De nombreuses traces sur les territoires voisins, notamment celui d'Ensisheim, attestent une occupation du secteur lors de la préhistoire.
Par la suite la voie romaine orientée nord sud, reliant Augusta Raurica (Augst en Suisse) à Argentovaria (Horbourg-Wihr) passe par le ban communal actuel. Et les Romains occupent effectivement le secteur, « au sud d'Ensisheim »[1] comme le prouvent des vestiges gallo-romains découverts dans la forêt de la Hardt.
La première mention du village date de 817 sous la forme "Batenheim" ou "Patenheim", « dans le diplôme de l'empereur Louis le Pieux »[2] qui précise les possessions de l'abbaye d'Ebersmunster.
Quatre siècles plus tard, « en 1215 »[3], il est fait mention d'un moulin à huile.
Au XIIIe siècle, le village fait partie intégrante du Landgraviat de Haute-Alsace, rattaché aux Habsbourg, et est placé sous l'autorité de la seigneurie de Landser.
Au milieu du XVe siècle, lors de la « Guerre des six deniers »[4], la petite cité subit les assauts des mercenaires de Mulhouse, avec dégâts et incendie de l'église.
En 1492 une météorite tombe du ciel aux Octrois, entre Battenheim et Ensisheim. Sur les feuilles volantes que Sébastien Brant diffusa après l'évènement, le village battenheimois est représenté par des enluminures.
La cité doit encore faire face à la colère des Rustauds[5], puis à la Guerre de Trente ans au cours de laquelle les Suédois font des ravages, obligeant les habitants à se réfugier dans la forêt.
Après le traité de Westphalie (1648), Battenheim revient à la France. Une douzaine d'années plus tard, des immigrants venus de Suisse contribuent à une poussée démographique et une certaine prospérité.
Au XVIIIe siècle s'implante un moulin hydraulique. Puis en 1762, c'est un relais de poste qui voit le jour, permettant à la petite bourgade d'être desservie « par diligence et malle-poste »[6]. Au siècle suivant, est mise en service une ligne de tramway reliant Ensisheim à Mulhouse.
Entre 1939 et 1945, de violents combats se déroulent, en particulier les trois jours précédant la libération du village. Ils occasionnent de nombreux dégâts, notamment la destruction de l'ancienne mairie édifiée en 1821 et l'église. En 1950, la reconstruction est terminée.
Héraldique
Blason apposé sur le monument aux morts
« De gueules à la fasce d'argent, un fer à cheval d'or brochant sur le tout ».
Le fond "De gueules à la fasce d'argent" est fréquent en Alsace, car il correspond aux armes de la Maison d'Autriche.
Le fer à cheval était l'emblème du village depuis le XVIIe siècle, ce qui avait amené l'armorial à attribuer le blason « D'argent à un fer à cheval de sable »[7]. Mais ces armoiries correspondant à celles de deux autres communes haut-rhinoises, le Conseil municipal a décidé en 1974 de les modifier dans la forme actuelle.
Habituellement, le blason de base est dépourvu de branches de lauriers.
Toponymie
Deux interprétations sont possibles.
- Juxtaposition du patronyme d'un chef du village (Bato ou Pato) et du suffixe germanique -heim signifiant bourg ou village.
- « Racine paléoeuropéenne "Bat" ou "Pat" »[8], ayant le sens de petit terre-plein, accompagné du même suffixe -heim.
Au début du printemps, avec le nid de cigognes déjà occupé B.ohland
Le premier édifice, roman, remonte à le fin du 12e siècle, « peut-être vers 1180 »[9]. Il existe des mentions écrites en 1441 du recteur et du vicaire ainsi que des redevances épiscopales, puisque la paroisse était rattachée à l'évêché de Bâle.
En 1467, lors de la Guerre des six deniers, l'église est incendiée. Le clocher est reconstruit sur ses fondations d'origine en 1508, comme l'atteste une pierre angulaire gravée du nombre MCCCCCVIII.
Devenue trop petite suite à l'immigration suisse, l'église est agrandie en 1761 : prolongation de la nef et nouveau chœur, tout en conservant l'ancien arc roman en grès, et construction d'une sacristie.
Dans les années 1840, de grandes réparations sont effectuées. De nouveaux vitraux sont achetés en 1862, et l'édifice est restauré autant à l'extérieur qu'à l'intérieur.
La Seconde Guerre mondiale s'achevant sur de violents combats, l'église est fortement détériorée et nécessite des réparations dans les années suivantes. D'autres restaurations suivront, notamment dans la dernière décennie du XXe siècle.
Mobilier
- Les trois autels baroques, commandés en 1771, sont l'œuvre de l'artiste allemand Franz Joseph BECKERT. Un passage est laissé entre le maître-autel et le retable, stuqué et doré. Son tableau de 5 m de haut représente saint Imier[10] en train d'implorer le ciel.
- Le baptistère de style Renaissance porte la date de 1663 et était déjà présent dans l'ancienne église. Chacune des huit faces de sa cuve présente une tête d'ange.
