67021 - Barr

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Barr
Informations
Pays    France
Département    Bas-Rhin
Métropole
Canton   67-12   Obernai

  67-01   Barr (Ancien canton)

Code INSEE 67021
Code postal 67140
Population 7215 habitants (2016)
Nom des habitants Barrois, barroises
Superficie 2061 hectares
Densité 350.07 hab./km²
Altitude Mini: 176 m
Point culminant 971 m
Coordonnées
géographiques
48.408889° / 7.450556° (GoogleMaps) Cassini
Satellite / IGN / Cadastre (Géoportail)
Localisation (avant 2015)
          Arrondissement                 Canton                 Commune      ?
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Histoire de la commune

Toponymie

Héraldique

D'argent à la herse de sable.

Histoire du Blason


Histoire administrative

  • Département - 1801-.... :
  • Arrondissement - 1801-.... :
  • Canton - 1801-.... :

Résumé chronologique :

  • 1801-.... :

Les débuts de Barr

Le site semble avoir été occupé dès le premier millénaire avant Jésus Christ. La première trace écrite remonte à l'année 788. La ville était alors le chef lieu de la Seigneurie de Barr, regroupant plusieurs villages qui seront intégrés plus tard au Saint Empire Romain Germanique.

Histoire de Barr du XVe siècle à la fin du XVIIIe siècle

Vers 1500

Barr est une petite localité coupée en deux villages, le centre ville et un bourg dans la vallée, à la hauteur du chemin du Buhl actuel. Les deux sont reliés par un chemin appelé « Waldweg » (le chemin de la forêt) – l’actuelle rue Neuve.

A cette époque, Barr est un « Reichsdorf » (au même titre que les villages environnants de Heiligenstein, Gertwiller, Bourgheim et Goxwiller), un village d’Empire, possession personnelle de l’empereur Maximilien d’Autriche.

Barr est un village fortifié comportant des morceaux de remparts, des talus avec palissades de bois et des maisons jointives, le tout ceinturant l’agglomération. Cet ouvrage a été appelé le « Flackes grawe ». Trois portes percent l’ouvrage :

- Porte de Strasbourg dans l’actuelle rue Sultzer, environ à la hauteur de la maison Leipp-Leininger
- Porte de la Plaine au bout de la Grand’ rue environ à hauteur de la Winstub au Tonnelet
- Porte de Colmar à côté de l’actuelle pharmacie Colas, au bas de la rue Saint-Marc.

Barr au XVIe siècle

L’empereur Maximilien d’Autriche avait un secrétaire et ami, Nicolas Ziegler, originaire de Nördlingen en Bavière. L’empereur ne l’ayant pas payé pour ses services, lui donne en dédommagement les villages de Barr et environs (cités plus haut).

Dès cet instant, Barr devient une petite principauté indépendante, gérée par un seigneur à son seul bénéfice.

Premiers troubles : en 1525, c’est la guerre des paysans. Les habitants de Barr et des villages autour ont toujours manifesté une grande hostilité à l’égard des nombreux couvents de la région (un couvent de Franciscains était établi au Buhl) à cause des lourdes redevances qu’il leur fallait verser. En 1525, un soulèvement général a lieu. Les paysans mécontents s’en prennent au couvent de Barr, de Truttenhausen, de Niedermunster et même du Mont Sainte Odile.

Le Rocher du Mont Sainte Odile

Tout est mis au pillage et Nicolas Ziegler est obligé de se réfugier à Sélestat.

Intérieur d'une chapelle du mont Sainte Odile

L’évêque de Strasbourg fait appel aux troupes du Duc de Lorraine pour mâter la révolte dans un bain de sang lors de deux fameuses batailles : la prise de Saverne et la bataille de Scherwiller.

Dans les procès qui suivent, de nombreux villageois sont condamnés à des peines d’argent, un seul est exécuté à Barr.

Nicolas Ziegler meurt laissant une femme et six enfants. Sa femme se remarie avec un noble de la région converti au protestantisme et qui va élever les enfants adoptifs dans la foi réformée. Aussi, quand le fils aîné de Ziegler, appelé lui aussi Nicolas, prend la succession de son père à la tête de la seigneurie de Barr, impose t’il la religion protestante dans les cinq villages. Le couvent des franciscains est fermé en 1543.

Barr, Heiligenstein, Gertwiller, Bourgheim et Goxwiller deviennent dès lors, une enclave protestante au milieu de villages restés fidèles au catholicisme. Ceci aura des conséquences immédiates : on se mariera entre gens de ces villages car les mariages inter religieux sont proscrits.

Anecdote : Nicolas Ziegler voulait être enterré à sa mort dans sa ville de Nördlingen. On transporta donc son cercueil sur 400 kilomètres. A son arrivée devant les murs de la ville, les portes restèrent fermées car la ville était passée à la Réforme. Or, Nicolas était resté sa vie durant un fervent catholique. La délégation n’eut pas gain de cause et le cercueil fut ainsi ramené à Barr pour y être enterré.

De ses six enfants, son successeur immédiat, Nicolas, mourut jeune. Un autre fils était fou à lier et demeura enfermé dans une pièce du château jusqu’à sa mort. Frédéric Ziegler, troisième fils, prit la tête de la seigneurie à la mort de son frère Nicolas. Homme violent, amateur de femmes, joueur invétéré. Il accumula des dettes pour une somme astronomique ce qui entraîna la chute de Barr sous la domination de la ville de Strasbourg en 1568, qui se paya de cette manière pour les dettes contractées à son encontre par le fils Ziegler. Ce dernier conserva néanmoins l’usufruit du château jusqu’à sa mort en 1583.

Le fils de Frédéric viendra réclamer son droit de succession sur la seigneurie de Barr, mais il sera tué en duel en 1595. C’est la fin de la seigneurie de Barr qui devient un baillage de la ville de Strasbourg jusqu’à la révolution.

Dorénavant, c’est la ville de Strasbourg qui va placer à Barr des hommes chargés d’organiser la vie de la cité.

Barr au XVIIe siècle

Siècle des calamités, période noire pour l’Alsace qui va connaître trois guerres. Les campagnes militaires ont plusieurs conséquences pour les populations :

1. les armées qui passent détruisent tout, pillent, violent et brûlent les villages et les châteaux sur leur passage. A plusieurs reprises, les habitants de Barr ont fui devant l’envahisseur en se réfugiant dans la forêt ou au château d’Andlau avant qu’il ne soit lui aussi détruit.
2. les cantonnements de troupes posent de sérieux problèmes aux populations des villages qui doivent ravitailler les armées. Les soldats n’étant pas été payés, ce sont souvent les villageois qui en font les frais parce que les soldats se servent sans payer. On trouve la trace de nombreux présents faits par les habitants de Barr aux officiers pour qu’ils « tiennent » leurs troupes. Barr connu ainsi la présence successive de troupes d’impériaux (les allemands), de Suédois, de Lorrains et de Français.
3. les maraudeurs et les bandes de pillards qui sillonnent le pays et attaquent souvent les villages.

D’autres fléaux

En raison d’un important afflux de populations réfugiées, des problèmes de ravitaillement surgissent un peu partout en Alsace qui connaît de terribles périodes de famine.

La peste, jamais vraiment éradiquée depuis le Moyen-Âge, fait encore souvent parler d’elle.

La rage est un fléau important. Elle est propagée par les loups qui pullulent et par les chiens. On signale de nombreuses meutes de chiens qui sillonnent les campagnes. En 1636, la municipalité de Barr a fait intervenir le bourreau de la ville d’Obernai qui a tué 36 chiens errants dans les rues.

Ce XVIIe siècle a apporté tant de calamités aux populations, que Barr avait perdu le tiers de ses habitants à la fin du siècle, et que toute la population de Bourgheim avait disparue.

Cette fin de siècle connaît également un grand brassage de populations avec l’arrivée de nombreux immigrants venus :

- Des villages protestants environnants (notamment d’Obernai où la petite communauté était constamment en butte à une forte opposition de la part de la majorité catholique)
- De Suisse
- D’Allemagne
- De Sainte Marie-aux-Mines
- De Bourgogne
- De France

Les trois conflits du XVIIe siècle

1. Guerre des évêques :

A la mort de l’évêque de Strasbourg, deux candidats se disputèrent sa succession, un protestant et un catholique. Ce dernier fit appel au Duc de Lorraine qui vint ravager toutes les possessions de la ville de Strasbourg, dont Barr faisait encore partie. Ainsi en 1592, Barr fut ravagée par les troupes lorraines. Bien qu’ayant déposé les armes et négocié sa reddition, la ville fut quand même attaquée, son château entièrement détruit et 70 maisons furent brûlées, dont le Brochet.

Le château était irrécupérable. La ville de Strasbourg décida donc de construire à la place une maison bailliagère. On combla à cette occasion le fossé qui ceinturait la forteresse. Dans ce fossé coulait une source qui alimentait une petite mare. On récupéra cette source à travers le souterrain qui court toujours sous la mairie et aboutit actuellement dans le syndicat d’initiative. La source quant à elle, sort dans la fontaine attenante. Ces travaux de reconstruction on été achevés en 1602.

On détruisit également le second mur d’enceinte qui ceinturait la basse cour du château afin d’agrandir l’espace qui accueillait le marché aux légumes, l’actuelle petite placette aux pieds de la mairie. Cette même année furent construites les premières maisons de la rue Neuve, l’ancien Waldweg qui conduisait au hameau de la vallée.

2. La guerre de Trente ans :

Elle dura de 1618 à 1648. L’Alsace connut durant cette période les occupations successives de trois armées :

- les Impériaux (allemands)
- les Suédois
- les Français

Ces deux dernières armées étaient alliées dans ce conflit. Toutes trois firent d’importants dégâts à la localité de Barr. Le château fut à nouveau incendié par les Impériaux en 1632, puis attaqué par les Suédois. Enfin, en 1636, les Français en se retirant allument 28 foyers d’incendie dans Barr. Mais le feu pu heureusement être maîtrisé par les habitants, sauf pour le Brochet et le château qui furent à nouveau détruits. Le château fut reconstruit une dernière fois en 1641.

3. La guerre dite de Turenne ou de Hollande :

Suite au meurtre d’un officier Français par un habitant de Barr en 1678, toute la ville fut incendiée. Barr brûla pendant 4 jours. L’église (protestante) fut très endommagée. La vallée de Barr fut épargnée à cause de l’éloignement. Ce fut la pire période pour Barr.

Le rattachement à la France

Le 26 septembre 1680, l’Alsace est devenue française. Rien ne changea dans la vie quotidienne pour les populations, sauf l’apparition d’un nouvel impôt pour le roi de France Louis XIV.

A Barr, les administrateurs doivent être catholique. A l’église, le simultanéum, partage de l’église entre les deux communautés, est introduit dans les villages dès qu’il s’y trouve 7 familles catholiques.

Le premier registre catholique apparaît à Barr en 1687 et on note beaucoup de frictions entre les deux communautés chrétiennes à Barr. L’administration incite fortement les populations à revenir au catholicisme en leur offrant une exemption totale d’impôts pendant plusieurs années.

