54046 - Barisey-au-Plain

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Barisey-au-Plain

Blason de Barisey-au-Plain
Informations
Pays    France
Département    Meurthe-et-Moselle
Métropole
Canton   54-10   Meine au Saintois

  54-10   Colombey-les-Belles (Ancien canton)

Code INSEE 54046
Code postal 54170
Population 393 habitants (2021)
Nom des habitants Barisiens
Superficie 1 085 hectares
Densité 36.22 hab./km²
Altitude Mini:
Point culminant 332 m
Coordonnées
géographiques
48.525833° / 5.8447222° (GoogleMaps) Cassini
Satellite / IGN / Cadastre (Géoportail)
Localisation (avant 2015)
          Arrondissement                 Canton                 Commune      ?
Section Tableau : Modifier

Histoire de la commune

Origine du village

L'existence du village de Barisey au Plain est très ancienne. Il existe une lettre, en date du 02 Mars 1398 du Comte de Vaudemont, Ferry de Lorraine, qui indique "qu'il retient pour lui et pour Antoine, son fils, en sa garde spéciale, tous les habitants de Barexey au Plain, leurs corps, leurs biens et cheptelz (fruits et levées d'héritage) ; il veut que les bourgeois de ce lieu soient comme ses propres hommes et bourgeois de son comté de Vaudémont ; il promet de les garder, aider, conforter et réclamer, comme il ferait ou devrait le faire pour ses propres hommes et bourgeois de Vaudémont".

Le nom de Barisey viendrait du nom d'un homme = Barius ou Barisius. Les différents noms de Barisey au Plain au court des âges = Barexey-au-Plain en 1398 ; Barisey-le-Plein en 1582 ; Bariseium ad Planum en 1653.

Dans le même secteur géographique, il existe un deuxième Barisey (à quelques kilomètres seulement), Barisey la Côte. Un troisième Barisey (Barisey la Planche), dont on ne possède que peu d'informations, a existé au sud de Barisey au Plain (à proximité de la voie Romaine qui va de Langres à Trèves). Dans ce même secteur (la vieille-pierrière, au sud-est de Barisey au Plain), il a été fait quelques découvertes, à savoir quelques fragments de tuiles ainsi que plusieurs sépultures. Une étude assez précise de ces découvertes a été faite par Étienne OLRY (instituteur alors à ALLAIN). Celui-ci en a fait une description dans le Journal de la Société d'Archéologie et du Comité du Musée Lorrain en 1864. Nous pouvons y lire "qu'un ouvrier carrier du nom de Marc HENRY, cherchant à extraire des pierres à bâtir, découvre les débris d'un sarcophage antique en pierre dite de Savonnières. Ce sarcophage, au moment de sa découverte par Marc HENRY, n'était pas dans son état normal. Il était déjà brisé, ce qui semble démontrer qu'il avait déjà été découvert auparavant, et rétabli partiellement dans des dimensions plus réduites. Sa longueur ne faisait que 1m 10, alors qu'il aurait du faire, selon une reconstitution minutieuse d'Étienne OLRY, 1m 90. Le sarcophage contenait les ossements de deux personnes. Le couvercle du sarcophage, apparemment d'une seule pièce, avait disparu. A proximité immédiate de ce tombeau ont été trouvés des tessons d'une poterie romaine, gris foncé avec paillettes blanches, et une autre poterie rouge, de même origine, intacte, de moyenne façon et de la même forme des assiettes de Favières".

Cinq ou six ans auparavant, le même ouvrier carrier avait trouvé une autre tombe (dans le même secteur) dans laquelle il découvre un squelette protégé par des tuiles plates. Détail curieux : le squelette avait les mains enchaînées. Cet ouvrier a découvert également quelques monnaies romaines représentants entre autre Néron, Agrippine et Antonin.

Une autre découverte a été faite quelques années plus tard lors de la construction d'un pont franchissant l'Aroffe au sud de Barisey-au-Plain. A un mètres de profondeur environ ont été découverts de nombreux ossements, plusieurs fers à chevaux (sept ou huit) et une lance. Les fers présentent une particularités dans leurs dimensions. Ils ne mesurent que 9 cm en largeur et en hauteur ce qui laisse supposer que les chevaux qui portaient ces fers n'étaient pas plus grands que des mulets. Étienne OLRY, qui examina ces découvertes, pense qu'il y a du y avoir combat dans ce secteur, la présence de la lance le laisse penser.

Barisey la Planche semble avoir été détruite, en 1634/1635, par les Suédois lorsqu'ils se rendaient au siège de La Mothe.

