Les premiers Bollwillerois seraient-ils ces sept hommes retrouvés au XIXe siècle dans une couche d'argile ? En tout cas, ils étaient de petite taille et pourraient être des hommes du temps des Celtes ou des Romains[1].
Le hameau initial est cité pour la première fois en 728 : il fait alors partie des possessions de l'abbaye de Murbach. Par la suite d'autres terres du domaine sont détenues par l'abbaye d'Ebersmunster.
Cette "villa" bollwilleroise , au sens médiéval du terme, devient vers 1135 le cœur d'une seigneurie importante dont font aussi partie les villages avoisinant de Feldkirch, Pulversheim et Réguisheim, et qui s'étend même jusqu'aux vallées de Thann et de Masevaux.
Tour d'entrée du château primitif
Au XIVe siècle, la famille "de Bollwiller" y fait construire un château autour duquel les habitations se développent.
Cette noble famille se fait remarquer par les Habsbourg, que ce soit Pierre, Jean, Nicolas de Bollwiller (1520-1588) nommé en 1561 « grand bailli de la province »[2], ou Rodolphe, gouverneur provincial de 1606 à 1609 à la Régence d'Ensisheim.
À l'extinction de cette famille, en 1617, la seigneurie passe aux mains de la maison "de Fugger", mais à l'issue de la Guerre de Trente ans, une partie du bourg est brûlée par les Lorrains.
En 1649, le roi Soleil fait cadeau de cette seigneurie à Reinhold de Rosen, un officier de Livonie[3] qui s'est rallié à la France. Elle passe ensuite à un cousin, Conrad de Rosen. Son quatrième fils, Reinhold Charles de Rosen fait construire un petit château, plus connu sous le terme de manoir d'Argenson. Et ses jardiniers, notamment « Jean Baumann »[4] y créent vers 1740 des pépinières, doyennes des établissements horticoles français, qui vont favoriser l'activité économique de la cité.
Le XIXe siècle est témoin d'un bel essor, entraîné par des usines textiles et l'arrivée du chemin de fer en 1840.
Dortoir des célibataires, à côté de la tour d'entrée à clocheton
Cette révolution industrielle s'accentue avec l'exploitation de la potasse, qui démarre au tout début du XXe siècle sous l'impulsion d'Amélie Zurcher, native de la commune. Sur ce secteur c'est la société Kali-Sainte-Thérèse qui supervise, entre autres, trois concessions :
- le puits Alex, sur le ban de la commune adjacente de Feldkirch, foncé en 1911 et en activité jusqu'en 1954,
- les puits Rodolphe I et Rodolphe II sur le ban communal de Pulversheim.
Le besoin en main d'œuvre occasionné par l'exploitation entraîne l'embauche de travailleurs polonais et la construction d'une cité minière, la cité Sainte-Thérèse, entre 1924 et 1930.
À l'issue de la seconde guerre mondiale, c'est le 4 février 1945 que Bollwiller est libéré par la 1ère division blindée.
Héraldique
Nouvelles armoiries
« De sinople à la bande d'argent accompagnée de six merlettes d'or posées en orle ».
Ces armoiries existent depuis le XVIIe siècle.
En 1696, la bande d'argent était accompagnée de six martelets, des petits marteaux.
En 1975, l'écusson a été modifié car les martelets sont en fait six merlettes sans pattes ni bec[5].
Toponymie
Qaund le village est mentionné en 728, la forme est "Baltowiller". Soixante ans plus tard, la dénomination est devenue "Ballone villare". Puis se succèderont des formes proches les unes des autres, telles que Bollunwilre (1135), Bollewilr (1281), Pollweiler (1542).
Le suffixe "willer", tout comme "villé" dans le Bas-Rhin, correspond à la racine germanique "weiler" dérivée de "villa" ou "villare" signifiant domaine rural.
Le toponyme actuel date de 1793.