A partir de la mort de Louis XIV en 1715, s’ouvre pour le pays une aire de paix sous le règne de Louis XV. C’est également le siècle qui voit l’apparition de nombreuses réglementations qui investissent tous les domaines de la vie quotidienne. Il y avait notamment une réglementation différente pour chaque corporation de métier :

- Pour les boulangers par exemple, celui qui produisait du pain blanc n’avait pas le droit d’en produire du noir, et vice-versa. On avait également introduit un roulement pour la production de pain frais entre les boulangers.
- On impose la tenue vestimentaire, on limite le nombre d’invités autorisés à un mariage, etc… Un très grand nombre de fonctionnaire étaient chargés de veiller à la stricte application de ces lois. Ces innombrables réglementations étaient très lourdes à vivre au quotidien.

On note cependant au XVIIIe siècle une grande prospérité à Barr dans l’artisanat, l’agriculture, la viticulture et l’exploitation de vergers et de jardins, notamment rue de la Binn et au Bitzen.

En 1794 on recense à Barr les corps de métiers suivants :

- 94 cordonniers
- 53 tonneliers
- 52 tanneurs
- 50 boulangers
- 16 aubergistes
- 15 menuisiers
- 9 serruriers
- 3 moulins.

Barr failli même devenir une ville d’eau, une source ayant été trouvée qui avait des vertus reconnues contre la goutte. Elle favorisait aussi le fonctionnement des reins et avait un effet sur … la fertilité. Les recommandations disaient cependant qu’il fallait la boire avec modération…

Les samedis se tenait à Barr un très grand marché, bien plus important que celui que nous connaissons aujourd’hui.

Cette prospérité fut à l’origine de l’extension de la ville avec la construction de la rue Sultzer qui devint un quartier résidentiel en dehors des portes de la ville.

La révolution de 1789

Elle connut un accueil enthousiaste à Barr, notamment en réaction à l’ingérence de plus en plus importante de la ville de Strasbourg dans les affaires de la cité. Une grande rancœur existait envers Strasbourg suite à la mainmise sur les forêts de Barr. En effet, en 1760, au terme d’un procès qui dura un siècle, Barr perdit 880 hectares de forêts dans le secteur du Hohwald.

A noter que l’allemand fut enseigné dans les écoles jusqu’à la révolution où le français fut définitivement introduit.

La jeunesse barroise appelle les royalistes les "Collets noirs".

Le fonctionnement de la guillotine place de l'Hôtel de ville impressionne les esprits et fait naître la légende suivante :

Le carrosse fantôme (Relaté en 1920 par Variot, puis par Claude Seignolle)

"Parfois, la nuit, quand un orage menace, on voit s'avancer, sur la route de Mittelbergheim à Barr, un carrosse qui roule lentement. Si vous approchez, vous voyez que les chevaux sont des chevaux-squelettes et que le cocher tient à la main un large couteau. Le carrosse dégoutte de sang. A l'intérieur, un homme est assis et il tient sa tête sur ses genoux. Pour effrayer les passants attardés, il la leur tend par la portière.

C'est Euloge Schneider, le grand massacreur de Strasbourg, qui a fait massacrer des milliers de personnes pendant la révolution."

La dramatique année 1817

L'année 1817 est marquée par des intempéries dramatiques. L'été, on ne récolte ni blé ni pommes de terre ; après quoi, un hiver précoce, survenu juste avant les vendanges, ruine la récolte de raisin. La population est touchée par la famine.

A tous ces problèmes, s'ajoutent ceux liés au logement des troupes d'occupation.

Ce qui conduit la mairie, malgré la situation économique dramatique, à investir dans la construction d'une caserne pour loger les troupes d'occupation. Elle fait construire ce bâtiment, à la sortie de la ville, dans le prolongement de la rue Neuve. Il deviendra ensuite l'église catholique.

L'Eglise catholique est mécontente de cet emplacement excentré ; elle voudrait une église et une école situés au centre ville plutôt que dans le prolongement de la rue Neuve.

L'inondation de 1826

Laissons parler le "Journal de Barr" :

"C'était le jour du grand marché annuel lorsque, vers deux heures de l'après midi, survint un orage d'une rare violence. D'épais nuages noirs, arrivant de l'ouest, paraissent littéralement collés à la Bloss, alors que le vent du nord poussait, vers le Kirnberg, une seconde perturbation.
La nuit semblait tomber sur la ville lorsqu'un orage éclata, déversant une pluie torrentielle mêlée à d'épais grêlons. Le vent était tombé au point de rendre l'air irrespirable. Les ruelles se transformèrent rapidement en véritables torrents. L'eau atteignait, par endroits, jusqu'à deux pieds. L'orage redoubla alors de violence, et d'importantes poutres et pierres semblant réduites à des brins de paille, descendaient des rues comme dans un fleuve en crue. Les maisons bordant les voies inondées se remplissaient d'eau sur des hauteurs dépassant les trois mètres.
Un premier pont céda dans la vallée, celui de la Couronne se rompit à moitié, alors que les petites passerelles sur la Kirneck disparaissaient une à une, comme englouties par des eaux de plus en plus destructrices. Des futs, arrachés de leurs caves, flottaient comme des œufs, se heurtant aux maisons pour se briser contre les murs des habitations, mêlant leur contenu à la masse noire qui s'écoulait avec une rapidité surprenante.
La rue des maréchaux et celle des boulangers étaient recouvertes de plus de trois mètres de terre et de gravier. Les présentoirs qui n'avaient pu être retirés à temps par les commerçants installés sur le marché furent broyés par des tonnes d'eau qui arrivèrent de partout. Des objets de toutes sortes se mêlaient à présent au débris, rochers de plus de 500 kilos, portes et tonneaux. Des murs tombèrent sous la puissance du torrent, et une maison vit ses fondations arrachées. Le rue brune comme l'actuelle rue du collège étaient aussi submergées d'alluvions sur plusieurs mètres de hauteur. Près de la porte de Strasbourg, vers la route de Heiligenstein, une véritable montagne s'érigea, formée de pierres en provenance du Kirchberg.
Des tranchées de la hauteur d'un homme s'étaient creusées dans le vignoble, là où les torrents de boue n'avaient pas tout simplement arraché les pieds de vigne. La moitié du vignoble fut ainsi détruite.
De nombreux habitants, happés par les eaux, échappèrent à la mort en s'agrippant à des planches, tandis que le corps sans vie de Hans Klein ne pur être retiré que plus tard. A l'heure où Mathias Apfel rédigea son journal, après avoir vécu ces heures dramatiques, une femme et un enfant étaient toujours portés disparus."

Les conséquences économiques de l'inondation sont dramatiques. Beaucoup de familles doivent s'endetter pour vivre.

La révolution de 1830

  • Le gouvernement de juillet est accueilli favorablement par la population barroise, qui apprécie le rétablissement de la garde nationale.
  • Le libéralisme économique du nouveau gouvernement satisfait la bourgeoisie barroise.
  • 5 mars 1832 : éclipse de soleil ; panique populaire : craignant que le poison ne tombe du ciel, on maintient les bêtes à l'étable, on ferme les volets et on couvre les puits ; la bourgeoisie "éclairée" en profite pour développer quelque sentiment de supériorité vis à vis du peuple "superstitieux".
  • 1838 : l'Eglise catholique poursuit ses efforts pour obtenir une église plus centrale que celle qu'elle a obtenue rue Neuve; elle fait signer une pétition qui nous donne une description de cette rue ancienne et populeuse :
" ...ils arrivent dans la maison d'école et le débouché de la rue Neuve au bout de la petite Dunkelgass, où l'entrée de la vallée fait éprouver aux enfants toute l'impétuosité des vents, des pluies battantes ou des bourrasques de neige par tous les courants d'air qui s'y rencontrent. Pour arriver aux écoles, le plus grand nombre des enfants doit passer par la rue Neuve, qui est la plus étroite et en même temps la plus fréquentée de la ville... puisque la plus grande partie des voitures de Barr et des villages environnants la traverse pour aller en forêt et en revenir, comme aussi les grosses voitures de roulage et autres, qui ont des chargements pour les fabriques et les usines de la vallée, toutes placées au delà de la maison d'école.
Un autre inconvénient, si déplorable qu'il répugne à la bienséance et à morale publique : le départ du troupeau, dont une grande partie, pour aller au pâturage, traverse la rue Neuve, se réunit au bout de la petite Dunkelgass, où s'opère publiquement la saillie des vaches précisément à l'heure où les enfants se rendent à l'école... ce spectacle ne doit point être présenté à la jeunesse, et choque même les personnes âgées qui se rendent à l'église catholique."

Le coup d'Etat de Louis Napoléon (1852)

  • vote du canton de Barr lors de l'élection présidentielle du 10 décembre 1848 : 64 % pour Cavaignac ; 30 % pour Louis-Napoléon ; 5 % pour Ledru-Rollin (extrème gauche )
  • coup d'Etat de décembre 1851 ; les républicains de la ville (Hering, pharmacien ; Zahn ; Speitel ; Herzog, garde forestier au Hohwald) sont emprisonnés quelques jours
  • lors du plébiscite de 1851 : 75 % pour le oui dans le canton de Barr ; lors du plébiscite de 1852 : 84, 65 % pour le oui
  • le Préfet exige l'arrachage des arbres de la Liberté "témoins d'une époque regrettable"
  • 5 décembre 1852 : sonnerie des cloches, réunion de la population, fête obligatoire pour célébrer le nouveau régime
  • création d'un commissariat, en théorie pour terroriser les délinquants, en fait pour noter les opinions de la population, jugée hostile en 1854, et dévouée au gouvernement en 1867
  • Théophile Hering, aide-pharmacien, critique dans son journal les guerres et la politique étrangère aventureuse de l'Empereur ; il préférerait, aux dépenses d'armement, la création d'écoles et d'ateliers pour donner du travail aux chômeurs

L'épidémie de choléra et la couverture de la Kirneck

En 1854, une épidémie de choléra frappe 609 personnes à Barr et cause 92 décès. Ensuite, elle se propage le long de la Kirneck, touchant Gertwiller et Valff, cependant que Mittelbergheim et Heiligenstein, situés en hauteur, sont épargnés.

Il ne faut pas s'en étonner quand on sait que cette petite rivière sert d'égout et recueille non seulement les eaux usées des familles, mais aussi celles de l'industrie, laquelle est particulièrement polluante (tanneries).

Il est difficile aujourd'hui, tant Barr est le type même de la petite ville alsacienne coquette à l'extrême, de l'imaginer comme un cloaque puant. Et pourtant, c'est le cas au 19 ème siècle. Le rues ne sont pas encore pavées, et la petite rivière, dont le débit est trop faible pour entraîner quoi que soit d'un peu important, sert d'égout.

Voici comment la situation est décrite dans une délibération du Conseil Municipal :

"Ne sera-ce donc rien de transformer un lieu infect en une avenue large et belle ? L'œil du passant doit-il donc plonger éternellement sur ces eaux croupissantes, ces flaques vaseuses, ces déchets industriels, voire même ces corps d'animaux en putréfaction ?"