Barisey pendant la Guerre 1939/1945

Bombardements de Juin 1940

Les détails qui suivent ont été recueilli par A. MANGEOT, pour le journal L'ÉCHO DE NANCY (article paru le 1/12/1940), auprès d'un habitant de Barisey au Plain qui a vécu 'en temps réel' le bombardement du village. Cet habitant n'est autre que mon grand-père Édouard MONTIGNON. L'annuaire de Lorraine nous apprend qu'au moment où commence cette triste période, Barisey au Plain se composait de 93 maisons pour 268 habitants.

Le récit des faits

Dès le 15 Juin, explique Édouard MONTIGNON, la population assista, consternée, au passage des troupes françaises venant de Verdun (Meuse) et de Saint-Mihiel (Meuse), qui battaient en retraite. Ces troupes utilisaient la route menant à Autreville (Vosges) et gagnaient la route de Nancy à Neufchateau. Les nombreux évacués qui suivaient le même chemin annonçaient que les troupes allemandes, venant de la Meuse, avançaient en direction de Vaucouleurs (Meuse). Plusieurs habitants de Barisey au Plain quittèrent alors la commune, sur des chariots, avec leur mobilier et quelques victuailles. Ils se dirigèrent vers Mirecourt où ils pensaient trouver plus de sécurité. Après quelques jours, ils durent rebrousser chemin. Le 16 Juin au matin, une section de transport routier vint cantonner dans le village. Cette section quitta le village la nuit suivante. Cette journée du 16 fut peu mouvementée par rapport à ce qui se passera par la suite. Quelques bombes lancées près de la gare endommagèrent la ligne électrique qui fournissait l'éclairage. Quelques bombes tombèrent ensuite dans les jardins. La quelque centaine d'habitants se mirent à l'abri dans les caves, dont quelques unes étaient voûtées.

Le 17 Juin, un détachement du 204ème R.I., sous les ordres du commandant BOXADAT, vint, malgré les supplications des habitants ainsi que du maire, M. Charles NOËL, mettre le village en état de défense. Des tranchées, nids de mitrailleuses et abris furent aménagés. Dès l'aube du 18, un avion de reconnaissance survole le village à basse altitude. Les habitants le surnomme la pétrolette à cause de son bruit de vélomoteur. Quelques obus de '77', d'abord espacés, éclatèrent à l'ouest du village, puis le tir devint plus régulier. Deux coups plus longs firent de fortes brèches dans deux immeubles. Le matin du 19 juin, le vacarme de l'artillerie reprit de plus belle. Les batteries allemandes tiraient depuis les localités voisines (Mont-l'Etroit, Vannes-le-Chatel et Allamps). Ancien artilleur de la guerre 14/18 au 39ème R.A.C., mon Grand-Père se rendis bientôt compte que les obus de '77' arrivaient maintenant escortés de projectiles de '105' et même de '150'. Les batteries de 75 françaises ripostaient et contrebattaient les pièces postées à Allamps. Dès ce moment, plusieurs maisons de Barisey furent atteintes, notamment dans la rue faisant face à Saulxures-les-Vannes.

Les soldats du 204ème R.I. renforçaient activement, sous le feu, les travaux de défense. A l'aube du 20 juin, profitant d'un moment de répit, chacun courut vers sa maison constater si elle avait été atteinte on non.

Une nouvelle visite de l'avion fit regagner précipitamment les abris. Le bombardement reprit de plus belle. Mon Grand-Père sortis de son abri vers 10 heures, il vit alors une épaisse fumée qui s'élevait des maisons situées dans le bas du village. Comme un vent très violent soufflait, l'incendie se développa avec une rapidité inouïe. Sous le bombardement, il était impossible de combattre le sinistre. Le crépitement de cet immense fournaise était entrecoupé par les hurlements du bétail resté dans les écuries. Voyant le feu s'avancer avec rapidité vers sa maison, il s'y précipita pour sauver ce qu'il pouvait. Dans la rue, la chaleur était devenue étouffante. L'attaque du village venait de se déclencher. Bravant le péril, une Grand-mère portant dans ses bras son petit-fils, alla implorer le capitaine chargé de la défense et le supplia, au nom des habitants, de ne pas prolonger la résistance. Le capitaine, les larmes aux yeux, prit l'enfant dans ses bras, l'embrassa et dit à la grand-mère : 'J'en ai quatre moi aussi', puis il se précipita à la recherche de son commandant. Quelques instants après, le drapeau blanc flottait sur la barricade. Le bilan est alors dressé. Trente-deux maisons complètement détruites, avec ce qu'elles renfermaient : mobilier, récoltes, matériel de culture et animaux. L'incendie de la mairie a causé la perte des archives de la commune, dont de très vieux documents, selon le témoignage d'une habitante de Barisey au Plain. L'église à peu souffert, mais le presbytère est détruit. Le Château, par chance, n'a pas souffert des bombardements.

