67482 - Strasbourg - Petites lectures utiles concernant Strasbourg
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Serment prononcé en langue franque par Louis le Germanique à l'entrevue de Strasbourg (842)
Le Serment de Strasbourg :
Pro Deo amor et pro christian poblo et nostro commun salvamento, dist di en avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvarejo cist meon fradre Karlo, et in adjudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradre salvar dist in o quid il mi altre si fazet et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai, qui, meon vol, cist meon fradre Karle in damno sit.
Traduction :
Pour l'amour de Dieu et pour notre commun salut et celui du peuple chrétien, dorénavant, autant que Dieu savoir et pouvoir me donnera, je soutiendrai mon frère Charles, ici présent, par aide et en toute chose, comme il est juste que l'on soutienne son frère, tant qu'il fera de même pour moi; et jamais, avec aucun ne ferai traité, qui, de ma volonté, soit préjudiciable à mon frère Charles.
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Le serment à la Constitution de Strasbourg au XVIe siècle
Au lendemain de la conquête de leur indépendance, les citoyens de Strasbourg se donnèrent en 1334 une charte qu'ils jurèrent de maintenir par un serment fait chaque année. Cette coutume dura jusqu'en 1789.
Au Schwoertag, qui avait lieu au commencement de chaque année, après le renouvellement du Magistrat, tous les citoyens de la ville, âgés au moins de dix-huit ans, étaient tenus de prêter serment à la Constitution.
Dès le matin, devant le portail principal de la cathédrale, était dressé un vaste échafaudage en amphithéâtre, recouvert d'un baldaquin et tendu de riches tapisseries. Sur la galerie de l'estrade était déroulé un grand parchemin contenant la Constitution revêtue du grand sceau de la ville, de celui des membres de la noblesse, de celui des corporations des métiers. Aux diverses issues de la place, étaient postés des soldats.
A 8 heures du matin, la cloche du Sénat sonnait à la cathédrale l'assemblée générale. Chaque tribu se rendait solennellement en cortège sur la place, bannières déployées. Chaque membre de la tribu était revêtu du manteau noir; seuls, les Stettmeister portaient le manteau blanc. Chaque tribu était précédée du sénateur, son représentant, et du chef des échevins; puis venaient les quinze échevins suivis des autres membres de la corporation.
Les sénateurs et chefs des échevins montaient sur l'estrade, tandis que les citoyens se groupaient au bas par corporation avec leurs bannières. Arrivaient ensuite les employés de la ville, les avocats et procureurs, puis les membres de la noblesse. Chaque corporation, chaque députation était accueillie par des fanfares. Quand l'horloge avait sonné 9 heures, les huissiers du Sénat imposaient silence à l'Assemblée. Le secrétaire de la Chambre des XV donnait alors lecture de la Constitution.
Les nouveaux habitants prêtaient alors ensuite serment de fidélité aux institutions de la cité.
(Les Villes d'art célèbres, Strasbourg, d'après Henri Welschinger, de l'Institut. Renouard et H. Laurens, éditeurs, Paris.)
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Gutenberg et l'invention de l'imprimerie à Strasbourg
Vers l'an 1434, résidait à Strasbourg un jeune gentilhomme né à Mayence en 1400, Johann Gensfleisch. Mais comme sa famille possédait à Mayence une maison nommée zum guten Berg (à la bonne montagne), on l'appelait plus souvent Gutenberg. C'était un esprit inventeur, adonné aux travaux mécaniques, travaillant en secret assez loin de la ville, près du couvent de Saint-Arbogast, sur les bords de l'Ill, en un endroit nommé La Montagne Verte.
Il s'associa à divers bourgeois de Strasbourg qui lui apportaient de l'argent pour exploiter ses découvertes. Ainsi, il s'occupa tour à tour de la taille des pierres précieuses et de la fabrication des miroirs. Bientôt, il eût un autre secret, et, avec Hans RIFF, de Lichtenau, sur la rive droite du Rhin, et deux bourgeois de Strasbourg : André DRITZEHEN et André HEILMAN, Gutenberg forma une nouvelle société pour cinq années, de 1438 à 1443, afin d'exploiter ce secret.
