Les origines du village de Huttenheim remontent au VIIe siècle.
Situé à l'Ouest de Benfeld, non loin de la voie romaine dite "route des païens" (S'Heidestressel), le hameau avait fait partie des biens de la seigneurie féodale d'Eticho et fut légué en 667 à l'abbaye d'Ebersmunster.
A l'arrivée des moines missionnaires du Grand Nord qui se vouèrent à la christianisation de la région jusqu'au Xe siècle, les murs du village se transformèrent et une mentalité nouvelle se fit jour dans tout le pays.
Très tôt, les habitants de Huttenheim avaient adopté la foi chrétienne. Peuple laborieux et combatif, ils se composaient essentiellement de pêcheurs et de chasseurs, car le poisson et le gibier étaient abondants dans cette région.
Pour se protéger contre les bêtes sauvages dont le pays était infesté, beaucoup d'entre eux avaient érigé leurs huttes sur les berges de l'Ill. Tout le long des rives des différents bras d'eau qui traversaient en méandres les prairies environnantes.
A travers les siècles Huttenheim changea plusieurs fois son nom :
Vers 728 c'était Hittenheim
en 770 Hudenheim
en 798 Hivatinquhaim
puis en 884 Hindingheim
en 959 Hitingheim
en 1031 Hutenheim
en 1174 Hittenheim et
Huttenheim depuis 1560 (« Hettne» en dialecte local).
Au début du XIe siècle, la tribu des Husen arriva en conquérants dans le pays. Ils choisirent comme lieu d'habitat l'orée de la forêt du Ried, aux confins du village, où ils s'installèrent en colonie avec à la tête leur chef suprême, l'empereur féodal Frédéric 1er Barberousse.
Chevalier preux et vaillant, celui-ci était connu pour ses prouesses épiques. Il fit ériger, non loin de la source de la Lutter, un somptueux castel qu'il fit fortifier et que l'on nommait à Husenburg.
Mais en 1190 durant les guerres incessantes contre les Turcs et les Vandales qui ravageaient la région, le beau château féodal fût attaqué et détruit, les troupes dispersées et l'empereur Frédéric qui s'était lancé à la poursuite d'une horde ennemie périt dans une embuscade, transpercé d'une lance et écrasé sous le poids de son propre cheval.
Après le règne des Husen, les empereurs Othon I et Othon Il d'Autriche, qui étaient devenus consécutivement les seigneurs du village, firent placer, vers 1257, les terres parmi les biens du chapitre d'Argentoratum, aujourd'hui l'évêché de Strasbourg.
En 1239 toutefois, le château rebâti alors, revint aux deux frères Bourcard, écuyers originaires de Huttenheim. Ils prirent les terres sous leur patronat après avoir prêté serment de foi et hommage pour leur fief, sous l'épiscopat de Jean Il du chapitre.
Après le règne des frères Bourcard, l'évêque Berthold II fit remettre une part des titres des propriétés de Huttenheim à Hugues de Zorn, chevalier de la Basse-Alsace, qui en posséda l'usufruit jusque'en 1341.
Plus tard, notamment en 1423, le château fut acquis et habité par les nobles de Man de Monsenburg. Mais leur faste fut de courte durée, car déjà en 1428 le château fort fut pris d'assaut et détruit par les troupes épiscopales, sous les ordres de l'évêque Guillaume de Diest qui s'attitra le village et les terres.
Les guerres de religions et les révoltes des paysans (cf. la guerre des rustauds) aux XIVe siècle et XVe siècle dévastèrent toute l'Alsace, et Huttenheim et ses habitants ne furent pas épargnés. Leur existence était pénible et souvent ils devaient fuir devant un ennemi barbare qui pillait, massacrait et détruisait tout sur son passage.
Dans la tourmente de la guerre de Trente Ans
Souvent durant des semaines, les villageois allaient se cacher dans la forêt, où hélas beaucoup d'entre eux périrent dans les trous qu'ils s'étaient creusés pour s'y réfugier.
