Bergheim n'est pas seulement célèbre pour ses sorcières.
Elle compte aussi quelques autres héroïnes. La plus touchante est peut-être Rose GOETSCHEL, fille d'un propriétaire terrien de la commune. Née en 1776, Rose avait 17 ans au plus fort de la Révolution, lorsque le sanguinaire Euloge SCHNEIDER promenait sa guillotine à travers la région.
En cette année 1793, le représentant de Schneider dans la région de Colmar, voulut se saisir du père de Rose en représailles d'un différend financier. Le père Goetschel se cacha. Ne pouvant s'emparer du père, le commissaire emmena la fille pour la traîner devant le tribunal révolutionnaire de Strasbourg.
Le tribunal, raconte la chronique, fut ému par la jeunesse de l'accusée et surtout par sa piété filiale, car Rose refusait de révéler la cachette de son père.
Elle fut donc acquittée et renvoyée dans ses foyers. Le tribunal lui accorda même, rapporte une chronique, un dédommagement financier, ce qui était tout à fait exceptionnel pour l'époque.
(L'almanach de l'Alsacien, 2003, p.36, Ed. Reflets de terroir, ISBN 2-84503-175-0.)
Repères historiques
Bergheim est connue depuis le VIIe siècle, Hagio en fit don à l'abbaye de Moyenmoutier
Othon 1er la donna à Conrad Ier, père de Hermann duc d'Alsace
977 : elle revient à Hermann duc d'Alsace qui fut dépossédé ensuite par l'évêque de Toul
en 1225, celui-ci le donna en fief à Mathieu de Lorraine, qui passa ensuite au comtes de la Petite Pierre
1287 : les comtes de Ribeaupierre en deviennent propriétaires, ceux-ci la cèdent à l'empereur Albert 1er qui la donne à Burcard de Geroldseck
Plus tard, Henri de Ribeaupierre reprit Bergheim à Burcard, la fortifia et l'offrit à l'empereur Henri VII qui lui donna en fief en 1312
Henri et Jean de Ribeaupierre vendirent la commune à la Maison d'Autriche
en 1314, la Maison d'Autriche la cède à Henri de Mulnheim, cette maison vendit le droit de rachat pour 3 000 marck à l'évèque de Strasbourg
1375 : les habitants se rachetèrent
en 1448, Albert, le prodigue frère de l'empereur aliène la ville
9 mai 1469 : par le traité de Saint-Omer, le duc Sigismond d'Autriche céde à Charles Le Téméraire, la seigneurie de Bergheim
1495 : la ville est rachetée par Maximilien 1er, empereur
en 1525, les paysans révoltés s'en emparèrent
puis en 1632, les Suédois la prirent
1639 : Louis XIII, donne la seigneurie de Bergheim au comte de Nassau,
1642 : elle passe au duc de Montlausier
en [[1679]), elle passe au comte palatin, Christian II, puis au baron Reding de Biberach
1686 : ce dernier vend la ville à trois Strasbourgeois et ceux-ci au baron de Roll d'Emmemholtz
en 1716, elle est rachetée par les comtes de Ribeaupierre, qui la gardent jusqu'à la Révolution
La paroisse sous l'Ancien Régime
Bergheim jouissait du droit de battre monnaie ainsi que du droit d'asile
Intendance ou généralité :
Élection ou diocèse civil :
Subdélégation :
Parlement :
Coutume :
Bailliage ou sénéchaussée : Bergheim
Jean Baptiste Larcher
Diocèse religieux :
Vocable ou paroisse :
Hôpital : fondé par les bourgeois
Héraldique
D'argent à deux tour carrées pavillonnées de gueules maçonnées de sable et enfermées dans une enceinte ronde de murailles crénelées aussi de gueules, maçonnée et ouverte de deux portes de sable, un mont de trois coupeaux de sinople posé entre les tours, celui du milieu sommé d'un écusson d'azur à trois fleurs de lys d'or.
Ces armoiries datent de 1699 et reprennent le sceau du bourg existant depuis le XIVe siècle. Mais au XVIIe « les fleurs de lys ont remplacé la fasce de l'Autriche »[1].
Maison Bergheim
Tiercé en bandes de gueules, d'argent et d'azur
Toponymie
Composé de deux mots germaniques, le toponyme correspond à "bourg du mont".
La tour haute ("Obertor" en alsacien) est un vestige des fortifications du XIVe siècle. Construite vers 1312, cette porte qui gardait l'entrée ouest de la ville a été remaniée au XVIe siècle pour en faciliter le passage (Puis restaurée en 2006). C'est la seule à subsister des trois portes que comptait autrefois le bourg.
Elle est classée avec les restes des fortifications aux M.H depuis 1948[2]
De 1534 à 1852, la façade ouest de cette porte à abrité le Lack'Mi, bas-relief représentant un bonhomme narguant ses poursuivants en dévoilant son derrière.