A ce moment, Gutenberg acheta une presse qui fut confectionnée dans la Krämergasse, la rue Mercière, près de la cathédrale, par le tourneur Conrad Saspach; il fit aussi l'acquisition d'une certaine quantité de plomb. La presse fut portée dans la maison d'André Dritzehen. Mais voici que ce dernier mourut subitement en 1439. Gutenberg envoya aussitôt un domestique chez lui, avec ordre d'ouvrir la presse au moyen de deux vis, de détacher toutes les pièces qui étaient rassemblées, de façon à ce que personne ne pût se douter de quoi il s'agissait. Un procès qu'intentèrent à Gutenberg les deux frères d'André Dritzehen, Claus et Georges, nous a appris ces faits. Ce procès se termina du reste à la satisfaction de Gutenberg.
Il n'est pas douteux que l'oeuvre..., le secret de l'art..., dont il est question dans les actes de ce procès, ne soit l'imprimerie. Gutenberg est bien l'inventeur de l'imprimerie, et c'est à Strasbourg qu'elle a été trouvée. Déjà, sans doute, au début du XVe siècle, en Hollande, on taillait des images et des phrases entières dans une pièce de bois très dur; on posait sur ce bloc, enduit d'une encre visqueuse, des feuilles de papier et l'on pouvait ainsi reproduire l'image et le texte à de nombreux exemplaires. Mais Gutenberg eut la géniale idée de séparer les lettres, de les faire couler en plomb dans un moule, en sorte qu'elles fussent toutes semblables, de les réunir pour composer un livre, puis de les séparer de façon à ce qu'avec elles on pût faire un autre livre et ainsi presque à l'infini. Gutenberg fit ainsi une véritable révolution.
C'est justement que sa statue, inaugurée à Strasbourg en 1840, quatre cents ans après la découverte, nous le montre tenant une feuille imprimée avec ces mots : Et la lumière fut.
Gutenberg continua d'habiter Strasbourg jusqu'en 1444 où il se retira à Mayence. Là il s'associa avec Jean Fust et Pierre Scheffer, pour tirer profit de son art. Mais il se sépara d'eux en 1455 et fonda une nouvelle imprimerie. Les livres qu'il imprima alors sont payés aujourd'hui au poids de l'or, et Gutenberg mourut à la fin de l'année 1467, sans avoir pu acquitter ses dettes.
(C.Pfister, Lectures alsaciennes, A. Colin, éditeur.)
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Entrée de Louis XIV dans la ville de Strasbourg
Dès le 30 septembre 1681, les premiers régiments français entrèrent à Strasbourg. Quelques semaines plus tard, le roi et sa cour arrivaient à leur tour (23 octobre). L'entrée de Louis XIV, de Marie-Thérèse et de leur suite eut lieu par la porte des Bouchers, où les magistrats de l'ancienne république présentèrent au souverain leurs humbles "soumissions".
Le cortège était somptueux : le carrosse du roi était entouré de gardes suisses. Les cloches sonnaient à toute volée; plus de ceux cent cinquante canons tiraient des salves d'artillerie; les fanfares, les trompettes, venaient d'abord, suivies d'un peloton de fauconniers ayant chacun son oiseau sur le poing. La garnison formait la haie sur le passage. Le roi et la reine se rendirent à l'hôtel de Durlach, rue du Dragon, où ils demeurèrent pendant leur séjour à Strasbourg.
Le lendemain, les souverains se rendirent à l'antique sanctuaire de Notre-Dame, qui venait d'être restitué à l'Eglise catholique. L'évêque François-Egon de Fürstenberg se tenait sur le portail et le roi assista à un Te Deum solennel. Puis Louis XIV s'empressa d'aller visiter les travaux déjà commencés par Vauban pour la construction de la citadelle qui devait surveiller la ville et le Rhin. Le 26 octobre 1681, eut lieu une revue générale des troupes, et, le 27, la Cour quitta la ville.