La conséquence la plus significative est la suivante : la mairie a été touchée par les bombardements et quasiment détruite en totalité par le feu. Selon une habitante de Barisey, de très vieux documents se trouvaient dans les archives de la commune (tous les actes n'avaient pas encore été "versés" aux Archives Départementales). Une très grande partie de ces documents ont malheureusement disparus à cet occasion ce qui rend difficile les recherches généalogiques pour ce village.

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La bataille du 20 juin 1940 sur la "Ligne des deux BARISEY"

Témoin, malgré mon jeune âge, des combats qui ont eu lieu à Barisey-au-Plain le 20 juin 1940, je m’étais promis d’essayer, plus tard, d’en savoir davantage sur ces événements. Les archives et témoignages recueillis, éclairés notamment par l’important travail de l'historien Roger Bruge, m’ont permis de répondre (en partie) aux questions posées, dans un livre intitulé : " Puis vinrent les Suédois - par Gervais DESSEULLES ". [Pour éviter les redites par rapport à l’article précédent, et faute de pouvoir reproduire les textes et illustrations dans leur ensemble, il n'est question ici que de l'aspect militaire des événements.]

Protéger Toul

Le 17 juin, au moment où le maréchal Pétain annonce qu’« il faut cesser le combat », Toul (17km nord de Barisey) reste la seule des trois célèbres forteresses lorraines à être encore française. Hitler, pour sa part, engage la Wehrmacht à aller de l’avant, afin d’occuper le plus large territoire possible avant l’armistice. Après Verdun tombé le 15 et Metz, ville ouverte occupée le 17, il veut aussi Toul ! Or, tandis que la vieille forteresse lorraine est directement menacée au nord par la première armée allemande, l’ennemi franchit la Meuse, le 19 juin, au sud-ouest de Toul. [Cette bataille autour de Vaucouleurs a coûté, pour le moins, 400 morts aux fantassins légionnaires et coloniaux de la deuxième armée, dont les effectifs ont fondu de moitié en un mois, depuis Sedan.] Cette présence ennemie, au sud de Toul, ne laisse pas d’inquiéter le général Renondeau (chef du 42e corps) chargé, depuis peu, de défendre la célèbre place forte. Les deux divisions du corps d’armée sont arrivées le 17, après une retraite mouvementée de 150 kilomètres à pieds, depuis Longwy. Tous les habitants ne sont pas partis et des milliers de réfugiés campent dans toute la ville… Sans plus attendre, Renondeau doit faire cesser les rumeurs d’armistice qui courent la cité, et organiser la défense.

"La ligne des deux Barisey"

En 24 heures, huit bataillons et deux groupes de reconnaissance, enlevés à la défense de Toul, partent ainsi en direction du sud, pour renforcer les unités éprouvées du général Flavigny qui tente de réorganiser son Corps d’armée à l’est de la Meuse. (Ces prélèvements d’effectifs ne seront pas sans conséquence sur le déroulement de la bataille de Toul qui va s’engager le matin du 19 juin).

Le soir du 17, jour même de leur arrivée à Toul, les trois premiers bataillons de renfort ont pris à pied le chemin de Thuilley-aux-Groseilles, Colombey-les-Belles et Barisey-au-Plain. Le III/204RI de Barisey-au-Plain (3e bataillon du 204e régiment d’infanterie) et deux bataillons du 128e RIF (régiment d’infanterie de forteresse) sont mis à disposition de la 6e DIC (division d’infanterie coloniale) du général Gibert, chargée d’arrêter l’ennemi sur ‘‘la ligne des deux Barisey’’. Cette ligne de défense, établie aux approches de Colombey-les-Belles, a surtout pour but d’empêcher Von Tetteau, chef de la 24e ID (infanterie division) de s’emparer de l’important carrefour de Colombey-les-Belles, dont les routes mènent à Nancy, Toul et Neufchâteau.

L’attaque allemande du 18 juin sur la Meuse a mis la région de « Vannes-Blénod-Colombey » à la portée des canons ennemis. Les premiers obus sont tombés, notamment, l’après-midi sur Allamps et le soir sur Barisey-au-Plain. Ce ne sont plus maintenant les combats sporadiques, menés avec courage et parfois héroïsme par les fantassins français (à Chalaines, Gibeaumeix, Uruffe, dans la forêt de Meine, à la ferme des Quatre-vaux, à Vannes-le-Châtel, la Verrerie, Allamps et Housselmont) qui empêcheront Von Tetteau de parvenir à la ligne « des deux Barisey » pour lancer son attaque le matin du 20 juin.

