À la fin du XXe siècle, des fouilles archéologiques ont mis au jour quelques « fragments anciens de poterie »[1], datant du néolithique.
Le hameau originel est cité pour la première fois par Médard BARTH, en 1245, avec un premier toponyme. D'autres parties du finage sont mentionnées en 1284, « dans le censier de Saint-Alban (Bâle) »[2].
Le village constitue ensuite une prévôté faisant partie intégrante de la seigneurie de Landser et du bailliage du Haut-Landser, alors sous la coupe des Habsbourg.
Outre cette dynastie autrichienne, d'autres établissements religieux ou seigneurs possèdent des terres sur le territoire de Dietwiller : la commanderie des chevaliers de Malte de Colmar (dès 1262), la famille Schaller de Bâle (en 1380), et le couvent Saint-Ursitz (Suisse).
Au début du XIVe siècle, le hameau Esswiller, sur le même territoire, est entièrement décimé par la peste. En 1356, un tremblement de terre fait des dégâts, il faut se remettre à la tâche.
Lors de conflits entre Autrichiens et Bâlois, la petite cité est incendiée en 1409, mais renaît peu à peu de ses cendres. En 1441, l'abbaye de Lucelle se manifeste en achetant une moitié du droit de dîme du village, et va dès lors s'occuper de son administration religieuse (avec celle du village voisin de Schlierbach). En 1491, Dietwiller accède au rang de paroisse, mais son église reste considérée comme une simple chapelle et dépourvue de desservant, malgré les multiples demandes des habitants, en appelant même au pape Sixte IV. La paroisse de Schlierbach ayant droit à un curé, il naît une rivalité entre les deux villages se traduisant par l'usage de sobriquets : les Dietwillerois sont surnommés "Katzekepfle" (soit hérétiques), tandis que les Schlierbachois sont appelés "Latiner". Il faudra attendre 1687 pour que l'église soit desservie par un prêtre.
Durant ce XVe siècle, la cité médiévale est également éprouvée par un incendie en 1445. Mais un moulin se montre productif, et les habitants parviennent à vivre de l'agriculture et de la viticulture.
Au XVIIe siècle, c'est la Guerre de Trente ans qui fait des ravages, et le village est totalement détruit en 1635 lors du passage des troupes du Duc de Rohan.
Une quarantaine d'années plus tard, la cité s'est reconstruite et les habitants trouvent un nouvel emploi lors de la construction d'une ligne d'ouvrages de défense le long du Rhin qui est alors une frontière. Durant cette même période, les paysans sont réquisitionnés pour les besoins en nourriture de l'armée de réserve de l'intendance.
La localité, qui avait été rattachée à la France par le traité de Westphalie en 1648, connaît enfin au XVIIIe siècle une période de paix qui n'est pas trop contrariée lors des évènements de 1789.
Puis avec la révolution industrielle du siècle suivant, certains habitants trouvent du travail dans des entreprises suisses et donc une amélioration de leurs conditions de vie.
En 1940, 530 000 Alsaciens sont évacués dans d'autres départements à cause de leur proximité avec les lieux de bataille. C'est le cas des Dietwillerois qui sont déplacés à Allemans-du-Dropt dans le Lot-et-Garonne. Le bon accueil qui leur est réservé et la construction d'amitiés durables sont à l'origine de l'institution d'un jumelage entre les deux communes en 1992.
Héraldique
Blason apposé sur la mairie
D'azur à la lettre majuscule T d'or accostée de deux étoiles de même et soutenue d'un cœur d'argent.
Ces armoiries sont en vigueur depuis « la fin du XVIIe siècle »[3].
La lettre T correspond à l'initiale du village à l'époque où il se dénommait "Tretwilr" ou "Tierwiller".
Toponymie
Le toponyme a adopté différentes formes au cours de l'histoire, le radical connaissant toutes les variations de la racine latine "villare", signifiant ferme ou domaine rural.
Nous trouvons en effet les formes suivantes : Dethwilr en 1245, Dietwilare, Dietwilre en 1284, Tietwilr en 1303, Tretwilr et Tierwiller, Dietweyler en 1676.
L'église primitive est déjà mentionnée au tout début du XIVe siècle, sa construction vraisemblablement entreprise auparavant. Une nef complétait le clocher côté ouest, ainsi qu'une sacristie côté nord.
Mais le sanctuaire est détruit par le séisme de 1356, puis par les guerres.
Il est reconstruit avec des baies au remplage gothique, et la tour rehaussée de deux niveaux : située sur une élévation de terrain, elle faisait office de tour de guet, d'alerte et de défense.
L'accès a l'église était difficile en hiver à cause de la pente. Et l'édifice devenu trop petit au XIXe siècle subit un incendie en 1852. La municipalité décide alors de construire une nouvelle église en contrebas, qui sera dédiée à saint Nicolas.