En souvenir de la visite du roi, une médaille fut frappée en 1683, avec l'exergue Clausa Germanis Gallia, la France fermée aux Allemands. A l'avers, la tête du roi, au revers le plan du nouveau chef-d'oeuvre de Vauban, aujourd'hui presque entièrement démoli, comme en général toute l'ancienne enceinte défensive de la ville.
Voir : l'Alsace française de Louis XIV.
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Le château des évêques de Strasbourg
Lorsque les évêques eurent perdu leur pouvoir temporel sur la ville, ils établirent leur résidence tantôt à Dachstein, tantôt au château fort du Haut-Barr. Ils installèrent à Strasbourg un château épiscopal, le Bischofshof, que le cardinal-évêque Armand-Gaston de ROHAN fit démolir en 1728.
L'architecte Massol construisit alors le beau palais qui sert aujourd'hui de musée; trois princes de Rohan, évêques et cardinaux, y résidèrent successivement jusqu'à la Révolution.
Cet ancien palais épiscopal est d'une élégance sans pareille. Sa majestueuse entrée sur la place de la Cathédrale donne accès à la cour d'honneur. La façade, qui s'étend sur l'Ill, conserve à la ville le spécimen d'un des plus beaux édifices français du XVIIIe siècle.
Ce palais a abrité dans ses salons magnifiques plus d'un prince : Louis XV y vint en 1744; Marie-Antoinette, lors de son entrée en France, en 1770; Napoléon y demeura avec l'impératrice Joséphine en 1805 et en 1806. Marie-Louise y passa en 1810 pour venir épouser Napoléon. Charles X, Louis-Philippe y vinrent à leur tour. Le château fut affecté en 1871 au service de l'Université, puis il a été transformé en musée des Beaux-Arts.
La ville de Saverne possède aussi un magnifique château, que le cardinal Louis de ROHAN (le dernier de ce nom) fit construire à la fin du XVIIIe siècle. Ce château est situé au centre de la ville. Il a été transformé en musée.
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Le mausolée du Maréchal de Saxe
C'est dans le choeur de la vieille église Saint-Thomas que se trouve le superbe monument du maréchal comte Maurice de SAXE, fils d'Auguste 1er, électeur de Saxe, et de la comtesse Aurore de Koenigsmarck.
Maurice de Saxe, qui mourut comme maréchal au service de la France en 1750, fut inhumé à Saint-Thomas le 20 août 1777, dans le mausolée composé par Jean-Baptiste Pigalle. Rien de plus noble et de plus fier que l'attitude du héros s'apprêtant à descendre dans la tombe que la hideuse Mort entr'ouvre sous ses pas. Une femme d'une beauté idéale et qui représente la France, essaye en vain de suspendre sa marche fatale. La France, sous les traits d'Hercule, pleure une fin aussi imprévue.
Le lion de Hollande, le léopard d'Angleterre, l'aigle d'Autriche, tombent comme foudroyés sur leurs étendards brisés, et un petit Amour, appuyé sur les trophées, essuie de sa faible main les larmes qui coulent de son frais visage.
(D'après Henri Welschinger, Les Villes d'Art célèbres. Strasbourg., Renouard et Laurens, éditeurs, Paris.)
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L'horloge de la cathédrale de Strasbourg
Voilà l'horloge astronomique à mouvement perpétuel. Elle donne l'heure de Strasbourg.
Eternel calendrier, elle marque aussi bien Pâques que midi, et les années bissextiles aussi bien que les simples secondes.
Elle se règle d'elle-même, à la dernière minute du dernier jour de décembre.
Assises sur des chars, des divinités païennes indiquent les jours de la semaine. Les quatre âges : l'Enfance, l'Adolescence, la Maturité, la Mort, sonnent les quarts d'heure. La Mort sonne les heures, et un ange retourne le sablier.
A midi, les douze apôtres passent devant Jésus en s'inclinant. Jésus les bénit. Le coq bat des ailes et chante trois fois.
Ce coq si attendu, si admiré, est le cher jouet du peuple. Depuis 1352, il lance le signal du labeur, de la vigilance et de l'amour.
(Emile Hinzelin, Images d'Alsace-Lorraine, Plon, Nourrit et Cie. éditeurs.)
