerschwihr, non loin de l'ancienne mairie, le bâtiment rouge date de 1818. Il a été acquis par la commune et transformé en école de filles en 1862, ainsi qu'en salle d'asile. Il a également fait office d'hôpital militaire pendant la Grande Guerre. Délaissé suite à la construction des nouvelles écoles, il a été transformé par le maire et industriel Benoît GEIGER pour y abriter un atelier de tissage (opérationnel jusqu'en 1981.
Dans la rue du Maréchal Foch demeure un ancien hospice. La maison du couple Jean ESCHBACH et M.A. BARXELL accueillait des nécessiteux à partir de 1838. Deux ans plus tard, la maison est donnée à la commune qui la transforme en petit hôpital. Il reste en service jusqu'en 1878 où il est transféré dans l'ancien château de J.B.S. de SALOMON. Suite à un incendie, il ne subsiste de l'ancienne demeure que la porte d'accès et la cave voûtée sur quatre travées.
Maison du maréchal-ferrant Blaise INGOLD, 1595
Ferme de vigneron, 1610
Ferme de vigneron, 1723
Ancien presbytère, 1777
Ancien hôtel "Au soleil" et gare de voyageurs, début XIXe
Ancienne école de filles, hôpital militaire et atelier de tissage, 1818
Ancien hospice, 1838
Repères géographiques
Au nord du département, à l'ouest de le plaine, Ingersheim s'est épanouie sur les toutes premières collines du piémont.
Le bourg est situé au carrefour de plusieurs voies de communication dont la fameuse route des vins d'Alsace.
Le territoire est irrigué par la Fecht.
Ingersheim se trouve à équidistance d'Eguisheim, au sud, et de Bennwihr, au nord.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
1 200
1 221
1 270
1 388
1 995
2 402
2 516
2 274
2 484
2 424
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
2 498
2 498
2 494
2 388
2 442
2 423
2 485
2 536
2 663
2 783
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
2 686
2 542
2 605
2 667
2 689
2 316
2 665
3 006
3 636
4 466
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
4 271
4 063
4 170
4 531
4 658
4 660
-
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Il exerce à Strasbourg - La Cathédrale avant 1843, est ensuite curé à Ingersheim, puis à Erstein (1843-1879) Il est décédé à Erstein le 10 avril 1879. Selon les actes ou les documents, le patronyme s'écrit BERNHART ou BERNHARD. En l'occurrence, il décède sous le patronyme BERNHARD.