Histoire administrative
Département - 1801-2025 : Haut-Rhin
Arrondissement - 1801-1871 : Colmar - 1871-1919 : Kreis Guebwiller - 1919-2025 : Guebwiller
Canton - 1801-1871 : Soultz - 1871-1919 : Sultz unter Wald - 1919-2015 : Soultz-Haut-Rhin - 2015-2025 : Wittenheim
Le château primitif, édifié par la famille "de Bollwiller" et mentionné déjà en 1354 à l'orée du village, est resté ceint par ses douves jusqu'en 1800. De cette époque il subsiste la porte d'entrée avec clocheton qui était munie d'un pont-levis.
Le château en lui-même a été reconstruit au XVIe siècle notamment côté nord-ouest avec une tourelle d'escalier. Puis agrandi en 1599 par Rodolphe de Bollwiller avec la partie sud-est comportant également une tourelle, plus haute. Au dessus d'une porte d'entrée demeurent les armoiries des "de Rosen" qui ont supplanté celles des "de Bollwiller".
Une fois la dernière famille noble éteinte, l'édifice « fut occupé par une filature au XIXe siècle »[6]. Puis une usige de tissage s'installa à côté. Parmi les différents propriétaires du château à cette époque figure Théodore Zurcher, le père d'Amélie qui va jouer un rôle déterminant dans l'histoire de cette région.
Le château, inscrit aux Monuments historiques depuis 2007[7] est désormais la propriété d'une association gérant des établissements pour personnes en situation de handicap.
Manoir d'Argenson
Bâtiment central du manoir
Il a été construit en 1738 pour Reinhold Charles de Rosen, fils de Conrad.
Après son décès, son héritière épousa d'abord Charles Victor Louis de Broglie, puis en secondes noces Marc-René Voyer, marquis d'Argenson (ami de La Fayette, et député de Strasbourg), qui laissa son nom à la demeure.
Sur le fronton surplombant la porte d'entrée est gravée la devise « OMNIA DE MANU DEI SUNT » soit « Toutes choses sont de la main de Dieu »[8].
Pendant la première guerre mondiale, la bâtisse a abrité l'État major allemand.
Ensuite le manoir est resté habité jusqu'en 1982 puis racheté par la ville six ans plus tard. Des extensions ont permis de l'aménager en maison de retraite.
Mairie
Les services de la mairie ont pris place dans une maison datant du XVIIIe siècle, construite en 1760 par la famille Zurlinden qui venait de Lucerne en Suisse. Elle fut occupée par ses descendants jusqu'en 1930.
La demeure a été un peu remaniée lors de son acquisition par la ville en 1938 : un campanile y a été rajouté, ainsi que les armoiries au-dessus de la porte d'entrée.
Bollwiller était d'abord dépendante de la paroisse de Feldkirch.
La construction d'un édifice bollwillerois commence en 1847, suivant les plans de l'architecte local Laubser. Et cinq ans plus tard, l'église est consacrée sous le patronage de Charles Borromée[9].
Le clocher est construit en 1860, sous la forme d'un toit à quatre pans. Mais endommagé par les bombardements ennemis, il est remplacé par un clocher à bulbe qui lui donne un style baroque s'accordant à l'aspect intérieur de l'édifice.
Le portail est surmonté de l'inscription « HIC EST DOMUS DEI ET PORTA COELI » et encadré de deux niches avec statues.
Statue de Charles Borromée
Portail et inscription
Statue de saint Vincent
Intérieur
Chœur et absideMaître-Autel et ciborium
Parmi tout le mobilier de l'église, la pièce maîtresse est le maître-autel de 12 mètres de haut, considéré comme le plus bel autel baroque de la région. Son histoire est singulière car il orne l'abside depuis seulement 1904. Mais il est bien antérieur comme l'atteste la date de 1686 qui y est inscrite. Il provient en fait de l'église de Glis dans le Valais et ses statues « peuvent être rapprochées des œuvres de Johann Sigristen ou de Johann Ritz, artistes valaisans de la fin du XVIIe siècle »[10]. Au début du XXe siècle, l'autel a été confié aux ateliers de Théophile Klem à Colmar pour une restauration, mais n'a jamais été récupéré par la commune suisse. Il a alors été vendu à Bollwiller et installé par Klem lui-même.