L'ultime combat de la 6e DIC

La mission:

Au moment où les Allemands commencent à franchir la Meuse au sud-ouest de Toul, le général Gibert, chef de la 6e DIC reçoit l’ordre d’établir, face à l'ouest, sur la dizaine de kilomètres reliant Autreville à Bulligny, une ligne destinée à arrêter l’ennemi « sans esprit de recul ». Les principaux combats s’étant déroulés à Barisey-au-Plain et Barisey-la-Côte, il fut le plus souvent question, par la suite, de ces deux villages.

Les moyens:

La 6e DIC, du général Gibert, est une unité harassée qui n’a pratiquement plus d’artillerie, et dont les régiments d’infanterie 5e, 6e RICMS (régiments d'infanterie coloniale mixtes sénégalais) et 43e RIC ont perdu, au combat et durant la retraite, les deux tiers de leurs effectifs et presque tout l’armement lourd. Ainsi le 43e RIC est passé de 3.000 à 500 hommes, et le GRDI du lieutenant colonel de Paty de Clame, de 534 cavaliers à 95. Autre exemple, le 6e RICMS qui va également se battre à Barisey, vit depuis le 13 juin un calvaire quotidien. Ce jour là, en Argonne, le premier bataillon a été détruit et son chef tué. Le 14, les 10e et 11e compagnies reprennent Barnouville à la baïonnette. La 6e DIC compte 307 tués en deux jours... Cette grande unité (renforcée par trois bataillons venus de Toul) reste toutefois, pour le commandement, un outil plus solide que bon nombre d’autres divisions moins éprouvées.

Mise en place du dispositif

Dans une confusion telle que le chef de la IIIe armée, le général Condé lui-même, évoque le risque «d'écroulement» (Gérardmer le 20 juin), la mise en place précipitée d'unités dispersées, tenaient plus de la gageure que de l'exercice de commandement. Mis à part le bataillon du commandant Pierre Boixéda (III/204 RI), arrivé à Barisey-au-Plain deux jours plus tôt, les autres éléments de la ligne de défense n'ont disposé que de quelques heures pour aménager leurs emplacements de combat.

Le village de Barisey a été mis en état de défense avec barricades en bout de rues. Je me souviens fort bien du différend qui avait alors opposé ma grand-mère "La Mathilde" (Mathilde Ferry, épouse d'Auguste Bouché) à l'officier qui contrôlait les travaux (capitaine Guiraud). «Madame , avait rétorqué ce dernier, je n’ai pas d’ordre à recevoir de vous..! Nous allons peut être nous faire tuer dans quelques heures, nous devons nous battre, laissez nous faire notre métier !»

Le point de résistance s’organise. Le commandant Boixéda fixe son PC dans la cave du café d’Eugène Menoux, sur la place du village. Le PS (poste de secours) sera tenu par le médecin-lieutenant Noix, le médecin auxiliaire Bernod et leurs infirmiers, dans des caves d'où ils seront deux fois chassés par le sinistre. Les deux pièces de 47 antichars, envoyées par le 48e RA (régiment d'artillerie) et commandées par le lieutenant Mandereau, sont disposées l'une à l’ouest du village et l'autre dans le jardin d’Elise Tabellion. La vieille pièce de 37, du 204 RI, est embossée dans le mur ouest de la grange de Paul Bernage. Les trois compagnies du bataillon d’infanterie ceinturent le village (la 9e compagnie du lieutenant Charles Driot, aux lisières sud et est; la 10e cie et le groupe de mortiers de 81, à l'ouest, sous les ordres du capitaine Gustave Guiraud; la 11e cie, du lieutenant André Corneau, sur le flanc nord). Si le bataillon Boixéda peut espérer l'appui de ses voisins du nord (coloniaux de la 6e DIC), il n'en est pas de même des effectifs squelettiqes (quelque 250 fantassins et cavaliers pratiquement dépourvus de munitions) qui occupent, entre Barisey et Colombey, les bois de Nékoufot et de Gironchamp. [Colombey n'a pas été mis en état de défense et les Allemands sont à Autreville].

