La carte archéologique de Habsheim[1] nous révèle une présence humaine à différentes époques de la préhistoire. Ont été découvertes en effet des traces d'habitats ou de nécropoles du néolithique, du chalcolithique et de l'âge de bronze. Le secteur était également occupé lors de la période celtique.
À l'époque romaine, la voie reliant Augst[2] à Strasbourg était plus ou moins parallèle au Rhin et son tracé se confondait par endroits avec celui de la D 201 qui traverse actuellement la commune. Des fouilles répétées dans le lotissement Lobelia II, au Landserer Weg, ont permis de mettre au jour des éléments d'une villa, d'une palissade et d'une tour « à vocation défensive »[3].
Moyen Âge
La première citation du hameau « date de 757 »[4], dans un acte de donation à l'abbaye de Saint-Gall (en Suisse). On en trouve une autre mention en 1004, lorsque le secteur de la Hardt est donné à l'évêque de Bâle. Et à partir de 1090, la paroisse relève d'une autre abbaye suisse, celle de Saint-Ursanne.
Durant la période médiévale, l'habitat habsheimois est réparti sur trois lieux différents : le cœur du village, Oberdorf cité à la fin du XIe siècle, et Ratzheim. Une fusion des trois sites s'opèrera au XVe siècle.
En 1303, la petite cité est rattachée à la seigneurie d'Ensisheim et devient donc propriété des Habsbourg. Cela lui vaut quelques privilèges : « le droit de mesure en 1258 »[5], le droit d'élever des fortifications et d'établir un marché. Ensuite le village fait partie de la seigneurie de Bas-Landser et est le siège d'une prévôté.
Le XVe siècle est mouvementé. Le bourg subit plusieurs incendies et pillages, notamment pendant la guerre du Sundgau, où il est totalement détruit en 1468. Il se reconstruit peu à peu et, à la fin du siècle, une petite communauté juive s'installe et fait construire une synagogue.
Temps modernes et contemporains
Au XVIe siècle, alors que les Habsbourg autorisent l'établissement de la foire de la Sainte-Catherine à Altkirch, ils consentent également à instaurer la "Foire de Simon et Jude" à la cité habsheimoise qui se trouve alors dans une situation prospère. Cette foire existant encore de nos jours est devenue « l'une des foires agricoles les plus réputées du Sundgau »[6].
Le XVIIe siècle est également une période difficile avec la guerre de Trente Ans, poussant certains habitants à s'enfuir, et une épidémie de peste particulièrement meurtrière. Après le traité de Westphalie (1648), le domaine passe aux mains de la famille Herwart jusqu'à la révolution française.
Si le bourg vivait en grande partie de la viticulture au XVIIIe siècle, il accorde une part croissante à l'agriculture au siècle suivant. À cela s'ajoutent une petite industrialisation avec des tissages, une scierie et une tuilerie.
Durant la Grande guerre, « le village est occupé par les troupes coalisées »[7].
En 1940, les habitants sont évacués dans le Gers. La commune est libérée le 8 mai 1945.
Héraldique
Ancien blason, en deux écus, sur la fontaineAncien blason, soutenu par deux lions, sur la façade du Dorfhus
L'autour devient l'emblème du village dès 757.
Les premières armoiries, apparaissant au XVIe siècle, sont différentes : « La partie dextre comporte une divise de sable accompagnée en chef de deux lézards adossés de sinople et en pointe de deux feuilles de chêne de même. À sénestre figure un autour, à la tête contournée, perché sur un sautoir ».[8]. L'autour fait référence à au premier toponyme connu du village, devenu emblème ; les lézards correspondraient au surnom donné aux habitants et les feuilles de chêne évoqueraient la forêt de la Hardt ; quand à la bande rouge, ce sont les couleurs des Habsbourg.
Ces anciennes armoiries sont représentées en deux écussons sur la fontaine, et assemblées, soutenues par deux lions, sur la façade du Dorfhus.
Sur les nouvelles armoiries, datant de l'armorial décrété par Louis XIV, la partie dextre n'existe plus et l'autour tourne la tête de l'autre côté. Par la suite, Hans Brunner, prévôt de la commune en 1628, fait rajouter ses initiales.
Voici donc le blasonnement actuel : « D'azur à l'autour d'argent, la tête contournée, perché sur un sautoir alésé d'or et accompagné en chef des deux lettres capitales H et B de même ».