La couverture de la Kirneck est un projet qui mobilise les énergies, surtout après l'épidémie de choléra dont les causes ont été bien perçues. Mais, en raison du montant élevé des devis, le projet n'aboutira qu'en 1866.

L'industrialisation de Barr au XIXe siècle

Entreprises :

  • La teinturerie de Jacques Dietz : créée en 1791 ; 6 à 8 ouvriers au départ ; 92 en 1813) ; 900 à 100 (y compris ouvriers à domicile) en 1841.
  • La filature de coton de Jacques Dietz (le même) ; son tissage : au départ, on utilise un moulin à eau ; machine à vapeur de 12 chevaux en 1842 ; machine à vapeur de 30 chevaux en 1851 ; 5000 broches ; 200 métiers à tisser.
  • Le tissage de Benjamin Diehl : créé en 1834 ; 50 ouvriers ; existence éphémère.
  • Bonneterie Bossert : création en 1837 ; 82 ouvriers sur place ; 3000 personnes travaillant à domicile dans toute la région dont 45 % d'enfants et beaucoup de femmes ; fabrication de chaussons vendus jusqu'en Amérique.

Liste non exhaustive. L'artisanat traditionnel barrois demeure dynamique. Certaines tanneries atteignent la dimension industrielle (Simon, puis Diehl, Degermann et sans doute d'autres). Le cuir est vendu jusqu'aux Etats-Unis et en Argentine.

Condition ouvrière :

  • Durée du travail : 10 à 12 heures en général, 14 heures chez Bossert ; réglementation du travail des enfants à partir de 1841 (en dessous de 8 ans : interdiction de travail ; de 8 à 12 ans : 8 heures par jour maximum ; de 12 à 16 ans : 12 heures maximum ; pour tous les enfants de moins de 13 ans : deux heures d'école par jour obligatoires).
  • Salaires dans le textile : 1,50 Franc par jour pour les hommes ; 0,75 F. pour les femmes ; 0,60 F. pour les enfants ; salaires dans la tannerie (les plus élevés) : entre 2,20 et 2,50 F.
  • Prix en 1858 : pain : 1,35 F, la miche de 3 kilos ; beurre : 1,70 F le kilo.

D'une façon générale, à Barr, la nourriture est rare et chère, car les terres sont occupées par la vigne.

  • Chômage : les ouvriers sont licenciés dès que les commandes sont basses.

Opinions

  • La vie ouvrière :

Vue par Charles Dietz, maire et industriel : "La vie est facile à l'ouvrier".

Vue par le commissaire de police lors de l'épidémie de choléra de 1854 : "les gens de la classe malheureuse et pauvre, les journaliers et les ouvriers de fabrique, dont l'estomac se trouve entièrement débilité... en raison de la mauvaise nourriture composée de pommes de terres cuites à l'eau ou en robe de chambre... et d'un peu de salade où le vinaigre domine... sont logés dans des caves, dans des étables souvent sans plancher. Les ouvriers quittent le soir après 12 heures et plus, dans une salle infectée par l'huile, la poussière et les mauvaises odeurs, pour passer la nuit dans une habitation encore plus infecte, plus malsaine, sur une couche malpropre composée d'une paillasse et d'une espèce de lit de plumes pour couverture."

  • Le travail des enfants :

Vu par l'adjoint au maire Taufflieb, commerçant : " Le travail a lieu uniquement le jour, pas le dimanche. Il est peu pénible et consiste à rattacher les cotons et à éplucher les laines. Le plus grand nombre est employé sous la surveillance de leurs pères qui sont employés dans la fabrique de laine ou de coton, et qu'ils assistent comme rattacheur ou éplucheur. Il existe une école spéciale à proximité des trois établissements... dans laquelle les enfants en dessous de 12 ans, employés dans la fabrique, reçoivent l'instruction... les chefs d'établissement sont des hommes d'honneur et d'une probité sévère, qui se font un devoir de traiter les enfants qu'ils emploient dans leurs ateliers avec douceur, et j'ai la conviction qu'ils veillent sur le maintien de la décence et du bon ordre."

Vue dans un rapport du commissaire de police de 1858 : "Un grand nombre d'enfants de l'âge de 9 à 12 ans, occupés à la fabrique de MM Jacob et Weissgerber, de Saint Pierre, ne reçoivent que trois quart d'heures de leçons par jour au lieu de deux heures, et ce midi à une heure, précisément à l'heure de leur repos, de sorte que ces petits misérables enfants n'ont pas le repos que la loi prescrit, ni l'instruction non plus, de manière qu'ils ne sauront jamais rien, et cela de la pure faute de MM les fabricants."

Enseignement pour adultes

En 1867, création de cours pour adultes tournés vers la vie pratique. Trois niveaux :

- niveau supérieur : correspondance pratique, factures, tenue de livres, calcul, dessin, histoire et géographie de la France.
- niveau intermédiaire : comme ci-dessus, mais programme allégé.
- cours pour adultes illettrés : lecture, écriture et calcul (les adultes illettrés étaient souvent des catholiques issus de familles très pauvres et dont l'habitat était loin du centre, si bien qu'ils avaient souvent séché l'école dans leur enfance).

Avant l'annexion

  • 11 juillet 1861 : on observe une comète.
  • 1863 : la crise économique entraîne la fermeture de la filature Dietz ; le fils du boulanger Roth ouvre une pâtisserie, ce qui constitue une amélioration de la vie appréciée de tous à Barr.
  • 1864 : création de la ligne de chemin de fer Strasbourg-Barr, ce qui est excellent pour le tourisme ; cet événement mémorable était fêté par avance depuis plusieurs années, puisque le chantier de construction était un but d'excursion familiale et un sujet de conversation favori
  • 1866 : installation de l'éclairage au gaz ;
  • 1867-1871 : travaux de couverture de la Kirneck
  • 1867 : de nombreux Barrois se rendent à Paris pour l'Exposition.
  • 1868 : visite mémorable du Préfet Pron : il est accueilli place de la Mairie par 15 jeunes filles vêtues de blanc qui lui remettent des fleurs et, lors du banquet, il jette par la fenêtre des pièces d'argent à la foule ; la même année, Barr organise un concours de tir auquel participent aussi Obernai, Rosheim et Wasselonne. Le concours est bien entendu suivi d'un mémorable banquet au Brochet.
  • en 1860 et 1868, Barr organise de mémorables comices agricoles : décor végétal des rues et façades, exposition à l'Hôtel de Ville, banquet au Brochet.
  • 1867 : création de la commune du Hohwald Hohwald ; à cette occasion, Barr se voit amputée du hameau de la Scierie

La guerre de 1870 et l'annexion

Vue de Barr, la guerre de 1870 se présente de la sorte :

  • 19 juillet 1870 : déclaration de guerre.
  • visite de la "Société internationale pour le soulagement des blessés" (qui deviendra la Croix Rouge) ; on prévoit, à l'hôpital de Barr, quatre salles et 64 lits pour les blessés ; on prend contact avec des familles prêtes à accueillir les blessés ; on réunit dames et jeunes filles pour coudre de la literie.
  • 6 août : bataille de Froeswiller-Woerth ; affolement, surtout dans les campagnes ; réfugiés sur les routes ; des réfugiés de Strasbourg arrivent à Barr.
  • panique à Barr ; un dénommé Fritsch crie dans les rues : "Die Preussen kommen ; Sie sindt in Valff !" ; certaines personnes vont se cacher dans les bois ; en fait, c'est une fausse alerte.
  • 16 août : arrivée (pacifique) des Allemands ; ils se réunissent au Brochet (l'auberge emblématique de la ville) avec les autorités de la ville, puis repartent.
  • 17 août : proclamation du commandement allemand rappelant la communauté d'origine et appelant au calme.
  • aout-septembre : siège de Strasbourg ; grande angoisse des réfugiés strasbourgeois ; arrivée de réfugiés supplémentaires, interrogés avec angoisse sur la situation à Strasbourg ; on monte au Kirchberg pour voir les incendies ; nombreuses réquisitions des Allemands (en fait un véritable rançonnage) ; nombreux passages de troupes dans Barr ; nombreux Allemands en ville ; les soldats sont logés dans les hôtels, les chefs chez l'habitant.
  • octobre : les réfugiés strasbourgeois rentrent chez eux.

Vie quotidienne

La vie quotidienne reprend son cours, notée dans le journal du pharmacien Théophile-Jacques Hering .

Il note :

  • activités agricoles (en 1870, la qualité du raisin était bonne, mais la quantité laissait à désirer ; en 71 et 72, pas de récoltes ; en 73, pas d'hiver, les violettes fleurissent en janvier) ;
  • ramassage de la glace sur les prés en hiver ;
  • abattage des jeunes chênes dont l'écorce servira à faire du tanin ;
  • le Nusseklopfet : réunion autour de noix destinées à faire de l'huile, les hommes les cassent, les femmes sortent les cerneaux de la coque, puis on reprend des forces avec du vin et des gâteaux
  • l'Epiphanie : on tire les Rois avec un haricot et un pois.
  • 1873 : création d'une section du Club Vosgien
  • 1898 : on fête l'adduction d'eau par une "cavalcade" mémorable : des groupes de jeunes cousins ou amis défilent chacun sur leur charrette fleurie et tirée par les chevaux de la famille.
  • Début du 20 eme siècle : premières automobiles.

L'ouverture du dispensaire

Le système de soins pour les pauvres était minimal, précaire, et dépendant des bonnes volontés individuelles, comme nous montre l'exemple du dispensaire protestant ouvert en 1893.

L'initiative en revient à la Société de charité des dames protestantes.

C'est Madame Schmitt, épouse du notaire, qui, avec le pasteur Dietz, sollicite les diaconesses (luthériennes) de Strasbourg pour obtenir une sœur infirmière. Les diaconesses leur envoient Sœur Lydie Hetzel, dont la vie de dévouement resta longtemps dans la mémoire de tous les barrois. Mais que de jongleries pour y arriver ! Mme Brandt organise des soirées artistiques et culturelles et recueille ainsi 1000 marks pour faire face aux premiers frais. Mme Schmitt loge Sœur Lydie dans un petit pavillon appartenant à son mari. Le Docteur Hecker et son épouse, ainsi que d'autres familles de la bourgeoisie barroise, l'invitent à manger par roulement. C'est ainsi que la survie de la sœur est assurée !

Le dispensaire est très efficace. De 1918 à 1930, il prend en charge 2200 malades, effectue 384 veilles de nuit, assiste à 1418 opérations et visite plus de 100 000 personnes. Ils soigne également les pauvres catholiques jusqu'à ce que ceux-ci aient leur propre dispensaire.