Ce personnage illustre le droit d'asile reconnu depuis 1361. Bergheim entre 1530 et 1667 a accueilli 744 réfugiés coupables de crimes et délits.
Source[3]
Les fortifications
Bergheim a la particularité d'être cernée d'une double enceinte (plus ou moins rectangulaire aux coins arrondis).
- Le rempart extérieur avec sept tours flanquantes est particulièrement bien conservé du côté nord : la tour carrée au nord-est , la seule de cette forme, date du XIVe siècle, les six tours semi-rondes seraient plutôt du XVe.
- L'enceinte intérieure, séparée du rempart extérieur par l'ancien fossé, est maintenant composée de maisons accolées, avec jardinets dans le fossé, mais a conservé deux tours semi-rondes, une au nord, une au sud.
Ensemble des photos B.ohland
Tour des Sorcières
Tour possédant des gargouilles
La tour dite "des Sorcières" comportait autrefois un toit conique. Elle est défendue par une canonnière à tir plongeant.
La tour possédant des gargouilles possède aussi un frise lombarde, des archères cruciformes, six canonnières horizontales et plein nord deux bouches à feu avec encoche pour ancrer le canon.
Tour enceinte intérieure nord
Tour enceinte intérieure sud
Tour Pelzkappel
Tour Pelzkappel (Chapeau de fourrure): vestige de la tour datant du XVe siècle. Anciennement "Bergerturn"
Portail sculpté représentant "l'adoration des Mages"
Chaire à prêcher
Vestige d'une fresque dans une niche gothique
La reconstruction d'une église débute probablement en 1320 pour s'achever vers 1347. L'église fut consacrée le 27 juillet 1347.
Subsistent actuellement dans l'état original :
Le chœur voûté à chevet octogonal,
La base du clocher,
Le porche avec le tympan avec "l'adoration des Mages".
Les colonnes originales sont remplacées par des colonnes toscanes,
Les autels et les stalles datent de cette époque
Ajout d'une plateforme sur le clocher et installation de l'horloge
En 1819 ajout au flanc sud de la chapelle des Quatorze Saints Auxiliateurs, de style néogothique. Elle renferme des œuvres d'art tant peintes que sculptées.
En 1903 travaux de restauration.
Les grandes orgues, de Rinkenbach, sont de 1903 ; le buffet néobaroque qui les abrite date de 1879 , c'est celui de l'orgue WETZEL. Les sculptures originales incorporées au buffet datent de 1740[5]. Les orgues sont inscrites à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1996[6]
Fontaine monumentale édifiée en 1721, en grès rose, située sur la place du Docteur Walter (Ancienne place d'Armes qui s'appela ensuite place du Marché).
Les angles du bassin octogonal sont épaulés par des bornes en grès. La sculpture du sommet de la colonne de jet en grès représente une colline (Berg), élément du blason de la ville. Le bassin est alimenté par quatre tubes.
La fontaine comporte quatre ferronneries en volutes qui s'appuient sur la colonne et sur la margelle.
Synagogue reconstruite en 1860 sur l'emplacement d'une synagogue du XIVe siècle.
Vers 1300 déjà, il est mentionné à Bergheim une communauté juive "florissante" et une synagogue dans la rue des Juifs. Avec celle de Haguenau, elles sont les deux seules à ne pas être détruites en 1349 (grands pogroms). Elle est rachetée en 1551 et avec son homologue citée ci-dessus, ce sont les deux seules synagogues médiévales à rester en fonction jusqu'au XIXe siècle. Elle est détruite lors d'un grand incendie en 1840.
Sa particularité est d'être « la seule et unique synagogue d'Alsace qui se trouve encore sur l'emplacement où elle avait été au commencement du XIVe siècle »[9].
L'édifice religieux, désacralisé en 1992, sert actuellement d'espace culturel.
Inscrit à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1990[10]
Ce cadran solaire peint date de 1711. Il fut rénové en 1959 puis en 1977.
En haut, une bannière porte sur la première ligne les initiales "J.G." et la devise latine Sicut umbra fugit vita : comme l'ombre, la vie s'enfuit. Sur la seconde ligne en dessous, le texte Fecit ano MD CC XI précise qu'il a été réalisé en 1711.
Le cadran solaire fournissait quantité d'informations : les heures, les 1/2 heures, 1/4 d' heures, les changements de saison, la position du soleil dans le zodiaque, la date de l'année (à quelques jours près), ainsi que l'heure du lever et du coucher du soleil.
Cette maison a comporté un ancien ossuaire (1550), puis est devenue école, et est aujourd'hui Musée de la ville (XVIe siècle). Une section du musée est consacrée aux procès de sorcellerie jugés à Bergheim entre 1582 et 1683, qui ont abouti à la crémation d'une quarantaine de femmes. L'édifice est inscrit aux M.H depuis 1929, notamment pour sa porte avec chambranle mouluré et ses deux baies adjacentes jumelées[11].