Arrivé le 18 juin à midi à Harmonville, après une marche (de nuit) de 52 kilomètres, le 6e RICMS du lieutenant colonel Aubugeau repartait le lendemain à Barisey-au-Plain (gare et bois du Chanois), pour y prendre rapidement ses dispositions de combat. Le II/128 RIF, du commandant Georges Péron, défendait Barisey-la-Côte, tandis que le 5e RICMS devait rejoindre Bulligny, là où il était la veille.

L'attaque

A Barisey-au-Plain, chacun sait que le silence matinal, semblable au calme avant la tempête, ne durera pas. Vers 7 heures, des coups de départ partent du groupe de mortiers du capitaine Guiraud, lequel adresse le message suivant à son chef de bataillon : « colonne ennemie sur route de Vaucouleurs avec motocyclistes et automitrailleuses - ai ouvert le feu au mortier de 81 ». Presque simultanément, la pétrolette réapparaît et les artilleurs allemands procèdent aux premiers tirs de réglage. Les civils réintègrent leurs caves.

L’attaque débute à 8 h 30. Suivant les engins blindés qui progressent sur l’axe Housselmont-Colombey, l’infanterie allemande se déploie de part et d’autre de la route. A la gare et au bois du Chanois, les coloniaux du 6e RICMS, enterrés dans leurs abris, attendent l’apparition des fantassins ennemis...

Pour avoir essuyé des tirs antichars du lieutenant Mandereau, en début de matinée, l'ennemi ne peut ignorer que le village de Barisey-au-Plain fait obstacle à sa progression vers Colombey. Une percée allemande ne peut être, en effet, envisagée dans cette direction, tant que les deux pièces de 47 et le canon de 37 du bataillon Boixéda battront les débouchés d’Housselmont !

Sous une pluie d’obus

A la hauteur du Petit bois, entre Housselmont et la gare de Barisey, les bataillons d’infanterie de la 24e ID sont en ligne, et tous les tubes de cette grande unité ont pour mission d’écraser les défenses françaises qui barrent les accès de Colombey. (La réciproque n’est pas vraie chez les français, dont les canons vont rester muets ou extrêmement discrets une fois de plus.) Guidé par son avion mouchard qui réapparaît à chaque interruption du bombardement, l’artillerie adverse devient très précise. A 9 h 30, une salve éclate en plein sur la 2e pièce du 48e RA (chez Élise Tabellion) qui est détruite. Le chef de pièce, le maréchal des logis Lucien Chapelle et trois servants sont tués . Deux blessés ne survivront pas. Le lieutenant Mandereau est légèrement blessé. La chenillette brûle et les munitions sautent. Les chevaux qui étaient à la corde dans un verger, sont également tués ou agonisent... Quelques minutes plus tard, une autre salve s’abat sur la première pièce : cette fois aucune victime n’est à déplorer mais les munitions sont inutilisables et la plupart des chevaux tués. Mandereau fait évacuer ses blessés au PS et va rendre compte au commandant Boixéda. Que faire d’artilleurs sans canons. ?

Le bombardement s’est étendu au bois du Chanois et à Barisey-la-Côte. L’effort des fantassins allemands, qui avancent derrière le feu roulant de leur artillerie, se porte d’abord sur la gare, défendue par la 7e compagnie du lieutenant Fournier. (Blessé vers 10 heures, cet officier a été conduit au PS de son régiment, à Colombey). Le point d’appui est d’autant plus difficile à défendre qu’un train, chargé de bombes d’avion, commence à brûler. Alors que les explosions en chaîne projettent des rails et des munitions à plus d’un kilomètre, les rescapés de la “7” se replient sur le bois du Chanois. Le nuage de fumée provenant de la gare et si important qu’il gêne jusqu’aux défenseurs du village où, note le commandant Boixéda, «la section Meunier va être tournée et capturée». Autre mauvaise nouvelle pour le chef de bataillon : le groupe de mortier de 81 vient d’être pulvérisé (en quatre salves) par l’artillerie ennemie. Cinq morts restent sur l’emplacement des pièces. Un sixième succombera au groupe sanitaire de la division à Goviller. Le chef de groupe, l’adjudant-chef Marchand, est blessé ainsi qu’un soldat.