La guerre de 1914-1918

La ténébreuse affaire de la Charbonnière

(note : le col de la Charbonnière se situe entre Bellefosse et Belmont )

Les premiers jours de la guerre voient une affaire très obscure. Il semblerait que les Allemands se soient tiré dessus entre eux et aient tenté de camoufler le scandale en fabriquant une fausse affaire d'espionnage, qui coûta la vie à trois habitants accusés à tort. Le docteur Frédéric Hecker, maire de Barr (décoré de la Légion d'Honneur en 1919) enquêta avec les moyens à sa disposition. Laissons lui la parole :

" Le 19 août, des Würtembourgeois arrivèrent à Barr, et, le 20, ce fut le tour du bataillon n° 89 de Landwehr saxonne. Les hommes, pour la plupart des ouvriers de fabrique de Plauen et environs, incorporés depuis peu de jours seulement, avaient été amenés par chemin de fer de Saxe. Ils avaient été en route 24 heures durant et avaient du faire le chemin de Strasbourg à Barr, 28 kilomètres à pied, et arrivèrent dans notre ville vers trois heures de l'après-midi absolument harassés. On leur fit faire une halte, et les malheureux s'étendirent sur le trottoir à l'ombre des maisons.

Les habitants les réconfortèrent de leur mieux et le bataillon repartit à 5 heures par la route de la vallée de Welschbrusch dans la direction du Howald. Le major von Löwe en était le commandant. Comme nous savions qu'on se battait près du Kreuzweg, à deux heures derrière le Hohwald, nous pensions bien que ces troupes seraient jetées dans la bataille.

Dans la nuit du 21 août, vers trois heures, on sonne à ma porte ; j'ouvre la fenêtre et vois en bas l'appariteur de la commune en compagnie d'un officier qui demande à me parler immédiatement. Je m'habille à la hâte, je descends, j'ouvre la porte, et l'appariteur introduit un tout jeune lieutenant, 19 ans à peine, les traits tirés, l'air hagard, exténué au point de ne presque plus pouvoir se traîner.

Je lui fais prendre place et lui demande quel est son désir. Il me regarde avec des yeux fous, puis, tout à coup, il se met à sangloter et s'écrie :

"Ah ! Monsieur le Maire, c'est terrible, terrible ! Nous avons été attirés dans un guet-apens et c'est un Allemand, un garde forestier, qui nous a trahis. La moitié du bataillon a disparu, les amis sont morts, tous morts ! les Français tiraient du haut des arbres et les nôtres nous tiraient dans le dos. Maintenant, je dois vous dire que les survivants reviennent sur Barr à travers la forêt comme ils peuvent, et qu'il faudra leur trouver des logements."

Voyant que j'avais devant moi un pauvre garçon, dont le système nerveux était absolument à bout, je le tranquillisai, lui disant qu'il n'aurait à s'occuper de rien, que je me chargeais de tout organiser. Je le fis asseoir à table, lui cherchai une bouteille de vin et un bon morceau de tarte, la seule chose mangeable que j'eusse encore dans la maison, et donnai l'ordre à l'appariteur, qui avait attendu dans le corridor, de m'amener immédiatement les gardes de nuit.

Je les divisai en trois équipes et les fis se porter à l'entrée de la ville vers la vallée, l'une sur la grand route, les deux autres sur les chemins des vignes qui débouchent dans la forêt sur les côtés . Je leur intimai l'ordre d'attendre l'arrivée des soldats, d'en rassembler une trentaine, et de les conduire chacun à l'une des salles qui étaient, après chaque passage de troupes, pourvues de paille fraîche et ainsi toujours prêtes à recevoir leurs garnisons. Vers quatre heures du matin, les premiers soldats entrèrent en ville et, à trois heures de l'après-midi, les derniers traînards apparurent.

A cinq heures, le commandant du bataillon, le major von Löwe, arriva chez moi avec un capitaine et un lieutenant.

Ils étaient rendus, et je les priai aussi de prendre un verre de vin. Le major demanda la communication téléphonique avec Epfig, où se trouvait le général commandant la formation à laquelle appartenait le bataillon. J'entendis comme il disait :

"J'ai l'honneur d'annoncer à Votre Excellence que je ramène le bataillon de la Charbonnière. Nous sommes à Barr. Le bataillon est décimé, et impropre pour le moment à tout service ("völlig gefechts-unhäfig"). Je suis chez le maire, et attends vos ordres ultérieurs."

Je donnai des chambres à ces messieurs. Von Löwe se coucha tout habillé sur la chaise longue.

Entre temps, les salles de ville se remplissaient, et les hommes qui avaient fourni une étape de 58 kilomètres se jetèrent sur la paille en ne demandant que du repos.

Peu après sept heures du matin, le 21, un lieutenant nommé Seyfert me rendit visite. C'était un homme de 28 ans environ, svelte, énergique, le type de l'officier modèle. Malgré la marche forcée qu'il venait de faire comme ses camarades, il était déjà propre et astiqué, et ne laissait paraître nulle trace de fatigue.

Je lui fis apporter du café, et, tout en mangeant, il m'entretenait en ces termes :

"Monsieur le Maire, je suis nommé commandant de place à Barr. Je logerai à l'Hôtel de la Maison Rouge où j'établirai aussi mes bureaux. Lorsque j'aurai besoin de vos bons offices, je vous téléphonerai, et nous nous entendrons certainement. Je croyais tomber en arrivant dans un chaos, et, à la place du désordre que je craignais, je trouve nos hommes rasés et soignés, nos officiers bien logés. Je vous remercie sincèrement.

Voilà, pour vous mettre au courant en deux mots, ce qui s'est passé :

Nous devions prendre position derrière la Charbonnière pour refouler les Français vers Belmont. Derrière le Kreuzweg, nous rencontrons un garde forestier auquel nous demandons s'il y avait des Français à proximité. "Je n'ai vu personne"", nous dit-il. Nous avançâmes sur la route, l'avant-garde devant, et, comme nous arrivâmes en vue de la Charbonnière, il faisait très sombre déjà. Tout était silencieux. Nos éclaireurs ne signalaient rien de suspect.

Tout à coup, nous sommes assaillis du haut d'un mamelon à notre gauche par un feu roulant d'infanterie. Nous nous déployons, descendons de la route vers le petit vallon à notre gauche pour prendre d'assaut la hauteur d'où on tirait sur nous. Pendant cette entreprise, voilà subitement un feu nourri, qui nous assaille de la hauteur située à notre droite, derrière nous. Pris entre deux feux, décimés, nous battîmes en retraite, le reste, vous le savez. Notre général, qui avait son quartier à Epfig, vient de se tuer d'un coup de révolver dans la tête il y a une demi-heure. Maintenant, adieu, je vais me coucher et, à onze heures, je serai à mon bureau."

Le lendemain, 22 août, à neuf heures du soir, des blessés de la Charbonnière et des environs arrivèrent à Barr. Des chars à bœufs réquisitionnés dans les villages du Ban de la Roche les amenèrent au nombre de 150 environ, dont une vingtaine de Français. Nous logeâmes les plus grièvement atteints à l'hôpital ; une centaine trouva place au lazaret du collège, et 20 furent casés dans des maisons particulières. Parmi ces derniers, il y avait deux officiers : un capitaine français, Valade, d'un régiment lyonnais, qui avait la cuisse fracassée ; et un lieutenant saxon qui avait la cuisse traversée par une balle.

Monsieur le docteur Wagner et moi donnâmes nos soins à tous les blessés, assistés des sœurs et d'infirmières improvisées. Après mon service à la mairie, je restai au lazaret à faire des pansements jusqu'à deux et trois heures du matin. Le surlendemain, un médecin de Strasbourg vint nous prêter main-forte. Le 27 août, arriva l'ordre d'évacuer tous les blessés transportables.

Pour donner une image complète de ce que fut cette affaire de la Charbonnière, le seul combat qui eut lieu dans nos parages immédiats, je voudrais communiquer au lecteur le résultat d'une enquête que je fis sur les lieux même, pour tâcher de savoir exactement comment s'était passée cette affaire énigmatique.

Le lundi, 7 septembre, je me fis conduire en automobile par le Welschbruch, le Hohwald et le Kreuzfeld à la Charbonnière. La maison forestière était détruite par le feu, les beaux sapins qui l'entouraient étaient coupés à hauteur de poitrine sur une grande étendue. A mi-côté du mamelon situé au sud de la maison, l'entourant en demi-cercle, couraient deux rangées de retranchements qui dominaient la route venant du Hohwald. Des débris d'équipement jonchaient le sol, quelques tombes où une trentaine de chasseurs alpins et de soldats saxons avaient trouvé leur sépulture dressaient leurs croix de bois. Les décharges d'artillerie roulaient de l'autre côté des montagnes en un tonnerre ininterrompu.

Je me préparais à rebrousser chemin, quand surgit le garde forestier Knoch, de la Charbonnière. Après le combat du 20 août au cours duquel sa maison forestière avait été incendiée, il s'était logé au village de Belmont, sur le versant du Ban de la Roche. Knoch, qui avait été le témoin oculaire des évènements qui m'intéressaient, m'en fit le récit que voici :

"Des troupes bavaroises avaient creusé des tranchées et établi les épaulements que vous voyez sur la côte du mamelon en face. Pour une raison que j'ignore, ils les avaient évacués le 20 août dans la matinée pour se retirer vers le Champ de Feu, et, durant toute la journée, je ne vis passer personne, ni Français ni Allemands. A la tombée de la nuit, je fis une tournée du côté du Kreuzweg et je rencontrai un bataillon de Saxons. Les chefs m'interrogèrent, et je leur communiquai ce que je savais, c'est à dire qu'à la Charbonnière il n'y avait personne. Grande fut ma surprise lorsque j'entendis subitement un terrible feu d'infanterie. Je me jetai dans la forêt pour revenir à la Charbonnière par les sentiers y conduisant depuis le Champ de Feu, et je constatai avec terreur que les Bavarois, qui étaient encore dans la maison forestière le matin, étaient accourus au bruit de la fusillade, et, croyant voir devant eux des Français, tiraient dans le dos des Saxons qui s'efforçaient de prendre d'assaut le mamelon fortifié par les Bavarois, et que les Chasseurs alpins, excessivement rusés et bien renseignés, avaient occupé à la tombée de la nuit."

Je lui racontai que les Saxons accusaient un garde forestier de les avoir fait tomber dans un guet-apens.

"Cette accusation est ridicule" dit il ; " Ce qui est vrai, c'est que les alpins connaissent la guerre des montagnes sur le bout des doigts, tandis que les autres n'y entendaient rien et se laissent surprendre comme des nigauds. Alors, ils voient partout des traîtres. L'échauffourée terminée, les Français disparurent comme par enchantement."

Le bataillon saxon qui avait été malmené à la Charbonnière avait perdu plus de la moitié de son effectif. Les compagnies furent reformées avec les hommes restants, et, le 22 août au soir, elles se dirigèrent à nouveau vers la montagne pour reprendre contact avec l'ennemi. Le lieutenant Seyfert resta à Barr avec les éclopés encore quelques jours, et, lorsque ceux-ci furent partis, il quitta à son tour.

