La situation de Deneuvre sur un éperon rocheux constituant une position stratégique est sans doute à l'origine de son peuplement par les Gaulois, plus particulièrement les Leuques[1] qui occupaient la partie méridionale de la Lorraine, notamment Toul. Les Romains font leur apparition en 58 avant J.C. Ils développent les axes de communication et transforment la cité en « un "vicus", c'est à dire un bourg idéalement situé au carrefour de plusieurs voies importantes »[2]. Après la Pax Romana, ils établissent une garnison et construisent la tour du Bacha, un des vestiges gallo-romains les mieux conservés de l'Est de la France. Enfin, au milieu du IIe siècle, ils édifient le grand sanctuaire des Sources d'Hercule, sur une surface de 400 m2.
Vers l'an 375, lors de la christianisation, le sanctuaire est détruit (sources bouchées et statues mutilées) et la végétation finira par engloutir le site. Au Ve siècle, la cité décline.
Période médiévale
Deneuvre dominant la vallée de la Meurthe, les évêques de Metz y font construire un château-fort au Xe siècle pour lutter contre les invasions hongroises. Il en subsiste la poterne Saint-Nicolas, qui a été surmontée d'une statue du saint en 1147, ainsi que des remparts : les mieux conservés sont les remparts côté Est, renforcés au XIVe siècle lors de l'agrandissement du château.
Époques modernes et contemporaines
Lors de la guerre de Trente ans, les pillages entraînent la disparition de 90% des habitants. La forteresse est prise par l'armée française et démantelée au XVIIe siècle sur ordre de Louis XIII.
Au siècle suivant, le village retrouve vie grâce au retour des ducs de Lorraine, mais il perd de son importance à cause du développement spectaculaire de Baccarat, dû à l'essor de sa cristallerie.
Lors de la Grande guerre, des maisons sont incendiées, mais l'occupation ne dure pas, et la commune servira de lieu de repos pour les soldats. En 1940, Deneuvre est à nouveau envahie : elle sera libérée en novembre 1944 par la 2e division blindée.
Héraldique
Blason de la ville
« De gueules à deux saumons adossés d'argent au chef de même chargé d'un écu d'azur mis en cœur à une fleur de lys d'or ».
Les deux saumons correspondent aux armes de la maison de Blâmont.
En 1470, Louis XI autorise Olry de Blâmont, en guise de récompense, à ajouter un écu d'azur avec une fleur de lys.
Toponymie
Le toponyme provient du celte "Danobriga" que l'on peut décomposer en "Dano", un nom de personne, et "Briga", signifiant le mont ou la montagne.
Ce sanctuaire dédié à Hercule et édifié vers l'an 150 « est le plus important sanctuaire consacré à Hercule jamais découvert en Gaule »[3]. S'étalant sur 400 m2, le site ne comportait à l'origine que quelques bassins et canalisations en bois. À la fin du IIe siècle, sa réputation attire de nombreux pèlerins venant y apporter des offrandes au Dieu en espérant que leur vœu sera exaucé. Pour cela, ils respectaient tout un rituel dont la première étape était de se purifier à la source. Les bassins en bois sont alors remplacés par d'autres en pierre, et protégés par des auvents. Des statues en grès à Voltzia sont élevées.
Le site est complètement détruit vers 375. Abandonné à la végétation, la forêt s'installe. Quand celle-ci est défrichée un demi-millénaire plus tard pour mettre la terre en culture, une couche d'argile se constitue, qui va protéger les vestiges enfouis et ignorés.
C'est en 1974 que le trésor est découvert, fortuitement, par un agriculteur faisant appel à un sourcier. Les fouilles durent jusqu'en 1986 et révèlent une centaine de statues d'Hercule, ainsi que des bassins et divers objets, dont certaines pièces sont uniques. Le musée, créé en 1996, « offre une reconstitution fidèle du site »[4].
Plan de situation
Bassin en pierre des années 180 - 195
Cippe votif
Statue d'Hercule au repos
Le château
C'est sous l'épiscopat d'Adalbéron (927-964) que la construction du château est décidée. La bourgade de Deneuvre est en effet intéressante par sa situation surélevée. Le plateau est alors entouré d'une muraille épaisse de 2,80m par endroits, accompagnée d'une tour carrée de deux étages dominant les différents logis. Dans l'enceinte se trouvait aussi l'habitation du châtelain, celle du seigneur, et une chapelle dédiée à saint Nicolas. Les accès se faisaient par deux portes : à l'Est, donnant sur la Meurthe, la porte Saint-Nicolas évoquée plus haut ; à l'ouest, la porte Saint-Siméon donnant sur la vallée de Rupt.
Autour du château de Deneuvre s'étendait une châtellenie sur une distance de 20 km environ. La forteresse a connu six sièges successifs et est devenue une ville-forte en 1342, jusqu'à son dernier siège, par les Français, en 1632.
L'église Saint-Rémy
Église Saint-Rémy
La construction de l'église commence en 1742, à la place de l'ancienne chapelle de château et en utilisant les pierres de celui-ci. Elle a servi d'église paroissiale non seulement pour Deneuvre mais aussi pour Baccarat jusqu'à la construction de l'église moderne (Saint-Rémy également) le long de la Meurthe.
C'est une église de type "grange", sans aucun pilier intérieur. Elle est surmontée d'une clocher-bulbe avec clocheton et est classée aux Monuments historiques depuis 1978[5].
Son mobilier intérieur est intéressant : les statues en pierre, du XVIe siècle, proviennent de l'ancienne église ; le maître-autel est en marbre ; l'orgue, lui aussi classé, date de 1704 ; et l'éclairage est prodigué par des lustres en cristal de Baccarat.
En 1755, sont rajoutés un presbytère et des dépendances.
Repères géographiques
Cette commune se trouve tout au sud du département de Meurthe-et-Moselle.
Son ban communal jouxte celui de Baccarat : les deux localités se confondent, à la différence près que la cité danubrienne est surélevée par rapport à Baccarat qui s'étend le long de la Meurthe.
Démographie
Année
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1851
1856
Population
510
473
579
625
685
900
1 009
1 020
1 058
1 008
Année
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
Population
1 082
…
1 068
1 021
949
1 025
965
909
925
820
Année
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1975
Population
836
675
704
632
591
531
514
506
497
506
Année
1982
1990
1999
2006
2011
2016
2021
-
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-
Population
446
509
571
585
531
532
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Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.