L'autel est encadré par un ciborium à six colonnes torses très ouvragées supportant un plafond à caissons. Au dessus, dans une niche largement décorée de feuilles d'acanthe, trône une statue de 1,60 m de haut représentant la Vierge à l'Enfant. Les statues au bas des colonnes correspondent à saint Paul et saint Pierre.
Ce maître-autel est classé au titre d'objet historique depuis 1984[11].
La chaire à prêcher : en bois peint et doré, elle date du second quart du XIXe siècle, d'un auteur inconnu.
L'orgue : cet instrument en chêne fait partie des œuvres de Claude Ignace Callinet, de Rouffach. Il date de 1857 et a été restauré.
Le chemin de croix : toiles peintes au XIXe siècle et restaurées.
Les fonts baptismaux : en grès, surmontés d'une décoration, ils datent également de la seconde moitié du XIXe sans que l'on en connaisse l'auteur.
La vierge encadrée : ce tableau a été offert par la famille Zurlinden, en 1762, comme en témoigne la date inscrite sur le cadre. Restauré en 1988, le tableau est classé au titre d'objet historique[12].
Chaire à prêcher
Détail
Orgue Callinet
Station du chemin de croix
Fonts baptismaux
Vierge à l'Enfant
Déploration du Christ
Un des vitraux
Saint-Joseph à l'Enfant
Repères géographiques
La cité bollwilleroise s'est épanouie dans le bassin potassique situé dans la partie ouest de la plaine d'Alsace. La limite occidentale de son ban communal se confond avec la RN 83 qui marque plus ou moins la limite entre plaine et piémont des Vosges.
Bollwiller se trouve à 15 kilomètres de Mulhouse, 8,5 de Guebwiller et 4 de l'Écomusée d'Alsace.
Le ruisseau traversant le territoire se dénomme le Dorfbach.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
750
836
962
1 072
1 261
1 296
1 446
1 467
1 483
1 392
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
1 440
1 372
1 231
1 164
1 170
1 217
1 189
1 145
1 197
1 199
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
1 154
1 192
1 763
3 130
2 181
2 292
2 405
2 536
2 846
3 007
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
2 951
3 194
3 552
3 573
3 618
3 979
-
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Née à Bollwiller le 27 août 1858, Louise Marie Amélie ZURCHER ne s'intéresse pas au textile comme sa famille mais à la géologie. Elle arrive à persuader Joseph VOGT, industriel fondeur cherchant des gisements de houille, que le secteur renferme plutôt du sel gemme. Ils créent une société permettant d'effectuer des sondages et découvrent en 1904 une première couche de potasse. En 1906, Amélie « crée la compagnie "Gewerkschaft Amélie" qui entreprend pas moins de 120 sondages dans la région »[13] et deux ans plus tard le fonçage du premier puits, qui s'appellera Amélie I. L'exploitation du gisement de potasse va s'étaler sur de nombreuses années et faire la richesse de la région.
Mais Amélie est aussi une philanthrope. Pendant la guerre, alors que sa ferme devient un hôpital militaire, elle propose ses services d'infirmière. Elle préside diverses sociétés caritatives. « Elle est une des généreuses donatrices pour la construction de l'église du Sacré-Cœur de la ville »[14] de Mulhouse. Elle est décorée de la Légion d'honneur en 1933.
Amélie décède le 8 juin 1947 à Cernay.
Né le 22 novembre 1811 à Issenheim. Auparavant curé de Goldbach. Sera ensuite curé de Mœrnach. Décédé le 22 janvier 1903 à Issenheim.
Ignace ENDERLIN
1857-1859
Auparavant curé de Rantzwiller. Sera ensuite curé de Nambsheim.
Xavier FLECK
1859-1894
Auparavant curé de Bendorf. Décédé en 1894.
Joseph BOEHLER
1894-1898
Auparavant curé de Bruebach. Décédé en 1898.
Isidore ADAM
1898-1913
Né le 11 octobre 1853 à Ingersheim. Auparavant curé de Berentzwiller. Décédé le 3 février 1913 à Bollwiller.
Auguste BOEGLIN
1913-1927
Auparavant curé à Ostheim. Sera ensuite curé de Dannemarie.
Eugène GRIMMER
1927-
Auparavant curé de Kembs.