Le court séjour de cet officier fut marqué par une abomination sans pareille. Le dimanche, 23 août, dans la matinée, j'appris à la mairie qu'une patrouille de soldats avait emmené trois espions au bureau du lieutenant Seyfert à l'hôtel de la Maison Rouge. Je m'y rendis vers 11 heures pour voir de quoi il s'agissait. J'y trouvai l'officier et, devant lui, trois hommes, l'un un vieillard, l'autre âgé d'environ 65 ans, le troisième dans la force de l'âge, les mains liées derrière le dos, le torse entouré de cordes. Ils étaient défaits, nu-tête, en sabots, un spectacle à vous serrer le cœur. Je demandai au lieutenant ce qu'avaient fait ces hommes et d'où ils venaient. Il me répondit qu'on les avait amenés de Belmont (Ban de la Roche) et qu'ils devaient avoir fait des signaux à l'artillerie française. Pour le reste, il ignorait tout d'eux et, les indications qu'il avait, il les devait aux soldats de l'escorte .

"Je les ai interrogés, me dit-il. Ils nient tout. L'un d'eux m'a raconté, dans son charabia -les habitants du Ban de la Roche parlent français- qu'il avait deux fils dans l'armée, que son gendre était Feldwebel de la garde à Berlin, et je suis assez enclin à croire à son innocence."

Je lui remarquai qu'on ne pouvait pas laisser ces hommes dans cette situation lamentable, qu'il fallait au moins les débarrasser des liens qui leur coupaient les chairs.

"Si vous disposez d'un local, me proposa M. Seyfert, où les mettre au secret, et si vous pouvez répondre d'eux, je suis prêt à vous les confier;"

J'acceptai immédiatement la responsabilité, heureux avant tout de pouvoir mettre fin au traitement inhumain, qu'en temps ordinaire on n'aurait pas osé faire subir à des bêtes. Je fis donc transférer les trois malheureux à la prison, ordonnai de leur enlever leurs liens et de leur donner à dîner, puis de les enfermer dans une cellule. Je les quittai vers midi, tranquillisé sur leur sort, car je me dis en moi-même que l'enquête judiciaire qui suivrait éclaircirait cette affaire.

Je rentrai dîner et retournai à la mairie à deux heures. A l'entrée de la cour, le garde champêtre Kommer m'attendait et me remit trois paires de menottes. Sur ma question de ce que cela signifiait, il me fit le récit suivant :

"A peine aviez vous quitté, Monsieur le Maire, que des soldats arrivèrent au corps de garde de la mairie, nous enjoignant de les conduire au local où se trouvaient les trois espions. Je les menai à la prison, et, là, ils signifièrent au gardien de leur remettre les prisonniers après leur avoir mis les menottes. Puis, ils me sommèrent de leur montrer le chemin de Gertwiller, ce que je fis. Arrivés vers la grand route à l'issue du chemin de Strasbourg, je vis dans les champs un groupe de soldats et, supposant ce qui allait se passer, je déclarai à l'escorte que je n'irais pas plus loin, ne voulant pas assister à ce que je prévoyais. Ils me dirent d'attendre leur retour et conduisirent les trois victimes dans la direction du champ où étaient rassemblés les militaires. Peu après, j'entendis quelques détonations et, au bout d'un quart d'heure, les soldats avec lesquels j'étais venu me rejoignirent, me déclarant que les espions venaient d'être fusillés et enfouis là où on les avait executés ; ils me donnèrent les menottes avec ordre de vous les remettre."

A l'audition de ce effroyable récit, je courus chez le lieutenant Seyfert, que je trouvai assis à sa table sirotant son café et fumant un gros cigare. Tremblant d'émotion, je lui demandai si réellement l'exécution des trois hommes de Belmont était vraie.

"- Oui, me dit-il. Tout à fait vraie.

- Mais, lui répondis-je, comment cela est-il possible ? Il y a peu d'heures, vous me disiez ne pas connaître exactement le crime pour lequel on les avait arrêtés, et maintenant, là, sans pièces écrites, sans jugement, on les fusille !

- Que voulez-vous, me répondit-il placidement, c'est la guerre ! Monsieur le Maire, je n'ai pas plus de renseignements sur leur compte maintenant que ce matin, mais, à midi, on m'a téléphoné d'un endroit de la vallée de la Bruche que les trois espions amenés ici de Belmont avaient été pris en flagrant délit de commerce avec l'ennemi, et qu'il fallait les fusiller. Je suis soldat. Je n'ai pas à discuter les ordres qu'on me donne, je n'ai qu'à les exécuter, et c'est ce que je fis".

Il n'y avait rien à répondre à cet argument, et je m'en allai.

Le lendemain lundi, je reçus la visite d'un facteur à la poste nommé Morel, qui était du Ban de la Roche.

"- Monsieur le Maire, me dit-il, j'ai bien hésité avant de venir vous trouver, mais ma conscience ne me laisse pas de repos. C'est à propos des trois hommes fusillés hier qu'il faut que je vous parle. Je les connais, c'est une chose affreuse. L'un est Hazemann, l'ancien garde particulier de la Charbonnière, du temps où la forêt était encore propriété privée. Il possède maintenant une ferme à Belmont. Il est membre du Conseil municipal et du Consistoire, et c'est le plus brave homme du monde. Les deux autres sont un fermier et un domestique, mais ni l'un ni l'autre de ces gens n'est capable d'une mauvaise action. Ils ont été tués, et ils sont aussi innocents que vous et moi, je vous le jure !

- Mais, malheureux, pourquoi n'êtes vous pas venu me prévenir ce matin déjà ? Si j'avais su ce que vous venez de me dire, j'aurais certainement pu faire surseoir à l'exécution, le lieutenant n'eut pas été insensible à des arguments aussi importants

- Voilà tout juste ce qui me tourmente, Monsieur le Maire, c'est ma lâcheté. Je pensais venir vous trouver de suite, mais je suis tellement terrorisé par mes collègues allemands à la poste, que je n'ai presque plus le courage de respirer. Du matin au soir, on me traite de sâle Welsche, de traître français, alors voilà, j'avais peur et j'ai hésité, et maintenant le mal est fait.

- Effectivement, fut ma réponse, le mal est sans remède ; rentrez chez vous, je vous remercie quand même de vos informations ; elles pourront me servir, sinon pour le moment, mais peut-être plus tard."

Peu après, un de mes neveux se rendit à Belmont par la montagne, et alla visiter la veuve de M. Hazemann pour apprendre ce qui s'était passé et l'assurer de ma sympathie. Il la trouva, vieille femme désespérée, accroupie à côté de son foyer. Elle lui raconta que, lorsque la fusillade éclata, son mari et les deux autres hommes étaient sortis pour faire rentrer le bétail qui était au pâturage dans le fond du vallon. Au moment de leur retour dans la maison, sur le seuil même de la porte, des soldats s'étaient précipités sur eux et les avaient emmenés tels qu'ils étaient. "Mon mari était en sabots", dit-elle, sans casquette, il n'avait sur lui que sa montre et son porte-monnaie avec une soixantaine de marks. Les Français m'ont tué mon fils" (elle venait de recevoir la communication de la mort de son fils, soldat allemand, mais elle était prématurée, ce dernier n'étant que grièvement blessé) "les Allemands me l'ont tué, ils ne m'ont même pas rendu sa montre et son argent. Remerciez bien Monsieur le Maire de Barr d'avoir été si bon pour mon pauvre mari. S'il y a un Dieu au ciel, ce crime ne restera pas impuni."

Monsieur de Heeren, le directeur de l'établissement de Molsheim, fit une enquête au sujet des trois hommes de Belmont, qui étaient de ses administrés. J'eus le dossier en mains le 11 novembre 1914, parce que je devais y ajouter ma déposition par écrit. Le premier document qui me tomba sous la main lorsque je l'ouvris était un décret de l'Etat-major de la division qui occupait à l'époque de l'exécution la région du Ban de la Roche, qui établissait qu'il n'existait ni jugement d'une cour martiale, ni d'un conseil de guerre, concernant Hazemann et consorts.

Ainsi, ces malheureux avaient été tout bonnement assassinés, abattus sur l'invitation téléphonique d'un gendarme dont on ignorait jusqu'au nom !"

Le chaos de la fin de la guerre

C'est un effondrement économique total, accompagné de troubles révolutionnaires, qui contraint l'Allemagne à demander l'armistice le 7 novembre 1918. En raison de l'atmosphère troublée, le Conseil municipal crée une Bürgerwehr, garde bourgeoise, pour s'opposer au chaos qu'il sent venir. L'insurrection touche l'armée allemande, qui crée des Conseils de soldats.

L'armistice du 11 novembre donne le signal des pillages (le Kaiser s'enfuit, l'Allemagne est sans autorités), qui commencent à l'hôpital. Mais laissons M. Weill, adjoint au Maire, raconter :

"Le 11 novembre, le médecin-chef, Stabsarzt Raab, et l'inspecteur des hopitaux militaires Schamp, vinrent me voir et me déclarèrent que, le lendemain, ils quitteraient Barr avec tout le personnel et les sœurs garde-malades. Ils voulaient remettre les hôpitaux militaires, "lazaret" et école primaire et de la Realschule, avec leurs installations et leurs stocks d'approvisionnement, à la commune. Il restait une trentaine de malades, hongrois et alsaciens, dont 8 à 10 gravement atteints.
J'ai demandé à ces messieurs où nous allions prendre les vivres pour subvenir à leurs besoins. Le médecin-chef me répondit qu'il existait, au lazaret de l'école protestante, un dépôt de vivres, de pharmacie et un laboratoire. Ces messieurs me prévinrent aussi qu'il serait utile que ces établissements et dépôts soient protégés dès la nuit prochaine par la police municipale. J'ai accompagné de suite le médecin-chef sur les lieux pour examiner la situation.
Quand nous arrivâmes au lazaret de l'école protestante, nous avons vu une masse de gens sortir par toutes les portes chargés de toutes sortes d'objets, draps de lit, linge, couvertures, parties de lits, et objets mobiliers de tout genre. Quand je demandai à ces gens où ils avaient pris ces objets et de quel droit, ils me répondirent que les soldats vendaient tout. Comme je reprochais ces faits au médecin-chef, il me répondit qu'il ne pouvait les empêcher.
De là, nous sommes allés au dépôt d'approvisionnement près de l'école. Nous y avons rencontré quelques soldats dont l'allure nous parut suspecte".''

La garde bourgeoise tente d'enrayer le pillage du lazaret. Les conseillers Ponton, Ledig et Oberlé se rendent sur les lieux munis de bâtons. Une mêlée s'ensuit. Les conseillers Ponton et Ledig sont blessés, mais ils mettent les voleurs en déroute et placent ce qui reste de vivres sous la garde de la ville.

Suit le pillage d'un autre dépôt d'approvisionnement, situé près de la gare. Mieux vaut, disent les soldats, que la population profite de ces approvisionnements plutôt que de les laisser aux Français. Ils organisent donc la vente, qui dure toute la journée et la nuit à des prix défiant toute concurrence. La municipalité ne s'aperçoit du problème qu'avec retard car elle ne connaissait pas ce dépôt, protégé par le secret militaire.

L'affaire aurait pu se terminer très mal, car, le 13 novembre, le Conseil des soldats envoie un émissaire au Conseil municipal. Il tient la ville pour responsable du pillage du dépôt de la gare, et présente le décompte des pertes : viande, cornichons, légumes, charbon, matériel de boucherie, foin et autres, le tout pour 31 977 marks, montant que la ville est sommée de payer au Conseil des soldats sous 24 heures, sous peine que huit personnalités de Barr soient arrêtées et tuées.