Le PS brûle

Au PS (poste de secours) établi dans la cave de Charles Montignon, rue de la mairie, sont étendus une vingtaine de blessés. Le feu qui s’est déclaré dans le bas du village, attisé par le vent de l’Est, se propage de maisons en maisons. Touché par un projectile, le bâtiment qui abrite le PS, commence lui aussi à brûler. Les blessés vont être évacués dans le sous-sol de la mairie-école, située de l’autre côté de la rue. Tandis que deux nouvelles salves de 105 tombent sur le centre du village, le médecin auxiliaire Bernod sort les derniers blessés de la cave au dessus de laquelle ronfle l’incendie. En traversant la rue, le caporal infirmier Dommergues est touché par les éclats d’un obus qui explose à quelques mètres de lui. Il sera évacué avec les blessés graves. Justement deux voitures sanitaires du GSD 96 se présentent. Les blessés sont rapidement installés dans les véhicules qui, sans attendre, reprennent le chemin de Crépey. Il reste au PS du médecin lieutenant Noix, à Barisey, quatre ou cinq moribonds et des blessés légers.

Après la gare, l’infanterie allemande porte ses efforts sur les lisières du Chanois qui constituent, pour l’assaillant, le premier verrou à faire sauter. Bien que démuni d’armes lourdes (antichars, mortiers, mitrailleuses), le 6e RICMS oppose un feu nourri à l’adversaire, au milieu des explosions d’obus qui arrachent les branches, couchent les arbres et causent des pertes élevées aux coloniaux. Deux groupes de voltigeurs sont détruits sur leurs emplacements.

La veille, le lieutenant colonel Aubugeau avait demandé au commandant Boixéda de prolonger son dispositif jusqu’à la route jouxtant le bois. C’est sans doute pourquoi la section de l’adjudant-chef Collignon est passée du pont de l’Aroffe en direction d’Autreville, au passage à niveau situé sur la route allant vers Barisey-la-Côte. Ce sous officier est au centre d’une ligne de défense de 300 mètres, tenue par trois sections de fusiliers voltigeurs, le long de la voie ferrée unique Barisey/Mirecourt, surnommée "la ligne bout de bois". A sa gauche se trouve le sous-lieutenant Robert Fournier, et à sa droite un aspirant qui est sans doute ce chef de section aveuglé par la fumée, dont parle le commandant Boixéda. La liaison entre cette position avancée du 204 RI et les troupes du Chanois, est assurée par quelques éléments de tirailleurs sénégalais.

Le verrou du "Chanois"

Depuis le repli de la compagnie qui tenait la gare, l’infanterie ennemie s’enfonce, comme le coin du bûcheron, entre les défenseurs du village et ceux du Chanois. En lisière du bois, la pression est de plus en plus forte sur la gauche des coloniaux, qui risquent d’être contournés. Le capitaine Larroque conduit alors, à la tête de la 10e compagnie, une contre-attaque en direction de Barisey-au-Plain. Mais l’ennemi est en force : la charge des fantassins français est stoppée, à 300m de son point de départ. Le lendemain, les habitants de Barisey relèveront cinq cadavres de soldats français sur l’axe de cette contre-attaque, entre la route Vannes/Colombey et la voie ferrée (ligne bout de bois). Le combat continue. On lit dans le journal du 6e RICMS : « les tirailleurs sont déchaînés et se battent courageusement...» De nombreux sénégalais et soudanais gisent devant les PA (points d'appui) à côté de leurs camarades de combat européens, tués ou blessés. [Évacuer les blessés relève de l’exploit. Ceux qui peuvent marcher doivent faire, sous le feu, deux kilomètres à pied pour se rendre au PS du régiment à Colombey.]

A 11 heures, la situation devenant tragique, le chef de corps donne l'ordre aux débris du régiment de se replier sur le PC, dernier bastion de la défense. Pendant une heure encore les coloniaux, disposés en carré, vont faire front à l'ennemi, jusqu'à ce qu'un officier d'état major apporte à Aubugeau l'ordre de se replier sur Bagneux, et de mettre ce village en état de défense.

Baïonnette au canon !

Vers 11 h 30, au PC du bataillon (café Menoux) Boixéda lit le billet qu’un agent de liaison vient d’apporter « Sommes très pressés - Nombreuses armes détruites - Je contre-attaque ». Le message est du lieutenant André Corneau qui tient, avec la 11e compagnie, les lisières nord du village. Pressé par l’ennemi qui, à l’abri d’un barrage roulant d’artillerie, gagne sans cesse du terrain, Corneau ne peut plus rester sur la défensive. Constituant un groupe de deux sections, il prend lui-même une musette de grenades et entraîne ses hommes baïonnette au canon, en direction de la gare. Le lieutenant prend contact au passage avec les sections Fournier et Collignon qui tiennent toujours la voie ferrée. (La troisième section s'est réfugiée dans la cave du garde barrière). « Il m’a dit en passant, se souvient Paul Collignon, qu’ils allaient tout tenter pour refouler l’ennemi, car le village était encerclé. Pendant quelques instants, nous avons continué un feu intensif pour appuyer la contre attaque. Je suis monté dans la maison et par une fenêtre, j’ai pu voir pendant quelques secondes, mes hommes cloués au sol par un pilonnage d’artillerie...»

