La partie haute du ban communal, c'est à dire la colline du Sternenberg qui prendra plus tard le nom de Gildwiller-le-Mont, est un lieu de pèlerinage dès la christianisation en France.
Les premières mentions écrites apparaissent en 728, « dans les documents de l'abbaye de Murbach »[1] et en 735 sous une autre dénomination (voir section Toponymie). Le hameau fait alors partie du comté de Ferrette.
Au XIIe siècle, après la mort de saint Morand, prieur d'Altkirch qui venait chaque vendredi à Gildwiller-le-Mont, le pèlerinage s'intensifie.
À partir de 1324, le village passe aux mains des Habsbourg, jusqu'en 1648, date du traité de Westphalie.
Une mairie-école se construit en 1850. L'ancienne école du Mont (du XVIIe) deviendra par la suite une salle du pèlerin.
Lors de la Première Guerre mondiale, l'État-Major s'installe sur le Mont. Afin de pouvoir approvisionner les troupes, une voie ferrée est installée : il s'agit d'une voie « à écartement de 60 cm »[2], facile à monter, et reliant Mortzwiller à Dannemarie où elle rejoint le véritable réseau de chemin de fer .
En 1914, le clocher de l'église est volontairement incendié par les Français pour éviter d'être un point de repère facilement attaquable. Néanmoins, des obus toucheront le village en 1915 et 1917. Enfin, en septembre 1918, les Américains mettant sur pied une attaque, la population est évacuée à Vesoul pour « dix semaines »[3].
Héraldique
Blason sur le monument aux morts, différent du blason officiel
« De gueules à l'église d'argent ouverte et ajourée de sable, posée sur un coupeau de sinople mouvant de la pointe, accostée de deux arbres d'or ».
Les armoiries sont créées « en 1976 »[4]. Elles font référence à l'église élevée sur la colline et devenue lieu de pèlerinage.
Remarque : sur le monument aux morts figure un blason sculpté dans le grès rose, mais il ne correspond pas aux armoiries officielles.
Cependant il pourrait évoquer la colline du Sternenberg (équivalent de "colline aux étoiles").
Toponymie
« Gyldulfoviler »[5] en 728 - « Gyldolfovilare »[6] en 735.
Gultwiller en 1793 - Giltwiller, Gildwiller en 1801 - Gildweiler pendant l'occupation allemande de 1871 à 1918.
Comme bien souvent dans ce secteur, le toponyme est composé d'un radical germanique, ici "Geldulf"[7], et du suffixe -willer, dérivé du latin "villare" et signifiant domaine, hameau, village.
[8]
L'église, dédiée à Notre-Dame-des-Septs-Douleurs, est construite au XIIIe siècle, accueille les pèlerins de plus en plus nombreux, et devient église-mère de différents villages. Encore de nos jours, elle accueille les habitants de Falkwiller et de Hecken. Elle subit de fortes détériorations lors des invasions de 1376 et 1441 (Anglais puis Armagnacs).
Elle est alors reconstruite en 1452, tout en gardant la base du clocher précédent et une sacristie devenue l'actuelle Chapelle du Tombeau.
Une deuxième reconstruction a lieu en 1833, avec rehausse du clocher, suivie d'un agrandissement 30 ans plus tard. Mais l'église est incendiée en 1914 et bombardée plusieurs fois durant la Grande guerre.
Une troisième reconstruction est menée en 1924 par l'architecte Paul Kirchacker qui prend l'option d'inverser la nouvelle nef et le chœur, tout en conservant encore la base du clocher. La consécration a lieu en 1926.
Description :
Le clocher qui se terminait à l'origine par un bulbe a été doté au XIXe siècle d'une flèche polygonale. Puis l'architecte a choisi en 1924 de le coiffer d'un toit en bâtière. Chacune de ses faces est pourvu de triplets d'abat-sons, mais dans des embrasures en grès de formes différentes. Le rez-de-chaussée du clocher est voûté en arêtes, actuellement décorées.
La nef à trois travées ne comporte pas de collatéraux. L'abside est semi-circulaire.
Le maître-autel est du colmarien Théophile Klem, tandis que les autels secondaires ont été réalisés par Paul Brutschi, de Ribeauvillé, dans un style Renaissance. L'autel de la Vierge accueille une Pietà en bois de tilleul, du XVe siècle ou du XVIe, qui était l'objet du pèlerinage. Sur la gauche de l'autel sont apposés de nombreux ex-votos.
Les vitraux et verrières, de 1926, viennent des ateliers des Frères Ott. Ceux de la nef présentent des médaillons provenant des anciens vitraux munichois d'avant la guerre. Les verrières du transept s'inscrivent dans les remplages en pierre et s'inspirent du style rhénan du XVe siècle.
Saint Michel terrassant le dragon, au-dessus du porche
Autel latéral de la Vierge et Pietà
Chaire, première moitié du XIXe
Orgue
Vitrail du transept nord : La Crucifixion
Un des vitraux de la nef
Voûte en arêtes du rez-de-chaussée du clocher, XIIIe
Chapelle du Tombeau
Le rez-de-chaussée du clocher fait office de vestibule. Il ouvre à gauche sur la nef de l'église, et en face sur une ancienne sacristie, devenue la Chapelle du Tombeau, qui correspond à la dernière station du Chemin de Croix extérieur.
Cette chapelle abrite un autel gothique en bois représentant le Christ au tombeau. Il a été réalisé en 1934 par Camille Rudmann et Justin Guthmann, les sculpteurs du Monument aux morts.
Elle abrite aussi une custode gothique de 1452, d'une hauteur de 4,85 mètres, réalisée par Hans Propst, de Sternenberg.
Enfin on y découvre une statue de saint Morand en bronze. Cette statue ornait à l'origine la fontaine de Saint-Morand, non loin de là. Perdue par un moment, elle a été remplacée par une statue en pierre. Retrouvée plus tard enfouie dans la vase, elle a été restaurée et placée dans cette chapelle.
Entrée de la chapelle, station 14 du Chemin de Croix
Custode de 1452
Autel du Christ au Tombeau
Ancienne statue de saint Morand, en bronze
Chemin de Croix
Station 7 : Jesus fällt das zweite MalStation 13 : Jesus wird vom Kreuz abgenommen
Élément incontournable du pèlerinage, un Chemin de Croix a pris place sur le chemin rural Kirchweg, qui s'étire du centre de Gildwiller jusqu'en haut de la colline où se trouve l'église de l'Épiphanie, également appelée Notre-Dame du Mont.
Le chemin ne comporte que treize stations, la quatorzième correspondant à la Chapelle du Tombeau, dans l'église.
Chaque station, de grande taille, est formée d'une croix en pierre reconstituée ornée d'un décor, un peu à l'image des "Bildstock" de la région. Ici le décor est un bas-relief en majolique, réalisé en 1933-1934 (année jubilaire) par le céramiste Léon Elchinger, d'après des cartons du peintre R. Kuven. Quand au sculpteur Paul Brutschi, il a inscrit des indications dans chaque piédestal.
Repères géographiques
Gildwiller se trouve dans le sud du département et fait partie de la région appelée Sundgau.
Le village se situe à 20 km au sud-ouest de Mulhouse et une quinzaine au nord-ouest d'Altkirch.
La commune est formée de deux entités distinctes : le centre du village et Gildwiller-le-Mont, sur la colline du Sternenberg. La limite occidentale de son ban se confond avec la rivière le Soultzbach.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
186
187
207
224
279
263
274
268
255
264
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
282
276
257
256
277
260
287
273
261
248
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
253
216
213
213
209
214
195
186
169
188
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
244
282
278
282
291
277
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-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.