S'il faut en croire un ouvrage écrit en 1646 par le père Nicolas POTTIER, prêtre montois, et intitulé « La noblesse, sainte et royale de saint Walbert et de sainte Bertille », Colleret existait déjà au VIe siècle et faisait partie du domaine de ce puissant seigneur.
En 663, sainte Aldegonde légua par testament Colleret à son monastère, aussi le chapitre de Maubeuge en eut-il de tous temps la seigneurie féodale et y exerça dans toute leur plénitude les droits seigneuriaux. Colleret était compris dans la prévôté de Maubeuge. Le prévôt de Maubeuge était le gouverneur de la ville et l'administrateur de la justice, nommé par le comte du HAINAUT ; il était son représentant dans tout le ressort de sa prévôté ; il devait, avant d'entrer en fonction (comme le comte et le grand bailli du HAINAUT) prêter serment entre les mains du mayeur héréditaire de la ville et devant le grand autel de l'église de sainte Aldegonde. Maubeuge avait aussi son gouverneur militaire qui assurait la sécurité des villages voisins. En 1340, WALLERANS, sire de FAUQUEMONT (lieu-dit de Colleret) tenait ce poste.
À cette époque ("barbare" dixit Z. PIERART), où la force seule constituait souvent le droit, les abbayes de femmes ne pouvaient exercer leurs droits féodaux et conserver leurs biens qu'à l'aide de la protection de quelques puissants seigneurs qui, sous le nom d'avoué ou vidame, assuraient leur repos et défendaient leurs intérêts. Cette espèce de tutelle était payée par un don ou une redevance à laquelle on donnait le nom d'avouerie. Le comte du HAINAUT était "l'homme" du chapitre à Colleret. Dans les registres des comptes, on voit que la plupart des revenus sont partagés par moitié entre le comte du HAINAUT et le chapitre.
Les droits seigneuriaux du chapitre de Colleret étaient :
- haute, moyenne et basse justice : les chapitres avait ces droits dans six villages de la prévôté de Maubeuge dont Colleret. La justice du chapitre a un auditoire et un greffe, une prison qui consistait en un caveau éclairé par une petite fenêtre donnant sur la rue (l'établissement des chanoinesses de Colleret disposait de sa propre prison).
- morte main ou meilleur Cattel (meuble) : à la mort du chef de famille, le chapitre pouvait prendre le meilleur meuble qui se trouvait dans la maison. On trouve à ce sujet des notes curieuses : « En 1411, Colart DEL'MOTTE, pour une guéniche (génisse) vendue à la ferme - 14 sous - pour le comte du Hainaut et autant pour le chapitre ». Ce droit qui était devenu odieux aux populations et dont l'exercice suscitait toute sorte d'embarras au chapitre fut, dès le commencement du XVIIIe siècle racheté par les communautés moyennant une redevance annuelle.
- rentes et argent : la plupart de ces rentes étaient assises sur des biens ayant autrefois appartenus au chapitre et que ce dernier avait cédés aux habitants de Colleret pour les mettre en culture ou pour y construire des habitations.
- la banalité : était un droit d'un seigneur de Colleret d'avoir un moulin, un pressoir, une brasserie (qui se situait sur l'emplacement actuel de la maison n° 15 rue Pierre et Marie Curie), un four, un taureau banal et de contraindre ses vassaux moyennant paiement à y moudre leurs grains, à y faire leurs boissons, à y cuire leur pain, à y mener leurs vaches.
- les dimes (essentiellement sur les récoltes) : les propriétaires assujettis à ce droit doivent au chapitre une redevance annuelle par journée.
Le chapitre était tenu de l'entretien du chœur et des cloches de l'église de Colleret. Le chapitre nommait comme mayeur et échevins qui il voulait, il désignait des individus pour ce devoir et ceux-ci pouvaient être étrangers à la localité. C'est ainsi que six bourgeois de Maubeuge sont, dans un acte, échevins de Colleret.
Le chapitre avait des sergents des bois, ils portaient un chapeau galonné d'argent, un habit et un manteau. Il leur était en outre attribué une partie des amendes et des droits de pennage (paisson des bêtes dans les bois de Colleret).
Le chapitre de Maubeuge possédait donc à Colleret la majeure partie du territoire sur lequel il exploitait deux grandes fermes; celle de FAUQUEMONT (sur la route de COUSOLRE) et surtout la CASDEL'COURS (Cour Sainte ALDEGONDE, rue des Chanoinesses).
Toponymie
-1349 : COLLERETH, pouillé de Cambrai
documents divers : COLUERECH (Jacques de Guise, Histoire du Hainaut), COLRET, COLLERECHT