La menace était sérieuse : le lendemain 14, il se présente bien une délégation bi-partite composée de mutins du Conseil des soldats et de magistrats du tribunal militaire. Une association aussi surréaliste pourrait faire sourire, mais les Barrois n'y songent pas : les mutins sont excités, et le tribunal militaire a la condamnation à mort facile.

On s'explique. Les conseillers municipaux font valoir qu'ils ne connaissaient même pas l'existence du dépôt de vivres de la gare, secret militaire ! Ils ne peuvent dont en être tenus responsables. Ils mettent aussi sur le tapis tous les vols commis par les soldats, ceux des derniers jours et aussi les vols de raisins dans les champs auparavant.

Le magistrat représentant le tribunal militaire se laisse convaincre par l'argumentation de la ville, et l'affaire en reste là.

L'ordre revient avec l'entrée des Français dans la ville. Elle est fêtée dignement : drapeaux français cousus la nuit en toute hâte, illuminations, retraite aux flambeaux le 24 juin ; feux de joie sur la montagne le 28 ; feux de joie et illumination du château d'Andlau le 14 juillet. Revue militaire le 30.

Les habitants allemands de Barr quittent la ville pour l'Allemagne.

La situation économique reste mauvaise, et de graves mouvements sociaux ébranlent Barr durant toute l'année 1919. La grève commence aux usines Moïse et se termine en grève générale quasi-insurrectionnelle sur le modèle de ce qui se passe au même moment en Allemagne.

Seconde guerre mondiale

Dans Barr annexé

1940-1944 : l'Alsace est annexée (dont Barr); le sinistre Camp de concentration du Struthof est à deux pas , sur le territoire de Natzviller

L'activité de résistance est importante à Barr, même s'il est bien évident qu'elle ne prend pas la forme d'unités de type classique menant des batailles rangées. Dans le contexte, les activités les plus utiles stratégiquement tournaient autour des idées de renseignement, refus d'incorporation, aide à l'évasion.

Citons  :

  • refus d'incorporation dans l'armée allemande  : près de 400 déserteurs recensés officiellement dans le secteur de Barr ; c'était très dangereux ; les jeunes réfractaires riquaient de se retrouver au Struthof, et il y avait même des représailles sur les familles ; Raymond Reihle, déserteur de la S S, en cite quelques uns dans la revue La Cigogne de 1946
  • réseaux servant à accueillir, cacher, faire passer en France ces déserteurs ainsi que des prisonniers évadés d'Allemagne ; organisés autour de la ferme-auberge du Landsberg (ancienne maison forestière ; mot de passe à l'entrée : "Je viens vous dire le bonjour de René")  ; les chemins d'évasion passant à proximité du Struthof, ces courageux passeurs savaient parfaitement ce qui les attendait en cas de capture ;
  • certificats médicaux de complaisance pour éviter l'incorporation ; et même, toujours dans ce but, inoculation de maladies contagieuses
  • engagement sous l'uniforme français (début de la guerre)lorsqu'il est matériellement possible de rejoindre la France
  • unités de combat classique (fin de la guerre) : les F F I barroises se constituèrent lorsque cela commença à présenter un intérêt stratégique, c'est à dire pour prêter main forte aux combats de la libération

Combats de la libération

  • 23 novembre 1944 : libération de Strasbourg ; bombardements américains sur Barr.
  • 24-29 novembre 1944 : libération de Barr par la 7ème armée américaine ; combats assez violents, relatés dans "Barr, de victoire en victoire" ;
  • 24 novembre 1944 : les troupes de Leclerc, plus des Américains (unités appartenant à la 7ème armée américaine, Général Patch ; à la 14e DB ; au 48ème bataillon de chars) libèrent Obernai (c'est tout près de Barr) qui sera leur QG lors des événements qui vont suivre.
  • Arrivée à Barr de soldats allemands battus et désorganisés ayant participé à la bataille de Strasbourg ; ils donnent l'impression de vouloir juste traverser pour continuer vers l'Allemagne ; évacuation apparente de Barr ; le 24 au soir les seuls Allemands restant semblent être une section sanitaire et quelques transmetteurs.
  • 25/11 : RAS sur Barr apparemment, mais on saura par la suite que le commandement allemand a décidé de tenir Barr coûte que coûte (Barr considéré comme un verrou pour protéger Sélestat).
  • 26/11 : RAS jusque 22 heures.
  • 26/11 vers 22 heures : arrivée à Barr d'un détachement de la 106ème brigade allemande de chars ; arrivée en gare de Barr du Sturmbataillon Bittermann, une unité fanatisée dont l'équipement comprend un char Tigre et plusieurs canons.
  • nuit du 26 au 27 : les Allemands entrent à grands coups de pied et de crosses dans les maisons et disent au habitants de rester dans les caves et de laisser les maisons accessibles.
  • 27/11 : vu de Barr : rues vides patrouillées par le char Tigre ; vu côté alliés : les Américains engagent la bataille à partir d'Obernai ; une colonne de chars américains traverse Goxwiller et arrive à Gertwiller ; forte résistance des Allemands basés à Barr ; Gertwiller à feu et à sang ; la colonne alliée ne peut passer et se replie sur Obernai ; arrivée des blessés de Gertwiller à Barr où ils sont soignés (aucune installation sanitaire plus près du front).
  • 28/11 : nouvelle tentative alliée contre Barr , cette fois ci à partir de Bernardwillé et de Heiligenstein ; matinée relativement calme vue de Barr ; l'après midi, le 48ème bataillon (américain ; Lieutenant-Colonel Ferris) se heurte à un premier barrage anti chars rue du Dr Sultzer, à l'entrée de Barr en provenance de Heiligenstein. Combats très violents à Barr ; Américains pris par surprise (la concentration de troupes allemandes à Barr était inattendue) ; barrages antichars et snipers sur les toits ; incendies ; Barr libérée à 16 heures par des unités de la 103ème division d'infanterie américaine. Bilan : côté Américains : 80 tués ; côté Allemand : 10 corps laissés à Barr, autres morts probables ; côtés civils, neuf morts, dont M. Baumert et sa fille Henriette.
  • 28 11 au soir : arrivé à l' Etat Major américain du message codé n° 17 723 "Town Barr taken this afternoon 16 00 pm by 1-2-7 Inf Btls and 7th CC of 103rd I D - out."

Victimes barroises

Comme nous l'avons vu, les combats de la libération ont fait neuf victimes civiles barroises.

En outre, de nombreux jeunes gens sont morts ou ont été portés disparus sous l'uniforme, parfois français mais en général allemand puisque l'Alsace était annexée et que les jeunes gens étaient incorporés de force dans l'armée allemande. La liste n'en est toujours pas établie de façon définitive à ce jour, car les Alsaciens étaient souvent envoyés sur le front de l'Est, et il était très difficile d'en retrouver la trace dans des endroits comme le camp de prisonniers russe de Tambow. Ce camp sinistre recevait des prisonniers alsaciens, soit qu'ils aient été réellement capturés, soit qu'ils aient tenté de déserter pour changer de camp et donc pour combattre l'Allemagne nazie, comme le montre ce récit.

En 1948, François Mitterrand, alors ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, fit éditer deux recueils de photographies de disparus du Bas Rhin victimes de la conscription allemande, mais les résultats ne vinrent que très lentement et parfois jamais. Des enregistrements de décès à l'Etat-civil se firent jusque dans les années 1960.

Les recherches de Régine et Philippe SCHULTZ (livre cité plus loin) leur ont permis d'établir une liste non exhaustive de 93 noms ; les lieux de décès se situent souvent en Europe de l'Est ; le camp de Tambow revient de nombreuses fois. La moyenne d'âge est de 25 ans, le plus jeune n'avait pas 18 ans.

Malgré-Nous

Prénom(s) NOM Naissance Décès Observations
Émile BANTZE 3 Décembre 1925 à Barr 19 Février 1997 Envoyé combattre en Italie où il sera blessé  
- - -  


^ Sommaire

La population et les moeurs

Mobilité marchande

Ville de foires et marché, Barr a une vieille tradition de mobilité marchande : même l'agriculture est au service du commerce, puisque l'on cultive la vigne. D'où une grande mobilité de la population. Au fil des registres paroissiaux, l'on trouvera des mentions de villes très éloignées ... ainsi que de villes impossibles à identifier (peut-être que, parfois, c'était pratique ...). Dans les exemples suivants (tirés des archives notariales), on remarquera l'éloignement de certaines villes, et le fait que les échanges commerciaux ont lieu aussi avec des personnes venant de villes catholiques. La barrière de la langue n'est pas non plus infranchissable.

  • 1602 : Frédéric Keyser, coupeur de drap et tisseur de laine à Barr, enseigne son métier à Jean-Henri Ehinger, de Bâle (Suisse)
  • 1608 : Frédéric Keyser reconnaît une dette laissée par + son frère pour de la laine ; dette envers des négociants de Francfort ; sera payée en plusieurs fois aux foires bisannuelles de Francfort et de Strasbourg
  • 1614 : Jean Dietz et Jean Schneider, pelletiers à Barr, doivent de l'argent à des marchands de Cologne ; payable à la Foire de Saint Jean à Strasbourg
  • 1614 : Sébastien Herder, sellier à Barr, va enseigner son métier au petit Thomas Reichardt, d'Obernai, pendant 3 ans
  • 1615 : Anne Schweickhardt, de Barr, est la veuve de Daniel Heydwolff, "Weydmann" de l'évêque de Spire
  • 1613 : Paul Pfeffer, boulanger à domicile à Barr, apprend le métier à Jean Hanff, d'Elbstatt en Franconie
  • 1612 : Nicolas Vulpin, de Baccarat, et Sebastien Kaw, prendront en pension Bastien, fils de Nicolas Raussien (Rousseau ?) , maitre d'œuvre à Saint Nicolas de Port (Meurthe et Moselle) ; l'enfant ira deux ans à l'école et aidera à tous travaux de maison la troisème année
  • 1613 : Jacques Ruland, fabricant de pâtés à Barr, prend un apprenti de Saint Quirin (ville kto)
  • 1612 : Mathis Wolffer, aubergiste à Strasbourg, achête une vigne à Barr
  • 1615 : Christmann Rottler, de Rottenburg am Neckar, doit de l'argent à Jacques Zappf pour du vin

L'auberge

L'auberge est au cœur du système économique barrois, lequel est centré autour du marché hebdomadaire et de la foire bisannuelle. L'auberge permet de loger acheteurs et vendeurs. Elle donne du travail à toutes sortes de métiers périphériques (bouchers, vignerons, tonneliers, et même tanneurs : ceux-ci débarassent la carcasse du boeuf qui a été mangé à l'auberge et se paient en récupérant la peau).

L'auberge tient même lieu une fois ou deux de temple pour célébrer des mariages en toute discrétion.