- Le calvaire accroché sur un mur de la nef existait également dans l'ancienne église.
- La chaire a été réalisée après 1761, et a reçu son décor de faux-marbre et de dorures en 1772.
- La Vierge à l'Enfant en bois est de facture rustique, et remonte au XVIIe siècle.
- L'orgue provient de l'église réformée Saint-Étienne de Mulhouse où il avait été construit en 1616. Une restauration du buffet s'opère en 1772, et Valentin RINCKENBACH, d'Ammerschwih, entreprend la rénovation complète de l'instrument dans les années 1795-1860. Une restauration a lieu en 1988.
- Une Vierge rayonnante, en bois peint et doré, a été sculptée au début du XVIIIe siècle.
- En ce qui concerne les vitraux, deux seulement subsistent de ceux de 1862 (mais reconstitués en partie). Les autres ont été réalisés en 1950 par le maître-verrier mulhousien A. GERRER, d'après des cartons de TG HANSSEN et des frères HUG.
Saint Imier implorant le ciel
Vierge à l'Enfant, en bois, XVIIe
Chaire à prêcher et vitrail SINITE PARVULOS VENIRE AD ME
Orgue Rinckenbach
Baptistère
Vierge rayonnante, en bois, début XVIIIe
Vitrail La sainte Cène
Cloches
Les cloches sont au nombre de cinq et ont été réalisées par différentes fonderies : CAUSARD à Colmar, DURVILLET à Nancy, PACCARD à Annecy :
- la cloche Sacré Cœur, de 1750 kg, sonne le Do,
- la cloche Sainte Odile, de 1000 kg, sonne le Ré,
- la cloche Saint Imier, de 720 kg, sonne le Fa,
- la cloche Saint Joseph, de 650 kg, sonne le Sol,
- la cloche Notre-Dame de la Paix, de 400 kg, sonne le La.
(Source : Brochure sur l'église Saint-Imier, éditée en 2014 par le Conseil de fabrique de la paroisse Saint-Imier)
Elle a été construite en 1821 en même temps que la mairie.
À côté, l'ancienne école de filles est devenu le logement des instituteurs.
Anciennes fermes
La famille THUET-HARTMANN, venant de Suisse, s'installe à Battenheim en 1827. Elle fait construire un logis de ferme en 1853, comme en témoignent la date et l'inscription sur le linteau du logis. Des étables se rajoutent en 1898.
Une ancienne ferme du XVIIIe siècle est transformée par Joseph RUDOLFF en 1830. Il modifie le logis d'origine et installe un pressoir à huile à traction animale. La date de 1832 et les initiales du propriétaire sont gravées dans le linteau surmontant la porte d'entrée.
Un moulin à huile et à grains est mentionné en 1215 « sur le Quatelbach »[11], la rivière elle-même ayant été aménagée dès le début du XIIe siècle pour fournir en eau les villages du secteur et permettre également l'installation des moulins d'Algolsheim, de Baldersheim, de Modenheim et de Sausheim.
En 1549, des textes citent un moulin à farine au même endroit.
Le logis, à gauche de la photo, date du XVIIIe siècle.
Un plan cadastral de 1823 nous apprend que le moulin disposait de « quatre roues verticales »[12].
Le bâtiment de meunerie (à droite) est remanié au XXe siècle.
L'ensemble a été depuis transformé en habitat collectif.
Relais de poste
Une partie, 84 rue PrincipaleL'autre partie, 82 rue Principale
Le premier bâtiment est construit en 1762, comme l'atteste la date gravée sur la fontaine murale en grès. Une autre partie est réalisée en 1768, d'après la date portée sur un pilier.
Le maître-d'œuvre n'est pas connu, mais parmi les tenanciers figurent des membres de la famille STACKLER.
Ce relais et ses écuries accueillait une diligence et une malle-poste.
Avec son bâtiment adjacent, la propriété est désormais l'hôtel-restaurant "L'ancienne poste".
Repères géographiques
Dans le milieu du département du Haut-Rhin, Battenheim s'est développé dans la plaine d'Alsace et est situé à 9 km au nord-est de Mulhouse.
La partie orientale de son banc communal est recouverte par la forêt de la Hardt.
Le ruisseau Quatelbach est le principal cours d'eau qui traverse le territoire, en partie sur la commune. S'y rajoute l'ancien canal du Rhône au Rhin.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
734
704
849
924
1 092
978
1 100
1 155
1 183
1 235
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
1 215
1 188
1 168
1 089
1 074
1 034
1 010
1 014
1 012
989
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
961
904
824
815
779
675
660
620
757
813
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
-
-
Population
1 003
1 174
1 322
1 281
1 355
1 555
-
-
-
-
Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Né le 23 mars 1698 à Hirtzfelden - Fils de Barthélémy Ebelin et Anne-Marie Deck - Ordonné prêtre le 7 juin 1727 - Décédé à Battenheim le 24 février 1738[13].