Les fusiliers voltigeurs, aux musettes pleines de grenades, ont franchi le talus du chemin de fer. Ils avancent maintenant sous les obus et la mitraille. Cent mètres encore : des hommes s’écroulent et l’officier tombe à son tour, une balle dans la poitrine. Son corps gît à quelques mètres de celui de Marcel Bichot. Louis Horlait qui venait de délivrer deux de ses camarades prisonniers d’un Allemand, est lui même abattu à bout portant, par un autre adversaire. Les hommes du groupement se replient sur la ligne de défense de la voie ferrée, où le sous-lieutenant Fournier et l’adjudant-chef Collignon apprennent la mort du lieutenant Corneau. Fournier regroupe les effectifs et prend le commandement : la “11” a de nouveau un chef. (André Corneau, instituteur, né en 1904 dans l’Yonne, repose à Moutiers depuis 1948.) Les brancardiers de la 11e compagnie, assistés par ceux de la “9”, évacuent les blessés, mais ils ne retrouvent plus le PS au milieu du brasier. Pour la seconde fois, le docteur Noix et son équipe ont dû déménager en catastrophe pour se réfugier au PC du bataillon, avec leurs blessés. On a vu, lors de l’évacuation de l’école, non seulement les infirmiers mais aussi des agents de liaison et des soldats volontaires, entrer à plusieurs reprises dans les flammes, pour en ressortir avec à chaque fois un blessé sur le dos. Par ailleurs le médecin auxiliaire Bernod et deux brancardiers s’emploient à sortir les blessés aux jambes, d’une grange menacée par les flammes.

"Armistice ! Armistice !"

Après le retour du groupement Corneau sans son chef, Boixéda ordonne le repli des sections de la voie ferrée, qui risquent d’être rapidement isolées du village. A ce moment, la situation est critique sinon désespérée pour le bataillon du 204 RI. Plus de mortier, presque plus d’armes automatiques et les munitions commencent à manquer. A la “11”, déjà fort éprouvée, l’aspirant Robert Courtet, la main traversée par une balle, vient rendre compte au sous-lieutenant Fournier "que ses mitrailleuses et ses deux derniers FM (fusil-mitrailleur) sont hors d’usage". Les deux autres compagnies (9e et 10e) ne sont pas en meilleure posture. Le sous-lieutenant Giroux qui, la mâchoire cassée, vient se présenter à pied au docteur Noix, a toutes ses mitrailleuses détruites, au sud du village. Quant à la section du sous-lieutenant Georges Rivière, on y engage les dernières bandes de cartouches dans la dernière des quatre mitrailleuses...

L’étau se resserre. Vers 13 heures, il semble que les tirs d’artillerie venant de l’ouest sont relayés par des minen (mortiers) arrivant de l’Est. De l’Est ? Mais que se passe-t-il donc au bois de Nékoufot ? Avec leurs effectifs squelettiques, les coloniaux du 43e RIC et les cavaliers du GRDI 76 ont été pris à parti, vers dix heures, par des éléments ennemis venant d'Autreville. Les premiers minen explosent. Les coloniaux, attaqués en premier, se défendent avec énergie. Une automitrailleuse est immobilisée au canon de 25 mais d’autres engins, venant eux aussi d’Autreville, font le carrousel à courte distance en criblant la lisière de balles traceuses.

A 11 h 15, cette fois, des tirs de mitrailleuse et de FM sont exécutés, à courte distance, contre l’infanterie adverse qui cherche à s’infiltrer dans le bois. Mais rapidement les munitions manquent. Les Allemands avancent en criant : « guerre finie ! Armistice ! Armistice !» Quelques Français jettent leurs armes et se rendent, tandis que le gros des unités se replie vers Colombey. A partir de 12 h 30, les Allemands ratissent le bois et font prisonniers le sous-lieutenant Navarro et une cinquantaine de coloniaux qui, espérant échapper à la captivité, se cachaient dans les fourrés de Nékoufot.