Toponymie
La première mention du village, en 757, est "Habuhineshaim" et correspond au surnom donné au chef franc à la tête de la communauté. Ce surnom provient de "Habuchino", diminutif de "Habucho" (en vieil haut allemand) ou "Habicht" (en allemand), c'est à dire l'autour. De là découlent l'emblème puis les premières armoiries.
Il serait donc erroné de croire que le radical Habs est lié aux Habsbourg.
Le toponyme va ensuite varier de forme : Habschen par un moment.
Arrondissement - 1801-1871 : Altkirch puis Mulhouse - 1871-1919 : Kreis Mulhouse - 1919-2025 : Mulhouse
Canton - 1801-2015 : Habsheim - 2015-2025 : Rixheim
Commune - 1801-2025 : Habsheim
Résumé chronologique :
1801-.... :
Patrimoine bâti
Église Saint-Martin
Façade occidentale donnant sur la rue principale B.ohland
Historique :
Compte-tenu de son vocable et de son implantation à côté de la voie romaine, les historiens locaux estiment que l'édifice aurait pu être élevé à l'époque mérovingienne, entre les IVe et VIIe siècles. Au XIe siècle, il est certain que l'église et la dîme relèvent de l'abbaye suisse de Saint-Ursanne. Une autre mention de 1186 est confirmée.
Jusqu'à la Révolution, la paroisse relevait du doyenné "Inter Colles"[9] de l'évêché de Bâle. Au XVe siècle ont lieu diverses processions régulières : Lundi de Pâques, Fête-Dieu, kilbe locale.
Lors de la reconstruction du XVIIIe siècle, les fouilles parviennent à déterminer trois phases de constructions antérieures en ce qui concerne la nef et le chœur. C'est donc une quatrième reconstruction qui a lieu entre 1787 et 1789, tout en préservant les trois étages inférieurs de la tour. Le haut du clocher, autrefois en bâtière comme le prouve des traces au niveau des combles, est cette fois-ci recouvert d'un toit à quatre pans. Les paroissiens n'ont pas beaucoup le temps de profiter du nouveau sanctuaire, car l'église est transformée en entrepôt militaire de 1796 à 12797. Elle est toutefois rendue au culte en 1806.
Des rénovations intérieures ont lieu en 1971 et une restauration extérieure est effectuée en 1988.
Description:
Un arc en anse de panier sépare la nef à vaisseau unique de l'abside semi-circulaire, bien éclairée par trois baies.
Derrière le maître-autel en marbre rouge (tout comme les fonts baptismaux) est exposé un grand tableau du XVIIIe siècle, représentant saint Martin.
Sur un mur de la nef figure un grand Christ en Croix, encadré de deux statues représentant la Vierge et saint Jean. Sculptées dans du bois de tilleul au XVe siècle, peut-être par Tilman Riemenschneider, elles figuraient auparavant sur un groupe de crucifixion, à l'extérieur. Par la suite elles ont été "oubliées" au grenier, et retrouvées dans en 2001. Ces deux statues sont classées au titre d'objet historique[10].
Un premier orgue existait en 1719. L'instrument actuel, réalisé par C. Bloch, date de 1820 et a été aménagé par Claude Ignace Callinet. En 1988 il a été restauré par les soins d'Alfred Kern.
Les vitraux sont issus des ateliers des frères Ott, en 1920.
Quant à la sacristie, elle abrite une pierre tombale de Mathieu Bernappel (mort en 1696), qui était aubergiste à Habsheim[11], fermier capitulaire de l'abbaye et procureur fiscal de la seigneurie de Landser.
Là aussi, il est probable qu'un lieu de culte remonte à l'époque gallo-romaine. En tout cas, un lieu de pèlerinage est attesté au XIVe siècle et la construction de l'édifice à cet emplacement serait lié à une légende.
La chapelle est agrandie en 1493, comme en témoigne une inscription sur le pignon nord, restée visible jusqu'à la restauration de 1959. En 1613, le sanctuaire abritait deux autels, un dédié à la Vierge, et l'autre à saint Urbain, que l'on invoquait pour qu'il protège les récoltes.
La chapelle est profanée pendant la guerre de Trente Ans,puis consacrée une deuxième fois en 1655. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le pèlerinage retrouve son importance d'autrefois. L'édifice est aussi privilégié par les nobles ou notables pour de grands mariages.
Tout s'arrête à la Révolution ; il est question de vendre et de démolir. Mais la chapelle est rendue au culte en 1806, et accueille le cimetière en 1811. Une restauration a lieu en 1959, supprimant cependant le vieil ermitage accolé au mur qui était la résidence du chapelain. Une dernière rénovation a été réalisée en 2008.