Mais en dépit de leur misère, leur ferveur était inébranlable et la nuit on s'approchait sans risque et péril de la Vierge Notre-Dame de Grasweg, située derrière la chapelle du cimetière. On l'implorait pour secours et courage. Notre-Dame de Grasweg est depuis le XIVe siècle un lieu de prière de fervents pèlerins.
Le début du XVIIe siècle apporta un nouveau souffle au village de Huttenheim.
Par la remise des pouvoirs de l'Alsace des Margraves de Brandenburg en faveur du Cardinal Charles de Lorraine en 1604, contre une gageure, les paysans connurent enfin une ère meilleure. On instaura un système d'attribution de terres avec possibilité d'acquisition, stimulant ainsi une meilleure culture et éliminant, quoique lentement, la grande misère dans laquelle le village était plongé.
Mais un nouveau fléau devait s'abattre sur le sort des habitants : la guerre de Trente Ans et le siège des Suédois qui dura de 1632 à 1650.
Cette soldatesque venue des régions nordiques subjugua toute notre plaine d'Alsace. A Huttenheim on brûla la très belle chapelle Sainte-Catherine, qui était située dans les terrains entre l'Ill et le Muhlbach, et après avoir chassé les nobles et les religieux, on soumit les habitants à une servitude totale.
Après l'annexion de l'Alsace-Lorraine à la France sous le traité de Westphalie en 1648, l'impôt fut instauré dans tous les villages.
A Huttenheim, on versait la dîme et la gabelle, la taille et le cens, sous l'égide du puissant Veit Fels, bourgmestre du hameau. En 1652, après les batailles des troupes lorraines, et celles de Turenne en 1675, Huttenheim était devenu à nouveau propriété des évêques de Strasbourg.
On rebâtit le village et prolongea le chemin qui le traversait du nord au sud, parallèle à la route qui plus tard devint la route impériale. (Aujourd'hui la R.N. 83)
De par l'Ill qui coule à travers champs et prairies, les terres environnantes quoique argileuses par endroit, ont toujours été fertiles. On y cultivait la pomme de terre, des céréales et diverses racines. Il y avait du foin et des herbes médicinales en abondance.
L'agriculture se développait vite et à la veille de la Révolution française, Huttenheim se rangeait parmi les villages les plus imposants de la Moyenne-Alsace.
Toutefois la paysannerie devait subir des harcèlements de tout genre, surtout durant les années 1793 et 1794, époque de la Terreur. La chapelle Saint-Léodégar qui était située au sud du village fut détruite, les biens de l'Eglise étatisés et le clergé dut fuir et chercher réfuge ailleurs. Les nuits de cette époque résonnent du grincement des carrioles transportant gibets et guillotines.
En l'an II de la République Française fut fondée la Garde nationale de Huttenheim sous l'égide du chef-grenadier P. Keebach.
On regroupait les classes de recrues et engagés volontaires. Ils partaient, ces fils de paysans, de tisserands et de pêcheurs, le coeur plein de courage pour défendre leur cher hameau qui était toute leur fierté.
La paroisse de Huttenheim date du XIIe siècle ; elle vénère Saint-Adelphe comme son patron.
La fondation de l'église actuelle remonte au XIIIe siècle, sous le patronat du monastère d'Ebersmunster.
Le clocher de l'église érigé en 1572, contient quatre cloches : une ancienne datant du 16e siècle ; puis un ensemble de trois, dont la première pesant 24 quintaux est consacrée au coeur de Jésus ; la deuxième, lourde de 11 quintaux, est consacrée à Saint-Adelphe, patron du village et la troisième, dont le poids est inconnu, à Saint-Joseph, patron des ouvriers.
L'église fut agrandie et embellie en 1843. La pose des statues murales qui représentent les apôtres et ornent le choeur fut achevée en 1880 sous le patronat de Nicolas Mol, curé de la paroisse de 1868 à 1888.
Le XIXe siècle fut pour Huttenheim une période de grande transition.