Quelques enseignes : le Brochet ; la Clé ; les Deux Clés (rien à voir avec les Deux Clés de Rothau) ; le Bœuf ; le Jambe de Bœuf ; le Paysan Bleu ; l'Aigle ; le Tilleul ; le Lys ; l'Etoile ; la Rose ; le Cerf ; après la révolution : la Patrie

Mariage et naissances hors mariage

Ville de foire et de marché, Barr se caractérise par des mœurs assez libres. Les naissances hors mariage sont une caractéristique de sa démographie à toutes les époques. Le pasteur les signale dans les registres dans des termes qui laissent deviner quel était le regard de la société barroise sur de tels mariages.

  • 11 5 1561 : x entre Claus von Anweyler et Maria Obach; "Cette Maria a eu un enfant avec un garçon d'Andlau. Cet enfant vit avec le père après qu'elle soit allée avec ce Claus à l'église."
  • 28 10 1561 : x entre Mathis Stohl et Anne Margreth Beyer; "Ils étaient déjà ensemble depuis 10 ans et ils ont élevé quatre enfants"
  • 3 8 1617 : x entre Jacob Speckel et Anna Meyss; "Ont pêché avant le mariage mais n'ont pas eu d'enfant "; comparution devant le pasteur et les conseillers d'Eglise; promesse de mieux se tenir.
  • 31 8 1617 : x entre Jacob Zappf, meunier, et Maria NN, veuve de Hans Roth; "Ce Jacob Zappf et cette Maria ont un long temps vécu ensemble avant le mariage, et avant que son mari Hans Roth soit décédé, elle a été engrossée par lui. Et, lorsqu'elle arriva à terme, il l'a emmenée chez lui dans la pièce du haut. Elle a accouché de son enfant en présence d'une sage femme de Strasbourg et de sa sœur, et le lendemain, elle s'est fait conduire à Illkirch et l'a fait baptiser. Sur ce, il a laissé sa propre femme, dénommée Barbara, qui dépérissait dans la chambre du bas d'un œdème pulmonaire et s'est peu soucié d'elle. Sur ce, elle est aussi décédée huit jours après. Deux semaines plus tard, tout cela a été connu et il a été puni de 400 livres par les membres du tribunal. Il l'a ensuite conduite à l'église."
  • 2 3 1617 : x Bläss Widmann et Maria Dräher : remarques du pasteur : "Ces deux personnes, comme on le voit dans le registre des baptêmes n° 54 de l'an 1616, ont vécu dans leur service dans la honte et la fornication et ont eu ensemble un enfant illégitime. Avant la première proclamation, ils ont été conduits devant moi et ont présenté leur cas devant les trois conseillers d'église assermentés, et on leur a recommandé de s'améliorer."
  • 8 1 1621 : x entre Hans Gunni et Irmée Bernhardt : concerne deux serviteurs chez M. Thomas Schober, aubergiste au Brochet; amende pécuniaire, promesse de s'amender, ce qui est indiqué lors de la deuxième proclamation; la communauté apprend donc à la fois la faute et la promesse de mieux se tenir
  • 24 3 1623 : x entre Clado Görg et Margreth Wunnig : enfermement de l'homme dans la tour + leçon de morale aux deux
  • 16 1 1625 : x entre Paulus Weydner et Maria Zimmermann : la femme est semble-t-il enceinte d'un autre et se marie sans couronne; pour ne pas empêcher le mariage (??? Paulus ne s'est-il donc aperçu de rien ???) le pasteur ne dit rien et garde ses remarques pour son registre
  • 29 6 1629 : x entre Stepahn Keyser et Apolonia Arnoldt; enfermement des deux dans la tour + leçon de morale
  • 31 5 1630 : x entre Carl Reisinger, soldat, et Sara Linck, originaire de « Kalben, Wurtemberg » (??? Ville non identifiée); "Ils se sont fiancés à Kalben où il était incorporé, mais le régiment a été déplacé à l'improviste à Colmar; aussi sont-ils venus à Barr pour ne pas être bénis "päplisch" ("papistement"); le pasteur ne s'interroge pas davantage sur cette jeune fille qui arrive seule du Würtemberg dans les bagages du régiment de son futur; manifestement, en prétendant vouloir éviter un mariage catholique, on lui faisait avaler beaucoup de couleuvres.
  • 11 3 1647 : x entre Benedict Mathis, d'Epfig, et Anna Maria Steurnabel, de Wissembourg; elle est enceinte; mariage en toute discrétion "pour légitimer l'enfant"; aucune sanction ni aucune proclamation publique de la faute; promesse de bien se tenir; petit détail : le marié est probablement catholique, puisqu'il vient d'Epfig; en revanche Wissembourg est protestante
  • 16 7 1649 : x entre Adam Wedelstätt, originaire de "Friedenland (probablement Friedland) aus Preussen", et Elizabeth Scheüler, originaire de "Marpurg" (observation : il existe plusieurs Marburg, dont un en Prusse)  : mariage en grand secret dans la boucherie de Matthis Wolff
  • 3 3 1650, x entre Cornelius Davis, trompette, originaire d'Armheim en Hollande et Marie Salomé Ballern; mariage discret au Brochet à deux heures de l'après midi, sans proclamations, après leçon de morale, en présence des 4 enfants du couple
  • 27 5 1662 : x entre Görg Heller, journalier, « calviniste », originaire de Bruck, Canton de Berne, Suisse, et Susanna Muller de Sélestat; emprisonnement et sermon devant toute l'assemblée
  • 30 11 1668 : x entre Johan Gundelwein, compagnon pottier, originaire de Kutterich (Rinckau Mainz) et Maria Munsch, de Mittelbergheim ; "Le marié s'est converti de la religion catholique à la nôtre; ils ont vécu ensemble avant le mariage". Pas d'autre sanction que cette mention au registre.
  • 30 01 1670 : x Thomas Braun et Ursula Herbst; " mardi après le sermon, comme l'auditoire est resté rassemblé, après impulsion et avertissement depuis la chaire, ce garçon qui a mal tourné, voyou, méchant, et qui n'a jamais voulu accepter qu'on lui parle de s'améliorer, un couple de mœurs légères qui a vécu une longue période ensemble hors mariage et a voulu passer à travers le tirage au sort des compagnons, conduits par trois chargeurs de vin depuis la tour de l'église, placés devant l'autel, et, après le chant de deux versets du psaume 130, et lecture de deux formulaires prescrits, unis par M. Schaller. La présentation devant les deux conseillers d'église, n'ayant pu avoir lieu jusqu'à présent, a suivi".
  • 25 5 1672, x entre Philip Hauser, ancien responsable de l'Eglise, et Barbara Lindenlaub, servante à Heiligenstein; mariage ordonné par M l'Amptmann; cérémonie discrète à 7 heures du matin; pas de sanction ni d'humiliation publique
  • 15 11 1681 : x entre Georg Christ et Ursula Eckhardt : conduits depuis la prison à l'église par les chargeurs de vin et les veilleurs, elle affublée d'une couronne de paille
  • 19 1 1683 : le pasteur note, à propos du mariage de Anna Maria Spormeyer : "Cette peck honteuse s'est commise dans la cour de l'église où campaient les Français …"; il semblerait donc que les troupes catholiques aient transformé l'église protestante en … bon vous avez compris !



Note :

A propos de la chapelle Sainte Anne dont les ruines sont encore visibles en dessous de château d’Andlau :

Sa construction remonte au XIIIe siècle. Elle fut un lieu de pèlerinage très visité durant tout le XIVe siècle. Un ermite y demeurait. A partir de l’introduction de la réforme on y installa un garde-chasse. Elle fut abandonnée au XVIIe siècle.

La ville cède en 1867, (avec Albé et Breitenbach) une partie de territoire qui deviendra Le Hohwald.

Patrimoine bâti

Église luthérienne

C.Angsthelm
Photo J-P GALICHON
  • La paroisse protestante de Barr remonte à l'introduction de la Réforme au milieu du XVIe siècle par les seigneurs du lieu. Peu après la seigneurie est vendue à la ville de Strasbourg, république libre protestante, ce qui consolide la Réforme dans cette enclave en terre catholique. L'annexion de Strasbourg à la couronne de France entraîne après 1683 l'introduction du simultaneum dans la vieille église Saint Martin.
  • L'église médiévale était entourée d'un cimetière fortifié, refuge pour la population avant la construction des fortifications de la ville. L'ancien bâtiment devenu insalubre est démoli en 1851. La nef actuelle a été réalisée de 1850 à 1852 par l'architecte de l'arrondissement Antoine Ringelsen qui se charge de bâtir une vaste église en intégrant l'ancien clocher roman. La disposition générale est celle d'un édifice de plan centré, particulièrement adapté au culte réformé, d'un style néo-renaissance, des vastes tribunes entourant sur trois côtés l'axe liturgique de la chaire.
  • L'orgue de Joseph Stiehr-Mockers de 43 jeux date de 1852, constitue le plus grand instrument construit par ce célèbre facteur de Seltz. (Partie instrumentale classée Monument Historique le 19/05/1972[1]  ; le buffet classé Monument Historique le 28/06/1974[2]). Pour construire son orgue, Joseph Stiehr garda 8 jeux de l'orgue précédent de Silbermann (1739) pour les inclure dans son nouvel orgue.
  • A la sacristie, sont conservés un autel et la chaire du XVIIe siècle du précédent édifice.
  • Sous le clocher, des monuments funéraires dont celui du Chevalier Wepfermann, seigneur de Barr au XIVe siècle, et Nicolas Ziegler au XVIe siècle.


Église catholique Saint Martin

  • Un précédent bâtiment de Barr daté de 1816 a été transformé en église en 1826. Les plans ont été élaborés par l'architecte Reiner.
  • Durant la seconde guerre mondiale, l'édifice religieux subit d'importants dommages. Des travaux ont débuté en 1952. Il se compose d'une nef avec étage de soubassement, un chœur et un clocher. Le toit à longs pans se termine par une flèche polygonale.


Hôtel de Ville

  • Ce bâtiment se dresse à l'emplacement de l'ancien château fort de Barr, appelé Wepfermannsburg, car le chevalier Wepfermann, originaire d'Obernai y vivait. Le château avait été érigé au XIIIe siècle et détruit selon la légende plusieurs fois par le diable et quatre fois par incendie. Les Armagnacs y mirent le feu en août 1444, les troupes du cardinal de Lorraine brûlèrent ville et château le 22 août 1592. Pendant la guerre de Trente Ans les troupes impériales du régiment d'Harancourt incendièrent pressoirs, caves dimières et toiture en janvier 1632. Et le 28 novembre 1944 un quatrième embrasement a eu lieu lors des combats pour la libération.
  • La maison actuelle, bâtie de 1640 à 1641, servi de résidence au bailli, représentant la ville de Strasbourg, à laquelle les Seigneurs Zeigler avaient vendu la seigneurie en 1566 et 1568.
  • A la Révolution, le Maire Jean Jacques Dietz se porte acquéreur du château vendu par la ville de Strasbourg le 19 juillet 1791. Depuis cette date la demeure du bailli est devenue la Maison commune, la Mairie, puis l'Hôtel de Ville.
  • Dans la cour, un imposant escalier à double volée aboutit à un perron Renaissance, surmonté d'un auvent soutenu par deux colonnes ioniennes. Les administrateurs de Strasbourg faisaient leur déclaration lors de l'entrée en fonction du bailli : en montant d'un côté de l'escalier pour redescendre de l'autre, les bourgeois se présentaient à lui, le saluaient et promettaient fidélité et obéissance.
  • Sous l'escalier s'ouvre la porte de la cave dimière, aujourd'hui salle de réception de la Ville.