La tour primitive est inscrite aux Monuments historiques depuis 1937[4].
Baie qui communiquait avec la nef
Autel
Pièta
Ancien moulin
Un moulin hydraulique est cité dès le XVe siècle sur le Muhlbach. Des plans nous apprennent qu'il disposait de trois roues verticales et que la hauteur de la chute d'eau dépassait les 3 mètres.
Le bâtiment de meunerie a été rasé et il ne subsiste que le logis principal (et une aile latérale), avec des baies du XVIe siècle et une pierre d'angle portant la date de 1597.
Après une longue période de financement un terrain est acheté en 1878, et il faut encore deux ans pour approuver les plans de l'architecte Friedrich Wilhelm von TUGGINER. La pierre angulaire est posée en avril 1881 et l'édifice est béni en décembre de la même année par Monseigneur RAESS, évêque de Strasbourg.
L'église, qui ne comporte qu'un seul vaisseau, présente une façade de style gothique-renaissance. Deux niches abritent les statues de saint Antoine de Padoue et saint François d'Assise.
À l'intérieur, un arc triomphal sépare la nef de l'abside. Cette dernière est semi-circulaire et garnie de lambris sur tout son pourtour. Ses trois vitraux relatent des évènements de la vie de saint Nicolas. Les autels latéraux sont dédiés à saint Dominique et saint Wendelin et présentent des peintures de Georges KAISER.
L'orgue en chêne d'origine, à trois tourelles et deux plates faces, est signé Martin RINCKENBACH et date de 1881. Il a été restauré en 1982 par STEINMETZ.
Les stations du Chemin de croix sont en bois sculpté dans un style contemporain.
Parmi les trois cloches, deux ont été réquisitionnées pendant la Première Guerre mondiale. La deuxième, "Saint-Wendelin", est revenue, mais la troisième a été sacrifiée et remplacée en 1923 par la cloche "Marie", fondue par les ateliers de Maurice GRIPPON, à Brest.
Nef et chœur
Cuve de l'ancienne chaire
Vitrail central : Dieu bénit saint Nicolas
Une des stations du Chemin de croix
Orgue Rinckenbach
Éducation de la Vierge
Repères géographiques
Localité du Sundgau, Dietwiller se situe à environ 5 kilomètres au sud de Habsheim et 12 kilomètres à l'ouest de Kembs.
Le village se trouve à l'extrémité occidentale du ban communal de forme rectangulaire. Celui-ci, coupé du nord au sud par l'A36 et la voie ferrée, comporte dans sa partie orientale une portion de la forêt de la Hardt.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
450
450
512
493
544
553
512
536
539
485
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
446
480
476
487
490
466
442
430
412
441
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
397
385
359
363
335
346
339
324
337
470
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
1 053
1 258
1 189
1 310
1 401
1 451
1 417
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Né à Altkirch le 13 octobre 1735. D'abord cistercien à l'abbaye de Lucelle. Profès le 26 novembre 1756 et ordonné prêtre en 1760. Est curé d'Attenschwiller de 1762 à 1773. Refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Décédé à Altkirch le 16 octobre 1808. (Source[5])
-
-
François Ignace RUDLER
1803 - 1819
Né en 1730, décédé en 1818
Georges LAEMLIN
1819 - 1822
Sera ensuite curé à Oberentzen
Joseph ROCK
1822 - 1823
Sera ensuite curé à Heimersdorf
Joseph ZURBACH
1823 - 1828
Il bénit une nouvelle cloche en 1828
André CHRISTOPHEL
1828 - 1830
Décédé en 1830
Ambroise ZIPP
1830 - 1832
Joseph BRUSSLER
1832 - 1841
Sera ensuite curé à Avolsheim
Louis ZIPP
1841 - 1878
Décédé en 1878
Antoine WEBER
1878 - 1886
Sera ensuite curé à Kindwiller
Alphonse HEMMERLIN
1886 - 1892
Décédé en 1892
François Xavier LEHMANN
1892 - 1897
Né en 1852
Camille VOGELWEID
1897 - 1917
Décédé en 1925
Joseph ODDOLAY
1917 - 1922
Né en 1879, décédé en 1954
-
-
Jean-Claude HEINRICH
- 2014
Célestin BRUNNELIÈRE
2014 -
Communauté de paroisses "De la Hardt aux collines", regroupant Bruebach, Dietwiller, Landser, Schlierbach, Steinbrunn-le-Bas et Steinbrunn-le-Haut.
↑Article de Claude Muller, intitulé "Le refus des serments révolutionnaires. L'exemple des Wulliam d'Altkirch", in Collectif d'auteurs, Annuaire de la Société d'Histoire du Sundgau, n° 75, 2017, ISSN 1271-6065