Avec la construction de la ligne de chemin de fer Bâle-Strasbourg en 1838, sous le patronat des frères Koechlin de Mulhouse, le commerce et l'industrie se développèrent rapidement dans la région.
C'est en 1827 que fut fondée par M. Beyer l'usine de Filature et tissage mécanique du Bas-Rhin, dans les locaux de l'ancienne manufacture de tabac Mainoni qui avait fonctionné de 1780 à 1817. En 1926 la filature qui par périodes travaillait avec un effectif de 2.800 ouvriers, devint l'usine partenaire de la filature Kullmann et Cie de Mulhouse. Les établissements Kullmann à Huttenheim furent durant des années le point central de l'industrie de la région.
Hommes, femmes et mineurs y gagnaient leur pain, dans une atmosphère de franchise et de loyauté que les anciens d'aujourd'hui ne sont pas prêts d'oublier.
En 1936, à la veille de la guerre mondiale, les Ets Kullmann furent contraint de réduire leurs activités, à la suite d'un déséquilibre provoqué par une surproduction, une vente insuffisante et une trop haute concurrence. Le site deviendra plus tard le siège de la société Ergé, disparue à la fin du XXe siècle.
Une deuxième filature fonctionnait à Huttenheim : les établissements Immer-Klein. L'usine toutefois cessa ses activités vers 1950.
Ces locaux servirent ensuite de succursale de la société Remington. On y fabriquait jusqu'en 1977 des rasoirs électriques avec un effectif d'environ 600 personnes.
Plus tard, l'usine Joustra y occupa quelques ateliers et des jouets électriques y furent fabriqués en grandes séries.
Plusieurs autres entreprises, la plupart privées, se sont ajoutées au palmarès industriel de Huttenheim ; ce sont les fonderies Vallat-Rohmer, les ferronneries Sablon, l'usine des produits laitiers Frech, ainsi que les menuiseries Bartelmebs, Lips, Kopf, Boschenritter et Feuerer. La société Ergé fut la plus importante usine de la région. On y fabriquait des baraques métalliques de chantier, qui étaient installées sur place dans le monde entier par une équipe d'ouvriers spécialisés.
L'instruction publique à Huttenheim fut instaurée d'office au début du 19e siècle, notamment avec la construction de l'école des garçons en 1825, puis de celle des filles en 1845.
Ces bâtiments scolaires mirent fin à un système d'enseignement moyenâgeux qui avait cours dans les écoles des deux paroisses dont le village était doté jusqu'au 18e siècle :
- la paroisse du Haut-village, consacrée à St-Gangolf et Romanus, avec les moines de Peterlinden,
- la paroisse du Bas-village, assurée par les Jésuites et consacrée à St Adelphus.
Vers 1880, une école protestante fut installée dans un local de la filature et tissage mécanique Kullmann, pour les enfants des nombreux ouvriers de foi évangélique venus travailler à l'usine.
Histoire administrative
Département - 1801-.... :
Arrondissement - 1801-.... :
Canton - 1801-.... :
Résumé chronologique :
1801-.... :
Patrimoine bâti
Repères géographiques
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
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-
-
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
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-
-
-
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
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-
-
-
-
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-
1 625
1 893
2 062
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
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-
Population
1 974
1 999
2 094
2 460
2 554
2 705
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Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.
Prévôt. Au Moyen Âge, agent domanial du roi ou d'un seigneur, exerçant des pouvoirs financiers, judiciaires, administratifs et militaires. (C'est au XIe siècle que le domaine royal fut divisé en prévôtés.)
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Ville de naissance ou de décès de
Ville de naissance
Joseph SCHAEFFER : Sculpteur.
Né sourd et muet le 09 mars 1886, décédé à Strasbourg le 26 février 1960.
Après son mariage, il s'installe à Strasbourg, dans le quartier de Cronenbourg. D'ailleurs, un chemin perpendiculaire à la route d'Oberhausbergen porte son nom.