Jean Christophe VOGEL
1738 - 1770
Né en 1711 Il est à l'initiative de l'agrandissement et du remaniement de l'église en 1761 Décédé en 1770 Sa pierre tombale se trouve apposée à la base nord du clocher, avec prénoms latins Johann Christophorus.
François BOURGEOIS
1770 - 1802
Il signe le bon de commande des autels de l'église, du stucage de la chaire et la rénovation du crucifix. par ailleurs il vient en aide aux prêtres réfractaires.
François Joseph FISCHESSER
1795 et 1802
prêtre assermenté et administrateur
-
-
Jean ZISLIN
1808 - 1825
-
-
Charles HERBST
1872 - 1876
Auparavant curé à Petit-Landau.
Auguste SCHAAL
1876 - 1896
-
-
Louis WITTMANN
1913 - 1922
Né en 1876 Décédé en 1922
Inhumé au cimetière de Battenheim
-
-
Albert GRUNENWALD
1940 - 1969
Il supervise les reconstructions et restaurations après la guerre
Gérard BRÉTA
1969 - 1979
Né en 1930 - S'occupe principalement de la restauration du chœur et des trois autels - Décédé en 1998
-
-
Lucien GRUNENWALD
1985 - 2005
-
-
Source : Brochure sur l'église Saint-Imier, éditée en 2014 par le Conseil de fabrique de la paroisse Saint-Imier.
Les médaillés
Liste des titulaires de la Légion d'honneur nés à Battenheim
Prénom(s) NOM
Naissance
Décès
Observations
Jean Bernard BINKER
9 juin 1801
31 décembre 1856
DossierChevalier de la Légion d'Honneur le 18/09/1841. Sergent au 32e régiment d'infanterie de Ligne.
Emile KUENTZ
12 septembre 1859
DossierOfficier de la Légion d'Honneur le 03/06/1959. Chevalier le 25/02/1937. Maître coiffeur. Président de la section de Mulhouse de la Chambre des Métiers d'Alsace. Membre de plusieurs organismes du métier de la coiffure. Officier des Palmes Académiques (1933) - Commandeur du Mérite Artisanal (1953) et plusieurs autres décorations.
Créateur de l'Ecole de Coiffure de Mulhouse. Fils de François Joseph et de Elisabeth FISCHESSER.
Henry Joseph RUDOLF
1 novembre 1847
1935
Fils de Joseph, cultivateur, et de Marie Louise STACKLER - DossierChevalier de la Légion d'Honneur le 09/11/1920. Propriétaire, agriculteur - Maire de la commune (1896-1903) - Conseiller général de 1891 à 1918 et vice-Président du Conseil général du Haut-Rhin.
Liste des médaillés de Sainte-Hélène
La médaille de Sainte Hélène, créée par Napoléon III, récompense les 405000 soldats encore vivants en 1857, qui ont combattu aux côtés de Napoléon 1er pendant les guerres de 1792-1815.
En effet, la commune n'avait pas érigé de monument après les deux Guerres mondiales. Elle avait pris la décision, en 1975, d'installer des plaques commémoratives en guise de monument dans le fond de la nef de l'église.
Le dépouillement des victimes militaires et civiles sera fait à partir de ces plaques.
Georges LINDER, né le 21/04/1831 à Battenheim, décédé le 24/08/1853 à l'hôpital militaire du Dey, Alger. Célibataire.
Chasseur à la 5e compagnie du 1er bataillon de Chasseurs à Pied.
Fils d'Antoine et de Marie Anne BINKER.
Acte de décès n° 148, midi, hôpital militaire du Dey. Témoins au décès : D... Bertrand, sergent infirmier major, 40 ans, et LACASSAGNE Jean, soldat infirmier, 26 ans, les deux attachés au dit hôpital.
Daniel DELATTRE, Le Haut-Rhin, les 377 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, 2015, 240 pages, ISBN 978-2-36464-078-8
Collectif d'auteurs, Ensisheim, un voyage dans le temps, Strasbourg, Éditions Carré Blanc, 2016, 248 pages, ISBN 2-84488-183-1
François IGERSHEIM, L'Alsace des notables 1870-1914, la bourgeoisie et le peuple alsacien, Strasbourg, bf éditions, 1981, 318 pages (CDI collège de Lutterbach)
Brochure sur l'église Saint-Imier, éditée en 2014 par le Conseil de fabrique de la paroisse Saint-Imier
↑Brochure sur l'église Saint-Imier, éditée en 2014 par le Conseil de fabrique de la paroisse Saint-Imier
↑Né vers 570, décédé en 615. Vit en ermite et défriche la vallée de Suze. Part en pèlerinage à Jérusalem puis revient en Europe, d'abord près du lac de Bienne puis à nouveau dans la vallée de la Suze.
↑MULLER Claude, "Tradition familiale, vocations sacerdotales, milieu rural : les Ebelin de Hirtzfelden", pages 37 à 43, in Annuaire de la société d'histoire de la Hardt et du Ried, numéro 26, 2014, 212 pages, ISSN : 0990-6894