-
-
-
-
Gérard BRETA
-1998
Il dessert aussi Pulversheim. Il décède le 1er juillet 1998 et est enterré à Sewen où il est né.
Raymond HENNINGER
1998-
D'abord prêtre modérateur du secteur, puis curé de Bollwiller. Prend sa retraite en 2012.
-
-
Les médaillés
Les titulaires de la Légion d'Honneur
Prénom(s) NOM
Naissance
Décès
Observations
François Joseph HUEDER
4 octobre 1818
15 janvier 1854
Canonnier servant au 1er régiment d'Artillerie à pied. Chevalier le 18 mai 1855. Son dossier
Jean LUSTIG
25 juin 1786
29 mai 1826
Sergent major d'Infanterie de ligne. Chevalier le 15 octobre 1814. Son dossier
Charles SCHMIDT
27 mai 1870
12 janvier 1950
Lieutenant d'Infanterie de réserve. Chevalier le 31 décembre 1912. Son dossier
David WEILL
21 juillet 1872
27 décembre 1848
Administrateur de papeteries. Chevalier le 31 décembre 1927. Son dossier
Baruch dit Albert WEILL
3 janvier 1833
4 octobre 1903
Fabricant en confection. Chevalier le 7 mai 1895. Son dossier
Georges Léon ZIPFEL
14 juillet 1861
-
Médecin. Professeur de faculté de médecine. Chevalier le 23 décembre 1925. Son dossier
Louise Marie Amélie ZURCHER
27 août 1858
8 juin 1947
A favorisé la découverte de la potasse. A présidé différentes sociétés Chevalier le 26 juillet 1933. Son dossier
Les titulaires de la médaille de Sainte Hélène
La médaille de Sainte Hélène, créée par Napoléon III, récompense les 405000 soldats encore vivants en 1857, qui ont combattu aux côtés de Napoléon 1er pendant les guerres de 1792-1815.
Prénom(s) NOM
Naissance
Décès
Observations
Antoine KELLER
25 novembre 1794
8e de ligne, 1812 à 1815. Dossier 237448.
Joseph GRUMBACH
1792
19e dragons et 10e légers, 1812 à 1815. Dossier 236937
Joseph HUEDER
1er juin 1791
10e hussards et 9e chasseurs, 1813 et 1814. Dossier 237444.
Joseph MAECKLER
1790
9e cuirassiers, 1813 et 1814. Dossier 237442.
Joseph ROMBACH
4 juillet 1784
61e et 105e de ligne, 1805 à 1812. Dossier 237439.
Joseph STUDER
28 décembre 1788
28e légers, 1809 à 1818. Dossier 237440.
Joseph THEILLER
1791
18e de ligne, 1813 et 1814. Dossier 237443.
Martin BRUNNER
2 janvier 1794
1er hussards, 1813 à 1815. Dossier 237447.
Martin WINTZER
1794
4e bataillon d'artillerie, 1813 et 1814. Dossier 237449.
Rémi GEYMANN
13 octobre 1791
20e et 1er chasseurs, 1811 à 1815. Dossier 237441.
Daniel Delattre, Le Haut-Rhin, les 377 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, 2015, 240 pages, ISBN 978-2-36464-078-8
Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908307-25-4
Nicolas Mengus, Ces Alsaciens qui ont fait l'Histoire, Villeveyrac, Le papillon Rouge Éditeur, 2017, 264 pages, ISBN 978-2-917875-87-2
Dépliant sur le château de Bollwiller, réalisé pour la journée du Patrimoine 2016.
↑Page 14, in Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908307-25-4
↑Page 16, in Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908307-25-4
↑Page 17, in Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908307-25-4
↑Archevêque de Milan en 1564, Charles Borromée crée les premiers séminaires pour la formation des prêtres et consacre une partie de son temps à soigner des pestiférés. Mort en 1584, il fut canonisé en 1640
↑Page 15, in Marie-Philippe SCHEURER, Canton de Soultz Haut Rhin, images du patrimoine, collection "L'Inventaire", Illkirch, Le Verger éditeur, 1991, 80 pages, ISBN 2-908307-25-4