À l'arrière, "le jardin des sorcières" abrite un jardinet médiéval avec des espèces de plantes d'autrefois.
Repères géographiques
Cette commune haut-rhinoise se situe à 17 km de Colmar et à 10 km de Sélestat, dans le vignoble. Elle est traversée par la rivière Bergenbach qui, vers le nord-ouest, longe le fossé extérieur au rempart nord.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
2 546
2 769
3 081
3 194
3 518
3 659
3 449
3 491*
3 596
3 126
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
3 200
3 089
3 074
2 737
2 771
2 586
2 505
2 484
2 424
2 209
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
1 956
1 714
1 695
1 704
1 714
1 717
1 727
1 708
1 753
1 703
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
1 774
1 802
1 830
1 837
1 897
2 147
2 066
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Directeur d'école. Adjoint au maire (1971-1994). Maire. Maire Honoraire. Président du Centre Communal d'action Sociale et Président de l'Association Foncière de Bergheim (1994-2001). Président du Syndicat Intercommunal de la zone d'activités du Muehlbach (1995-2001). Chevalier et Officier de l'Ordre des Palmes Académiques. Né vers 1936, décédé le 09/11/2017. La cérémonie religieuse des obsèques a été célébrée en l’Église Notre-Dame-de-l'Assomption de Bergheim le 15/11/2017. Source : faire-part de décès dans les Dernières nouvelles d'Alsace.
Pierre BIHL
2001 - 2020
Conseiller départemental du canton de Sainte-Marie-aux-Mines. Vice-président du Conseil départemental du Haut-Rhin et président de la Commission "administration et ressources humaines"
Martin DROLLING : né le 19 septembre 1752, décédé à Paris le 6 avril 1817, peintre
Dominique ROGET de BELLOGET, né en 1796, décédé en 1872 à Nice ; Archéologue, officier de Cavalerie
Léopold SEE : né le 4 mai 1822, décédé le 17 mars à Paris, général, il servit en Algérie, fit la bataille de Crimée, campagne d'Italie, se distingua pendant la guerre franco-allemande, Grand officier de la Légion d'honneur en 1855.
Émigration
Émigration en Algérie
Gertrude HARTZ : née le 31/08/1850 à Bergheim, décédée après 1883 en Algérie, cuisinière (1883) à Oran. Fille de Joseph (+ ap.04/1883), tisserand à Bergheim, et de Thérèse FULVEBER (+ 17/03/1877 Bergheim). Elle épouse à Oran, le 18/04/1883, Jean VAR, né le 10/03/1852 à Tulle (Corrèze), décédé après 1883 en Algérie, employé à Oran. Fils de Antoine (+ ap.04/1883), employé, domicilié à Tulle, et de Marie VERRON (+ 27/07/1864 Tulle). Ils reconnaissent et légitiment au mariage Jean-Baptiste, né le 26/02/1883 à Oran.
Michel KUNEGEL : né le 11/09/1826 à Bergheim, décédé ap. 1873 en Algérie, gardien des jardins civils à Alger (demeurant auparavant à Boufarik, Alger), fils de Michel (+ 03/12/1858 Bergheim) et de Thérèse SEILER (+ 08/05/1861 Bergheim). Il épouse à Alger, le 06/05/1873, Marie Hélène BAUM, née le 11/11/1848 à Bergheim, décédée après 01/1883 en Algérie, cuisinière, domiciliée (05/1873) rue d'Aumale à Alger, fille de Pierre (+ ap. 05/1873), vigneron à Bergheim, et de Julie KERNEGAL (+ ap. 05/1873). Pas de postérité établie à ce jour.
Émigration aux États-Unis d'Amérique
Antoine BRUCKER, bateau Jean Key, novembre 1843, 39 ans, maréchal-ferrant et cultivateur, marié avec Thérèse, 36 ans, un fils (Louis-Philippe, 1 an et demi). BRUCKER revient dans le Haut-Rhin en janvier 1845.
L'Alsace ancienne et moderne, ou Dictionnaire géographique, historique et statistique du Haut et du Bas-Rhin - Jacques Baquol, 1813-1856.
L'Alsace au dix-septième siècle : au point de vue géographique, historique, administratif, économique, social, intellectuel et religieux. Tome 2 - Rodolphe Reuss - E. Bouillon (Paris) - 1897-1898
Bulletin ..., Volume 3 - Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace - Berger-Levrault., 1860
↑Page 50, in Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner, Georges Bischoff, Alsace, Dictionnaire des monuments historiques,Strasbourg, Éditions La Nuée Bleue, 1995, 662 pages, ISBN2-7165-0250-1