Repères géographiques

Petite ville sur les contreforts du massif des Vosges au pied du Mont Saint-Odile, située au débouché de la Vallée Saint-Ulrich et au pied des collines du Kirchberg et de l'Altenberg, Barr doit sa prospérité à sa forêt (1 589 ha de forêts), à la vigne. La ville est située à 30 km de Strasbourg et à 8 km au sud d'Obernai.

La commune est traversée par la Kirneck, affluent de l'Andlau et sous-affluent de l'Ill.

Démographie

Année 1793 1800 1806 1820 1831 1836 1841 1846 1851 1856
Population 3 771 3 996 4 143 4 091 4 324 4 521 4 095 4 185 4 345 4 737
Année 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906
Population 4 877 5 082 5 655 5 945 5 857 5 646 5 678 5 576 5 243 5 022
Année 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975
Population 4 934 4 176 4 185 4 278 4 389 4 430 4 322 4 207 4 268 4 157
Année 1982 1990 1999 2006 2011 2016 2021 - - -
Population 4 511 4 839 5 892 6 599 6 971 7 215 - - - -

Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.

Cf. : EHESS - Fiche Cassini, INSEE 2006, 2011 & 2015 & 2016.

En photos

Notables

Les maires

Prénom(s) NOM Mandat Observations
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Jacques DIETZ 1815 - 1839 Maire pendant les Cent Jours
Né le 19 septembre 1769 à Sélestat, décédé le 03 septembre 1839
Chevalier de la Légion d'honneur  
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- -  
Richard DIETZ 1881 - 1896  
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- -  
Frédéric HECKER 1912 - 1920 (1861-1920) - Docteur[3]  
- -  
Paul Jules DEGERMANN 1935 - 1961 Voir paragraphe "Les titulaires de la Légion d'Honneur" - Décès[4]  
Marcel KRIEG 1983 - 1989 Docteur  
Michel SCHWANGER 1989 - 1995  
Gilbert SCHOLLY 1995 - (2020)  

Cf. : MairesGenWeb

Les notaires

Prénom(s) NOM Période Observations
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- -  

Les instituteurs

Prénom(s) NOM Période Observations
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Les curés

Prénom(s) NOM Période Observations
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Antoine YERT avant 1794 Né vers 1722, décédé le 5 floréal An II en la maison de réclusion de Champlitte  
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Jean Jacques BANNWARTH 1802 - 1812 Né vers 1752 à Châtenois, décédé à Barr le 19/04/1812.
Fils de Martin BANNWARTH, vigneron à Châtenois, et de Elisabeth GOLDSTEIN.  
Joseph SIFFRID 1812 - 1813 Il exerce à Strasbourg Saint-Pierre-le-Jeune, puis à Barr, puis à Souffelweyersheim, puis à Reichstett, puis à Benfeld.  
Jean DIETRICH 1813 - 1813 Il décède en 1813.  
Paul SCHWAB 1813 - 1825 Il exerce à Limersheim, puis à Plobsheim, puis à Barr, puis à Rhinau.  
Georges AMON 1825 - 1827 Il exerce à Strasbourg - Saint-Pierre-le-Vieux, puis à Wiwersheim, puis à Bernolsheim, puis à Bindernheim, puis à Barr, puis à Mittelschaeffolsheim.
Il décède en 1828.  
Nicolas ECK 1827 - 1864 Né à Obernai vers 1795, décédé à Barr le 01/08/1864.
Fils de Nicolas ECK et de Thérèse SPITZ.  
Jacques CROMER 1864 - 1873  
Nicolas STEINMETZ 1873 - 1889  
Ernest WERNET 1889 - 1896  
Antoine WEBER 1896 - 1898 Décédé en 1926  
Auguste LUX 1898 -  
Victor RECH 1916 -  
Ernest VOGEL 1918 -  
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Les autres personnalités

  • Jean-Jacques BOSSERT : Ingénieur conseil, Conseiller municipal de 1959 à 1962, adjoint au maire de 1962 à 1971.
Né vers 1927, décédé le 22 novembre 2015.
  • Famille DEGERMANN (d'AIGREMONT à l'origine) : propriétaires de l'usine de tannerie encore en fonction.
Généalogie sur Généanet : site de Christian Chaplin et site de Ralf Pixa et site d' Hervé Fullenwarth.
Outre son rôle économique, cette très ancienne famille a vécu toute l'histoire de Barr, a tenu un temps le Brochet et a subi les brigandages de Diebolt Hazard, alias Der Schirmecker Diebolt, un bandit de grand chemin qui opérait à partir de Rothau à l'époque de la Guerre de Trente Ans . Voir photo de la maison de la famille DEGERMANN rue du Collège.
  • Ernest LEININGER : conseiller municipal (1971-1989).
    Né vers 1929, décédé le 10/04/2018. Le culte d'adieu a eu lieu en l'église prostestante de Barr le 124/04/2018.
    Source : Faire-part de décès - Dernières Nouvelles d'Alsace.
  • Autres familles ayant joué un rôle important dans la vie économique de Barr : BOSSERT, BRENNER, DIETZ, HERING, SCHMIDT, SIMON, TAUFFLIEB,


Les titulaires de la Légion d'honneur

Article détaillé : Barr - Légion d'honneur

Les titulaires de la médaille de Saint Hélène

La médaille de Sainte Hélène, créée par Napoléon III, récompense les 405000 soldats encore vivants en 1857, qui ont combattu aux côtés de Napoléon 1er pendant les guerres de 1792-1815.

Prénom(s) NOM Naissance Décès Observations
Jean BLIND 10 décembre 1794 - 1er Bataillon du train de campagne
Période : 1813 - 1815
Réside à Colmar (Haut-Rhin)  
Daniel ECKHARDT 08 février 1794 - 2e régiment de tirailleurs de la garde
Période : 1813 - 1816
Réside à Saint-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin)  
Joseph Henri HEYWANG 17 janvier 1791 - 17e régiment de dragons
Période : 1813 - 1815
Réside à Saint-Amarin (Haut-Rhin)  
Philippe Daniel SPAETH 15 décembre 1794 - 8e bataillon du train d'artillerie
Période : 1813 - 1814
Réside à Colmar (Haut-Rhin)  
Chrétien BRENNER 20 février 1793 - Période : 1811 - 1815  

Source : Les médaillés de Sainte-Hélène

Monument aux morts

Article détaillé : Barr - Morts aux guerres

Émigration

Émigration en Algérie

Article détaillé : Barr - Emigration en Algérie

Ressources généalogiques

Dépouillements d'archives

Documents numérisés

>> Voir la liste complète sur Geneanet

Cimetières

Informations pratiques

Horaires d'ouverture de la mairie

Les informations ci-dessous sont données à titre indicatif et ne saurait remplacer un contact direct avec la mairie pour les connaître.

Horaires Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
Matin 08h00 - 12h00 08h00 - 12h00 08h00 - 12h00 08h00 - 12h00 08h00 - 12h00 - -
Après-midi 14h00 - 17h30 14h00 - 17h30 14h00 - 17h30 14h00 - 17h30 14h00 - 16h30 - -

Mairie
Adresse : 1, Place de l'Hôtel de Ville - 67140 BARR

Tél : 03 88 58 52 22 - Fax : 03 88 58 52 20

Courriel : Contact

Site internet : Site Officiel

GPS : -° / -° (GoogleMaps) ou Cassini / Satellite / IGN / Cadastre (Géoportail)

Commentaire :

Source : http://www.annuaire-mairie.fr ()

Dépouillements des registres paroissiaux et d'état civil

Barr (Bas-Rhin), paroisse protestante ; Baptèmes 1569-1585, Mariages 1559-1585 ; par le Cercle Généalogique d'Alsace (Renée et Raymond Schneider), 5 rue Fischart 67000 Strasbourg [1].

Actes de mariage de Barr (Bas-Rhin) ; paroisse protestante 1615-1792 ; mêmes auteurs.

Barr, paroisse protestante, baptêmes ; mêmes auteurs ; cinq tomes, le premier commençant en 1615, le dernier finissant en 1792.

Ces dépouillements forment un ensemble remarquable ; la transcription in-extenso et les nombreuses remarques des pasteurs brossent un tableau plein de relief de la vie de cette petite ville.

Archives notariales

Données pour la période 1588-1615 :

En annexe du relevé précité (Baptèmes 1569-1585, Mariages 1559-1585), figurent des "Extraits généalogiques du notariat ancien de Barr"; il s'agit, réalisées par Christian Wolff (ancien conservateur des Archives du Bas-Rhin, secrétaire et vice-Président du Cercle généalogique d'Alsace), d'extraction de données généalogiques figurant dans des actes notariés, les premiers de 1588, les derniers de 1615.

Patronymes

Remarques

  • Administrée par l'Allemagne : 1871-1918

Bibliographie

  • Août 1914 à Barr; par le Dr Friedrich HECKER, cote M 501 164 au catalogue de la BNU
  • Die Herrschaft Barr, par le Dr Friedrich HECKER, cote M 147 542 au catalogue de la BNU
  • Barr sous la monarchie de juillet et le second Empire, par Anne-Marie Hickel, annuaire de la société d'histoire et d'archéologie de Dambach la Ville, Bar, Obernai, 2000 et 2001
  • Barr, de victoire en victoire, par Régine et Philippe Schultz, dépot légal octobre 1995 ; nombreuses illustrations ; contient la liste (avec de nombreuses photographies) de 93 jeunes Barrois morts ou portés disparus durant la seconde guerre mondiale (liste non exhaustive car les travaux de recherche des auteurs n'ont pas permis de résoudre tous les cas) ; cote M 45 755 au catalogue de la BNU
  • Un incident à Barr en novembre 1918, par Marcel KRIEG, annuaire de la société d'histoire et d'archéologie de Dambach la Ville, Bar, Obernai, 2002
  • La vie quotidienne à Barr notée au jour le jour par les Barrois, par Anne Marie Hickel, annuaire de la société d'histoire et d'archéologie de Dambach la Ville, Bar, Obernai, 1999
  • Conflit à propos d'une église, par Marcel Krieg, annuaire de la société d'histoire et d'archéologie de Dambach la Ville, Bar, Obernai, 1998
  • Les aménagements de la Kirneck, par Marcel Krieg, annuaire de la société d'histoire et d'archéologie de Dambach la Ville, Bar, Obernai, 2002
  • Aller à l'école à Barr autrefois, par Anne Marie Hickel, annuaire de la société d'histoire et d'archéologie de Dambach la Ville, Bar, Obernai, 1998

Voir aussi (sur Geneawiki)

Liens utiles (externes)

Notes et références


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