L'horloge astronomique de Strasbourg sur Wikipédia.
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La fête de la Fédération à Strasbourg (13 juin 1790)
Les gardes nationale de l'Alsace avaient décidé de se réunir à Strasbourg pour célébrer la Révolution Française et pour fraterniser avec les gardes nationales des provinces voisines, pour se fédérer avec elles. Cette fête fut fixée au 13 juin.
Pour la première fois, ce jour-là, flottèrent à la flèche de la cathédrale des drapeaux tricolores, semblables à ceux que la France s'était donnés depuis 1789. Hors de la porte de l'hôpital, s'étend une prairie appelée la Plaine des Bouchers (Metzgerau). Bordée par la rivière de l'Ill, elle présentait alors de nombreux accidents de terrain. Les canonniers du régiment de Strasbourg-Artillerie, aidés par la population tout entière sans distinction d'âge, ni de sexe, ni de classe, aplanirent le sol en quelques jours.
Au milieu de la Metzgerau fut dressé un autel rustique à la Patrie. Il s'élevait sur une butte entièrement revêtue de gazon. Aux quatre angles, on avait planté des chênes ornés d'étendards tricolores. En face de l'autel de la Nation, s'étendait sur une longue ligne, toute la force armée; la garnison avait la droite, la garde nationale de Strasbourg la gauche, et le centre était occupé par les gardes nationales du reste de l'Alsace et des départements voisins.
Une flottille débarqua non loin de la butte quatre cents jeunes femmes et jeunes filles vêtues du costume strasbourgeois. Elles portaient des corbeilles de fleurs et de fruits, car elles appartenaient à la riche corporation des jardiniers. Elles les offrirent à la femme du maire de Dietrich, et aux autres dames de la municipalité rangées près de l'autel.
La corporation des pêcheurs présenta ensuite au maire deux carpes du Rhin, pesant chacune vingt-cinq livres. La corporation des cultivateurs parut avec une charrue sur laquelle on voyait une gerbe de blé qui fut offerte par des enfants ornés de bouquets aux trois couleurs. Puis défila le bataillon des jeunes gens qui avaient voulu faire partie de la garde nationale; on les appelait les enfants de la Patrie.
On déploya alors la bannière de la Fédération. A ce signal, plus de cent drapeaux vinrent se ranger au pied de l'autel de la Patrie. Des salves d'artillerie annoncèrent la bénédiction. Un chanoine de Saint-Pierre-le-Vieux célébra la messe, un pasteur protestant prononça un discours; puis le maire récita la formule du serment :
- Nous jurons d'être fidèles à la Nation, à la Loi et au Roi, de maintenir de toutes nos forces la Constitution décrétée par l'Assemblée Nationale et acceptée par le Roi.
Tous les chefs prêtèrent serment individuellement ce serment : l'armée entière leva la main droite, et des milliers de voix crièrent : Je le jure.
La journée se termina par une illumination de la ville et de la flèche de la cathédrale.
La fête continua encore plusieurs jours, au milieu de la joie générale. Des gardes nationaux avaient planté au pont du Rhin un drapeau tricolore avec cette inscription :
- Ici commence le pays de la Liberté.
(D'après E. Seinguerlet, L'Alsace française. Berger-Levrault, éditeurs.)
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Rouget de LISLE et la Marseillaise

(d'après le tableau de Pils).))
C'était dans l'hiver de 1792. La disette régnait à Strasbourg. La maison de Dietrich, opulente au commencement de la Révolution, mais, épuisée de sacrifices nécessités par les calamités du temps, s'était appauvrie. Sa table frugale était hospitalière pour Rouget de LISLE. Le jeune officier s'y asseyait le soir et le matin, comme un fils ou un frère de la famille. Un jour qu'il n'y avait rien eu que du pain de munition et quelques tranches de jambon fumé sur la table, Dietrich regarda de Lisle avec une sérénité triste et lui dit :
- L'abondance manque à nos festins, mais qu'importe, si l'enthousiasme ne manque pas à nos fêtes civiques et le courage au cœur de nos soldats ? J'ai encore une dernière bouteille de vin du Rhin dans mon cellier. Qu'on l'apporte, et buvons-la à la liberté et à la patrie ! Strasbourg doit avoir bientôt une cérémonie patriotique; il faut que de Lisle puise dans ces dernières gouttes un de ces hymnes qui portent dans l'âme du peuple l'ivresse d'où il a jailli.