Un regrétable oubi

Nékoufot est pris, les coloniaux du Chanois se sont repliés, la route de Colombey est ouverte, pourquoi le bataillon Boixéda s'épuise-t-il encore dans une vaine et inutile résistance? Tout simplement par ce que Barisey-au-Plain a été oublié : l'ordre de repli, reçu par le lt.colonel Aubugeau à midi, n'a jamais été retransmis au commandant du III/204 RI ! Vers 14 heures, (sans doute peu de temps après que ma grand-mère, me tenant par la main, soit allée supplier le capitaine Guiraud de cesser le combat), Boixéda réunit ses officiers dans la cave-PC. Le lieutenant Charles Driot rend compte que la 9e compagnie n’a plus de cartouches, alors que quatre FM sont encore en état de marche. A la “10”, le capitaine Guiraud signale une chute brutale du moral : « les hommes se dérobant il a dû se servir du revolver pour les obliger à rester à leur poste ». A la 11e compagnie, la mort du lieutenant Corneau a traumatisé la troupe et seule une poignée de combattants est encore capable de se battre, à condition toutefois de recevoir des munitions.

Officiellement, Boixéda accepte de se rendre vers 15 heures, lorsqu’un hautpmann (capitaine) vient sommer les Français de mettre bas les armes. Le commandant du III/204 RI obtient du vainqueur l’autorisation de faire évacuer les blessés vers Vaucouleurs, à bord de la camionnette du Dr Noix. Sa mission achevée, Noix rejoindra les prisonniers du bataillon, enfermés dans l’église d’Uruffe.

Charge au coupe-coupe

Tandis que les armes se taisent à Barisey-au-Plain, le combat continue à Barisey-la-Côte, toujours défendu par le II/128 RIF du commandant Péron. Mis à part une attaque matinale repoussée par les Français, l'ennemi ne s'est vraiment intéressé au village de Barisey-la-Côte que l'après-midi, après le départ des coloniaux du Chanois. Au cours de la seconde attaque, précédée d'un bombardement d'artillerie, le bataillon Péron finit par se trouver en mauvaise posture, à l'ouest du village. C'est à ce moment qu'intervient une compagnie de renfort du 5e RICMS (2e cie du lieutenant Deysson). La contre-attaque nocturne, menée par les tirailleurs sénégalais, ne manque pas de surprendre les allemands qui refluent en voyant fondre sur eux une horde hurlante, armée de machettes. L'ennemi n’entrera dans Barisey-la-Côte que le lendemain matin, après le départ des soldats français.

Les "pertes" des unités engagées

Au lendemain du 20 juin 1940, les habitants des deux communes ont relevé et enterré sur place 65 soldats français morts au combat (37 au bois du Chanois, 15 au village de Barisey-au-Plain et 13 à Barisey-la-Côte). Vient s’ajouter à ce chiffre celui des blessés graves décédés dans les formations sanitaires (au moins 15). On peut considérer que le 20 juin 1940 la 6e DIC et ses bataillons de renfort ont eu plus de 200 hommes mis hors de combat (tués ou blessés) sans tenir compte des prisonniers de guerre. C’est beaucoup pour quelques heures d’affrontement ! Côté allemand, malgré l'absence d'artillerie adverse, le nombre des morts et des blessés a vraisemblablement dépassé la centaine.

Démographie

Année 1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856
Population - - - - - - - - - -
Année 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906
Population - - - - - - - - - -
Année 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975
Population - - - 281 268 254 304 315 274 256
Année 1982 1990 1999 2006 2011 2016 2021 - - -
Population 317 304 329 304 401 400 - - - -

Sources : Cassini/EHESS : de 1962 à 1999, population sans doubles comptes, Insee : depuis 2006, population municipale référencée tous les 5 ans.

Cf. : EHESS - Fiche Cassini, INSEE 2006, 2011, 2016 & 2021.

Patrimoine bâti

Repères géographiques

En photos

Notables

Les maires

Prénom(s) NOM Mandat Observations
Dominique AUBERTIN 1700  
- -  
- -  
- -  
Maurice SIMON - 2001  
Jean-Marie GERONDI 2001 - (2020)  
- -  

Cf. : [Mairesgenweb]

Les notaires

Prénom(s) NOM Période Observations
- -  
- -  

Les curés

Prénom(s) NOM Période Observations
- -  
- -  


Ressources généalogiques

Dépouillements d'archives

Documents numérisés

Cimetières


Informations pratiques

Horaires d'ouverture de la mairie

Horaires Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
Matin - - - - - - -
Après-midi - - - - - - -

Mairie
Adresse : - 54170 BARISEY-AU-PLAIN

Tél : - Fax :

Courriel :

Site internet :

GPS : -° / -° (GoogleMaps) ou Cassini / Satellite / IGN / Cadastre (Géoportail)

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Source : http://www.annuaire-mairie.fr ()


==== Associations d'histoire locale ====Barisey-au-Plain faisait partie du Département de la Meurthe avant 1871


Bibliographie

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