De construction gothique à chevet plat, la chapelle abrite quelques éléments de valeur :
- Une pietà en bois de tilleul, réalisée vers 1500 par un sculpteur inconnu, et mise en valeur depuis le XIXe siècle sur une console en bois très ouvragée. Elle est classée au titre d'objet historique[12].
- Une statue de la Vierge à l'Enfant occupant le centre de l'autel du chœur. Elle date des années 1520 à 1530 et est également classée au titre d'objet historique[13].
- Deux autres éléments sont classés : uns sculpture de la tête décolletée de saint Jean-Baptiste, sur une assiette en étain, et un ancien tronc d'église en bois.
- Les vitraux sont l'œuvre de deux maîtres verriers : Albert Gerrer et Ernest Stelzl.
Pietà de 1500
Maître-autel et Vierge à l'Enfant
jeux de lumière
Synagogue
Une présence juive s'accroît peu à peu entre la moitié du XVIIIe siècle et 1850, et finit par représenter 12 % de la population habsheimoise. Bien que le siège du rabbinat soit à Rixheim, une synagogue est construite vers 1800. Un enseignement hébraïque était dispensé dans une petite école adjacente à la synagogue.
La communauté se réduit progressivement sous le Second Empire, et plus fortement de 1871 à 1919 (époque du Reichsland).
Maintenant déclassé, le bâtiment encore debout relève du domaine privé. La grande pièce sert de remise ; l'ancienne maison du rabbin, qui était attenante, a été transformée en logement en 1930.
Habsheim étant le siège d'une prévôté au XIVe siècle, une première maison commune (attestée par des fouilles) permettait de rendre la Justice. Au musé historique de Bâle existe un vitrail de 1550 qui représente ces séances.
L'hôtel de ville que nous connaissons, Rothus ou Dorfhus, date de 1578 comme en témoigne la pierre armoriée en pignon sur rue. De style Renaissance, il présente des arcades et a conservé à l'arrière un pignon crénelé, des fenêtres et une balustrade typiques de cette période, malgré divers remaniements. Il a également conservé des caves voûtées.
Ce bâtiment a multiplié les fonctions au cours du temps : d'abord tribunal et prison, ainsi que halle aux blés au XVIIIe siècle ; « caserne de gendarmerie d'août 1799 à 1801 »[14] ; mairie jusqu'au XIXe siècle ; école et logement des instituteurs de 1820 à 1990 ; enfin dépôt des pompes à incendies.
L'édifice est inscrit partiellement aux Monuments historiques[15]. Sa dernière restauration, en 1995, a permis de réhabiliter la salle des conseils. Mais les services de la mairie avaient pris place entre-temps dans une autre maison située à l'arrière, puis sont désormais dans la nouvelle mairie en face de l'église.
Fontaine Stockbrunna
Fontaine et chevet de l'église
Il s'agit d'une fontaine à accumulation dont l'eau provient d'une source au lieu-dit Brunnstube. Elle date de 1562 comme nous l'indique la gravure sur son fût d'origine, et comprenait au départ un bassin octogonal.
Aux XIXe et XXe siècles, elle était placée au centre du village et avait un bassin rectangulaire. De 1964 à 2006, elle se situait rue du Champ des Dîmes, près de l'école, avec à nouveau un bassin octogonal dont une face portait les armoiries de la commune.
Depuis 2006, elle se trouve près du chevet de l'église et son bassin a été refait.
Repères géographiques
Vue générale, carte datée de 1917
Habsheim se situe dans la partie sud-est du département, dans la grande couronne de Mulhouse, à 12 kilomètres à l'est de Brunstatt et 8 kilomètres à l'ouest de Petit-Landau.
Il s'agit là d'un relief de plaine, non loin du Rhin et de l'Allemagne.
Le ban communal est traversé du nord au sud par l'A35 reliant Mulhouse à Bâle. Il s'y trouve également un aérodrome.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
1 269
1 522
1 451
1 493
1 546
1 637
1 690
1 706
1 712
1 970
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
2 044
2 073
1 971
1 854
1 878
1 825
1 749
1 896
1 966
2 023
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
2 024
1 796
1 903
2 091
2 081
2 015
2 003
2 124
2 207
2 560
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
3 644
3 799
4 313
4 684
4 865
4 833
5 055
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.