- L'abondance manque à nos festins, mais qu'importe, si l'enthousiasme ne manque pas à nos fêtes civiques et le courage au cœur de nos soldats ? J'ai encore une dernière bouteille de vin du Rhin dans mon cellier. Qu'on l'apporte, et buvons-la à la liberté et à la patrie ! Strasbourg doit avoir bientôt une cérémonie patriotique; il faut que de Lisle puise dans ces dernières gouttes un de ces hymnes qui portent dans l'âme du peuple l'ivresse d'où il a jailli.
Les jeunes femmes applaudirent, apportèrent le vin, remplirent les verres de Dietrich et du jeune officier jusqu'à ce que la liqueur fût épuisée. Il était tard. La nuit était froide. De Lisle était rêveur, son cœur était ému, sa tête échauffée.
Le froid le saisit. Il rentra chancelant dans sa chambre solitaire, chercha lentement l'inspiration, tantôt dans les palpitations de son âme de citoyen, tantôt sur le clavier de son instrument d'artiste, composant tantôt l'air avant les paroles, tantôt les paroles avant l'air, et les associant tellement dans sa pensée, qu'il ne pouvait savoir lui-même lequel de la note ou du vers était né le premier, et qu'il était impossible de séparer la poésie de la musique et le sentiment de l'expression. Il chantait tout en n'écrivant rien.
Accablé de cette inspiration sublime, il s'endormit, la tête sur son instrument, et ne se réveilla qu'au petit jour. Les chants de la nuit lui remontèrent avec peine à la mémoire, comme les impressions d'un rêve. Il les écrivit, les nota et courut chez Dietrich. Il le trouva dans son jardin, bêchant de sa propre main les laitues d'hiver. La femme du maire patriote n'était pas encore levée. Dietrich l'éveilla; il appela quelques amis, tous passionnés comme lui pour la musique, et capables d'exécuter la composition de de Lisle. Une des jeunes filles accompagnait, Rouget chanta. A la première strophe, les visages pâlirent; à la seconde, les larmes coulèrent; aux dernières, le délire de l'enthousiasme éclata. Dietrich, sa femme, le jeune officier, se jetèrent en pleurant dans les bras les uns des autres.
L'hymne de la patrie était trouvé.
(LAMARTINE, Histoire des Girondins.)
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Pourquoi l'Alsace est redevenue Française
L'Alsace et la Lorraine sont redevenues françaises. Elles le sont redevenues de plein droit, de par la Géographie qui les a placées toutes deux en deçà des confins de la vieille Gaule.
De par l'Histoire qui, sous l'ancienne monarchie, les a fondues avec la France; de par l'Histoire qui a consacré cette fusion volontaire le 14 juillet 1790, aux fêtes de la Fédération et qui a grandi la gloire française de toute la gloire gagnés aux siècles passés par les savants et les soldats d'Alsace et de Lorraine.
Elles le sont redevenues de plein droit, de par l'éclatante protestation qu'ont lue leurs mandataires à l'Assemblée Nationale de Bordeaux.
De par la réélection unanime des députés protestataires après le rapt et l'annexion.
De par la courageuse déclaration qu'ont portée au Reichstag, en 1874, les représentants d'Alsace-Lorraine.
De par la volonté de ceux des enfants du pays qui ont eu la tristesse de quitter leurs foyers envahis.
De par la volonté de ceux qui sont restés là-bas pour y protéger dans le secret des familles les traditions françaises et y entretenir jalousement la sainte flamme du souvenir.
Pour justifier le retour de la Lorraine et de l'Alsace à la France, il n'est que de rappeler ces siècles de gloire commune, suivis de ces lourdes années de douleur partagée.
(Extrait du discours prononcé par M. Raymond Poincaré, Président de la République, devant la statue de Strasbourg, à Paris, le 17 novembre 1918.)
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